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Finlande

La Finlande qui, depuis 1809, fait partie de l'Empire russe en qualité de grand-duché autonome, fut au moyen âge et jusqu'au commencement du dix-neuvième siècle une province du royaume de Suède. La législation et l'administration du pays, ainsi que ses conditions sociales et sa culture intellectuelle, ont un cachet Scandinave très marqué. L'Eglise luthérienne est l'Eglise d'Etat. La population de la Finlande était, à la fin de 1905, de 2 892 088 habitants (actuellement près de trois millions). En 1900, année où la population était de 2 712 562 habitants, on comptait 2 662 171 luthériens (98.14 % de la population) ; 46 466 habitants (1, 71 %) appartenaient à l'Eglise orthodoxe russe, et 3925 (0, 15 %) à d'autres confessions. La langue finnoise était la langue maternelle de 86, 75 % des habitants ; 12, 89 parlaient le suédois, 0, 22 le russe et 0, 14 une autre langue. En conséquence de l'évolution historique du pays, la langue suédoise y joue, au point de vue de la culture intellectuelle, un rôle important.

Enseignement primaire. — L'enseignement primaire proprement dit, en Finlande, est encore relativement jeune. Mais, depuis des siècles, il y a existé, sous la surveillance du clergé luthérien, un enseignement élémentaire, la commune étant tenue de faire enseigner aux enfants la lecture et les principes de la religion. En principe, c'est aux parents qu'il appartient de donner eux-mêmes cet enseignement élémentaire, mais de bonne heure se sont créées de nombreuses écoles ambulatoires qui avaient le même but, et qui joignaient fréquemment à cet enseignement celui de l'écriture et du calcul. Dans les villes, l'enseignement élémentaire est rattaché à l'action de l'école primaire proprement dite, qui est placée sous le contrôle des autorités civiles. L'enseignement donné par la sollicitude de l'Eglise est, il est vrai, très rudimentaire : mais c'est à lui pourtant qu'on doit ce résultat que, de longue date, la connaissance de la lecture a été universellement répandue en Finlande. En 1900, il n'y avait, dans la population luthérienne, de l'âge de quinze ans et au-dessus, que 0, 6 % d'illettrés ; dans la population orthodoxe russe, la proportion des illettrés était beaucoup plus considérable (32, 1 %) ; pour l'ensemble de la population du grand-duché, elle était de 1, 2 % ; 58, 1 % savaient seulement lire ; 40, 7 % savaient lire et écrire, ou avaient une instruction supérieure.

Les efforts pour créer un enseignement primaire proprement dit remontent au milieu du dix-neuvième siècle, et se rattachent surtout au nom d'Uno Cygnaeus. La loi sur l'instruction primaire de 1866 qui, dans ses parties essentielles, est encore en vigueur, a posé le fondement solide de l'éducation finlandaise, l'école primaire (en finnois kansakoulu, en suédois folkskola) relève de la Direction supérieure des écoles, qui s'occupe également de l'enseignement secondaire, et qui à son tour est subordonnée au Département ecclésiastique du Sénat finlandais, autorité qui correspond au ministère de l'instruction publique des autres pays. L'inspection est faite par un certain nombre d'inspecteurs de district. Le clergé n'a de surveillance à exercer que sur l'enseignement religieux. La direction locale — particulièrement au point de vue économique — de l'école primaire appartient au comité scolaire (f. kansakoulujohtokunta, s. folktkoledirektion), dont les membres sont nommés par l'assemblée communale. Dans les communes rurales, l'enseignement des commençants est donné principalement, comme il a été dit, par les soins de l'Eglise ; les écoles enfantines laïques n'y sont qu'en petit nombre. Dans les villes, par contre, les enfants du premier âge sont reçus dans ce qu'on appelle l'école primaire inférieure (f. alempi kansakoulu, s. lägre fotkskola), dont le cours dure deux ans et qui forme l'étage inférieur de l'école primaire proprement dite. Tant à la campagne que dans les villes, l'école primaire comprend quatre années d'étude ; l'âge des élèves va de neuf ou dix ans jusqu'à treize ou quatorze ans. A la campagne, l'instituteur (ou l'institutrice) doit enseigner à la fois dans les quatre divisions, ce qui, grâce à certains arrangements pratiques et à la limitation du nombre des élèves au chiffre maximum de cinquante, n'est pas aussi difficile qu'il pourrait paraître au premier abord. L'année scolaire dure de trente à trente-six semaines. Les matières d'enseignement sont : la religion, la lecture, l'écriture, le calcul, les, figures géométriques et le calcul des surfaces et des volumes, l'histoire, la géographie, les sciences naturelles et leurs applications, le dessin, le chant, la gymnastique, le travail manuel. Les villes reçoivent de l'Etat, comme subvention, 25 % du chiffre des dépenses faites pour l'école primaire. Les communes rurales reçoivent de l'Etat la plus grande partie du traitement des instituteurs (et institutrices), de même que des subsides pour l'achat de livres et de matériel d'enseignement ; pour la construction des maisons d'école, les communes ont la faculté de contracter des emprunts à un taux d'intérêt réduit, et peuvent recevoir aussi des subventions directes de l'Etat. A la campagne, dans la plupart des écoles primaires les deux sexes sont réunis ; dans les villes, on rencontre tantôt des classes mixtes, tantôt des classes séparées pour les garçons et pour les filles.

Les villes ont l'obligation légale de pourvoir à ce que tous les enfants qui ne reçoivent pas un autre enseignement équivalent, ou plus complet, fréquentent l'école primaire ; on s'y est rapproché passablement de l'idéal de l'instruction primaire donnée à tous. A la campagne, étant donné la vaste étendue territoriale de la Finlande et le peu de densité de la population, il n'a pas été jusqu'ici possible — comme il est facile de le comprendre — de songer à établir la fréquentation obligatoire. Pendant très longtemps, du reste, aucune espèce de contrainte légale n'avait existé nulle part. Mais l'ordonnance de 1898 a imposé aux communes rurales l'obligation de diviser leur territoire en districts scolaires (f. koulupüri, s. skoldistrikt), de superficie naturellement fort considérable, et de faire en sorte que tout enfant qui désire recevoir l'enseignement primaire puisse, autant que possible, le trouver à sa portée dans le district scolaire de son domicile. Cette ordonnance a provoqué la création de nombreuses écoles nouvelles. On est maintenant sur le point de faire un nouveau pas. Un comité nommé par le gouvernement a élaboré un projet pour l'introduction de l'instruction obligatoire, et ce projet sera probablement soumis prochainement à la Diète. Mais, lors même que la loi aura établi le principe de l'obligation, il faudra encore bien des années pour en assurer l'exécution pratique, surtout dans lai partie septentrionale du pays, qui est peu peuplée.

Le nombre des écoles primaires rurales était, en 1880, de 457, avec 17 731 élèves ; en 1800, de 880, avec 35 187 élèves ; en 1900, de 1873, avec 82 614 élèves ; et en 1905, de 2400, avec 100 906 élèves, dont 53 934 garçons et 46 472 filles, et un personnel enseignant de 2831 personnes (1485 instituteurs et 1346 institutrices). Les écoles primaires urbaines avaient, en 1905, 31 484 élèves (15 773 garçons et 15 711 filles) et un personnel enseignant de 1066 personnes (291 instituteurs et 775 institutrices).

Les instituteurs et les institutrices font leurs études professionnelles dans des séminaires (f. seminaari, s. seminarium) dont le cours dure quatre ans ; à ces séminaires sont annexées des écoles d'application. Il existait, en 1905, 8 séminaires, dont 2 avaient chacun une section pour les élèves hommes et une section pour les élèves femmes ; le nombre des élèves des séminaires était de 1282 (648 hommes et 634 femmes).

A plusieurs écoles primaires sont annexés des cours de continuation (f. jatkokurssi, s. fortsattningskurs) d'un an, qui sont aussi subventionnés par l'Etat. En outre, au cours des vingt dernières années, il a été créé, à l'imitation du Danemark, des écoles supérieures du peuple (f. kansanopisto, s. folkhögskola), qui reçoivent des élèves de l'âge de dix-huit à vingt ans et donnent un enseignement plus libre, embrassant diverses branches de culture générale, mais qui, d'ordinaire, est associé aussi à des cours d'enseignement agricole. Ces écoles-là sont également subventionnées par l'Etat ; leur nombre était de 26 en 1907, avec 728 élèves.

Enseignement secondaire et supérieur. — Les origines de l'enseignement secondaire en Finlande remontent jusqu'au moyen âge. Dès le dix-septième siècle, le pays possédait des gymnases (f. kymnaasi, s. gymnasium). Mais l'organisation actuelle, dans ses traits essentiels, n'a été formée qu'après 1870. Le type principal de l'école secondaire d'Etat pour les garçons est le lycée (f. lyses, s. lyceum). Son cours d'études est de huit ans ; pour l'entrée dans la classe inférieure, on exige des connaissances correspondant à celles que peut avoir un élève qui a fait deux années d'école primaire. Les lycées sont, les uns, des lycées classiques, avec latin obligatoire et grec facultatif, les autres des lycées réaux, où les langues anciennes ne sont pas enseignées. Il y a, en outre, deux lycées normaux, qui servent en même temps à la préparation des maîtres ; jusqu'à présent, ces lycées normaux avaient été des établissements exclusivement classiques, mais ils ont maintenant aussi une section réale. L'année scolaire dans les lycées dure du 1er septembre au 31 mai, avec 24 jours de vacances à Noël et 7 jours à Pâques. Une grande difficulté, dans l'enseignement secondaire finlandais, provient de la multiplicité des langues : car, outre les langues classiques et les plus importantes parmi les langues vivantes (allemand, français, anglais : cette dernière langue, jusqu'à présent, à titre purement facultatif), les deux langues nationales, le finnois et le suédois, ainsi que le russe, réclament leur place. Les autres matières de l'enseignement sont celles qui figurent dans les programmes des établissements secondaires des autres pays. L'examen de fin d'études des lycées ou examen des étudiants (f. ylioppilastutkinto, s. student-examen), qui donne droit à l'entrée à l'université, est passé devant les autorités académiques.

Le nombre des lycées d'Etat était, en 1905, de 26 (2 lycées normaux, 14 lycées classiques, 10 lycées réaux), avec 6052 élèves. De ces lycées, 18 (avec 4424 élèves) avaient pour langue d'enseignement le finnois, 8 (avec 1628 élèves) le suédois.

Les écoles supérieures de jeunes filles (f. tyltökoulu, s. fruntimmersskola) entretenues par l'État ont un cours d'études de cinq ans ; leur nombre était, en 1905, de 14, avec 3045 élèves. En 1907, l'Etat a institué provisoirement, dans deux écoles de jeunes filles de Helsingfors, des cours de continuation de trois années, conduisant à l'université.

Enfin, l'Etat entretient un certain nombre d'écoles à cinq classes, dites écoles élémentaires (f. alkeiskoulu, s. elementarskola) ; en 1905, il y en avait 6, avec 488 élèves ; ces écoles sont ouvertes aux deux sexes.

On prépare eu ce moment même une réforme partielle de l'enseignement secondaire.

A côté des établissements de l'Etat, les établissements secondaires privés, pour la plupart libéralement subventionnés par le gouvernement, jouent un rôle important dans l’éducation en Finlande. Fresque tous ces établissements appliquent le principe de la coéducation des sexes, dans toutes leurs classes jusqu'à l'université. Le nombre des écoles privées assimilées aux lycées était, en 1905, de 30, avec 5893 élèves, dont 3157 jeunes filles. Il y a, en outre, parmi les établissements privés, des écoles élémentaires à cinq classes, des écoles préparatoires, etc.

L'université (f. yliopisto, s. universitet) de Finlande a été fondée en 1640 à Abo et a été transférée en 1828 à Helsingfors. L'université possède tout l'ensemble des facultés. Le nombre des professeurs était, en 1907, de 150, celui des étudiants de 2512, dont 518 du sexe féminin. Les femmes sont placées sur un pied de complète égalité avec les hommes.

Pour l'enseignement technique et professionnel, il existe un Institut polytechnique, des écoles industrielles, des écoles d'arts et métiers, des écoles d'agriculture, des écoles de sylviculture, etc.

Il faut mentionner encore, pour terminer, les écoles pour les sourds-muets, les aveugles et les' idiots.

Budget de l'instruction publique. — En 1906, les dépenses de l'Etat pour l'instruction publique ont été les suivantes : pour l'université, 1169 518 marks (le mark de Finlande vaut un franc) ; pour l'enseignement secondaire, 4 581 553 marks ; pour les écoles primaires, 4 581 948 marks ; pour les écoles de sourds-muets et d'aveugles, 570 983 marks ; pour l'enseignement technique et professionnel, environ 1 300 000 marks. Il faut y ajouter diverses dépenses pour des objets scientifiques et artistiques. Le chiffre du budget de l'instruction publique est, depuis quelques années, en progression constante et rapide.

Bibliographie. — Rapports officiels annuels de la Direction supérieure des écoles de Finlande. — Annuaire statistique de la Finlande. — Un tableau de l'instruction publique en Finlande se trouve dans l'ouvrage (paru aussi en une édition française) : La Finlande au dix-neuvième siècle, ainsi que dans les Notices sur la Finlande, publiées à l'occasion de l'Exposition universelle de Paris de 1900.

U. Lindelöf