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Echanges internationaux

C'est à l'année 1832 que remonte l'idée première d'un échange de documents, de publications administratives ou scientifiques, de livres rares, d'objets ou de reproductions d'objets d'art, etc., entre les gouvernements, les sociétés savantes, les bibliothèques de divers pays. L'honneur en revient à un simple particulier, Alexandre Wattemare, qui, malgré le peu de ressources dont il disposait, avait pris l'initiative d'établir des relations d'échanges entre la France et l'Amérique. Son entreprise fut encouragée par les Chambres françaises, qui lui accordèrent une subvention en 1846 et en 1847. Mais Wattemare avait voulu donner à son projet une extension trop grande, son oeuvre ne put être continuée. Son idée fut reprise d'abord en 1867, au moment de l'Exposition universelle, puis en 1875, à l'occasion du Congrès de géographie réuni à Paris. Un règlement fut élaboré et soumis aux gouvernements des divers Etats.

Aux ternies de ce règlement, chacun des Etats contractants devra créer chez lui un bureau comme centre des échanges internationaux. Chaque bureau dressera une bibliographie des travaux officiels publiés dans ces dernières années et qu'il est disposé à échanger. Il transmettra un exemplaire au moins de cette bibliographie aux bureaux étrangers et s'engagera à donner avis à ces mêmes bureaux des publications officielles nouvelles, à mesure qu'elles verront le jour. L'échange est gratuit pour tous les documents officiels, c'est-à-dire pour les publications faites aux frais de l'Etat ; chaque partie contractante s'engage à envoyer aux bureaux étrangers un exemplaire au moins de chacune des publications, sauf certaines publications militaires. Si une société savante ou un institut, subventionnés ou non par l'Etat, désirent recevoir directement des publications officielles de l'étranger, ils devront s'adresser au bureau de leur pays, qui servira d'intermédiaire pour obtenir les conditions les plus favorables. Le bureau servira aussi d'intermédiaire entre les sociétés scientifiques, subventionnées ou non, qui désireraient faire des échanges entre elles, en donnant tous les renseignements dont il peut disposer.

La France installa aussitôt un service pour les échanges internationaux. Au début, ce service, qui relève du ministère de l'instruction publique, n'eut à sa disposition ni budget, ni personnel, ni local ; un employé s'en occupait seul, en dehors de son travail. Depuis le mois de mars 1879, le service des échanges a obtenu un personnel et un local, et un crédit spécial de 5000 francs lui a été affecté pour l'exercice 1880. Ce crédit a subi, depuis lors, un assez grand nombre de fluctuations, variant de 10 000 francs en 1881 à 6000 en 1903 et 11 000 en 1909. Cette somme est exclusivement affectée aux frais d'emballage et de transport des livres transmis à l'étranger ou reçus du dehors ; en réalité, la totalité des dépenses du service n'est pas inférieure à 25 000 francs.

Le 3 mai 1891, une convention a été signée entre la France et la Belgique. Elle peut être considérée comme Je code adopté par le Service des Echanges internationaux fonctionnant auprès du ministère de l'instruction publique.

La France entretient aujourd'hui des relations d'échanges avec l'Allemagne, l'Angleterre, l'Alsace-Lorraine, la Belgique, le Brésil, le Canada, le Danemark, l'Egypte, l'Espagne, les Etats-Unis, l'Italie, le Japon, la Norvège, la Nouvelle-Galle du Sud, les Pays-Bas, le Portugal, la Russie, la Suède, la Suisse et l'Uruguay. Certains de ces Etats ont constitué un service spécial d'échanges ; ailleurs, le service est rattaché à un département ministériel. Les divers correspondants adressent, par réciprocité, au bureau français les publications étrangères, et celui-ci en assure la transmission aux destinataires qui lui sont désignés par des listes jointes aux envois.

L'influence du service français s'exerce encore par la voie diplomatique à l'égard d'un assez grand nombre d'Etats, parmi lesquels l'Autriche-Hongrie, le Chili, la Grèce, le Pérou, la République Argentine, le Salvador, le Siam, la Serbie, le Transvaal, le Vénézuela, la Roumanie, l'Australie, la Bolivie, la Bulgarie, Costa-Rica, Cuba, l'Equateur, etc. La Chine seule est exceptée du service des échanges.

La statistique des documents provenant de l'étranger ou qu'on y envoie, relevée à diverses époques, a indiqué les résultats suivants :

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Le développement progressif du service des échanges internationaux montre assez à quel véritable besoin répondait son organisation. Son utilité est aujourd'hui universellement appréciée ; l'oeuvre ne pourra désormais que prospérer d'année en année.