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Dentelle (Enseignement de la)

 La loi du 5 juillet 1903 relative à l'apprentissage de la dentelle à la main, est ainsi conçue :

« ARTICLE PREMIER. — L'enseignement professionnel pour la dentelle à la main sera organisé dans les écoles primaires de filles des départements où la fabrication est en usage et dans les écoles normales d'institutrices de ces mêmes départements. Ces écoles seront désignées par décret.

« ART. 2. — Il sera créé dans les principaux centres dentelliers des cours et des ateliers de perfectionnement ou des écoles propres à développer l'éducation artistique des ouvrières et des dessinateurs. »

En exécution de ces prescriptions, l'enseignement professionnel de la dentelle à la main est actuellement organisé :

1° Dans les écoles normales d'Alençon, Caen, Le Puy (Décret du 12 janvier 1904), d'Arras et de Chambéry (Décret du 6 juin 1905) ;

2° Dans un certain nombre d'écoles primaires élémentaires des départements du Calvados, de la Corrèze, du Nord, de l'Orne, du Puy-de-Dôme, de la Haute-Saône, de la Manche, de la Haute Loire et de la Gironde.

L'enseignement de la broderie sur métier a été également institué dans les écoles primaires de filles du département de la Gironde (Décret du 31 janvier 1907).

Une circulaire en date du 16 janvier 1904 complète la règlementation prévue par la loi du 5 juillet 1903 et en présente un intéressant commentaire. En voici la teneur :

« Monsieur l'inspecteur d'académie, le Parlement a inscrit au budget de l'instruction publique un crédit de 10 000 francs pour assurer l'application de la loi du 5 juillet 1903 sur l'apprentissage de la dentelle à la main.

« Les intentions du Parlement et du gouvernement sont précisées par les discussions auxquelles a donné lieu, à la Chambre des députés et au Sénat, le vote de ce crédit, et aussi par les déclarations faites à la Commission instituée par M. le ministre du commerce.

« Il s'agit, dans leur pensée, de rendre son activité et son éclat à une industrie nationale particulièrement intéressante, fâcheusement concurrencée par la fabrication industrielle, dans les régions mêmes où elle a existé depuis des siècles, de préparer le recrutement des ouvrières capables de ce travail délicat, de retenir dans les centres ruraux les femmes et les jeunes filles qui ont une tendance à les déserter pour la ville, en leur assurant un appoint régulier aux salaires de la vie des champs.

« Deux moyens s'offrent au ministère de l'instruction publique pour seconder ces intentions.

« Nous nous proposons d'introduire l'étude de la dentelle à la main dans les programmes de trois écoles normales d'institutrices: celles de Caen, du Puy et d'Alençon. Une ouvrière dentellière d'élite serait autorisée, au cours des trois années, à y donner des leçons dont vous auriez à déterminer le nombre. Elle serait rétribuée au taux des heures de couture. Nous formerions ainsi des institutrices capables de donner, dans les écoles où elles seraient plus tard appelées, l'enseignement de la dentelle aux enfants qui leur seraient confiées.

« D'autre part et en attendant que cet enseignement puisse porter ses fruits, l'apprentissage de la dentelle à la main serait donné directement à l'école primaire par des ouvrières expertes, dans les communes où cette industrie a jadis prospéré et se maintient encore, sur la demande qui en serait faite par les municipalités intéressées. En dehors des départements de la Haute-Loire, du Calvados et de l'Orne, ces communes sont celles des régions de Bailleul (Nord), de Mirecourt (Vosges), de Luxeuil (Haute-Saône), de Tulle (Corrèze), d'Arlanc (Puy-de-Dôme).

« Un taux à débattre serait fixé pour la rémunération des ouvrières appelées dans ces écoles.

« La modicité du crédit qui m'est alloué ne me permettra probablement pas de rétribuer toutes les maîtresses auxquelles il faudra faire appel. Vous devrez donc tout d'abord entrer en relations avec les chambres de commerce et les chambres syndicales spéciales qui ont bien voulu nous offrir spontanément et généreusement leur concours, et ne faire usage qu'à leur défaut des fonds trop restreints que je puis mettre à votre disposition. Ce sont ces mêmes chambres que vous consulterez sur le choix des ouvrières qui seront chargées de l'enseignement.

« Dans les communes où sera institué l'apprentissage de la dentelle, les heures consacrées à cet enseignement pourront être prises sur celles qui, dans les programmes, sont attribuées aux travaux de couture. Vous laisserez les enfants libres de s'exercer à ce travail en dehors des heures officielles de la classe.

« Dans les examens de l'enseignement primaire (certificat d'études, etc.), et pour les régions indiquées plus haut, vous admettrez le travail de la dentelle comme une épreuve équivalente aux travaux de couture exigés par les programmes de ces examens. »