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Dupuis (Alexandre)

Peintre et professeur de dessin, auteur d'une méthode d'enseignement du dessin qui eut un grand succès pendant les années qui suivirent 1830. Chargé d'une classe de dessin au lycée Saint-Louis, Dupuis y avait fait l'essai de sa méthode ; à la suite d'une enquête comparative qui permit de constater les résultats obtenus, la méthode Dupuis obtint l'approbation de l'Académie des beaux-arts, dans sa séance du 1er décembre 1833, et celle du Conseil royal de l'instruction publique, dans sa séance du 27 mars 1834. M. Guizot, alors ministre de l'instruction publique, recommanda la méthode Dupuis aux proviseurs des lycées par une circulaire spéciale, en date du 7 juin 1834.

Nous empruntons à une brochure publiée par Alexandre Dupuis en 1839 un résumé des principes de sa méthode. Il commence par critiquer la méthode en usage avant lui :

« Dans tout enseignement rationnel, dit-il, on procède des divisions principales aux subdivisions ; pour le dessin, on suit une marche inverse. On présente d'abord à l'élève des détails, un nez, une bouche, un oeil, une oreille, qu'on lui fait copier successivement de profil, puis de trois quarts, et enfin de face. Ce n'est que lorsqu'il a consacré beaucoup de temps à cette besogne fastidieuse, qu'on lui permet d'essayer un ensemble. Qu'arrive-t-il ? L'élève, dominé par l'habitude, commence un modèle par le plus petit détail. Le professeur l'arrête aussitôt, et, lui indiquant brusquement une marche nouvelle, il exige que son disciple attaque d'abord les divisions principales. On sent ce qu'il y a de choquant dans une méthode qui force le professeur à condamner ses premières leçons. L'élève, exercé à une copie minutieuse de détails, n'a pas contracté l'habitude de lire largement, c'est-à-dire de saisir les principaux plans et le mouvement du modèle : ses premières études, loin de lui être de quelque secours, sont un obstacle de plus à surmonter.

« Jugeons les modèles eux-mêmes. Copier des dessins ne peut apprendre qu'à manier les instruments et non à dessiner. Comment, en effet, prétendez-vous exercer et former le coup d'oeil en ne lui offrant point les objets tels qu'ils existent? Est-ce donc avec des surfaces planes que nous accoutumerons l'oeil à juger des formes, qui partout s'offrent en relief? d'ailleurs, après avoir perdu un temps précieux sur ces copies de copies, ne faut-il pas en venir à l'étude des reliefs? Alors, pour la seconde fois, vous êtes obligés de détruire votre ouvrage. Tel est le résultat forcé d'une méthode antirationnelle dans toutes ses parties. »

Passant ensuite à l'exposé de sa propre méthode, il en indique comme il suit les avantages :

« La nouvelle méthode que nous offrons s'est spécialement proposé, au contraire, d'établir une liaison intime entre les différents degrés d'enseignement, de hâter les progrès de l'élève par une étude attachante, de ne proposer à son imitation que des modèles en relief, afin d'habituer son oeil au vrai.

« . Seize bosses graduées composent toute cette méthode ; c'est dans l'analyse de ces seize modèles qu'il faut chercher l'esprit et les avantages de ce nouveau mode d'enseignement.

« Ces seize modèles se partagent en quatre séries, chacune de quatre bosses.

« 1re série. — Les quatre bosses de la 1re série offrent seulement la masse de l'ovale avec ses grands plans ; le profil est indiqué par un angle obtus dont le sommet correspond à la partie inférieure du nez, et les lignes se terminent l'une à la racine des cheveux, l'autre à l'extrémité de la mâchoire inférieure ; en sorte que l'attention de l'élève, n'étant plus distraite par les détails, se porte tout entière sur le dessin de l'ovale et sur l'ensemble et le mouvement du modèle. Il est à remarquer que lés quatre bosses de la 1re série sont en même temps un excellent exercice de dessin linéaire.

« 2e série. — Tous les modèles de la 2e série présentent le même ovale, mais avec les quatre divisions principales : l'occipital jusqu'à la naissance de la chevelure, le front jusqu'à la ligne des yeux, le nez en saillie, et la partie inférieure de la face avec indication de la bouche. Ces quatre divisions sont marquées par quatre plans, sans aucun détail. Les modèles de cette série correspondant par le mouvement à ceux de la 1re, l'élève peut faire lui-même sur ses premiers dessins les divisions indiquées dans la 2e série, et se trouve ainsi conduit, sans explication de la part du professeur, à l'intelligence des divisions de la tête.

« 3e série. — Les modèles offrent ici, de plus que ceux de la série précédente, les yeux, la bouche, le menton et les oreilles indiqués par de grands plans fortement accentués, avec le sentiment de la forme, mais sans détail.

« 4e série. — Chacun des modèles de cette série mérite un examen particulier. Dans le premier, les cheveux commencent à être massés, les traits de la face présentent des formes plus arrêtées, le front a ses plans principaux, les yeux sont dessinés avec plus de détails, les ailes du nez et les narines sont exprimées, la bouche et le menton mieux articulés, les muscles du visage généralement sentis. Cette tête est celle d'un homme d'un âge mûr.

« Dans le modèle suivant, les cheveux sont détaillés, toutes les parties qui composent la face se rapprochent d'un travail plus fini ; c'est une tête de jeune homme qui sert de passage aux deux derniers modèles. Ceux-ci présentent chacun une tête de femme avec tous ses détails. Arrivé à ce point, l'élève peut, sans aucune difficulté, aborder l'étude de l'antique. »

Dupuis avait également appliqué sa méthode au dessin des fleurs ; mais ce genre de modèles était plus spécialement réservé aux jeunes filles.

Le prix de la collection des seize modèles de la méthode Dupuis était de 48 francs, plus 14 francs pour l'emballage ; la collection des modèles pour le dessin des fleurs coûtait 20 francs, emballage compris.

La méthode d'Alexandre Dupuis fut introduite en Allemagne et en Suisse, et elle est encore employée, croyons-nous, dans un certain nombre d'écoles de ces deux pays.

DUPUIS (ALEXANDRE). — Peintre et professeur de dessin, auteur d'une méthode d'enseignement du dessin qui eut un grand succès pendant les années qui suivirent 1830. Chargé d'une classe de dessin au lycée Saint-Louis, Dupuis y avait fait l'essai de sa méthode ; à la suite d'une enquête comparative qui permit de constater les résultats obtenus, la méthode Dupuis obtint l'approbation de l'Académie des beaux-arts, dans sa séance du 1er décembre 1833, et celle du Conseil royal de l'instruction publique, dans sa séance du 27 mars 1834. M. Guizot, alors ministre de l'instruction publique, recommanda la méthode Dupuis aux proviseurs des lycées par une circulaire spéciale, en date du 7 juin 1834.

Nous empruntons à une brochure publiée par Alexandre Dupuis en 1839 un résumé des principes de sa méthode. Il commence par critiquer la méthode en usage avant lui :

« Dans tout enseignement rationnel, dit-il, on procède des divisions principales aux subdivisions ; pour le dessin, on suit une marche inverse. On présente d'abord à l'élève des détails, un nez, une bouche, un oeil, une oreille, qu'on lui fait copier successivement de profil, puis de trois quarts, et enfin de face. Ce n'est que lorsqu'il a consacré beaucoup de temps à cette besogne fastidieuse, qu'on lui permet d'essayer un ensemble. Qu'arrive-t-il ? L'élève, dominé par l'habitude, commence un modèle par le plus petit détail. Le professeur l'arrête aussitôt, et, lui indiquant brusquement une marche nouvelle, il exige que son disciple attaque d'abord les divisions principales. On sent ce qu'il y a de choquant dans une méthode qui force le professeur à condamner ses premières leçons. L'élève, exercé à une copie minutieuse de détails, n'a pas contracté l'habitude de lire largement, c'est-à-dire de saisir les principaux plans et le mouvement du modèle : ses premières études, loin de lui être de quelque secours, sont un obstacle de plus à surmonter.

« Jugeons les modèles eux-mêmes. Copier des dessins ne peut apprendre qu'à manier les instruments et non à dessiner. Comment, en effet, prétendez-vous exercer et former le coup d'oeil en ne lui offrant point les objets tels qu'ils existent? Est-ce donc avec des surfaces planes que nous accoutumerons l'oeil à juger des formes, qui partout s'offrent en relief? d'ailleurs, après avoir perdu un temps précieux sur ces copies de copies, ne faut-il pas en venir à l'étude des reliefs? Alors, pour la seconde fois, vous êtes obligés de détruire votre ouvrage. Tel est le résultat forcé d'une méthode antirationnelle dans toutes ses parties. »

Passant ensuite à l'exposé de sa propre méthode, il en indique comme il suit les avantages :

« La nouvelle méthode que nous offrons s'est spécialement proposé, au contraire, d'établir une liaison intime entre les différents degrés d'enseignement, de hâter les progrès de l'élève par une étude attachante, de ne proposer à son imitation que des modèles en relief, afin d'habituer son oeil au vrai.

« . Seize bosses graduées composent toute cette méthode ; c'est dans l'analyse de ces seize modèles qu'il faut chercher l'esprit et les avantages de ce nouveau mode d'enseignement.

« Ces seize modèles se partagent en quatre séries, chacune de quatre bosses.

« 1re série. — Les quatre bosses de la 1re série offrent seulement la masse de l'ovale avec ses grands plans ; le profil est indiqué par un angle obtus dont le sommet correspond à la partie inférieure du nez, et les lignes se terminent l'une à la racine des cheveux, l'autre à l'extrémité de la mâchoire inférieure ; en sorte que l'attention de l'élève, n'étant plus distraite par les détails, se porte tout entière sur le dessin de l'ovale et sur l'ensemble et le mouvement du modèle. Il est à remarquer que lés quatre bosses de la 1re série sont en même temps un excellent exercice de dessin linéaire.

« 2e série. — Tous les modèles de la 2e série présentent le même ovale, mais avec les quatre divisions principales : l'occipital jusqu'à la naissance de la chevelure, le front jusqu'à la ligne des yeux, le nez en saillie, et la partie inférieure de la face avec indication de la bouche. Ces quatre divisions sont marquées par quatre plans, sans aucun détail. Les modèles de cette série correspondant par le mouvement à ceux de la 1re, l'élève peut faire lui-même sur ses premiers dessins les divisions indiquées dans la 2e série, et se trouve ainsi conduit, sans explication de la part du professeur, à l'intelligence des divisions de la tête.

« 3e série. — Les modèles offrent ici, de plus que ceux de la série précédente, les yeux, la bouche, le menton et les oreilles indiqués par de grands plans fortement accentués, avec le sentiment de la forme, mais sans détail.

« 4e série. — Chacun des modèles de cette série mérite un examen particulier. Dans le premier, les cheveux commencent à être massés, les traits de la face présentent des formes plus arrêtées, le front a ses plans principaux, les yeux sont dessinés avec plus de détails, les ailes du nez et les narines sont exprimées, la bouche et le menton mieux articulés, les muscles du visage généralement sentis. Cette tête est celle d'un homme d'un âge mûr.

« Dans le modèle suivant, les cheveux sont détaillés, toutes les parties qui composent la face se rapprochent d'un travail plus fini ; c'est une tête de jeune homme qui sert de passage aux deux derniers modèles. Ceux-ci présentent chacun une tête de femme avec tous ses détails. Arrivé à ce point, l'élève peut, sans aucune difficulté, aborder l'étude de l'antique. »

Dupuis avait également appliqué sa méthode au dessin des fleurs ; mais ce genre de modèles était plus spécialement réservé aux jeunes filles.

Le prix de la collection des seize modèles de la méthode Dupuis était de 48 francs, plus 14 francs pour l'emballage ; la collection des modèles pour le dessin des fleurs coûtait 20 francs, emballage compris.

La méthode d'Alexandre Dupuis fut introduite en Allemagne et en Suisse, et elle est encore employée, croyons-nous, dans un certain nombre d'écoles de ces deux pays.