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Congrés d’instituteurs congrés pédagogiques

 En Allemagne et en Suisse, il y a plus d'un demi-siècle que les instituteurs tiennent des congrès pour discuter des questions touchant, d'une part, leurs intérêts professionnels, d'autre part la pédagogie et les intérêts de l'éducation en général. La Grande-Bretagne et l'Irlande, les Etats-Unis, la Belgique, la Hollande, l'Autriche, les Etats Scandinaves, l'Italie, etc., sont entrés à leur tour dans cette voie, et aujourd'hui, dans la plupart des pays civilisés, les associations d instituteurs se réunissent d'une façon régulière en congrès périodiques.

En France, c'est en 1876 que pour la première fois fut formé le projet de convoquer un congrès d'instituteurs. L'administration ayant refusé de s'associer à cette initiative, ce Congrès fut convoqué par les soins d'une commission d'organisation, sous le nom de Congrès libre de l'éducation : il se réunit, en septembre 1878, à Paris, dans la salle du Grand-Orient. Ce Congrès libre tint encore trois autres sessions, en 1879, 1880 et 1881.

Jules Ferry, devenu ministre de l'instruction publique en 1879, pensa qu'il convenait d'appeler les membres du personnel enseignant à discuter eux-mêmes les questions relatives aux grandes réformes qui se trouvaient à l'ordre du jour ; il convoqua successivement à Paris trois Congrès officiels : en 1880, un Congrès des directeurs et directrices d'écoles normales, auxquels furent adjoints un ou deux inspecteurs primaires par département ; en 1881, un Congrès d'instituteurs et d'institutrices délégués par leurs collègues au moyen d'une élection à deux degrés ; en 1883, un Congrès de directeurs, de directrices et de professeurs des écoles normales, de directeurs et de directrices des écoles annexes. « On a reproché, dit M. Emile Couturier (Les Congrès pédagogiques d'instituteurs, dans le tome III du Recueil des monographies pédagogiques publiées à l'occasion de l'Exposition universelle de 1889), à ces congrès d'être officiels. Mais, sans nier l'utilité des congrès indépendants de toute initiative et de toute intervention officielle, il est permis de croire aussi à la vertu des congrès officiels. Un ministre libéral et réformateur veut associer ses auxiliaires à ses créations, persuadé à bon droit qu'il trouvera souvent, dans leurs jugements ou dans leurs voeux, soit des indications nouvelles, soit un critérium de la maturité des réformes qu'il médite déjà, soit un gage de concours efficace dans l'exécution. Assurément les intérêts de l'éducation populaire n'ont rien à perdre au caractère officiel de ces réunions, nécessaires d'ailleurs, au moment où elles sont nées, pour préparer le succès des congrès indépendants, qui jusque-là n'avaient eu pour le personnel que de médiocres attraits. »

En 1885, la ville du Havre, sur l'initiative de son maire, M. Jules Siegfried, convoqua dans ses murs un Congrès international d'instituteurs, dont le programme fut élaboré par un comité local ; ce comité déféra la présidence du Congrès au vice-recteur de l'académie de Paris, Gréard. A la fin du Congrès, une partie des congressistes voulurent nommer un comité permanent chargé d'organiser la prochaine réunion : mais le bureau écarta cette motion comme étrangère à l'ordre du jour, en alléguant que le comité d'organisation avait entendu provoquer des discussions et des voeux susceptibles d'être ensuite transformés en actes en dehors du Congrès, mais non des actes immédiats.

Le Congrès du Havre avait exprimé le voeu qu'un Congrès national eût lieu à Paris en 1887. Un journal intitulé Les Congrès d'instituteurs fut créé en novembre 1885, et commença une active propagande en faveur, non seulement de la réunion du Congrès, mais de la création d'une fédération des instituteurs. Le Congrès se réunit en 1887, et vota une résolution tendant à la constitution, dans chaque département, d'une société autonome et amicale des instituteurs, et à la fédération de ces sociétés pour former l'Union amicale des instituteurs de France. Le ministre, Eugène Spuller, par une circulaire en date du 20 septembre 1887, déclara sa ferme volonté de s'opposer au groupement des instituteurs en une vaste association qui aurait le caractère d'une fédération autonome de syndicats professionnels. Devant cette attitude du ministre, les auteurs du projet durent renoncer momentanément à en tenter la réalisation.

A l'occasion de l'Exposition universelle de 1889 eut lieu à Paris un Congrès international de l'enseignement, qui fut une réunion officielle.

Pendant les dix années qui suivirent, il ne fut plus question de Congrès. Mais il s'était fondé peu à peu, dans un certain nombre de départements, sous des noms divers, cercles pédagogiques, unions pédagogiques, etc., des sociétés d'instituteurs et d'institutrices qui aspiraient à établir entre elles des liens permanents. Une première réunion de délégués eut lieu à Laon en août 1899 ; et l'année suivante se tint à Paris, avec l'approbation du ministre de l'instruction publique, M. Georges Leygues, le premier Congrès national des associations amicales d'instituteurs et d'institutrices. A partir de ce moment, l'histoire des Congrès d'instituteurs et d'institutrices, en France, se confond avec l'histoire de la Fédération des Amicales d'instituteurs et d'institutrices publics de France et

des colonies, définitivement organisée en 1906. Voir Amicales d'instituteurs et d'institutrices (Associations).