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Frères de Saint-Antoine (société des)

Cette société fut fondée, au commencement du dix-huitième siècle, pour l'instruction gratuite des enfants pauvres de la ville de Paris, et particulièrement du faubourg Saint-Antoine, d'où elle a tiré son nom. En 1709, l'abbé Tabourin, curé de Sainte-Marguerite, voulant mettre en pratique les idées pédagogiques de Port-Royal et conserver les croyances religieuses spéciales de cette maison, ouvrit une école gratuite sur la paroisse de Saint-Etienne-du-Mont à Paris ; puis en 1711 une autre sur la paroisse Sainte-Marguerite (faubourg Saint-Antoine) ; et, en 1713, deux nouvelles écoles sur la même paroisse. Il réunit ses aides en communauté, et les écoles des Frères de Saint-Antoine se propagèrent assez rapidement ; en 1769, on en comptait treize dans le faubourg Saint-Antoine ; il y en avait trente-deux en 1787, tant à Paris qu'à Auxerre.

Les établissements des Frères de Saint-Antoine furent supprimés en germinal an II : il y avait encore en ce moment treize maîtres sur la paroisse Sainte-Marguerite et trois sur celle de Saint-Etienne-du-Mont. Sous le Consulat, la société, reconstituée par son supérieur général, le frère Hureau, rouvrit ses écoles ; la maison mère était rue Saint-Jacques ; les ressources de la communauté consistaient en une part des revenus d'un fonds constitué au dix-septième siècle par le janséniste Nicole, et, connu sous la dénomination singulière de boîte à Perrette, du nom de la vieille servante qui avait, à l'origine, administré ce dépôt. La société jouit des faveurs du gouvernement impérial. L'article 109 du décret du 17 mars 1808, relatif aux Frères des Ecoles chrétiennes, et qui dit que « les supérieurs de ces congrégations [au pluriel] pourront être membres de l'Université », s'appliquait aussi bien, selon l'interprétation de l'Université impériale et celle d'Ambroise Rendu, aux anciens Frères de Saint-Antoine qu'aux anciens Frères de Saint-Yon. Dès 1811. « plusieurs membres de cette communauté (de Saint-Antoine) avaient reçu du grand-maître les autorisations individuelles qui leur étaient nécessaires, tant pour se livrer à l'enseignement que pour être dispensés du service militaire » (Ambroise Rendu, Essai sur l'instruction publique en France, t. III, f. 139). Les statuts de la société furent présentés à approbation du grand-maître par le supérieur général, le frère Leboucher, en 1812 ; l'article 1er disait: « La société des Frères des Ecoles chrétiennes, connus avant la Révolution sous le nom de Frères des Ecoles chrétiennes du faubourg Saint-Antoine, se compose de sujets qui se consacrent librement et sans voeux, sous la direction d'un supérieur général, à l'éducation gratuite des enfants des pauvres ». Sous la Restauration, la société prit de nouveaux développements, et, grâce à l'appui d'Ambroise Rendu et de Guéneau de Mussy, elle fut ? en plus de l'autorisation déjà contenue dans le décret de 1808 ? légalement reconnue par ordonnance royale du 23 juin 1823, et devint une des trois associations enseignantes qui, jusqu'au second Empire, pouvaient seules exercer dans toute la France. La société des Frères de Saint-Antoine ouvrit alors des écoles gratuites à Paris, à Auxerre, à Troyes, etc. En 1829, aidée des libéralités d'un ancien magistrat, M. Silvy, elle fonda une école gratuite et un pensionnat avec bourses à Saint-Lambert, petit village situé près de Port-Royal-des-Champs Plus tard, des internats avec de nombreuses bourses, à l'usage des enfants de familles peu favorisées de la fortune, furent également créés à Saint-Mandé, à Magny-les-Hameaux, à Port-Royal même, etc. A partir de 1843, la Société déclina ; elle abandonna les écoles communales qu'elle dirigeait à Paris et se consacra surtout à former des instituteurs. Un grand nombre d'instituteurs libres du département de la Seine sont sortis des mains de cette association, qui, en 1878, avait encore sous sa direction trois établissements : a Paris (boulevard de l'Hôpital), à Saint-Mandé et à Saint-Lambert. Elle a cessé d'exister avant 1901.