bannière

e

Espagne

I. Résumé historique. — A l'époque romaine, il y eut en Espagne des écoles primaires, tant publiques que privées (Code Théodosien et inscriptions latines). Sénèque et Quintilien sont des Espagnols. — Avec l'invasion des Visigoths, les écoles de l'Etat disparaissent, et l'on voit naître dans les monastères et auprès des cathédrales des écoles ecclésiastiques, destinées à l'enseignement des catéchumènes et des élèves, avec le même régime général que les écoles romaines, excepté qu'elles n'étaient pas mixtes quant aux sexes. C'est l'époque de saint Isidore et de ses disciples, et du livre des Etymologies. — Dans l'Espagne musulmane, il y eut des écoles primaires établies par des personnes pieuses. Alhakan II fonda des écoles pour les pauvres : outre le Coran, on y enseignait des morceaux de poésie, la composition épistolaire et la grammaire, le tout par la seule mémoire, comme aujourd'hui. Le maître musulman espagnol Abou-Bekr ben Alarabi blâme ceux « qui obligent les enfants à commencer leurs études par le livre de Dieu et à lire ce qu'ils ne comprennent pas ». Et Ibn-Khaldoun répond que « le système d'Abou-Bekr est excellent, mais que la routine s'oppose à ce qu'on l'applique ». L'enseignement de l'écriture et de la calligraphie demeura en Espagne plus arriéré qu'en Orient, en ce sens qu'il n'y eut pas d'aussi bons calligraphes professionnels ; mais en moyenne on y écrivait mieux. On enseignait à lire et à écrire en même temps, en commençant par des mots entiers et non par les lettres de l'alphabet. Les écoles n'étaient pas officielles. Les particuliers s'entendaient avec l'instituteur, dont la profession était libre. La plupart des Arabes espagnols savaient lire et écrire, et les plus petits villages avaient des écoles, soutenues par des donations. Dans les ouvrages d'Ibn-Gebirol (Avicebron), philosophe juif espagnol du onzième siècle, surtout dans la Source de la vie, on peut voir des exemples de la méthode à cette époque.

Avec la renaissance municipale et le développement du pouvoir monarchique naquirent dans les royaumes chrétiens les écoles civiles entretenues soit par les ayuntamientos (municipalités), soit par des particuliers : ces dernières, et les écoles créées par les maîtres eux-mêmes, étaient les plus nombreuses. Le titre XXXI de la seconde Partida, dans le recueil législatif d'Alphonse X de Castille (le Libro de las Siete Partidas), traite « des études où l'on apprend les sciences (los saberes), des maîtres, et des écoliers », mais il se rapporte à l'enseignement universitaire. Le titre VII parle de la façon de nourrir et d'élever les fils de roi : c'est un des plus anciens essais d'un traité sur l'éducation des princes. Au commencement du quatorzième siècle on trouve le livre de la Doctrina puerilis de Raymond Lulle. Pour protéger les écoles et les maîtres, les rois leur accordèrent des privilèges, consignés principalement dans la Pragmatique du roi Henri II (1370), confirmée en 1500 par Ferdinand et Isabelle, en 1540 par Charles Ier (Charles-Quint), en 1610 par Philippe III. Au seizième siècle, le savant Vivès publia de nombreux ouvrages : De causis corruptarum artium ; De tradendis disciplinis ; De ratione studii puerilis ; De institutione feminae christianae, etc. ; Huarte publia en espagnol, en 1575, son Examen de ingenios.

En 1642, sous Philippe IV, les instituteurs de Madrid formèrent la Confrérie de saint Cassien, qui obtint le privilège de faire passer aux instituteurs l'examen professionnel. Ce privilège fut confirmé par Philippe V, en 1743, qui accorda aux instituteurs les avantages et les exemptions dont jouissaient les professeurs des arts libéraux. La « provision » de Charles III (1771) détermine, pour la première fois, les conditions exigées pour tenir une école. La Confrérie de saint Cassien fut remplacée en 1780 par le « Collège académique du noble art des premières lettres», première esquisse d'une école normale, où vingt-quatre leccionistas recevaient l'enseignement. La « Députation de charité » créa à cette époque à Madrid la première école gratuite de filles ; Charles III les généralise (1783). En 1791, Charles IV remplace le Collège académique par l'Académie de première éducation, relevant du Secrétariat d'Etat : première intervention directe de l'Etat dans l'enseignement. Les « Sociétés des Amis du pays » encouragent l'instruction. On peut suivre le mouvement des idées pédagogiques dans les oeuvres du P. Feijoo ; les manuscrits du P. Sarmiento ; les livres du jésuite Hervàs ; dans les Discours sur l'encouragement de l'industrie populaire (1774), et l'Education populaire des artisans, de Campomanès ; dans les Lettres de Cabarrus à Jovellanos (1792), écrites dans un esprit nettement réformiste, et dans les travaux de Jovellanos lui-même. De peu d'importance sont les livres destinés aux maîtres, pour la plupart simples traités soit de calligraphie, soit des arts de lire, écrire et compter.

Le gouvernement de Godoï (1792-1808) protégea l'enseignement primaire. Il créa (1804) une Junte spéciale d'examens, qui remplaça l'Académie de première éducation et la Députation de charité, et il fonda (1806) l'Institut royal militaire pestalozzien, pour appliquer les idées de Pestalozzi, qu'avaient propagées en Espagne quelques-uns des disciples de l'éducateur suisse. L'Institut fut supprimé brusquement en 1808 par suite d'un revirement politique ; Godoï, écrivant à ce sujet à Pestalozzi (1er février 1808), déplore cet échec, et l'attribue à l'ingratitude des uns, au fanatisme des autres, et à l'ignorance de beaucoup.

La constitution de 1812 ordonna (titre IX) que dans toutes les localités du royaume il serait établi des écoles de premières lettres, et créa la Direction générale des études ; et la régence établit une Junte, dont l'inspirateur fut le poète Quintana, auteur de l'Informe (rapport) de 1813. Dans tous les établissements on devait expliquer la constitution politique de la monarchie. La guerre contre Napoléon fit rétrograder beaucoup l'enseignement primaire. Une association de grands d'Espagne créa en 1818 à Madrid une école lancastérienne, qui fut dirigée par un capitaine d'origine anglaise, Kearney, envoyé à Londres et à Paris en 1816 pour étudier le système mutuel ; le gouvernement la déclara école modèle, et l'on parla d'en fonder d'autres dans les provinces ; mais elle disparut au bout de peu de temps. Une école de filles, fondée à Madrid par une association de dames nobles, n'eut pas le même sort, et fut utilisée pour la création de l'école normale d'institutrices, à laquelle elle a servi d'école pratique annexe jusqu'en 1882. Les Cortès libérales de 1820-1823 décrétèrent un Plan d'études (1821), qui proclamait l'instruction publique gratuite, et ordonnait la fondation d'écoles dans toutes les localités où la population atteignait le chiffre de cent habitants, et clans les villes à raison d'une école pour cinq cents habitants ; il rétablissait la Direction générale des études. En 1825 fut promulguée la première loi relative à l'instruction primaire (Plan d'écoles, et Règlement général de premières lettres), oeuvre du ministre réactionnaire Galomarde: elle exige que les maîtres professent la religion catholique, et leur accorde pour la première fois des pensions de retraite.

En 1834, le parti libéral accomplit des réformes, grâce surtout à l'influence de D. Pablo Montesino, libéral qui avait séjourné longtemps en Angleterre. Une Commission rédigea 1' « Instruction pour le régime et gouvernement des écoles de premières lettres du royaume » (21 octobre), où il est ordonné de faire une statistique générale de l'instruction primaire, et où, pour la première fois, il est parlé de la fondation d'une école normale. Elle rédigea également un projet qui devint la Loi provisoire sur l'enseignement primaire du 21 juin 1838, par laquelle furent créées les écoles normales. C'est aussi en 1838 que la Société économique de Madrid fonda la Société pour propager et améliorer l'éducation du peuple, qui créa les écoles enfantines (escuelas de pàrvulos). En 1841, les Commissions provinciales furent chargées de la nomination d'inspecteurs spéciaux pour visiter les écoles primaires, en choisissant de préférence les élèves sortis de l'Ecole normale centrale, inaugurée en 1839. En 1847, on assigne pour la première fois un traitement fixe aux instituteurs, et en 1849 on réorganise les écoles normales, en en réduisant le nombre, et l'on crée une inspection primaire permanente. Le directeur de l'instruction publique, Gil de Zàrate, exerça une influence décisive sur les réformes de cette époque.

La loi de 1857, due au ministre Moyano, et son règlement (1859) sont une codification de' ce qui avait été l'ait jusqu'alors pour l'enseignement, plutôt que le point de départ d'une organisation nouvelle. Leur caractère est plus bureaucratique que pédagogique, et leur esprit n'est ni libéral, ni ultramontain : c'est l'esprit doctrinaire d'un parti qui entend représenter le pouvoir civil et les droits de la couronne, l'esprit du parti modéré qui en fut l'auteur. L'organisation générale qu'elle donna, en un seul corps, à tout ce qui avait précédé, fait que cette loi est restée, malgré les innombrables modifications qu'elle a subies depuis, la base et la source de la législation scolaire actuelle.

Le parti ultra-modéré promulgua la loi d'enseignement primaire de 1868 (Catalina), conçue dans un esprit réactionnaire, et qui supprima les écoles normales. Le gouvernement révolutionnaire (octobre 1808) rétablit la législation antérieure et les écoles normales, et déclara libre l'exercice privé de l'enseignement primaire, mesure qu'il étendit ensuite à tous les degrés de l'enseignement (Ruiz Zorrilla). Depuis ce moment il n'a été promulgué aucune loi générale nouvelle sur l'enseignement primaire. En 1876, il a été créé à Madrid un jardin d'enfants et une chaire de pédagogie froebelienne à l'école normale d'instituteurs. En 1882, le mouvement d'idées pédagogiques produit dans le pays par la propagande des principes et des méthodes de la Institution libre de ensenanza (association pédagogique privée, fondée en 1876, sans relations officielles ni subventions gouvernementales, et étrangère à toute confession religieuse, à toute doctrine philosophique et à tout parti politique), principes et méthodes discutés avec chaleur dans le premier Congrès pédagogique national, influa sur le parti libéral (Albareda), qui créa un Patronage des écoles enfantines, un Cours normal pour les maîtresses d'écoles enfantines, un Musée pédagogique, et réorganisa l'Ecole normale d'institutrices ; il obtint en outre du Parlement la loi qui accorde les mêmes traitements aux institutrices qu'aux instituteurs (1883). En 1884, le parti conservateur (Pidal) modifia dans un sens réactionnaire presque toutes les réformes antérieures. En 1886, le parti liberal (Navarro Rodrigo) les rétablit en partie ; mais, en 1889, ce même parti libéral les supprima de nouveau : ce qui s'explique par le fait qu'il n'existe pas, dans l'opinion publique, d'orientations pédagogiques déterminées associées à telle ou telle politique, et qu'il n'y a pas non plus d'organes officiels permanents et suffisamment préparés, qui puissent les inspirer ; il en résulte que les initiatives dépendent en majeure partie de l'opinion personnelle des ministres, qui, en arrivant au pouvoir, sont généralement pris au dépourvu, et qui passent sans avoir trouvé le temps de s'orienter.

Les deux principaux noyaux qui s'intéressent à l'enseignement, et qui se rencontrent parfois, bien que venant de deux camps assez différents, dans les solutions pédagogiques, sont la Institution libre de. ensenanza et le groupe ultramontain. Ce dernier est politique gouvernemental, et intervient, tantôt plus, tantôt moins, mais d'une manière presque continue, dans les affaires publiques ; tandis que la Institution, se tenant systématiquement à l'écart de tous les partis, et s'abstenant de toute participation directe à la politique, cherche à exercer son influence uniquement sur l'opinion, et reste étrangère à l'emploi de toute force autre que celle des idées.

Les dernières réformes dignes d'être mentionnées sont les suivantes : — 1887. Lois accordant des pensions de retraite et des vacances aux instituteurs. Les écoles normales et l'inspection sont placées sous la dépendance directe de l'Etat. Projet de loi relatif au Conseil d'instruction publique, introduisant le principe électif et la représentation de l'enseignement primaire ; approuvé en 1890, appliqué en 1895, et abrogé en 1900. — 1900. Création du ministère de l'instruction publique et des beaux-arts (jusqu'à cette époque, l'instruction publique avait formé une division, d'abord, des ministères de Gobernacion et de Gracia y Justicia, et, depuis 1855, du ministère de Fomento. — 1902. L'Etat prend à sa charge, dans le budget, le paiement des instituteurs et l'entretien matériel des écoles, qu'un grand nombre de municipalités négligeaient. — 1904. Le traitement minimum des instituteurs est élevé à cinq cents pesetas. — 1907. Création de 222 écoles par la loi de finances ; établissement d'un Cours normal supérieur pour la formation du professorat des écoles normales et des inspecteurs ; organisation de deux patronages, jouissant d'une certaine autonomie, et composés de notabilités politiques et professionnelles : ils sont chargés, l'un (la Junte pour l'encouragement de l'éducation nationale), de veiller sur l'enseignement primaire, l'enseignement normal et l'inspection ; l'autre, d'encourager les recherches scientifiques et de distribuer des bourses d'études à l'intérieur et à l'étranger. Ces divers progrès permettent d'espérer peut-être qu'on a maintenant pris conscience de ce qui importe avant tout au développement de l'éducation en Espagne, savoir : sollicitude pour l'enseignement primaire sous tous ses aspects, et augmentation illimitée du nombre des écoles ; encouragement des recherches scientifiques dans la sphère universitaire ; formation du personnel à tous les degrés, en le faisant participer à une vie internationale intense ; et volonté de donner à cette oeuvre un caractère national et pacificateur, en la soustrayant aux changements continuels et aux passions des partis politiques, par l'entente, à cet effet, des deux groupes dont il a été parlé.

II. Etat actuel. — ADMINISTRATION. — Le ministère de l'instruction publique et des beaux-arts (créé en 1900) comprend : le ministre (traitement, 30 000 pesetas) ; un sous-secrétaire d'Etat (12 500) ; six chefs de section (1re, universités et écoles spéciales ; 2e, instituts d'enseignement secondaire, écoles de commerce et d'arts et métiers ; 3e, enseignement primaire et écoles normales ; 4e, beaux-arts ; 5e, statistique et inspection ; 6e, personnel et constructions civiles) et cinq chefs de bureau ou de negociados (archives du ministère ; enregistrement ; comptabilité ; paiements ; archives, bibliothèques et musées), les uns et les autres avec des traitements de 4000 à 10 000 pesetas. — Le Conseil supérieur de l'instruction publique comprend un président, cinquante conseillers nommés par le roi, trois conseillers de droit (l'évêque de Madrid, le sous-secrétaire d'Etat, et le recteur de l'université de Madrid), et vingt-sept correspondants pris dans les universités des provinces. Les fonctions en sont gratuites et honorifiques. Pour l'expédition des affaires, il se divise en cinq sections. Son rôle est purement consultatif. Le gouvernement est tenu de le consulter dans les cas prévus par la loi. Il peut prendre l'initiative de proposer des réformes. — Les recteurs des universités (au nombre de dix) sont chefs de tout l'enseignement dans leur ressort. Ce sont des professeurs de faculté, nommés par le gouvernement pour un temps indéfini. — Un conseil universitaire assiste le recteur dans les circonstances graves ; il juge les professeurs et les élèves dans les questions de discipline. Il comprend : le recteur, président ; les doyens des facultés, les directeurs des écoles supérieures professionnelles et des écoles normales de l'un et de l'autre sexe, les directeurs des instituts d'enseignement secondaire.— Dans chaque gouvernement de province il existe une section administrative pour les affaires de l'instruction publique, et une junte provinciale d'instruction publique pour l'enseignement primaire ; dans chaque municipe il y a une junte locale d'enseignement primaire : l'une et l'autre junte sont composées de représentants des autorités administratives, scolaires, ecclésiastiques, et de pères et de mères de famille, nommés sur la proposition du gouverneur et de l'alcade, pour un terme de quatre ans. Les juntes municipales de Madrid, Barcelone, Séville et Valencia sont composées d'une façon spéciale, peu différente d'ailleurs de celle qui s'applique aux autres localités, et elles sont présidées par un délégué royal. Il a été créé en 1907, comme on l'a dit plus haut, une Junte pour l'encouragement de l'éducation nationale, composée de quinze membres représentant les divers partis politiques et offrant la garantie d'une compétence spéciale : ils ont été nommés, pour la première fois, par le ministre, mais les sièges vacants seront repourvus, dans l'avenir, par le choix de la junte elle-même, à laquelle ont été accordées des attributions très larges pour la réorganisation de l'enseignement primaire, des écoles normales et de l'inspection primaire.

INSPECTION. — Il y eut autrefois des inspecteurs généraux permanents : il n'en existe plus, mais le ministre peut en nommer, à titre temporaire, pour tous les degrés de l'enseignement. Il y a un inspecteur primaire dans chacune des quarante-neuf provinces. Les inspecteurs primaires sont divisés en trois classes : celui de Madrid est de première classe (traitement, 5000 pesetas) ; ceux des chefs-lieux de district universitaire, au nombre de neuf, forment la classe intermédiaire (3500 pesetas) ; tous les autres forment la classe de début (3000 pesetas). Tous reçoivent une indemnité de 500 pesetas pour frais de bureau, et une indemnité d'au moins 500 pesetas pour frais de déplacement, a raison de 10 pesetas par jour lorsqu'ils sont en tournée hors du chef-lieu. Il y a en outre dans la ville de Madrid deux inspecteurs municipaux et une inspectrice municipale, tous trois de première classe, dont les traitements sont payés par la municipalité. Pour être inspecteur, il faut posséder le titre de professeur d'école normale (maestro normal), ou avoir exercé pendant cinq ans les fonctions d'instituteur titulaire dans une école publique. Les inspecteurs sont nommés et révoqués par le ministre. Les dépenses de l'inspection sont comprises dans le budget de l'Etat. L'inspection est plus administrative que technique, et son insuffisance est notoire. Dans les provinces qui, au point de vue du nombre des écoles, sont du « type minimum », les écoles sont inspectées tous les deux ans et demi ; dans celles du « type moyen », tous les six ans, et dans celles du « type maximum », tous les sept ans (statistique de 1885). Le membre médecin des juntes locales est tenu de visiter les écoles chaque mois, mais en général il ne le fait pas. Sur les écoles privées, le gouvernement n'exerce un droit d'inspection qu'en ce qui touche à la moralité, à l'hygiène et à la statistique.

ORGANISATION GENERALE, ET STATISTIQUE. — L'enseignement comprend ; les écoles primaires ; les instituts généraux et techniques (enseignement secondaire) ; les universités ; les écoles normales ; les écoles de commerce ; les écoles de beaux-arts ; les écoles d'arts et métiers (de artes é industrias) ; les écoles navales pour la marine marchande ; les écoles vétérinaires ; les écoles d'ingénieurs industriels ; le Conservatoire de musique et de déclamation ; le Collège national des sourds-muets et des aveugles, ainsi que les écoles de sourds-muets et d'aveugles. Les écoles des ingénieurs des ponts et chaussées, des mines, des forêts (de montes) et les écoles d'agriculture dépendent du ministère du Fomento ; les écoles militaires, du ministère de la guerre et de celui de la marine ; l'école de criminologie (pour le service des établissements pénitentiaires), du ministère de la justice ; l'école de police, du ministère de l'intérieur. Les fondations à l'étranger sont : les boursiers des beaux-arts ; l'Académie de Rome ; le Collège espagnol de Bologne ; elles dépendent du ministère des affaires étrangères. Il y a un séminaire dans chaque diocèse.

L'enseignement primaire est soit public, soit privé ou non officiel. L'enseignement privé peut être exercé librement par tous les Espagnols ; un titre de capacité n'est exigé que lorsque l'école reçoit des subventions publiques. Pour ouvrir des établissements d'enseignement, il faut une autorisation préalable, obtenue moyennant la présentation des statuts, du règlement, du programme, de la liste du matériel d'enseignement, du plan du local et du certificat en attestant la salubrité. Sont publiques les écoles entretenues, en tout ou en partie, sur des fonds publics, des oeuvres pies, ou des fondations destinées à l'enseignement: leurs instituteurs doivent remplir les conditions exigées par les lois. Il y a trois degrés d'écoles : 1° escuelas de pàrvulos (écoles enfantines) ; 2° escuelas elementales (écoles élémentaires) ; 3° escuelas superiores (écoles supérieures). Les écoles enfantines sont mixtes quant au sexe. Les écoles élémentaires se divisent en trois catégories : 1° les écoles temporaires, qui ne sont ouvertes que pendant quelques mois ; 2° les écoles incomplètes, qui n'enseignent pas le programme entier de l'enseignement élémentaire ; les écoles de cette catégorie sont, les unes, mixtes quant au sexe (dans les districts ruraux), les autres réservées exclusivement soit aux garçons, soit aux filles ; 3° les écoles complètes, qui ne sont jamais mixtes quant au sexe. Les écoles supérieures ne sont pas, non plus, mixtes quant au sexe. Il existe quelques écoles dites élémentaires amplifiées (ampliadas), dont le programme admet certaines branches du programme des écoles supérieures. Dans toutes les écoles de garçons, il doit v avoir une classe du soir pour les adultes ; et dans les écoles de filles il sera établi des classes du dimanche pour les adultes du sexe féminin. Dans les instituts d'enseignement secondaire, il doit y avoir une école élémentaire du soir pour l'enseignement des ouvriers.

Dans toutes les localités de 500 à 2000 habitants il doit y avoir, aux termes de la loi de 1857, une école élémentaire de garçons et une école élémentaire de filles (cette dernière peut être incomplète). Les localités d'une population moindre doivent se réunir à d'autres localités de leur voisinage immédiat pour former un district scolaire, avec une école élémentaire complète pour les garçons, et une école élémentaire, complète ou incomplète, pour les filles ; si la création de ces deux écoles n'est pas possible, le district doit avoir au moins une école incomplète (mixte quant au sexe) ou une école temporaire. Les localités de 2000 à 4000 habitants doivent avoir deux écoles complètes de garçons et deux écoles complètes de filles ; celles de 4000 à 6000 habitants, trois écoles complètes pour chaque sexe, avec augmentation d'une école pour chaque sexe par chaque nouvelle fraction de 2000 habitants ; pour le calcul du nombre des écoles, les écoles privées sont considérées comme publiques si elles remplissent certaines conditions, mais sans qu'elles puissent excéder les deux tiers du chiffre total. La loi n'ordonne pas, mais recommande, dans les chefs-lieux de province et dans les localités de 10000 habitants et au-dessus, l'établissement d'une école enfantine.

Le nombre des écoles publiques était, en 1850, de 13 462. En 1903 (recensement scolaire), il y avait 259 écoles supérieures, 14 418 écoles élémentaires complètes, 8381 écoles élémentaires incomplètes, 947 écoles temporaires, 544 écoles enfantines, 429 écoles de patronage : total, 24978 ; sur ce nombre, 1429 écoles se trouvaient fermées pour diverses causes. Il s'en faut de beaucoup que les exigences, pourtant modestes, de la loi de 1857 soient remplies, bien qu'un demi-siècle se soit écoulé depuis la promulgation de cette loi. D'après la statistique officielle de 1904, on comptait, dans le ressort municipal des chefs-lieux de province, 1640 écoles seulement, tandis qu'il aurait dû y en avoir 3073 ; Madrid avait 289 écoles, et aurait dû en avoir 545 ; Barcelone en avait 193, au lieu de 533. Les écoles primaires ayant des classes du soir pour les adultes étaient au nombre de 6730, les classes dominicales étaient au nombre de 130 ; et sur ces 6860 classes, 1197 étaient fermées. La population d'âge scolaire (de trois à douze ans) est de quatre millions d'enfants des deux sexes. Pour pouvoir recevoir tous ces enfants dans les écoles, sans que le chiffre des élèves de chaque classe dépassât cinquante, il faudrait 80 000 maîtres et maîtresses ; il en existe en tout (y compris les auxiliaires) 26 000 ; il en manque donc 54000, si l'on ne fait pas entrer en ligne de compte le personnel enseignant des écoles privées, qui, en 1900 (Annuaire statistique), comprenait seulement 6181 unités. La tendance à recourir directement à l'Etat pour pourvoir à ce besoin, sans compter sur les municipalités, s'est manifestée par la création, inscrite au budget de 1907, de 222 écoles : c'est la première fois qu'un fait pareil s'est produit. L'enseignement primaire, d'après la loi, est gratuit pour les seuls indigents, dont la liste est dressée par la municipalité ; les autres élèves paient une rétribution. Les deux tiers à peu près des municipalités ont rendu l'enseignement tout à fait gratuit dans la pratique, payant directement aux instituteurs la rétribution de tous les élèves ; mais depuis 1902, c'est l'Etat qui, dans ce cas, reçoit des municipalités la rétribution, et la paie directement aux instituteurs. L'enseignement est obligatoire de l'âge de six ans à celui de douze ; mais, en dépit des amendes de 0, 50 à 5 pesetas (loi de 1857) qui doivent servir de sanction à cette prescription légale, et d'autres dispositions encore, l'obligation n'est que théorique. Le nombre des maîtres et la capacité des locaux sont tout à fait insuffisants, et l'on ne pourrait pas, si l'obligation était rendue effective, recevoir les élèves. A Madrid même, il y a 50 écoles dans lesquelles une moitié des élèves ne viennent en classe que le matin, et l'autre moitié l'après-midi, en raison de l'insuffisance des locaux. Les élèves inscrits dans les écoles publiques de toute l'Espagne, en 1900, étaient au nombre de 1 617 324 ; les élèves inscrits dans les écoles privées étaient au nombre de 344189 ; total, 1 961 513 ; ce qui, sur un chiffre de quatre millions d'enfants d'âge scolaire, donne un nombre de 2 038 487 enfants qui ne fréquentent pas l'école. II y a une école, c'est-à-dire un maître (ou une maîtresse), pour 154 élèves. Les enfants dont les parents appartiennent aux classes aisées fréquentent les écoles privées.

La population de l'Espagne, au recensement de 1900, était de 18 607 674 habitants: il y avait 11 869 486 illettrés (analfabetos). Si l'on retranche les enfants au-dessous de six ans, qui forment le 14, 5 pour 100 de la population, soit 2 698 110 unités, le chiffre des illettrés se trouve réduit à 9 171 376, ce qui forme encore presque 50 pour 100 de la population totale.

Les dépenses de l'enseignement primaire étaient à la charge des municipalités. Celles-ci négligeaient fréquemment d'y subvenir ; aussi la loi de finances de 1902 a-t-elle disposé que le personnel et le matériel de l'instruction primaire seraient payés par l'Etat, au moyen d'un prélèvement de 16 pouf 100 sur l'impôt foncier (contribucion de inmuebles, cultivo y ganaderia). Les municipalités continuent a payer directement le local de l'école et la maison du maître. Le budget total de l'Etat, en 1907, s'est élevé à 1 043 696 434, 32 pesetas : sur cette somme, l'instruction publique et les beaux-arts absorbent 48 539 356, 85 pesetas, soit environ la vingt-deuxième partie. Le budget spécial de l'enseignement primaire s'est élevé à 27 381 300 pesetas, dont 23 241 750 pour le personnel et 4 137 550 pour le matériel : la répartition de cette dépense donne 1096, 21 pesetas par école, 6, 84 par élève, et 1, 47 par habitant.

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE. — 1. Ecoles enfantines. — Les anciennes garderies de petits enfants, qu'on appelait amigas (amies), commencèrent à se transformer en écoles véritables en 1838, grâce à l'influence de D. Pablo Montesino, qui écrivit un excellent Manual para les maestros de escuelas de pàrvulos. C'est à D. Fernando de Castro, recteur de l'université de Madrid (1814-1874), qu'on doit l'introduction du système froebelien. Les escuelas de pàrvulos ont fait très peu de progrès. Leur personnel enseignant doit être féminin: toutefois, dans quelques-unes d'entre elles, il y a des instituteurs aidés par leur femme ou leurs filles. Les enfants apprennent et récitent en choeur des prières, des définitions et des descriptions d'objets ; quelques-uns lisent et écrivent. Ils exécutent des évolutions accompagnées de chants. Les exercices froebeliens ne s'introduisent que très lentement. Il y a peu de matériel convenable, et une grande partie n'en est pas appropriée aux petits enfants, comme les tableaux de lecture, les ardoises, les bouliers-compteurs, les cartes géographiques, etc. L'âge auquel les enfants sont admis est de trois à sept ans. Chaque école ne forme qu'une classe unique, avec une maîtresse et une ou deux auxiliaires pour 100, 200 et même 300 enfants, dans une salle de dimensions généralement insuffisantes. Il est rare qu'il existe un préau de récréation et une salle pour les repas, plus rare encore qu'il y ait un dortoir, un jardin, ou un terrain pour les jeux. Le mobilier est constitué par les classiques gradins, qui, toutefois, commencent maintenant à être remplacés par les tables-bancs. Il existe à Madrid une école enfantine modèle, fondée par l'Etat en 1876, d'après le système de Froebel, sous le nom de jardin d'enfants (Jardines de la infancia), avec des classes graduées, un local spacieux et un jardin.

2. Ecoles primaires. — Leur programme comprend (décret du 26 octobre 1901) : Doctrine chrétienne et notions d'histoire sainte ; langue castillane, lecture, écriture, grammaire ; arithmétique avec système métrique décimal ; géographie et histoire ; notions de droit ; de géométrie ; de sciences physiques, chimiques et naturelles, d'hygiène et de physiologie humaine ; dessin, chant ; travaux manuels, exercices corporels. Chaque degré (enfantin, élémentaire et supérieur) embrasse ce programme tout entier, se distinguant seulement par l'extension et la durée des exercices. Beaucoup parmi les matières du programme sont, dans la pratique, enseignées fort peu ou pas du tout, ou bien encore sont enseignées sans aucun résultat, faute de précautions méthodiques et de moyens appropriés. Pour l'agriculture, dont l'enseignement est obligatoire depuis 1849, il a été ordonné (13 octobre 1905) d'établir un champ de démonstration agricole dans les municipalités de 750 habitants, et de le confier à l'instituteur ; mais cette décision n'a pas reçu d'exécution. Pour les filles, le programme comprend les travaux particuliers a leur sexe et des notions d'économie domestique. Lorsqu'il existe des musées, les élèves doivent les visiter deux fois par an. — Bien que la constitution garantisse la liberté de conscience et n'exige aucune profession de foi pour l'exercice des fonctions de l'enseignement, l'instituteur est obligé d'enseigner le catéchisme, et de passer un examen sur la religion catholique pour obtenir le brevet. Des réclamations élevées contre la seconde de ces obligations ont donné lieu à des solutions favorables à l'instituteur ; et s'il se produisait quelque protestation contre la première ; nul doute que le résultat serait le même. Les prières dans l'école se font plus ou moins, suivant l'esprit qui domine dans chaque localité ; il en est de même de l'obligation imposée au maître, par le règlement de 1838, et qui est tombée en désuétude, de conduire les élèves à la messe. — Les écoles supérieures ne diffèrent des écoles élémentaires que par l'étiquette : dans la pratique, elles reçoivent un contingent d'élèves de même sorte que ceux qui fréquentent les écoles élémentaires, sans distinction de degré dans l'instruction. — L'horaire de l'école est fixé par la junte locale ; il doit comprendre deux séances de trois heures chacune, le malin et l'après-midi. Dans beaucoup de localités, l'après-midi du jeudi est destinée à des promenades scolaires. Le maître règle l'emploi du temps et choisit les méthodes. — Légalement, depuis 1897, les écoles pratiques annexées aux écoles normales sont des écoles graduées : mais ce sont les seules. Toutes les autres écoles, tant urbaines que rurales, sont formées d'une classe unique, avec des élèves de tous les âges, et un maître unique, secondé quelquefois par un auxiliaire. Aussi est-ce le mode mutuel qui est presque partout en vigueur. A Madrid, par suite de la construction des nouveaux édifices scolaires, il existe trois écoles graduées, et quelques municipalités, cédant aux demandes des maîtres, commencent à en établir également. L'emploi du mode mutuel produit la prédominance des procédés qui font appel à la mémoire verbale. — Les dispositions concernant le matériel pédagogique datent de 1838, et disent qu'il y aura dans l'école une image de Jésus-Christ, des tableaux de lecture, des maximes, des bouliers-compteurs, des tables de multiplication, des poids et des mesures, des exemples d'écriture. C'est là ce qu'on rencontre le plus souvent, en effet. Dans beaucoup d'écoles on voit, en outre, des cartes murales, des globes terrestres, des tableaux d'histoire sainte et d'histoire d'Espagne, tout cela de médiocre valeur pédagogique. Un très petit nombre possèdent des appareils de physique, des collections et des tableaux d'histoire naturelle. Pour l'acquisition du matériel, le maître reçoit une somme égale à la sixième partie de son traitement ; il doit diviser ce budget en deux parties : l'une pour les frais de nettoyage et le matériel fixe, l'autre pour l'achat de livres et de fournitures pour les élèves pauvres. — Les élèves sont admis de l'âge de six ans à celui de douze ; les juntes peuvent accorder l'admission au-dessus de six et au delà de douze ans. L'instituteur peut admettre comme élèves-maîtres (pasantes) des jeunes gens qui se destinent à la carrière de l'enseignement. Il doit tenir un livre d'inscription et le registre quotidien, ainsi que des carnets pour des notes hebdomadaires ou mensuelles sur l'application, les progrès et la conduite des élèves. La majorité des élèves quittent l'école, dans les villes, à dix ou onze ans, et plus tôt encore dans les campagnes, où la fréquentation s'accroît en hiver, et diminue au printemps et en été à cause des travaux agricoles. — Bien que le règlement de 1838 dise : « On n'infligera jamais aucun châtiment qui, par sa nature, puisse affaiblir ou détruire le sentiment de l'honneur », les châtiments corporels ne sont pas expressément défendus. L'opinion se prononce contre eux, mais on les tolère néanmoins dans la pratique. Le système de récompenses est fondé sur l'émulation : «le maître devra exciter une émulation salutaire entre ses élèves». L'instituteur doit faire passer aux élèves des examens privés hebdomadaires ou mensuels ; et tous les ans il y a un examen public, présidé par la junte locale. Des récompenses (médailles, livres, diplômes) sont distribuées aux frais de la municipalité. — La loi de 1887 a ordonné que les écoles publiques seraient en vacances pendant 45 jours chaque année., du 18 juillet au 31 août. Il y a, en outre, 40 jours fériés, à part les dimanches. — La construction des maisons d'école, leur adaptation ou leur location concernent la municipalité. Les décrets de 1004 et 1905 déterminent les conditions de la construction des écoles, et des subventions que l'Etat accorde pour cet objet ; mais ils n'ont donné que très peu de résultats. Les conditions pédagogiques et hygiéniques des locaux scolaires laissent en général fort à désirer. Il y en a plus qui ont été adaptés à leur destination qu'il ne s'en trouve qui aient été construits exprès, et on peut considérer ceux-là comme médiocres. Quelques-uns appartiennent aux municipalités, d'autres à des particuliers qui les louent. Le mobilier est, en général, l'ancienne table-banc à six ou huit places, ou davantage, à distance positive, sans dossier, et n'ayant ni la hauteur, ni l'inclinaison convenables. Dans les nouvelles écoles, on introduit le mobilier moderne. — Les écoles d'adultes sont, par leur programme, de même ordre que les écoles élémentaires ; l'enseignement y est donné par les mêmes instituteurs primaires. Elles sont ouvertes de novembre à avril, le soir pendant deux heures, presque toujours dans les mêmes locaux que les écoles primaires et avec le même mobilier. Le nombre de leurs élèves est peu considérable, et la fréquentation est irrégulière, en sorte qu'elles ont peu d'influence sur le progrès de l'instruction populaire. Il n'est pas rare de rencontrer des adultes qui, bien qu'ayant fréquenté l'école primaire, ne savent plus lire ni écrire. — Pour les sourds-muets et les aveugles, dont l'enseignement se rattache, en Espagne, aux noms de Ponce de Leon (1520? — 1584) et de Bonet (dont le livre, Réduction de las letras y arte para ensenar à ablar les mudos, est de 1620), il y a le Collège national entretenu par l'Etat, à Madrid, depuis 1805, et d'autres écoles provinciales et municipales à Alicante, Barcelone, Bilbao, Burgos, la Corogne, Madrid, Salamanque, Séville, Valencia et Saragosse: Bien que, pour l'instruction des sourds-muets, on emploie le langage oral, l'usage des signes n'a pas disparu. — Les colonies de vacances existent, sur une petite échelle, depuis 1887, année où elles furent introduites par le Musée pédagogique national ; elles sont entretenues., soit par des autorités officielles, soit par des sociétés particulières ; le gouvernement a publié des instructions pour leur organisation. On commence à organiser également les cantines scolaires. Pour l'une et l'autre de ces institutions, une modique subvention est inscrite aujourd'hui au budget de l'Etat. La fête de l'arbre a lieu dans quelques localités. Dans d'autres, malheureusement, on rencontre — mais exceptionnellement — des bataillons scolaires: l'administration s'est prononcée contre cette institution anti-éducatrice.

3. Instituteurs. — Les instituteurs sont classés en élémentaires et supérieurs, selon le brevet qu'ils possèdent et le nombre d'années d'études qu'ils ont laites. Pour les écoles incomplètes et les écoles temporaires, il suffit d'avoir passé à l'école normale la première année du degré élémentaire, ou de posséder un certificat délivré par la junte provinciale ou la junte locale à la suite d'un examen subi devant un jury de l'école normale. Les institutrices des écoles enfantines sont des institutrices primaires comme toutes les autres, sans titre spécial. Beaucoup d'instituteurs et d'institutrices obtiennent des certificats d'aptitude à l'enseignement des sourds-muets, en assistant au cours qui se donne chaque année au Collège national. Les instituteurs se divisent en maîtres et en auxiliaires ; les uns et les autres ont les mêmes titres de capacité, mais l'auxiliaire se conforme aux instructions du maître. Tous les instituteurs des écoles publiques doivent être Espagnols, et avoir atteint l'âge de vingt et un ans. Dans les écoles privées, on rencontre" des instituteurs étrangers, particulièrement dans les congrégations religieuses. Les diplômes étrangers ne sont pas admis. — Les fonctions de l'enseignement primaire sont incompatibles avec tout autre emploi public. Toutefois, dans les écoles incomplètes, les fonctions d'instituteur peuvent être associées à celles de curé ou desservant, de secrétaire municipal, et à quelques autres ; mais dans les écoles complètes, cette dérogation à la règle ne peut avoir lieu qu'avec l'autorisation du recteur, et seulement dans les localités d'une population inférieure à 700 habitants. — Les traitements des instituteurs et ceux des institutrices sont égaux. Le minimum, pour les localités d'une population inférieure à 500 habitants, est de 500 pesetas. Dans les localités de 500 à 1000 habitants, il est de 650 pesetas ; dans celles de 1000 à 3000, de 825 pesetas ; dans celles de 3000 à 10 000, de 1100 pesetas ; dans celles de 10 000 à 20 000, de 1375 pesetas ; dans celles de 20 000 à 40 000, de 1650 pesetas ; au delà, il est de 2000 pesetas, et à Madrid de 2250 pesetas. Les instituteurs des écoles supérieures ont 250 pesetas de plus que les instituteurs élémentaires. Les auxiliaires reçoivent un peu plus de la moitié du traitement du maître. Les institutrices des écoles enfantines sont assimilées, pour le traitement, aux institutrices élémentaires, et les municipalités sont autorisées à leur accorder une augmentation. Pour l'enseignement des adultes, les instituteurs reçoivent une gratification égale au quart de leur traitement. Les intérimaires touchent la moitié du traitement qu'aurait reçu le titulaire. Les instituteurs des écoles complètes ont droit au logement ou à une indemnité représentative. En outre, le personnel enseignant reçoit des rétributions des enfants dont la famille est en état de payer ; quelquefois ils perçoivent cette rétribution directement ; les municipalités sont autorisées à la percevoir pour eux, mais elles ne le font presque jamais ; le plus souvent un contrat est fait entre la municipalité et le maître, qui touche, à titre d'indemnité représentant la rétribution scolaire, une somme égale au moins au quart de son traitement. Les rétributions en nature sont interdites, mais elles continuent à exister dans quelques localités. Un supplément gradué de traitement, payé par les provinces, est accordé, soit à l'ancienneté, soit au mérite, dans les proportions suivantes : 4 pour 100 des maîtres reçoivent un supplément de 125 pesetas par an, 6 pour 100 un supplément de 75 pesetas, et 20 pour 100 un supplément de 50 pesetas. L'Etat accorde parfois son aide financière pour ces suppléments.

L'inégalité des traitements n'est pas en rapport avec la durée de la préparation et la somme de travail accomplie, qui sont à peu près égales chez les uns et chez les autres. Les instituteurs de Madrid ont 2750 et 3000 pesetas, et ceux de Barcelone, par exemple, gagnent encore bien davantage, à cause de la rétribution scolaire ; en revanche, il y a plus de 20 000 instituteurs dont le traitement ne dépasse pas 1100 pesetas, et parmi eux il y en a plus de 8000 dont le traitement ne dépasse pas 500 pesetas. La majorité de ces derniers, en réunissant logement, rétribution, et supplément gradué, arrive a gagner en moyenne 650 pesetas. — La pension de retraite s'obtient à l'âge de soixante ans, ou lorsque l'instituteur se trouve, par son état de santé, dans l'impossibilité de continuer à enseigner. Suivant que l'intéressé compte 20, 25, 30 ou 35 années de service, il touche 50, 60, 70 ou 80 pour 100 du traitement le plus élevé qu'il ait atteint durant deux années consécutives. La pension ne peut pas excéder 2000 pesetas. Les deux tiers de cette pension sont reversibles sur la veuve et les enfants ; les filles en perdent la jouissance en se mariant, et les garçons lorsqu'ils ont atteint l'âge de seize ans. Le fonds des retraites est alimenté par une retenue de 3 pour 100 sur le traitement des maîtres, et de 10 pour 100 sur la somme allouée pour le matériel scolaire ; par le produit des traitements affectés aux écoles dont les postes sont vacants et de la moitié des traitements affectés aux postes remplis par des intérimaires, et par la subvention que l'Etat verse annuellement. Les questions relatives à cet objet sont résolues par une Junte des pensions de retraite (Junta de derechos pasivos). — Il est pourvu aux vacances de postes d'instituteurs, d'abord, à titre intérimaire, par le recteur dans son ressort, si le traitement affecté au poste n'atteint pas 1000 pesetas ; par le sous-secrétaire d'Etat, s'il n'atteint pas 1500 pesetas, et par le ministre au delà de ce chiffre. Il y est pourvu à titre définitif, ou, comme on dit en Espagne, en propriété (en propiedad), de trois manières différentes, selon les cas : par concours, c'est-à-dire en tenant compte des titres respectifs, du mérite et de l'ancienneté des candidats ; sans concours, dans certains cas spéciaux ; ou par opposition (oposicion), c'est-à-dire au moyen d'un examen comparatif subi par les candidats devant un jury. Cet examen consiste en une épreuve écrite et une épreuve orale sur des sujets tirés au sort ; la solution d'un problème d'arithmétique et d'un problème de géométrie ; et une leçon pratique faite dans l'école. Les maîtres ne peuvent être destitués que par une sentence judiciaire, ou par une décision gouvernementale, prise par le gouvernement après que l'intéressé, le Conseil universitaire et le Conseil de l'instruction publique ont été entendus. Les autres peines disciplinaires sont : la réprimande privée et publique, le déplacement, la suspension de traitement pendant un mois, la suspension d'emploi pendant trois mois. — Les instituteurs sont soumis au droit commun en ce qui concerne le service militaire ; mais ils conservent la « propriété » de leur école. Le service militaire dure douze ans : trois ans dans l'armée active, trois ans dans la première réserve, et six ans dans la deuxième. — Pendant l'année 1900-1901, il a été délivré 1087 brevets (titulos) d'instituteur ou d'institutrice, et il y a eu 883 vacances de postes ; mais, sur ces postes vacants, 454 étaient d'un traitement inférieur à 500 pesetas, c'est-à-dire étaient des postes d'écoles incomplètes, et il y avait seulement 429 postes dans des écoles élémentaires ou supérieures: par conséquent, l'excédent réel des maîtres a été de 658 (1087 — 429) cette année-là : et il faut v ajouter ceux qui ont reçu seulement le certificat d'aptitude pour les écoles incomplètes et pour les écoles temporaires. Mais on doit tenir compte, d'autre part, de ce fait que dans beaucoup d'écoles incomplètes ou temporaires, les fonctions d'instituteur sont remplies par des maîtres pourvus du brevet, et que beaucoup d'autres maîtres également pourvus du brevet se consacrent à l'enseignement privé. Le nombre des brevets d'institutrice est plus grand que celui des brevets d'instituteur, parce que beaucoup de femmes font les études qui conduisent à l'examen du brevet simplement en vue de leur instruction personnelle et sans intention de se vouer à l'enseignement.

4. Ecoles normales. — Dès 1780 il y eut des projets de créer des institutions pour la préparation des maîtres primaires ; mais les écoles normales d'instituteurs ne furent fondées qu'en 1839, par l'influence de Montesino et de Gil de Zàrate, et les écoles normales d'institutrices plus tard encore. Ce furent d'abord des institutions provinciales ; mais depuis 1887 elles sont à la charge de l'Etat. Celles des chefs-lieux de district universitaire sont des écoles supérieures ; les autres peuvent être supérieures ou élémentaires ; celles de Madrid sont appelées centrales. En 1901 ont été créées, dans les instituts d'enseignement secondaire, des classes pour la préparation professionnelle à l'enseignement primaire (estudios del magisterio), et c'est là que durent être faites, désormais, les études des instituteurs élémentaires. En 1903 un changement fut apporté à cette nouvelle organisation : il fut décidé que les études élémentaires se feraient, comme les études supérieures, dans les écoles normales supérieures d'instituteurs et d'institutrices ; toutefois, là où ces écoles supérieures n'existeraient pas, les études des instituteurs élémentaires se feraient à l'institut, mais pour les études des institutrices élémentaires il y aurait une école normale élémentaire indépendante. Il y a 21 écoles normales supérieures d'instituteurs, 23 écoles normales supérieures et 14 écoles normales élémentaires d'institutrices. Dans les écoles normales supérieures d'instituteurs, il y a quatre professeurs avec 3000 pesetas de traitement (l'un d'eux est directeur), deux maîtres auxiliaires au traitement de 1000 pesetas, et un professeur de musique au traitement de 750 pesetas ; pour les études des instituteurs élémentaires il y a un professeur de pédagogie, au traitement de 2000 pesetas, dans chaque institut secondaire, s'il n'y a pas dans la ville une école normale supérieure. L'enseignement religieux est donné par le chapelain de l'institut d'enseignement secondaire, où, pourtant, il n'y a pas de chapelle. Les écoles normales supérieures d'institutrices ont cinq professeurs (femmes), dont le traitement est généralement de 1500 pesetas, une ou deux auxiliaires, et, quelquefois, un professeur (femme) de musique. A Madrid, le personnel des deux écoles normales centrales est plus nombreux ; le traitement du directeur (ainsi que de la directrice) est de 5000 pesetas, et celui des professeurs de 3500. Depuis 1887, les professeurs des écoles normales jouissent d'une augmentation quinquennale de traitement de 500 pesetas, et du droit à une pension de retraite. — Pour être admis comme élève d'une école normale, il faut avoir quatorze ans accomplis et avoir subi avec succès un examen écrit, oral et pratique devant les professeurs de l'école. Les élèves appartiennent généralement à la classe peu fortunée, ils arrivent avec une instruction très rudimentaire et sont peu formés. Quelques-uns partagent leur temps entre les études de l'école normale et le travail d'un métier manuel ou d'un service de domesticité. Le programme du degré élémentaire comprend : 1" année : religion et histoire sainte, grammaire, pédagogie, arithmétique et géométrie, géographie et histoire, dessin, pratique de l'enseignement, travaux manuels et exercices corporels (pour les élèves féminins, travaux d'aiguille) ; 2° année : les matières d'enseignement de la 1™ année sont continuées, excepté la religion, l'arithmétique, la géométrie et le dessin, et l'on y ajoute le droit usuel et la législation scolaire, l'agriculture, les sciences physiques et naturelles avec application à l'industrie, et l'hygiène. — Le programme du degré supérieur comprend : 1" année : religion et morale, pédagogie, français, arithmétique et algèbre, géométrie, langue castillane, calligraphie, musique, pratique de l'enseignement, et, pour les élèves féminins, travaux d'aiguille ; 28 année : les matières d'enseignement de la 1™ année sont continuées, excepté la religion et la calligraphie, et l'on y ajoute la géographie et l'histoire universelle, les sciences physiques et naturelles, le dessin d'ornement et, pour les élèves féminins, son application aux travaux d'aiguille. — Les exercices pratiques d'enseignement sont très défectueux ; pour ces exercices, il y a auprès de chaque école normale une école annexe. — L'enseignement est donné, en général, au moyen de livres classiques. — Toutes les écoles normales sont des externats. Le cours d'études commence le 1er octobre et se termine le 20 mai. Chaque professeur examine lui-même, à la fin de chaque année, les élèves de sa classe. Les élèves ajournés doivent se représenter en septembre. A la fin des études, il y a un examen général (revàlida) pour l'obtention du brevet. Le droit d'inscription, chaque année, est de 25 pesetas ; le droit pour chaque examen de passage, de 5 pesetas ; le droit pour le brevet élémentaire, de 95 pesetas ; pour le brevet supérieur, de 105 pesetas. Sont élèves libres, admissibles à l'examen, ceux qui font leurs études a domicile, sans avoir le droit ni l'obligation de suivre les leçons de l'école normale, quoique beaucoup y assistent pourtant.

Pour être professeur d'école normale, il est nécessaire de posséder le titre de maître normal (maestro normal), qui existait avant la récente réorganisation, ou le certificat d'aptitude pédagogique qu'obtiennent les licenciés ès lettres ou es sciences au moyen d'un examen de pédagogie subi à l'école normale. Les postes sont obtenus par « opposition », c'est-à-dire à la suite de diverses épreuves comparatives, écrites et orales. Les professeurs sont divisés en professeurs de lettres et professeurs de sciences ; la pédagogie est commune aux deux sections.

On se préoccupe actuellement de la réforme des écoles normales. Les points sur lesquels portent les critiques sont les suivants : l'insuffisance des programmes ; le peu de rapport entre les études faites et les besoins de l'école primaire moderne ; le manque de caractère pratique dans l'acquisition des connaissances ; la grande insuffisance de l'élément essentiellement pédagogique pour la formation du maître, c'est-à-dire des exercices pratiques ; l'insuffisance du matériel d'enseignement ; les vices du mobilier, qui est suranné et n'est pas conforme aux exigences de l'hygiène ; le manque de locaux construits expressément en vue des écoles, et le manque des conditions pédagogiques requises dans les édifices actuels. Les réformes à réaliser sont : la réduction du nombre des écoles normales ; la limitation du nombre des élèves en conformité des besoins de l'enseignement ; la réduction des divers brevets à un seul, qui soit le même pour tous les instituteurs (et institutrices) ; l'établissement dans l'école, entre professeurs et élèves, d'un régime véritablement éducatif, qui aujourd'hui n'existe pas ; l'organisation d'un cours normal, comme école indépendante, avec des études solides, des méthodes modernes, et un personnel enseignant possédant une haute culture scientifique et pédagogique, pour la formation des futurs professeurs d'école normale et des inspecteurs primaires. A ces préoccupations il a été répondu par la récente création de la Junte pour l'encouragement de l'éducation nationale, et par celle d'un cours normal supérieur qui doit bientôt s'ouvrir.

Pour ce qui concerne le Musée pédagogique national, à Madrid, voir l'article Musées pédagogiques.

ENSEIGNEMENT SECONDAIRE. — Dès le moyen âge il y eut un grand nombre d'écoles de grammaire et de collèges d'humanités, outre les études de philosophie à la Faculté des arts. Mais l'organisation de l'enseignement secondaire et la création des instituts date des réformes de 1820, 1836 et surtout 1845, cette dernière sous l'influence de Gil de Zârate. Les instituts appartinrent d'abord aux provinces, puis ils passèrent en 1888 entre les mains de l'Etat. Depuis 1901 ils ont reçu le nom d'instituts généraux et techniques, parce qu'on projetait d'y établir un enseignement technique ; mais ce projet ne s'est pas réalisé. Il y a 57 instituts : deux à Madrid, un dans chaque chef-lieu de province (48), et sept dans d'autres villes. — Le programme comprend : langues castillane, latine, et française, géographie générale et géographie de l'Espagne, rhétorique, histoire générale de la littérature, histoire générale et histoire d'Espagne, arithmétique, algèbre, géométrie, trigonométrie, psychologie et logique, éthique et droit usuel, physique et chimie, histoire naturelle, agriculture et technique agricole, technique industrielle, calligraphie, dessin, gymnastique. L'enseignement religieux, facultatif, est remis aux soins d'un chapelain. Ce programme est réparti sur six années d'enseignement. II n'y a qu'un baccalauréat unique. Les élèves sont admis à l'âge de dix ans, à la suite d'un examen. Le régime, qui est l'externat, est assez peu éducatif. L'élève ne reste dans l'édifice scolaire que pendant la durée des leçons. — Chaque institut compte de neuf à dix professeurs ; ils sont nommés par «opposition ». et doivent être licenciés ès lettres ou ès sciences ; l'un d'eux, désigné par le ministre, remplit les fonctions de directeur. Ils ont un traitement de 3000 pesetas, avec des augmentations quinquennales de 500 pesetas. Il y a en outre quatre professeurs spéciaux, avec des traitements moins élevés, et deux maîtres auxiliaires avec un traitement de 1500 pesetas. Le personnel enseignant touche, en plus, le montant des droits d'examen payés par les élèves ; et beaucoup de professeurs retirent également un profit de la vente des livres classiques composés par eux. Ceux de Madrid reçoivent 1000 pesetas de plus, comme indemnité de résidence. Chaque professeur donne, par jour, une ou deux leçons d'une heure ; il fait passer à ses propres élèves l'examen annuel. Les examens du baccalauréat (deux épreuves, l'une de lettres, l'autre de sciences) sont passés également devant les professeurs des instituts : les élèves, aussi bien ceux de l'enseignement privé que ceux des établissements officiels, s'y présentent à l'âge de seize ou dix-sept ans. Il est payé un droit d'inscription annuel de 8 pesetas pour chaque matière d'enseignement. La statistique de 1900-1901 donne les chiffres suivants: Nombre des élèves entrés, 6239 (dont 14 jeunes filles) ; nombre des élèves officiels inscrits dans tous les cours, 9289 (dont 18 jeunes filles) : nombre des élèves de l'enseignement privé, 28 008 (dont 26 jeunes filles). La majorité des élèves de l'enseignement privé étudie dans des collèges particuliers, dont 79 sont tenus par des religieux (Piaristes et Jésuites principalement) et 387 par d'autres maîtres. Le total des sommes perçues dans les instituts de l'Etat, pour inscriptions et examens, a été, en 1900-1901, de 4 217 197 pesetas ; les dépenses, personnel et matériel réunis, ont été de 2 944 925 pesetas. Les dépenses inscrites au budget de 1907 sont: personnel, 3 527 800 pesetas ; matériel, 352 250 pesetas. .

UNIVERSITES. — Les plus anciennes universités, en Castille, datent du treizième siècle : Palencia (1212?), de fondation épiscopale, et qui ne dura que peu d'années ; Salamanque (1215?), royale ; Valladolid (1260), municipale. En Aragon, les universités furent toutes municipales ; la plus ancienne fut celle de Lérida (1300). — Aujourd'hui, l'Espagne compte dix universités: celles de Madrid (qui est l'ancienne université d'Alcalà, fondée en 1498-1508 par le cardinal Ximénès de Cisneros), de Barcelone, de Grenade, d'Oviedo, de Salamanque, de Santiago, de Saragosse, de Séville, de Valencia et de Valladolid. Les facultés sont : philosophie et lettres (trois sections : lettres, histoire, et philosophie) ; sciences (quatre sections : sciences exactes, sciences physiques, sciences chimiques, sciences naturelles) ; droit, avec une section de sciences sociales ; médecine ; pharmacie. Il y a en outre des enseignements spéciaux pour le notariat, les officiers de santé (practicantes), les sages-femmes, et les chirurgiens-dentistes. L'université de Madrid possède seule toutes les facultés et toutes les sections ; elle est aussi la seule où l'on puisse prendre le grade de docteur. — Pour obtenir la licence, il faut de quatre à six années d'études, selon les facultés ; pour le doctorat, une seule année de plus. Pour s'inscrire à l'université, il suffit de posséder le grade de bachelier. Les élèves paient une taxe de 30 pesetas par cours, et de 5 pesetas par examen annuel. Pour la durée des cours et les examens, les règles sont les mêmes que dans les écoles normales et les instituts. Le titre de licencié ès lettres ou ès sciences coûte 527 pesetas ; celui de licencié en droit, en médecine ou en pharmacie, 777 pesetas ; le titre de docteur, 1000 pesetas. L'examen de la licence comprend trois épreuves : orale, écrite et pratique ; celui du doctorat consiste dans la présentation d'une thèse, soutenue contradictoirement avec cinq professeurs de la faculté. — Les professeurs sont nommés par « opposition » ; leur traitement de début est de 3500 pesetas (à Madrid, 4500) avec augmentations successives jusqu'au maximum de 10 000 pesetas ; ils ont droit à une pension de retraite. Pour se présenter comme candidat à une chaire de professeur, il faut être docteur de la faculté à laquelle appartient la chaire ; mais à la faculté des sciences, on admet aussi les ingénieurs. Les leçons durent règlementairement une heure et demie, et dans la pratique un peu moins ; quelques professeurs en donnent six, d'autres trois par semaine. — La statistique de 1900-1901 donne les chiffres suivants : Elèves immatriculés, 17 287, dont 8279 élèves réguliers et 9008 élèves libres ; sur ce nombre, il y en avait 1416 pour la philosophie et les lettres, 3316 pour les sciences, 5846 pour le droit, 5014 pour la médecine, 41 pour le notariat. Le nombre des diplômes de licencié et de docteur délivrés cette année-là a été : en philosophie, 149 et 26 ; en sciences, 57 et 13: en droit, 1032 et 48 ; en médecine, 568 et 68 ; en pharmacie, 283 et 11. Les femmes peuvent être admises à suivre les cours des universités, comme ceux des instituts, avec l'autorisation du recteur, et prendre des grades ; on en compte quelques-unes d'inscrites dans les facultés de philosophie, de médecine, et de pharmacie. Elles peuvent exercer la profession de médecin et celle de pharmacien ; mais le Code d'Alphonse X, le Libro de las Partidas (treizième siècle), leur interdit la profession d'avocat. Quant à leur admissibilité au professorat des universités, la question n'est pas résolue, parce qu'elle n'a pas encore été soulevée. Les recettes des universités ont été, en 1900-1901, de 3194245 pesetas ; les dépenses, de 2 790 625 pesetas. Les dépenses inscrites au budget de 1907 sont: personnel, 3 745 169 pesetas ; matériel, 1 101 780 pesetas.

BUDGET DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE. — Voici le résumé du budget de l'instruction publique pour 1907 : administration centrale, 419 500 pesetas ; frais généraux, 775 165 ; enseignement primaire, 27 379 300 ; enseignement général et technique, 7 729 771 ; enseignement supérieur, 4 846 949 ; enseignement professionnel, 366 350 ; établissements scientifiques, artistiques et littéraires, 336 450 ; archives, bibliothèques et musées, 1 261 925 ; beaux-arts, 768 050 ; constructions civiles, 2 545 000 ; géographie, astronomie, statistique, 2072 125 ; autres dépenses, 38 771 ; total : 48 539 356 pesetas.

Bibliographie. — PUBLICATIONS OFFICIELLES : Compilation legislativa de instruction pùblica, 1838-1876. Coleccion legislativa de primera ensenanza, 1877-1889. Anuario legislativo de instruction pùblica, un vol. annuel depuis 1889. Estadistica de primera ensenanza, 1850, 1865, 1870, 1880, 1885. Anuario estadistico de instruction pùblica (dernière année parue, 1900-1901 ; Madrid, 1904). — PUBLICATIONS PRIVEES : FERRER Y RIVERO (D. Pedro), Tratado de legislacion de primera ensenanza vigente en Espana, 10e édit., Madrid, Hernando, 1906. GIL DE ZARATE(D. Antonio), De la instruction pùblica en Espana, Madrid, 1855, 3 volumes. LAFUENTE (D. Vicente de), Historia de las universidades, colegios y demas establecimientos de ensenanza en Espana, Madrid, 1884-1889, 4 volumes. RIBERA (D. Julian), La ensenanza entre les musulmanes espanoles, discurso de apertura de la Universidad de Zaragoza, 1893.

Manuel Bartolomé Cossio