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Comptabilité

 On entend par comptabilité la science qui apprend à compter et à enregistrer méthodiquement les opérations effectuées par une personne, en vue d'en connaître, à un moment donné, la résultat.

Le développement pris par la richesse mobilière dans les sociétés modernes a fait placer, en France, la comptabilité ou sa partie essentielle, la tenue des livres, parmi les matières facultatives de l'enseignement primaire et les matières obligatoires de l'enseignement primaire supérieur. Elle figure au programme du brevet de premier ordre (brevet supérieur) ; mais l'interrogation sur cette matière, jointe à celle sur l'arithmétique, n'a encore que peu d'importance.

Outre son utilité pratique, résultant des besoins du commerce et de l'industrie, la comptabilité est encore dans l'éducation une excellente discipline par les qualités qu'elle tend à développer. Ce sont surtout l'ordre, la concision, la clarté, l'esprit de suite, toutes choses fort importantes dans la vie.

La comptabilité proprement dite repose sur des principes peu nombreux et très simples: Débiter qui reçoit, Créditer qui donne, principes qu'on applique dans la passation des opérations au livre-journal et au grand-livre, deux instruments indispensables à tout bon teneur de livres et rendus obligatoires par la loi.

La comptabilité est une science qui comprend dans son ensemble : l'arithmétique commerciale, la législation commerciale, et même l'économie politique ; celle-ci permet au commerçant, à l'industriel, de comprendre les grands problèmes qui modifient de façon si profonde la production de la richesse.

La tenue des livres est un ensemble de procédés à l'aide desquels le commerçant inscrit toutes les opérations de son commerce de façon claire, afin de pouvoir se rendre un compte exact de sa situation.

Elle exige une grande habileté matérielle, du soin et de la précision.

Deux méthodes de tenue des livres sont employées :

1° la tenue des livres en partie simple ;

2° la tenue des livres en partie double.

La méthode en partie simple consiste à ne considérer que les comptes des personnes avec lesquelles le chef d'entreprise est en rapport d'affaires, en indiquant seulement si elles sont débitrices ou créancières.

Cette méthode a de grands inconvénients, car le commerçant ne peut connaître son chiffre d'affaires, ni ce qu'il a reçu ou payé ; il ne connaît que ses rapports avec les tiers.

De plus, ce procédé ne permet pas de découvrir les erreurs qui auraient pu se glisser dans les écritures et peuvent amener des réclamations préjudiciables à la prospérité de l'entreprise. Il tend de plus en plus à disparaître, parce qu'il ne présente pas de sécurité au sujet de l'exactitude des écritures.

La méthode en partie double a été inventée pour remédier aux inconvénients de la méthode en partie simple. Elle consiste à faire intervenir le compte de toutes les personnes ayant participé à l'opération, celui du chef de la maison comme celui des tiers.

On appelle compte l'exposé de la situation d'un commerçant vis-à-vis de ses correspondants ou vis-à-vis des valeurs qui font l'objet de son commerce.

On présente les comptes sous la forme de tableaux divisés en deux parties:

1° La partie gauche, appelée Doit ou Débit, dans laquelle on inscrit tout ce que le titulaire du compte a reçu et les pertes qu'il a subies ;

2° La partie droite, appelée Avoir ou Crédit, dans laquelle on inscrit tout ce que le titulaire du compte a fourni et les benéfices qu'il a faits.

Le nom du chef de la maison ne figure pas sur ses livres ; il y est représenté par ses comptes généraux, c'est-à-dire par le nom des valeurs qui font l'objet du commerce : Caisse, Marchandises, Effets à recevoir, Effets à payer, etc.

Le contrôle est facile, puisque « l'on débite celui qui reçoit par le crédit de celui qui fournit » ; toute somme écrite au doit d'un compte se retrouve inévitablement à l'avoir d'un autre ou inversement.

En additionnant le Doit et l'Avoir de tous les comptes du grand-livre, on devra trouver deux totaux identiques, et également semblables à l'addition des sommes du journal, puisque le grand-livre est la copie des opérations du journal par ordre de comptes.

S'il en est autrement, c'est qu'une erreur se sera glissée dans les écritures ; il faudra alors la rechercher en pointant soigneusement chaque opération, et, lorsqu'on l'aura retrouvée, la corriger par un article de contrepassement si elle est au journal, ou au moyen d'une rectification à l'encre rouge si elle est au grand-livre.

Ce contrôle n'est pas absolu, car on a pu se tromper au journal et l'erreur initiale est alors répercutée au grand-livre ; mais il met le commerçant aussi près de la vérité qu'il est possible de l'être, et, excepté dans quelques cas exceptionnels, l'exactitude de la balance de vérification (tableau des comptes ouverts au grand-livre) et du livre-journal lui donne l'impression de la justesse de ses écritures.

Il est encore une autre méthode, le système centralisateur, qui se généralise de plus en plus. Il permet d'établir, dans les maisons où le mouvement des affaires est considérable, la division du travail, qui donne une plus grande rapidité dans l'exécution des travaux d'écritures et facilite le contrôle des diverses matières qui font l'objet du commerce.

Cette méthode consiste à grouper les opérations semblables, inscrites chaque jour sur un journal correspondant à leur nature, en un article unique résumé au Journal général.

Ainsi toutes les opérations relatives à l'argent reçu ou donné seront portées au jour le jour sur le Journal de caisse ; celles qui sont relatives aux marchandises achetées seront portées au jour le jour sur le Journal d'achats ; les ventes sur le Journal de ventes. Les opérations relatives aux effets qui sont remis en paiement par les clients seront portées sur le Journal des traites et remises. Les effets que le commerçant souscrit seront inscrits sur le Journal des effets à payer, etc.

A la fin de chaque semaine, de chaque quinzaine ou de chaque mois, le comptable porte au Journal général un article dont les éléments sont fournis par chacun des journaux auxiliaires.

Ce procédé n'est pas en contradiction avec la loi qui dit « que le commerçant est tenu de porter jour par jour toutes les opérations de son commerce au livre-journal », car chaque journal spécial répond bien aux exigences de la loi, et le journal général est le résumé des journaux auxiliaires.

On peut distinguer trois sortes de comptabilité :

1° La comptabilité privée, que tout homme non commerçant peut tenir pour se rendre compte de ses ressources et de l'emploi qu'il en fait ;

2° La comptabilité commerciale, industrielle et agricole, que la loi impose à tout patenté pratiquant le commerce ou l'industrie:

3° La comptabilité publique, qui trace les règles à suivre dans la gestion financière des communes, des départements, de l'Etat, ou des établissements publics qu'ils entretiennent.

Toute comptabilité, publique ou privée, repose sur les mêmes principes et doit tendre au même but, atteint au moyen d'écritures claires et méthodiques et de formules faciles à comprendre.

ENSEIGNEMENT DE LA COMPTABILITE. — L'enseignement de la comptabilité est inscrit aujourd'hui dans les programmes de l'enseignement primaire et primaire supérieur. Autrefois, enseignée spécialement dans les écoles de commerce, cette science ne profitait qu'aux jeunes gens appartenant à des familles aisées. Il était indispensable de la vulgariser et de la mettre à la portée de tous ceux qui se destinent au commerce, et de ceux qui, s'y adonnant déjà, veulent apprendre à gouverner eux-mêmes leurs affaires.

Depuis 1885, la comptabilité est enseignée :

1° Dans les cours complémentaires (divisions supérieures des écoles primaires de garçons et de filles) ;

2° Dans toutes les écoles primaires supérieures de garçons et de filles. Dans les villes où le commerce et l'industrie sont importants, des sections commerciales y ont été annexées ;

3° Dans les écoles pratiques de commerce et d'industrie ;

4° Dans les écoles professionnelles nationales.

Cours commerciaux pour les adultes. — En dehors de l'enseignement commercial donné dans les écoles primaires publiques, d'après un programme bien compris et fait spécialement en vue des besoins de la population a qui il s'adresse, des cours gratuits du soir ont été créés pour permettre aux élèves des classes du jour qui quittent prématurément l'école de compléter leur instruction première nécessaire à la pratique de la profession de comptable.

Les premiers cours de comptabilité fondés pour les adultes hommes furent organisés par les soins de l'Association philotechnique de Paris en 1848. Actuellement, cette société compte un cours commercial dans chacune de ses sections de Paris et de la banlieue.

La Société d'enseignement professionnel du Rhône a créé en 1864 des cours de comptabilité à l'usage des employés de commerce. Chaque section compte une ou plusieurs divisions suivies régulièrement par un public nombreux.

La Société philomathique de Bordeaux a créé, à son origine, des cours commerciaux qui continuent à prospérer et à vulgariser les notions relatives à la comptabilité commerciale.

L'Association polytechnique, l'Union française de la Jeunesse, la Société pour l'Enseignement moderne ont ouvert aussi dans leurs principales sections des cours de comptabilité qui attirent un grand nombre d'auditeurs.

Cours fondés par la Ville de Paris. Cours commerciaux pour les adultes femmes (classes du soir de 7 h. 1/2 à 9 h. 1/2). — En 1870, la Ville de Paris créa le premier cours commercial pour les adultes femmes, dans le 3e arrondissement. Le succès qui accueillit cette création encouragea la municipalité à en créer d'autres. Actuellement, il y a un cours commercial pour les adultes femmes et jeunes filles dans chacun des vingt arrondissements. L'enseignement comprend : la tenue des livres, l'arithmétique commerciale, la correspondance commerciale, la calligraphie, la sténo-dactylographie, les langues vivantes.

Des cours d'enseignement commercial supérieur, préparant les institutrices à l'enseignement de la comptabilité, sont faits dans le 3* arrondissement. Le programme comprend : la comptabilité industrielle et commerciale, l'arithmétique commerciale (calculs de change et de banque), la législation commerciale et industrielle, l'économie politique, la géographie commerciale, les langues vivantes, la sténo-dactylographie.

Cours commerciaux pour les adultes hommes [classes du soir de 8 h. à 10 h.). — En 1881, la Ville de Paris créa pour les adultes hommes des cours semblables à ceux qu'elle avait organisés pour les adultes femmes.

Le succès de ces nouveaux cours fut très grand : il y en a actuellement un dans chacun des arrondissements de Paris. A la fin de la deuxième année d'études, une commission d'examen délivre un certificat d'études commerciales aux élèves qui ont subi avec succès les épreuves écrites (éliminatoires) et les épreuves orales.

Cours commerciaux créés par la Chambre de commerce. — Très pénétrée de l'importance de l'enseignement commercial, la Chambre de commerce, qui possédait à Paris deux établissements d'enseignement supérieur, voulut donner au moyen et au petit commerce des employés bien préparés à la pratique de leur profession.

Sur le modèle des cours commerciaux fondés par la Ville de Paris, avec les mêmes programmes éprouvés, elle créa en 1874 à l'Ecole commerciale de l'avenue Trudaine des cours gratuits du soir pour les adultes femmes, et, quelques années plus tard, des cours gratuits du soir pour les adultes hommes.

Des cours semblables ont été ouverts en 1898 à l'Ecole supérieure pratique de commerce et d'industrie de l'avenue de la République, et la Chambre de commerce de Paris peut se féliciter du succès considérable de cet enseignement donné chaque soir à plus de 1500 jeunes gens et jeunes filles, apprentis, ouvriers et employés, qui trouvent dans les cours commerciaux les moyens de faire leurs études commerciales complètes ou de développer et perfectionner les notions qui leur ont été données dans les cours complémentaires.

La Chambre de commerce délivre aux élèves qui ont passé avec succès les examens terminant la deuxième année d'études un diplôme de comptabilité, qui leur permet de se placer avantageusement, et qui est en même temps pour les patrons une garantie de la capacité des jeunes gens et des jeunes filles qui recherchent les emplois de comptable, de plus en plus nombreux, et qui y trouvent des situations honorables et bien rémunérées.

[Mlle H. MALMANCHE.]

Programmes. — ECOLES PRIMAIRES ELEMENTAIRES. — Au programme du cours supérieur, sous la rubrique Calcul, arithmétique, on lit : « Premières notions de comptabilité ».

ECOLES PRIMAIRES SUPERIEURES (de garçons et de filles). — Il n'est pas donné d'enseignement de la comptabilité en première année. Dans la seconde et la troisième années, le programme de Comptabilité et tenue des livres est le suivant :

« Deuxième année (une heure par semaine). — Commerce. — Différentes sortes de commerce. — Différentes sortes de commerçants et intermédiaires. — Des échanges. Documents relatifs aux échanges. Du règlement des échanges. — Des transports. Formalités. Documents.

« Comptabilité. Des principaux termes de comptabilité. — Doit. Avoir. Débit. Crédit. Entrée. Sortie. — Comptabilité. Tenue des livres. — Comptable. Teneur de livres. — Du compte. — Théorie. Exercices pratiques raisonnés. Deux grandes classes de comptes : comptes des choses, ou des valeurs composant l'inventaire, des entreprises ; comptes des personnes, ou des tiers en rapport d'affaires avec les entreprises. — Du journal. — Journaux ou livres auxiliaires analytiques. — Rapports des journaux auxiliaires avec les grands-livres auxiliaires. — Du grand-livre. — Grands-livres auxiliaires. — Rapports des journaux auxiliaires avec les grands-livres auxiliaires. — Comptabilité des non-commerçants. — Nécessité d'écrire ses recettes et ses dépenses. — Agenda. — Livre de caisse, à colonnes de dépouillement, par nature de recettes et de dépenses, et servant de journal et de grand-livre. — Suite de dépenses et de recettes portées sur ce livre. — Ecritures de clôture d'exercice. — Détermination des résultats. — Balance. — Bilan.

« Troisième année (une heure par semaine). — Comptabilité. Classification et analyse des comptes. — Expression mathématique des opérations commerciales. — De la classification des comptes qui en résulte : 1° comptes du capital nominal ; 2° comptes des valeurs ou moyen d'action des entreprises ; 3° comptes des tiers débiteurs ou créditeurs ; 4° comptes des résultats d'exploitation. — Du journal. — Journal général ou synthétique. — Formules diverses d'articles de journal. — Utilité d'additionner les journaux auxiliaires et le journal général. — Du grand-livre et des comptes collectifs. — Grand-livre général. — Grands-livres auxiliaires. — Rapports du journal général et du grand-livre général. — Des comptes collectifs : leur utilité, leur fonctionnement. — De la balance d'écritures et du chiffrier-balance. — Concordance du journal et du grand-livre obtenue par la balance. — Utilité et fonctionnement du chiffrier-balance. — Inventaire. Bilan. — Balance d'inventaire. — Inventaire d'ordre ou récolement des valeurs. — Régularisations d'inventaires. — Amortissement. — Bilan. — Livre des inventaires.

« Exercices pratiques. Comptabilité des non-commerçants. — Inventaire d'entrée donnant la composition du capital. — Ouverture des comptes conformément à cet inventaire et dans l'ordre de la classification. — Suite d'opérations comprenant recettes, dépenses, placements a la caisse d'épargne, achat de mobilier, d'outils, souscription d'actions à une société coopérative, etc. — Clôture d'exercice : inventaire. Bilan. — Comptabilité commerciale. — Inventaire d'entrée donnant la composition du capital. — Ouverture des comptes conformément à cet inventaire et dans l'ordre de la classification. — Suite d'opérations (une opération de chaque nature) comprenant achats, ventes, retours, règlements au comptant et à terme, entrée et sortie d'effets à recevoir ; sortie et rentrée d'effets à payer. — Clôture d'exercice : inventaire des existants. Balance d'inventaire. Régularisations de comptes. Bilan — Fermeture et réouverture des comptes.

« Notions de législation commerciale. — Des différentes sociétés commerciales. — Des effets de commerce. — Des valeurs mobilières. — De la juridiction commerciale. »

Ce programme est accompagné d'Observations générales ainsi conçues :

« L'enseignement du commerce et de la comptabilité sera tout à la fois théorique et pratique. Le professeur devra donc placer les documents commerciaux sous les yeux de ses élèves, leur faire confectionner les pièces comptables des opérations, et appuyer ses leçons de comptabilité de nombreux exercices d'application.

« Il ne perdra pas de vue que les commerçants rémunèrent les débutants en raison des services qu'ils peuvent rendre, et que leur bon accueil est réservé de préférence aux candidats qui, à des conditions égales de bonne tenue et d'instruction, sont en possession d'une belle écriture, chiffrent correctement, calculent vivement et sans faire d'erreurs. Il devra donc s'efforcer, tout particulièrement, d'obtenir une belle calligraphie (anglaise, ronde, bâtarde) dans la mise au net des exercices de comptabilité, de correspondance commerciale et d'arithmétique. De même, il exercera fréquemment ses élèves au calcul rapide, mental et écrit. Enfin, il s'attachera à montrer l'utilité de la pratique comptable rationnellement ordonnée, non seulement pour les commerçants, les fabricants et les agriculteurs, mais aussi pour les particuliers et les chefs de famille, en général. »

ECOLES NORMALES. — Dans les écoles normales d'instituteurs, les programmes ne font aucune mention de la comptabilité.

Dans les programmes des écoles normales d'institutrices, on trouve les mentions suivantes :

A la fin du programme de Mathématiques, en deuxième année, on lit :

« II. Notions de comptabilité. — Livres de commerce et pièces comptables. — Exemples de factures, traites, choques, etc. »

En troisième année, dans le programme d'Economie domestique, on lit :

« L'ordre dans la dépense : les livres de la ménagère. »