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Dellard (A-J)

 Professeur de physique et de chimie à l'école centrale de Seine-et-Oise, Dellard a publié en l'an IX un volume intitulé : Observations sur les écoles centrales. Il était question à ce moment de la suppression des écoles centrales (qui fut réalisée par la loi du 11 floréal an X) ; on savait que le ministre Chaptal préparait un plan de réorganisation de l'instruction publique. Dellard prit la plume pour défendre les écoles centrales contre leurs détracteurs. Ce n'est pas un révolutionnaire, bien au contraire ; car, se trouvant incidemment amené à parler de l'instruction primaire, il propose de confier, dans les villages, les fonctions d'instituteur aux curés. On peut donc accueillir son témoignage comme celui d'un témoin, non entièrement désintéressé sans doute, mais dégagé des préoccupations de l'esprit de parti. Il reconnaît que les écoles centrales n'ont pas encore donné tous les résultats qu'on pouvait en attendre ; mais la faute en est aux incessants revirements politiques qu'on a vu se succéder depuis l'an IV ; ni le public, ni les professeurs n'ont eu confiance dans la stabilité des écoles. « Il n'en fallait pas davantage pour frapper de nullité ces établissements naissants, et pour donner aux maisons particulières d'éducation un avantage décisif sur eux. » Mais ce n'est pas une raison, ajoute Dellard, pour supprimer les écoles centrales, ni pour en diminuer le nombre. Passant en revue les diverses branches du programme de ces écoles, il indique quelques réformes de détail à opérer ; mais, somme toute, leur enseignement vaut mieux que celui des anciens collèges. « Que si l'on reproche à ces écoles un trop grand luxe pour la fin qu'elles doivent atteindre, je répondrai : Lisez ce qu'on a dit plus haut sur les diverses branches d'instruction qu'elles embrassent, et nommez ensuite celle qui vous paraîtra superflue. Que si l'on objecte que la population de chaque département n'est pas assez considérable pour fournir à son école un concours d'élèves qui puisse occuper tous les maîtres, je répondrai encore : Aux élèves de l'école centrale, ajoutez tous ceux que les institutions particulières lui dérobent ; et vous verrez si, pour lors, celle du plus petit département n'a pas de la peine à suffire pour ses besoins. » Il faut donc, non pas détruire les écoles centrales, mais les perfectionner, les aider à lutter contre la concurrence des institutions particulières. « Je ne puis" terminer sans rappeler à ceux qui crient sans cesse contre nos écoles modernes, que, s'il faut en croire la renommée, un roi non moins éclairé que puissant a désiré de voir dans ses Etats l'instruction publique se modeler sur nos lois à cet égard : par quelle fatalité bizarre porterions-nous donc la hache sur des établissements que nos voisins envient? On cherche, dites-vous, vainement autour d'eux tous les fruits qu'on s'en était promis ; soit, cette infécondité est malheureusement trop réelle en quelques lieux ; mais l'amélioration et non la destruction, voilà ce que la sagesse commande. »