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Commerce (École de)

 — La création des écoles de commerce remonte plus haut qu'on ne semble le croire généralement. La partie la plus élémentaire et la plus pratique de l'enseignement qu'on y donne, comprenant les premières notions de comptabilité, a dû entrer depuis bien longtemps dans le plan d'études de beaucoup d'écoles primaires de ville ; ce sont, croyons-nous, les maîtres d écriture qui auront été les premiers professeurs en ce genre. Mais à mesure que le commerce a pris plus d'extension, et que l'instruction technique générale s'est plus répandue, on a senti la nécessité d'ouvrir des établissements spéciaux, à programmes plus larges, où les jeunes gens acquerraient des connaissances plus sûres et plus variées que celles qu'on peut puiser dans un apprentissage toujours long et incomplet.

C'est en 1730 que fut inaugurée à Berlin, par Julius Hocker, la première école sérieuse de commerce. En 1751, Büsch organisa celle de Vienne en Autriche, où il avait été appelé à cet effet par Marie-Thérèse. Celle de Hambourg fut ouverte par Büsch et Wurmb en 1768. Le célèbre ministre de Portugal Pombal en créa une à Lisbonne en 1775. Sous le nom d'Académie préparatoire au commerce, Jean Koechlin et Thierry fondèrent à Mulhouse, en 1781, une école qui fut fermée en 1788. L'école supérieure de Paris remonte à 1820, celle de Leipzig à 1830, et celle d'Anvers à 1847.

Parmi les écoles de commerce, la plupart, en France, ont pour but unique de former de simples commis ordinaires, à qui une instruction moyenne peut suffire. De pareils établissements répondent à un besoin incontestable ; l'Ecole commerciale de l'avenue Trudaine, à Paris, en offre un des meilleurs types. Cette école a été fondée en 1863 par la Chambre de commerce de Paris. Son enseignement comprend quatre années d'études, précédées de classes préparatoires qui permettent de recevoir les jeunes enfants, habitués ainsi de bonne heure au travail spécial qu'on attend d'eux. L'école n'admet que des externes. La Chambre de commerce délivre des diplômes et des certificats aux élèves qui, au sortir de la dernière année d'études, ont fait preuve de connaissances suffisantes. Un certain nombre de boursiers sont entretenus à cette école par l'Etat, par des associations et par de grands établissements financiers. De nombreuses villes de France possèdent des écoles du même genre.

Mais il a été fondé d'autres établissements d'enseignement commercial qui, sous le nom d'écoles supérieures, ont un programme plus étendu. « Si l'enseignement classique et l'enseignement industriel — dit une publication du ministère du commerce et de l'industrie — comportent trois degrés : le degré primaire, le degré secondaire et le degré supérieur, il n'en est pas de même pour l'enseignement commercial : dans cet enseignement, le degré secondaire n'existe pas. L'enseignement commercial primaire est un véritable enseignement professionnel : il comprend tout ce que doit connaître un bon employé de commerce. L'enseignement commercial supérieur est celui qui est donné dans les écoles supérieures de commerce : il s'adresse à des jeunes gens ayant une certaine culture générale, à ceux qui ont reçu, au moins en partie, l'instruction secondaire classique. »

La première en date de ces écoles supérieures a été fondée à Paris, en 1820, à l'hôtel des Fermes, par le Lyonnais Vital Roux, sous le nom d'Ecole spéciale de commerce et d'industrie. L'établissement ne réussit pas, et dut fermer ses portes au bout de deux ans. Mais la tentative fut bientôt renouvelée : l'école fut transférée à l'hôtel de Sully, et cette fois, honorée des plus hauts patronages, ceux de Chaptal, de Jacques Laffitte, de Ternaux, de Casimir Perier, elle prospéra, sous la direction de Brodart, puis de Monnier des Taillades ; en 1827, l'Université t'admit dans son sein et ses élèves furent autorisés à porter l'uniforme, avec le tricorne et l'épée. A la mort de son second directeur (1829), il y eut une éclipse momentanée, l'école fut fermée ; mais un homme jeune, capable et énergique, Adolphe Blanqui, assuma la direction de l'entreprise : l'école fut transférée dans un local plus modeste, rue Neuve-Saint-Gilles, au Marais, et là elle prit un nouvel essor. En 1848, sous le nom d'Ecole supérieure de commerce, elle s'installa rue Saint-Pierre-Popincourt (aujourd'hui rue Amelot). A la mort de Blanqui (1854), Gervais (de Caen) lui succéda ; lorsqu'il fut mort à son tour en 1867, la Chambre de commerce acheta l'école (1868), dont elle remania les programmes, et dont, en 1874, elle reconstruisit le bâtiment.

Après l'Ecole supérieure de Paris, il faut nommer encore : l'Ecole supérieure de commerce et de tissage de Lyon, fondée en 1872, continuation d'une Ecole supérieure de commerce fondée à Mulhouse en 1866 ; l'Ecole supérieure de commerce du Havre, fondée en 1871 ; l'Ecole supérieure de commerce de Marseille, fondée en 1872 ; l'Ecole supérieure de commerce de Bordeaux, fondée en 1874 ; l'Ecole des hautes études commerciales de Paris (boulevard Malesherbes), fondée en 1881 ; et l'Institut commercial de Paris (avenue de Wagram), fondé en 1884.

La loi du 15 juillet 1889 sur le recrutement de l'armée nécessita une profonde transformation des écoles supérieures de commerce, par la disposition qui rangeait, au nombre des jeunes gens à envoyer en congé après un an de présence sous les drapeaux, les élèves lui ont obtenu ou qui poursuivent des études en vue 'obtenir « le diplôme supérieur délivré par l'Ecole des hautes études commerciales et les Ecoles supérieures de commerce reconnues par l'Etat ». Les écoles supérieures de commerce dont nous avons parlé jusqu'ici étaient des établissements privés, gérés soit par des Chambres de commerce, soit par des municipalités, soit par des particuliers. Elles jouissaient d'une entière liberté, tant pour la rédaction de leur programme qu'au point de vue de leur gestion financière. Pour obtenir la reconnaissance de l'Etat, qui devait donner à leur diplôme le droit de conférer la dispense militaire, il leur fallut se soumettre à l'autorité exclusive de l'Etat en ce qui concerne les conditions d'admission, les bourses, l'enseignement et le régime des études, le régime disciplinaire, les examens de sortie et la délivrance des diplômes. Le décret du 23 novembre 1889 a admis deux modes de recrutement pour les écoles supérieures de commerce, la voie du concours et celle de l'examen*, mais, en fait, toutes ces écoles, désormais, se recrutent exclusivement au concours.

Les sept établissements que nous avons déjà mentionnés ont obtenu, dès 1890, la reconnaissance de l'Etat. L'Ecole supérieure de commerce de Paris occupe, depuis 1898, de nouveaux bâtiments construits pour elle avenue de la République. L'Ecole supérieure de commerce et de tissage de Lyon s'appelle, depuis 1890, Ecole supérieure de commerce. L Ecole des hautes études commerciales de Paris a été accrue, en 1894, d'une section d'élèves-maîtres, qui comprend des instituteurs publics aspirant au certificat d'aptitude au professorat commercial.

Depuis 1890, quatre nouvelles écoles ont pris rang à côté de ces sept établissements : les Ecoles supérieures de commerce de Lille et de la région du Nord (1892), de Rouen (1895), de Nancy (1896) et de Montpellier (1897).

Depuis 1892, les établissements que la loi du 11 décembre 1880 avait dénommés « écoles manuelles d'apprentissage, et écoles publiques d'enseignement primaire complémentaire dont le programme comprend des cours ou des classes d'enseignement professionnel », sont placés sous l'autorité du ministre du commerce et de l'industrie ; la loi de finances du 26 janvier 1892, article 69, leur a donné le nom d'écoles pratiques de commerce et d'industrie.

L'enseignement commercial est également donné dans la section commerciale des écoles primaires supérieures de garçons et de filles.