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Crète

L'île de Crète, peuplée par une tribu pélasge, à laquelle s'ajoutèrent des Phéniciens et des Grecs, comptait dans l'antiquité de nombreuses villes qui formaient autant de républiques indépendantes. L'île fut soumise par les Romains en l'an 67 avant l'ère chrétienne ; elle fut conquise au neuvième siècle par les Arabes, qui l'appelèrent Candie ; Venise la posséda du commencement du seizième siècle jusqu'en 1669, année où les Turcs s'en emparèrent. Après s'être insurgés plusieurs fois au cours du dix-neuvième siècle, et avoir tenté, en 1897, de s'unir aux Grecs venus à leur secours, les Crétois furent placés sous le régime d'une constitution accordée par le sultan, et l'île fut occupée par des troupes internationales. Ces troupes se sont retirées en 1906 et ont été remplacées par une milice indigène ; la constitution a été modifiée en 1907. La Crète est actuellement gouvernée, sous la suzeraineté du sultan, par une Assemblée élue, et par un haut commissaire nommé par un accord des puissances. Sa population est d'environ 310 000 habitants, dont environ 270000 sont de religion grecque orthodoxe, et dont les autres sont des musulmans. Le grec est la langue généralement parlée dans l'île.

L'instruction primaire est obligatoire et gratuite ; l'âge scolaire commence à sept ans, et le cours d'études de l'école primaire est de quatre années. Le traitement des instituteurs varie de 70 à 120 francs par mois, celui des institutrices de 55 à 110 francs. En 1904-1905, on comptait, pour la population chrétienne, 457 écoles de garçons et 104 écoles de filles, 518 instituteurs et 109 institutrices, et 29 532 élèves (21 408 garçons, 8 124 filles) ; pour la population musulmane, 18 écoles de garçons et 4 écoles de filles, 39 instituteurs et 21 institutrices, et 2316 élèves (1455 garçons, 861 filles). L'enseignement moyen, pour les garçons, est représenté par les écoles helléniques (à trois classes), ainsi nommées parce qu'on y enseigne, comme branche principale, le grec classique : il y avait, en 1904-1905, 25 de ces écoles, avec 61 maîtres et 3179 élèves ; pour les jeunes filles, il y a depuis 1901 des écoles supérieures (à cinq classes) : on en comptait 4 en 1904-1905, avec 15 maîtres ou maîtresses et 459 élèves. L'enseignement secondaire comprend les gymnases, à quatre classes, et les hémigymnases, qui comptent deux classes s'ajoutant à une école hellénique : il y avait en 1904-1905 deux gymnases, à la Canée et à Candie, avec 18 professeurs et 537 élèves, et deux hémi-gymnases avec 17 professeurs et 851 élèves. L'école normale, à Candie, fondée en 1901, comptait en 1904-1905 6 maîtres et 100 élèves ; le séminaire orthodoxe (hiérodidaskaléion), 5 maîtres et 87 élèves.

Il y a un ministère des cultes et de l'instruction publique, dont le chef est assisté d'un Conseil administratif. Les maîtres de tous les degrés sont nommés par décret du gouvernement. Les écoles primaires sont placées sous la surveillance d'inspecteurs de district ; il y a, en outre, dans chaque localité, une commission locale (éphorie). Le budget du ministère de l'instruction publique s'est élevé, en 1904-1905, à 910 270 francs.

Pour les musulmans, deux classes supérieures sont ajoutées aux quatre classes de l'école primaire, à l'usage des élèves qui veulent pousser leurs études plus loin ; en outre, dans les villes où il existe des écoles supérieures de jeunes filles, on en a ouvert aussi, mais à trois classes seulement, pour les jeunes musulmanes.

Les renseignements statistiques donnés dans cet article sont empruntés à un travail de M. J.-E. Kalitsounakis, à la Canée, Kretisches Schulwesen, publié dans l'Encyklopädisches Handbuch der Pädagogik du Dr W. Rein.