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Defodan (Charles-Jacques)

Pédagogue français, né à Rouen le 14 mai 1832, mort à Paris le 18 février 1891. Après de brillantes études classiques, commencées au lycée de sa ville natale — d'où il sortit avec le prix de rhétorique — et continuées au lycée Louis-le-Grand, Defodon s'établit à Paris comme professeur libre, de 1853 à 1863. Au cours de cette période il fut aussi, pendant quelque temps, secrétaire de Victor Cousin. En 1864, l'éditeur Louis Hachette l'attacha à la rédaction du Manuel général de l'instruction primaire, comme auxiliaire de M. Barrau. Defodon se donna tout entier à la carrière, nouvelle pour lui, dans laquelle il entrait en pleine maturité d'esprit, et où il révéla les rares qualités qui firent de lui 1 un des pédagogues primaires les plus écoutés et les plus aimés de notre temps.

Dès l'année suivante, à la mort de M. Barrau, il se trouva chargé de la direction du Manuel général, qu'il levait garder jusqu'à la fin de sa vie. En ce temps-là, malgré l'heureuse action de Victor Duruy, l'enseignement primaire était dans le triste état auquel l'avait réduit le régime institué par la loi de 1850. Pour le ranimer et le développer, de nombreuses réformes étaient nécessaires. Defodon se montra novateur à la fois prudent et hardi. Parmi les projets qu'il forma et soutint alors, certains parurent presque des utopies : par exemple, celui de créer deux écoles centrales où viendrait se former le haut personnel enseignant et administratif de l'enseignement primaire: c'était prévoir les futures écoles de Saint-Cloud et de Fontenay-aux-Roses et en sentir, longtemps à l'avance, la nécessité.

Il en est un autre, qui, pour l'époque, semblait plus osé encore: celui d'une exposition scolaire qui aurait lieu à Paris en même temps que l'Exposition uniververselle de 1867. C'est dans le cabinet de Defodon que cette exposition scolaire — la première que l'on ait vue en France, croyons-nous — a été conçue, étudiée, organisée avec tout ce qu'elle pouvait comporter d'utile et de désirable : voyage des instituteurs à Paris, conférences pédagogiques à la Sorbonne, etc. Après le succès de ce premier essai, la maison Hachette délégua souvent Defodon pour visiter les expositions scolaires départementales et étrangères.

Rarement homme fut mieux muni pour adresser des conseils autorisés et des directions sûres aux instituteurs. Se trouvant, grâce au Manuel général, en communication avec le personnel dirigeant et enseignant des écoles primaires de tous pays, il donnait et recevait ainsi à la fois, par un continuel échange d'idées et de renseignements. Professeur à l'école normale d'instituteurs d'Auteuil (1872-1879), bibliothécaire du Musée pédagogique (1879-1885) et placé ainsi dans un des meilleurs centres d'informations ; inspecteur primaire à Paris (1885-1891) ; membre de la plupart des commissions d'instruction primaire et prenant une part active à leurs travaux, il avait acquis une expérience qui lui permettait de traiter avec compétence toutes les questions scolaires. Il exprimait toujours son opinion avec la modération et l'esprit de conciliation qui le caractérisaient, qui sont d'ailleurs dans le ton habituel du Manuel général et qui n'excluent ni l'énergie de la volonté ni la fermeté des convictions.

Ces occupations multiples n'absorbaient pas toute l'activité laborieuse de Charles Defodon. Il apportait encore sa collaboration à l'Ami de l'enfance, organe de la méthode française d'éducation maternelle, qu'il dirigeait de concert avec Mme Pauline Kergomard: à Mon Journal, à la Revue pédagogique, etc.

La notoriété de bon aloi qu'il s'était ainsi acquise dans l'enseignement primaire le désigna aux suffrages des électeurs pour le Conseil supérieur de l'instruction publique. Il y siégea de 1888 jusqu'à sa mort.