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Dinter (Gustave-Frédéric)

Célèbre pédagogue allemand, né en 1760 à Borna, en Saxe. Après avoir étudié la théologie à Leipzig, puis passé quelques années dans une famille comme précepteur, il fut nommé pasteur à Kitscher en 1787. Désireux de travailler à la réforme de l'enseignement populaire, il prit chez lui quelques jeunes gens pauvres qu'il forma lui-même à la profession d'instituteur. En 1797, il fut appelé à Dresde comme directeur de l'école normale primaire, et s'y montra un éducateur distingué ; mais, au bout de dix ans, une grave maladie l'obligea à renoncer à ces fonctions. Il redevint pasteur de village, à Görnitz, et, sa santé s'étant ébranlée, il fonda à ses frais un progymnase, c'est-à-dire une institution destinée aux jeunes gens qui se préparent à suivre les cours d'un gymnase classique. En 1816, le gouvernement prussien le nomma conseiller scolaire et membre du consistoire à Königsberg ; en cette qualité, il se trouva chargé de l'inspection des écoles de la province. Il mourut à Königsberg en 1831. Esprit positif, Dinter se préoccupa moins de théories que de la réalisation progressive de modestes réformes de détail. En sa qualité de théologien, on devait s'attendre à lui voir donner une grande place à la religion : c'est sur elle, en effet, qu'il fonde l'éducation tout entière, et ses deux principaux ouvrages sont un Commentaire sur la Bible, à l'usage des instituteurs (Die Schullehrerbibel), et des Entretiens sur le petit catéchisme de Luther (Unlerredungen über die Hauptstücke des kleinen lutherischen Katechismus). Il appartenait toutefois, en théologie, à la tendance rationaliste et libérale. « L'état actuel des écoles, disait-il à un ecclésiastique éminent, m'a montré qu'il n'y a pas de péché originel. — Comment cela? — S'il y avait un péché originel, il y a longtemps que le peuple prussien ne se composerait que de voleurs, de brigands, d'incendiaires, d'adultères et d'assassins ; car avec vos écoles, vous n'avez rien fait pour l'empêcher de devenir tel. » — « La majorité des hommes est bonne, dit-il quelque part, mon expérience me l'a clairement fait voir. » Ses dernières paroles témoignent à la fois du tour original de son esprit, porté à la saillie humoristique, et des tendances de son christianisme : « Si le bon Dieu, disait-il sur son lit de mort, ne veut recevoir dans son paradis que des esprits immaculés, il lui faudra y rester tout seul ; mais s'il y reçoit tous les braves gens, je suis bien sûr d'y entrer aussi. Et s'il me fait de nouveau instituteur là-haut, et qu'il me donne une phalange de petits esprits à élever pour le ciel, il remplira le plus ardent de mes voeux, il me rendra heureux au point de n'envier personne, pas même les glorieux anges Gabriel et Raphaël. »

Dinter a beaucoup écrit ; la collection de ses oeuvres ne forme pas moins de quarante-deux volumes. Outre les deux ouvrages que nous avons déjà cités, on estime son Traité de catéchétique (Die vorzüglichsten Regeln der Katechetik, 1800), son Traité de pédagogie et de méthodique (Die vorzüglichsten Regeln der Pädagogik, Methodik und Schullehrer-klugheit, 1806), et surtout son Autobiographie, publiée de son vivant (Dinter's Leben, von ihm selbst beschrieben, 1829).

G. Calame