bannière

g

Garat

Joseph Garat, né en 1749 à Bayonne, d'abord avocat à Bordeaux, puis homme de lettres a Paris et professeur d'histoire au Lycée, a joué un certain rôle pendant la Dévolution. Il fut député aux Etats-Généraux, et l'un des rédacteurs du Journal de Paris. Le 12 octobre 1792 il remplaça Danton au ministère de la justice. Lorsque Roland quitta le ministère de l'intérieur (22 janvier 1793), Garat, sans abandonner le portefeuille de la justice, fit l'intérim de l'intérieur comme remplaçant de Roland ; le 19 mars, il devint ministre de l'intérieur en titre, Gohier l'ayant remplacé à la justice. Son administration ne présente rien de saillant ; quelques-unes de ses lettres officielles, relatives à l'Observatoire, au Bureau de consultation des arts et métiers, aux collèges de Paris, etc., sont analysées ou imprimées au t. III des Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de la Convention. Il donna sa démission le 15 août 1793, et songea d'abord à rentrer dans l'enseignement public : c'est à lui et à son collègue Monge que fait allusion la pétition du département de Paris du 15 septembre 1793, dans cette phrase : « Ce plan a été discuté et concerté non seulement avec votre commission, mais encore avec des hommes dont l'Europe admire les talents, et dont la France estime le patriotisme ; déjà deux d'entre ceux qui ont quitté le ministère, et que la confiance publique a suivis dans la retraite, désirent concourir à la régénération morale d'une nation renaissante ». Mais il ne put alors donner suite à son désir, l'organisation des degrés supérieurs d'enseignement ayant été ajournée. Après le coup d'Etat de thermidor, il fut nommé commissaire de l'instruction publique (26 fructidor an 11) en remplacement de Joseph Payan. Lors de l'élaboration du décret instituant l'Ecole normale, ce fut lui qui composa le discours préliminaire dont Lakanal donna lecture à la Convention (3 brumaire an III). Il fut chargé, par le Comité d'instruction publique, de professer à l'Ecole normale le cours d'analyse de l'entendement. Il apporta peu de zèle dans l'exercice de ses fonctions de commissaire ; on lit dans un libelle publié en ventôse an III par Chalmel, ex-secrétaire général de la Commission exécutive : « Garat, depuis cinq mois, n'a pas donné vingt-quatre heures de son temps à la Commission ». Il donna sa démission en thermidor an III, et fut remplacé par Ginguené. Il devint membre de l'Institut dès la création de ce corps, fut quelque temps ambassadeur à Naples (an V), siégea au Conseil des Anciens (an VI), et figura parmi les membres du Conseil d'instruction publique créé en l'an VII par François de Neufchâteau. Après le 18 brumaire, il entra au Sénat, et pendant les Cent-Jours fut membre de la Chambre des représentants. Il fut éliminé de l'Institut en 1816, et passa ses dernières années dans la retraite. Il est mort en 1833. Garat fut un rhéteur brillant, mais ne posséda aucune des qualités solides de l'écrivain et du penseur. Parmi les écrits qu'il a laissés, nous citerons la Préface de la cinquième édition du Dictionnaire de l'Académie, et des Mémoires sur la Révolution (floréal an III) dans lesquels il a montré une impartialité qui fait honneur à son caractère.