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Dimanche (Écoles du)

 On donne ce nom à deux institutions d'un caractère essentiellement différent. Il s'est appliqué, en Italie au seizième siècle, en France au dix-septième et au dix-huitième siècle, et il s'applique de nos jours dans plusieurs pays protestants, particulièrement en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, à des réunions d'un caractère exclusivement religieux, où les enfants et les jeunes gens reçoivent un enseignement destiné à remplacer ou à compléter le culte public. D'autre part, on désigne aussi sous ce nom, en Allemagne et dans quelques autres pays de l'Europe, l'école d'adultes ou l'école complémentaire qui se tient le dimanche et les jours fériés.

1. Ecoles du dimanche donnant l'enseignement religieux. — C'est en Italie que les écoles du dimanche ou écoles dominicales furent instituées pour la première fois, par saint Charles Borromée, évêque de Milan, en 1564. En France, on en attribue la fondation à Démia, directeur des écoles de Lyon, vers 1666. J.-B. de La Salle essaya, en 1709, de transformer l'école dominicale en un véritable cours d'adultes : dans celle qu'il ouvrit dans la paroisse de Saint-Sulpice, à Paris, on enseignait la lecture, l'écriture, l'orthographe, l'arithmétique, un peu de géométrie, d'architecture et de dessin ; mais, après quelques années, l'école dut se fermer, faute de maîtres capables, et, depuis lors, il n'y eut plus en France d'autres écoles dominicales que celles dont le programme se bornait aux exercices spirituels.

En Grande-Bretagne, on signale dès le commencement du dix-huitième siècle quelques écoles du dimanche, simples réunions de prières, dans lesquelles un ecclésiastique faisait un culte approprié aux enfants. Mais ce fut Robert Raikes, de Gloucester, qui se fit, en 1781, l'initiateur du mouvement auquel doivent leur naissance les innombrables écoles du dimanche de l'Angleterre contemporaine. Raikes avait remarqué avec chagrin que, dans sa ville natale, beaucoup d'enfants abandonnés à eux-mêmes, le dimanche, faisaient du tapage dans les rues et scandalisaient les passants ; voulant essayer de mettre un terme à cet état de choses, il engagea à ses frais quatre instituteurs pour apprendre à lire à tous les enfants pauvres qui voudraient suivre leurs leçons le dimanche : les enfants devaient se rendre en classe à dix heures et y rester jusqu'à midi ; à une heure, ils rentraient en classe de nouveau ; après une leçon, on les conduisait à l'église ; puis ils répétaient leur catéchisme en classe jusqu'à cinq heures et demie, heure à laquelle on les congédiait. Mais l'institution fondée par Raikes perdit bientôt son caractère primitif : au lieu d'une classe dans laquelle les enfants apprenaient à lire, l'école du dimanche se transforma en un lieu de culte ; c'est sous cette forme que la mode l'adopta et la propagea rapidement dans les pays protestants, et surtout aux Etats-Unis. En 1786, la Société des écoles du dimanche de Londres estimait à 250 000 le nombre des élèves fréquentant les nouvelles écoles dans les trois royaumes. Quarante ans plus tard, on évaluait à 1 250 000 le nombre des élèves des écoles du dimanche dans les différents pays. Enfin, en 1875, une statistique relevait dans le monde entier 110 000 écoles du dimanche, avec 1 500 000 personnes donnant l'enseignement, et 10 millions d'élèves. Outre les îles Britanniques et les Etats-Unis, les pays où les écoles du dimanche protestantes se sont le plus développées sont la France, la Suisse, la Hollande, et quelques parties de l'Allemagne.

2. Ecoles du dimanche donnant l'enseignement scolaire. — C'est en Allemagne, en Hollande, en Italie et en Espagne que nous rencontrons le nom d'école du dimanche officiellement donné aux cours d'adultes ou à l'école complémentaire.

En Allemagne, le Wurtemberg possède, dès 1739, des écoles du dimanche obligatoires pour toutes les personnes non mariées, écoles destinées à leur faire acquérir ou conserveries connaissances élémentaires indispensables. Aujourd'hui encore, l'école complémentaire y porte le nom de Sonntagsschule, et la fréquentation en est obligatoire, jusqu'à l'âge de dix-huit ans, pour les élèves sortis de l'école primaire qui ne fréquentent pas un autre établissement d'instruction. — En Prusse, Frédéric II avait prescrit, par le règlement scolaire de 1763, aux instituteurs ruraux de donner chaque dimanche, dans la salle d'école, une leçon d'une heure à laquelle étaient tenues d'assister toutes les personnes non mariées de la commune, pour s'y perfectionner dans la lecture et l'écriture ; mais ce règlement tomba bientôt en désuétude. — En Bavière, l'obligation de fréquenter l'école du dimanche et des jours fériés (Sonn und Feiertagschule) fut établie en 1803 ; elle s'étend actuellement jusqu'à l'âge de seize ans.

En Hollande, la plupart des écoles d'adultes ont porté, jusqu'en 1862, le nom d'écoles du dimanche.

En Espagne, les classes d'adultes sont désignées sous le nom de leçons du soir ou du dimanche (lecciones de noche o de domingo). En Italie, les classes du dimanche (scuole festive) sont réservées aux adultes femmes, tandis que les adultes hommes se rendent aux classes du soir (scuole serali).

En France, la loi du 15 mars 1850 (titre II, chap. VI, Institutions complémentaires ; section 2e, Ecoles d'adultes et d'apprentis) énumérait les écoles du dimanche parmi les institutions en faveur desquelles il serait ouvert chaque année un crédit destiné à la distribution d'encouragements accordés par le ministre de l'instruction publique.