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Couturier

 Jean Couturier est né à Dijon en 1760, et mort en 1824. Il débuta comme maître de latin, devint principal du collège de Gray sous le Consulat, puis professeur au lycée de Dijon ; il garda ces dernières fonctions jusqu'à sa mort. Couturier est l'auteur d'un ouvrage assez curieux, intitulé Mémoire sur l'instruction publique, dédié aux parents chrétiens, 1815, in-8. Dans une seconde édition publiée en 1818, l'auteur nous apprend que son livre a été présenté à la Chambre des députés, mentionné au procès-verbal, et déposé à la bibliothèque de la Chambre le 3 janvier 1816. Le Mémoire de Couturier, écrit sous l'inspiration des passions politiques de l'époque, était digne en effet d'obtenir les sympathies de la Chambre introuvable. Il a la prétention « d'indiquer le moyen de rétablir la religion et les bonnes études ; de restaurer tout à la fois, et l'Eglise de France menacée d'une destruction prochaine, et l'instruction publique ». Son moyen, c'est de supprimer les lycées, où l'on (encontre, dit-il, beaucoup de professeurs impies, et où les maîtres d'études sont presque tous mauvais ; de rélablir une société religieuse, qui recevra la jeunesse dans ses collèges, et de remettre partout l'instruction primaire aux mains des congréganistes. « Nous voyons avec la plus vive douleur, dit-il, les enfants des pauvres croupir dans une oisiveté funeste, où s'engendrent tous les vices ; nous les voyons continuellement, dans les promenades et sur les places publiques, jouer, se disputer et se battre ; on les y entend dire, chanter des paroles obscènes, et jurer le saint nom de Dieu. Ah 1 si "les frères de la Doctrine chrétienne étaient rétablis dans toutes les villes, ce scandale cesserait à l'instant. »

Voici comment, selon le plan de Couturier, l'instruction publique devrait être réorganisée :

1° Les écoles primaires, dirigées par les frères de la Doctrine chrétienne ;

2° Les écoles secondaires ou collèges communaux ;

3° Les collèges de chefs-lieux, remplaçant les lycées, entre les mains d'une société religieuse ;

4° Les écoles spéciales pour le génie, l'art militaire, le droit, et la médecine, toutes organisées en pensionnats, afin que les étudiants puissent être mieux surveillés ;

5° Les écoles normales, « pour les élèves qui se destineraient à former la société religieuse à laquelle on confierait les collèges de chefs-lieux ». Les jeunes gens, au sortir de l'école normale, exerceraient d'abord les fonctions de maîtres d'études, et plus tard celles de professeurs.

Ce court résumé suffit pour montrer l'esprit dans lequel est rédigé ce projet, qu'on ne se serait guère attendu à voir sortir de la plume d'un professeur de lycée. Couturier termine son Mémoire par des apostrophes au clergé, au roi, à l'Eglise, où l'exaltation mystique de l'auteur se donne carrière.