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Ethiopie

Le nom d'Ethiopiens, qui signifie « visages brûlés », désignait, chez les anciens Hellènes, les hommes de l'Afrique équatoriale, au sud de l'Egypte et de la Libye. On le rencontre déjà à l'époque homérique : au début de l'Odyssée, l'aède parle des Ethiopiens, « les plus éloignés des humains, divisés en deux, les uns au soleil couchant, les autres au levant ». Historiquement, le nom d'Ethiopie ne s'applique qu'à la région située au sud de l'Egypte.

Les Ethiopiens de la vallée supérieure du Nil furent d'abord sujets des Egyptiens ; plus tard, ils se rendirent indépendants, et, " au huitième siècle avant l'ère chrétienne, des rois éthiopiens conquirent l'Egypte et régnèrent sur elle (20e dynastie) jusqu'au moment de l'invasion assyrienne. À l'époque grecque et romaine, un empire éthiopien se maintint sur le Nil supérieur pendant plusieurs siècles, et fut le dernier refuge de l'ancienne religion égyptienne. Cependant le christianisme pénétra dans la région située entre Assouan et Khartoum (la Nubie actuelle), de même que dans le pays montagneux désigné par les Arabes sous le nom d'Abyssinie (Habech) et qu'habitent, outre des nègres, des tribus apparentées à la famille sémitique ; quant à l'Ethiopie méridionale (le Soudan égyptien actuel), elle reprit une existence à part et resta ignorée des Européens jusqu'à une époque récente. Les populations nubiennes se convertirent à l'islam au seizième siècle de l'ère chrétienne et subirent la domination turque, tandis que l'Abyssinie restait indépendante et chrétienne avec des souverains portant le titre de négous. Le chef du clergé d'Abyssinie s'appelle abonna (« notre père ») ; il est nommé par le patriarche d'Alexandrie ; il y a aussi un chef des moines, l'etchagué : « c'est lui qui gouverne les nombreux couvents ' de l'Ethiopie et qui commande en outre à la multitude des dabtara ou lettrés qui forment la classe la plus instruite et la plus influente du pays : ceux-ci sont laïques, mais ils ont d'ordinaire plus d'autorité dans l'Eglise que le prêtre lui-même » (Elisée Reclus). On sait que le négous Theodoros, qui arriva au trône en 1853, fut en guerre avec les Anglais : assiégé à Magdala, il se tua. Après lui régna le négous Johannès, qui fut tué en 1889 dans une guerre contre les mahdistes du Soudan. Son successeur Ménélik résista aux Italiens, qui furent battus en 1896 à Adoua, et prit le titre d'empereur d'Ethiopie ; il réunit sous sa domination toute la région qui s'étend entre la mer Rouge et le Nil Bleu. Un chemin de fer a été construit entre Djibouti et Dirré-Daoua. La population de l'empire d'Ethiopie est évaluée à dix millions d'habitants environ. Les principales langues parlées dans le pays sont l'amharina, le tigraï et l'agaou. Les villes principales sont Gondar, Axoum et Adoua.

« Les écoles de l'Ethiopie sont les églises et les couvents, et les professeurs qui n'ont pas été choisis dans la classe des dabtara sont tous prêtres ou moines ; ce sont eux qui enseignent le plain-chant, la grammaire, la versification et qui font réciter les textes des livres saints et de leurs commentaires, car à ces connaissances se borne le savoir classique des Abyssins. Les théologiens d'Ethiopie aiment à justifier ce 3ue les moeurs nationales ont encore de sauvage par es exemples que leur offre la vie de leurs ancêtres prétendus, David et Salomon. Quant au troupeau des fidèles, la plupart, quoique peu zélés pour la prière et très ignorants de la doctrine, sont de rigides observateurs des pratiques extérieures du culte. L'esclavage existe en Ethiopie, mais seulement sur les noirs, qui constituent une très faible partie de la population. »

Elisée Reclus