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Felbiger (Jean-Ignace de)

 Prélat catholique, réformateur des écoles en Silésie et en Autriche au dix-huitième siècle. Né en 1724 à Gross-Glogau (Silésie), il étudia la théologie à Breslau, entra dans les ordres, et fut nommé en 1760 abbé-prélat de Sagan. Désireux d'améliorer l'enseignement populaire, il voulut s'enquérir d'abord des meilleures méthodes : son attention fut attirée par les résultats qu'obtenait à Berlin Hecker, le fondateur de la première Realschule, et par l'emploi qu'on faisait dans cet établissement de la méthode Hähn, connue sous le nom de « méthode des tableaux et des lettres » (Tabellar-und Literal-Methode). Croyant avoir trouvé la bonne voie, il se mit à l'oeuvre, fonda des écoles nouvelles, publia des livres classiques, et s'employa avec la plus grande activité à la réforme des écoles populaires. Le gouvernement prussien lui confia bientôt officiellement la mission de réorganiser les écoles en Silésie : le « Règlement pour les écoles catholiques du duché de Silésie et du comté de Glatz », du 13 novembre 1765, est son oeuvre. Ses idées pédagogiques sont résumées dans un petit traité intitulé : « Qualités, connaissances et aptitudes nécessaires aux bons instituteurs, pour donner à la jeunesse un enseignement utile d'après le règlement scolaire publié en Silésie pour les catholiques romains » (Eigenschaften, Wissenschaftert und Bezeigen rechtschaffener Schulleute, um nach dem in Schlesien fur die. Römisch katholischen bekannt gemachten Landschulreglement der Jugend nützlichen Unterricht zu geben). Il s'y exprime en ces termes : « Les instituteurs d'autrefois ne s'occupaient que de la mémoire, et accablaient les enfants de tâches à apprendre par coeur. La nouvelle méthode cherche au contraire : a) à faire entrer dans la mémoire, non pas seulement des mots, mais des choses ; b) à exercer l'intelligence, à éveiller la réflexion ; c) à expliquer la raison des choses et à la faire comprendre ; d) à exercer les élèves au moyen de demandes et de réponses. Jadis on ne s'inquiétait pas de savoir si ce qu'on enseignait dans les écoles à la jeunesse lui était réellement utile. Aujourd'hui on s'efforce de ne rien enseigner que des choses utiles, et de les enseigner en vue de la vie pratique, de façon à préparer des gens laborieux, éclairés et moraux. Les anciens instituteurs ne se demandaient pas quelle serait la méthode la plus prompte et la meilleure pour atteindre le but. Aujourd'hui on cherche à rendre l'étude agréable aux écoliers et le moins pénible qu'il est possible ; on est arrivé à instruire en peu de temps et avec peu de peine tous les élèves de l'école au moyen de l'enseignement simultané (Zu-sammen-Unterricht). Autrefois c'était le caprice du maître qui décidait de la manière dont il voulait enseigner et de l'ordre dans lequel les matières seraient traitées. Aujourd'hui on a pris soin de classer, par la méthode des tableaux, tout ce qui doit être enseigné, dans un ordre si clair, que les instituteurs, s'ils, veulent s'y conformer, peuvent enseigner à la jeunesse d'une façon méthodique et sûre tout ce qu'il est nécessaire qu'elle apprenne. » Malgré l'imperfection de la méthode spéciale recommandée par Felbiger, qui pouvait aisément dégénérer en un simple système de mémotechnie et d'enseignement verbal, on voit que le zélé prélat avait le sentiment très net des conditions générales de la réforme scolaire.

Les succès de Felbiger en Silésie firent connaître son nom, et en, 1774 Marie-Thérèse, voulant réorganiser l'instruction publique dans ses Etats, adressa un appel à l'abbé de Sagan. Celui-ci se rendit à Vienne avec l'autorisation de Frédéric II, et y reçut le titre de directeur général des écoles des Etats autrichiens. La même année (6 décembre 1774) parut le « Règlement scolaire général pour les écoles allemandes normales, principales, et triviales (élémentaires) des Etats héréditaires de l'impératrice et reine » (Allyemeine Schutordnung fur die deutschen Normal, Hauptund Trivialschulen in sämmtlichen k. k. Erbländern). Ce règlement rendit l'instruction obligatoire, fixa dans tous ses détails le plan d'études de trois catégories d'écoles, la Trivialschule ou école élémentaire primaire, la Hauptschule ou école primaire principale, et l'école dite « normale », et prescrivit l'emploi de manuels d'enseignement uniformes (Voir Autriche, p. 137). En 1778, à la suite d'une brouille entre la Prusse et l'Autriche, Felbiger reçut de Frédéric II l'ordre de rentrer dans les Etats prussiens ou de renoncer à l'abbaye de Sagan. Il opta pour ce dernier parti, et obtint de Marie-Thérèse, comme dédommagement, le prieuré de Presbourg et une pension. Mais, à l'avènement de Joseph II, Felbiger tomba en disgrâce ; il dut se retirer à Presbourg, où il consacra ses dernières années à la réforme des écoles hongroises. Il mourut en 1788.