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Corbière

Jean-Baptiste Corbière, né à Aman-lis, près de Rennes, en 1767, n'entra dans la vie politique qu'en 181b. Elu député, il se signala, à la Chambre « introuvable », comme l'un des plus fougueux parmi les membres du parti ultra. En décembre 1820, lorsque le ministère Richelieu se vit contraint de transiger avec les chefs de ce parti, Corbière fut placé à la tète de l'Université. L'ordonnance du 1er novembre 1820 venait de transformer la Commission de l'instruction publique, que présidait Lainé depuis le 4 octobre précédent, en Conseil royal de l'instruction publique. Corbière succéda à Lainé avec le titre de ministre secrétaire d'Etat (ordonnance du 21 décembre 1820). Au bout de deux mois, il fit rendre l'ordonnance du 27 février 1821, la première de celles qui devaient livrer l'instruction publique aux mains de la « Congrégation » ; on y lit des articles tels que ceux-ci : « Les bases de l'éducation des collèges sont la religion, la monarchie, la légitimité et la charte ; — L'évêque diocésain exercera, pour ce qui concerne la religion, le droit de surveillance sur tous les collèges de son diocèse ; il les visitera lui-même ou les fera visiter par un de ses vicaires généraux, et provoquera auprès du Conseil royal de l'instruction publique les mesures qu'il, aura jugées nécessaires ; — Le cours de philosophie des collèges sera de deux ans ; les leçons ne pourront être données qu'en latin. » Une disposition particulièrement significative était la suivante : « Les maisons particulières d'éducation qui auront mérité la confiance des familles, tant par leur direction religieuse et morale que par la force de leurs études, pourront, sans cesser d'appartenir à des particuliers, être converties par le Conseil royal en collèges de plein service, et jouiront à ce litre des privilèges accordés aux collèges royaux et communaux. » On voulait par là créer, à côté des collèges, des établissements qui eussent tous les privilèges de l'Université sans être sous aucun rapport sous sa dépendance. En même temps qu'il donnait au clergé une si grande part clans l'instruction publique, Corbière introduisait dans les hautes fonctions de l'enseignement des prêtres dévoués à la Congrégation : c'est ainsi que l'abbé Nicolle fut nommé recteur de l'académie de Paris.

En juillet 1821, Corbière quitta la présidence du Conseil royal ; au mois de décembre suivant, il fut nommé ministre de l'intérieur. En cette qualité, il contresigna l'ordonnance qui supprimait l'Ecole normale supérieure (6 septembre 1822). Il combattit à outrance l'enseignement mutuel, et se montra jusqu'au bout le docile instrument des ambitions et des rancunes du « parti prêtre ». Il tomba du pouvoir en 1827 avec M. de Villèle. Après 1830, il disparut de la scène politique. La Restauration lui avait accordé des lettres de noblesse et le titre de comte. Il est mort en 1853.