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Danemark

 1. Aperçu historique. ? Au commencement du seizième siècle, le Danemark possédait un certain nombre d'écoles latines, et quelques écoles dites écoles d'écriture (Skriveskoler), où l'on enseignait la langue vulgaire. Mais ces établissements n'existaient que dans les villes ; la campagne était entièrement dépourvue de moyens d'instruction. La Réforme n'apporta pas une amélioration bien sensible à cet état de choses : elle multiplia les écoles latines, il est vrai, mais la population des districts ruraux n'eut d'autre instituteur que le sacristain (Degn) de la paroisse, qui une fois par semaine réunissait la jeunesse dans quelque gaard (domaine rural) pour lui enseigner le catéchisme. Le roi Frédéric IV fut le premier qui songea à organiser d'une façon plus sérieuse l'instruction populaire : dans la capitale d'abord, par l'Ordonnance sur les écoles danoises et les instituteurs de la ville de Copenhague (Forordning anlangende danske Skoler og Skoleholdere i Staden Kjöbenhavn, du 19 juin 1716) ; puis dans les douze districts relevant directement de la couronne, dans chacun desquels il fonda vingt écoles, pourvues d'un instituteur à poste fixe qui devait enseigner la lecture et la religion en échange d'un logement gratuit et d'un modique traitement ; l'lnstruction relative à ces écoles de district [Instruction for Skolemestrene i Rytterdistrikterne) est du 28 mars 1721. L'exemple du roi fut suivi par quelques grands propriétaires qui fondèrent aussi des écoles sur leurs domaines. Christian VI (1730-1746) réorganisa les écoles urbaines ; il rendit l'instruction primaire obligatoire par l'ordonnance du 23 janvier 1739, et prescrivit la création de nouvelles écoles dans les campagnes ; mais comme le choix de l'instituteur et son paiement incombaient au propriétaire du domaine féodal où était située l'école, il arrivait que le plus souvent les fonctions de maître d'école étaient remplies, en échange d'un salaire dérisoire, par des individus totalement incapables, anciens domestiques, soldats invalides, ouvriers sans travail, etc. Le servage, d'ailleurs, était encore la condition générale des paysans, et les seigneurs ne se souciaient pas de faire donner à leurs serfs une instruction qui aurait pu leur inspirer des idées d'indépendance. Mais, sous les règnes de Christian VII et de Frédéric VI, de grandes réformes sont réalisées : le servage est aboli en 1788 ; la première école normale d'instituteurs est fondée en 1790 à Blaagaard près Copenhague (elle fut transférée à Jönstrup en 1809), et les deux ordonnances du 29 juillet 1814 réglèrent l'organisation définitive de l'instruction primaire dans les districts ruraux et dans les villes, à l'exception de Copenhague (Anordning om Almueskolevaesenet paa Landet i Danrnark et Anordning om Almueskolevaesenet i Kjöbstoederne i Danmark, Kjöbenhavn undtagen) ; l'ordonnance de 1716 concernant les écoles de Copenhague fut en même temps revisée.

Les ordonnances de 1814 forment encore aujourd'hui la base de la législation scolaire danoise. Elles ont été toutefois complétées et en partie modifiées par un certain nombre d'ordonnances et de lois plus récentes, dont les principales sont les suivantes : ordonnance du 20 mars 1844 et loi du 29 décembre 1857, relatives aux écoles de Copenhague ; loi du 2 mai 1855 (amendée par celle du 30 septembre 1864) et loi du 8 mars 1856, relatives aux écoles des campagnes et des villes, Copenhague excepté ; décision royale du 27 janvier 1860, fixant à 246 jours (41 semaines), & raison de 6 heures de leçons par jour, le chiffre minimum de la fréquentation annuelle obligatoire ; loi de mai 1876, instituant deux sortes d'écoles communales, les unes payantes, les autres gratuites ; loi du 24 mars 1899, qui augmenta les traitements du personnel enseignant, diminua le nombre des élèves dans les classes, et assura une plus forte contribution de l'Etat aux dépenses de l'instruction primaire. Les écoles normales sont régies par un règlement en date du 10 février 1818, et par la loi du 15 février 1857, celle du 12 janvier 1858, et celle du 30 mars 1894.

Un trait caractéristique du système scolaire du Danemark, c'est que les écoles de Copenhague, celles des villes autres que la capitale, et celles des campagnes, forment trois groupes distincts ayant chacun leur organisation propre et leur législation particulière.

2. Etat actuel de l'instruction primaire. ? C'est aux communes qu'incombe l'obligation de fonder et d'entretenir le nombre nécessaire d'écoles primaires, et de payer les traitements du personnel enseignant. L'Etat participe à ces dépenses dans une proportion réglée par la loi. L'autorité scolaire locale est la commission scolaire (Skolecommission) : elle se compose, dans les communes rurales, du pasteur comme président, et de deux à quatre membres du conseil communal ; dans les villes, d'un ou de plusieurs ecclésiastiques, et de deux fois autant de membres laïques, élus par le conseil communal, qu'il y a d'ecclésiastiques. A Copenhague, il y a une direction des écoles, qui se compose du président supérieur (préfet), d'un des prévôts (fonctionnaire ecclésiastique), choisi par le ministre, d'un des bourgmestres, et du directeur des écoles. Les commissions scolaires ont au-dessus d'elles, dans chaque district (subdivision du bailliage), la direction des écoles (Skoledirection), composée du prévôt ou Districtprovst (premier dignitaire ecclésiastique du district), du bailli (Amtmand), et d'un troisième membre élu par le Conseil scolaire du bailliage ; c'est cette direction des écoles qui nomme les instituteurs et les institutrices sur une liste de trois candidats présentés par la commune ; mais, dans certains cas, la nomination appartient à l'évêque ; dans les villes, les instituteurs en chef sont nommés par le roi. Le Conseil scolaire (Skoleraad), dans chaque bailliage, est composé des membres du Conseil administratif du bailliage (Amtsraad), et de quelques membres élus par les villes ; sa compétence ne s'étend qu'aux questions financières, ainsi que celle de la direction des écoles du bailliage (Amtsskoledirection), composée de toutes les directions scolaires de district sous la présidence du bailli. Il existe des inspecteurs scolaires nommés par le roi ; et, en outre, les évêques, dans leurs tournées d'inspection, doivent visiter les écoles de leur diocèse. L'autorité supérieure est le ministère des cultes et de l'instruction publique.

L'âge de la fréquentation obligatoire commence à la septième année accomplie et s'étend jusqu'à la fin de la quatorzième année. Le nombre des enfants admis dans une classe, tant dans les écoles rurales que dans les écoles urbaines, ne doit pas dépasser trente-cinq en moyenne. Les matières d'enseignement comprennent, dans toutes les écoles primaires : la langue danoise, la religion, l'écriture, le calcul, l'histoire, la géographie, la gymnastique (pour les garçons), les travaux à l'aiguille (pour les filles) ; dans les écoles urbaines, en outre, le chant et le dessin, et, dans celles où l'enseignement atteint un niveau plus élevé, les mathématiques et les langues vivantes.

Les écoles tant rurales qu'urbaines doivent être ouvertes durant quarante et une semaines au moins par an. Dans les écoles urbaines, il doit y avoir, par semaine, au moins vingt et une heures de leçons, et au moins dix-huit dans les écoles rurales (non compris les heures consacrées à la gymnastique, aux travaux à l'aiguille, au chant, au dessin).

En 1893, sur environ 350 000 enfants d'âge scolaire, 291 000 environ fréquentaient les écoles primaires publiques, 14 000 les écoles réaies (Realskoler), 3500 environ les écoles classiques ; le reste fréquentait des écoles privées ou recevait l'enseignement dans la famille. Il y avait 3393 écoles publiques (dont 306 pour les petits enfants) dans les communes rurales, avec 3450 instituteurs et institutrices ; 144 écoles publiques (dont 14 pour les petits enfants), en y comprenant 21 écoles réaies communales, dans les villes, avec 950 instituteurs et institutrices ; 25 écoles publiques à Copenhague, écoles dont chacune forme un ensemble comprenant de 30 à 40 classes, avec 929 instituteurs et institutrices.

En 1899, il y avait à Copenhague 11 écoles publiques payantes, avec 13 049 élèves (6994 garçons et 6055 filles), et 19 écoles gratuites (Friskoler), avec 24 509 élèves (12 551 garçons et 12 358 filles) ; environ 5000 enfants fréquentaient des écoles privées.

En 1905, le nombre total des élèves des écoles primaires publiques, dans tout le royaume, était de 330 256, sur une population de 2 605 268 habitants (recensement de 1906).

Il y a 4 écoles normales publiques, qui sont toutes les quatre des écoles d'instituteurs (à Jönstrup dans l'Ile de Seeland, à Skaarup dans l'île de Fionie, à Jälling et à Ranum en Jutland). Il existe en outre 13 écoles normales privées (4 pour les institutrices, 4 pour les instituteurs, 5 mixtes). Pour la préparation des institutrices des écoles enfantines, il y a 3 écoles normales (1 publique et 2 privées).

Conformément aux dispositions de la loi de 1899, le traitement d'un instituteur peut aller, selon les localités, d'un minimum de 600 à 1300 couronnes (la couronne vaut 1 franc 33 centimes) à un maximum de 1100 à 1800 couronnes ; les augmentations de traitement sont de 200 couronnes tous les cinq ans, jusqu'à 600 couronnes, avec une dernière augmentation de 100 couronnes après vingt ans de service. Tour les instituteurs en second et les institutrices, le minimum est de 500 à 1000 couronnes, le maximum de 700 à 1200 couronnes. Pour les institutrices des écoles enfantines, le minimum va de 350 à 550 couronnes, le maximum de 650 à 850 couronnes. Une institution particulière au Danemark est celle des écoles supérieures de paysans (Folkehöieskoler), qui doit son origine à une école fondée en 1844 par l'évêque Grundtvig ; elles sont destinées aux jeunes paysans des deux sexes, et tendent surtout, par un enseignement oral qui roule sur des sujets nationaux, à éveiller le sentiment patriotique. Il y avait en 1899 90 de ces écoles, dont 50 étaient des Folkehöieskoler proprement dites ; les 40 autres étaient en même temps des écoles d'agriculture ou d'horticulture. Dans quelques-unes de ces écoles, l'enseignement est réservé aux garçons pendant les mois d'hiver et aux filles pendant les mois d'été ; les autres sont des écoles spéciales aux garçons ou spéciales aux filles. En 1899, ces écoles supérieures de paysans ont reçu 6137 élèves, dont 3491 du sexe masculin et 2646 du sexe féminin.

3. Enseignement moyen et supérieur. ? Une loi du 24 avril 1903 a réorganisé l'enseignement secondaire. Comme suite à l'enseignement donné à l'école primaire, un enseignement plus élevé est donné, d'abord à l'école moyenne, et ensuite au gymnase. L'école moyenne et le gymnase peuvent être soit des établissements spéciaux aux garçons ou aux filles, soit des établissements mixtes quant au sexe. L'école moyenne comprend quatre années d'études ; les matières d'enseignement sont : le danois, le suédois, l'anglais, l'allemand, l'histoire, la géographie, l'histoire naturelle avec des notions d'hygiène, la physique avec des notions de chimie, le calcul et les mathématiques, la calligraphie, le dessin, les exercices physiques, les travaux à l'aiguille, le chant. Dans la dernière année d'études, le latin et le français sont ajoutés comme branches facultatives. Les élèves qui ont subi avec succès l'examen de sortie de l'école moyenne peuvent soit entrer au gymnase, soit poursuivre leurs études dans une section réale (une année), où les matières d'enseignement sont : le danois, deux langues vivantes (anglais, allemand ou français), le calcul pratique et les mathématiques (obligatoire pour les garçons seulement), la physique, l'histoire, la géographie, l'histoire naturelle, les exercices physiques. Le gymnase, qui fait suite à l'école moyenne, comprend trois années d'éludes ; les matières d'enseignement y sont distribuées de façon à permettre aux élèves d'orienter leurs éludes dans trois directions différentes : langues classiques, langues modernes, sciences mathématiques et physiques. L'examen de sortie du gymnase s'appelle « examen d'étudiant », et l'élève qui l'a subi avec succès a le droit de se faire immatriculer à l'université.

L'université de Copenhague, fondée au quinzième siècle, est fréquentée par plus d'un millier d'étudiants.

L'archipel des Färöer (1333 kilom. cariés, environ 12 000 habitants) est une possession du Danemark ; la population de l'archipel parle le danois, et elle est représentée aux Chambres danoises. Une ordonnance royale du 1" mars 1854 y a rendu l'instruction primaire obligatoire. Chaque commune a, comme en Danemark, une commission scolaire ; au chef-lieu siège une direction des écoles, composée du bailli, du prévôt, et d'un membre nommé par le Lagthing ou assemblée nationale de l'archipel. Le chef-lieu de l'archipel, Thorshaven, dans l'île de Strömö, possède une école moyenne et une école réale.

Nous consacrons à l'Islande un article spécial : Voir Islande.

Pour les colonies du Danemark (le Grönland et les trois petites Antilles danoises, Sainte-Croix, Saint-Thomas et Saint-Jean), Voir Colonies danoises.