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Colonies Portugaises

Ce sont les congrégations religieuses qui, avant l'Etat, ont tenté les premières, aux colonies, quelque chose en faveur de l'instruction du peuple, à partir du seizième siècle. Dès 1512, Alphonse d'Albuquerque annonce au roi Emmanuel qu'il a trouvé à Cochin une caisse de syllabaires pour enseigner à lire aux enfants, envoyée par ce souverain, et qu'il a chargé une personne d'enseigner à lire et à écrire aux jeunes garçons : l'école compte déjà, dit-il, une centaine d'élèves. Des documents de 1493 montrent que l'Etat s'occupait de l'instruction primaire des indigènes au Congo et à Angola. Au Brésil, depuis 1549 les jésuites donnaient l'instruction primaire aux naturels, ainsi qu'aux nègres amenés d'Afrique. L'Etat, néanmoins, ne montra pas un zèle soutenu pour cette oeuvre, et les congrégations firent de même. Les jésuites, au Brésil (comme au Paraguay) furent plus actifs, jusqu'au moment où ils furent expulsés par Pombal ; mais les résultats de leur éducation, pour la masse des indigènes, avaient été négatifs, comme le prouva la facilité avec laquelle on vit se dissoudre leurs établissements, ainsi que la fameuse république paraguayenne : les indigènes avaient perdu le courage et la capacité de travailler.

Les chaires d'instruction primaire (24) et d'instruction secondaire (30) créées aux colonies par le marquis de Pombal étaient le faible commencement d'un établissement régulier d'enseignement qui, dans les temps postérieurs, ne se développa que d'une façon très lente et insuffisante. Les indications statistiques qui suivent peuvent donner une idée de l'état présent de l'enseignement officiel dans les colonies portugaises, en ce qui concerne les apparences extérieures. Le nombre des habitants est, en général, estimé de façon approximative.

Province du Cap-Vert. — Superficie de l'archipel : 3822 kilom. carrés ; 114 127 habitants. Enseignement primaire : 40 instituteurs, 10 institutrices. Une école pratique d'apprentissage (un inspecteur, un professeur de navigation, 5 maîtres de métiers). Un séminaire ecclésiastique (9 professeurs). Dépense totale: 23 280 milreis.

Province de Guinée. — Superficie 11384 kilom. carrés ; 67 165 habitants Enseignement primaire : 6 instituteurs. Dépense totale : 2100 milreis.

Province de Sâo Thomé et Principe. — Superficie: 8359 kilom. carrés ; 42 130 habitants. Enseignement primaire : 2 instituteurs, 4 institutrices, 9 missionnaires enseignants. Une école d'arts et métiers (un directeur, un sous-directeur, 2 professeurs, 3 maîtres de métiers). Dépense totale, y compris une subvention au séminaire de l'Eglise d'Angola et de Congo, 10 338 milreis.

Province d'Angola. — Superficie : 1 255 755 kilom. carrés ; cinq millions d'habitants. Enseignement primaire : 39 instituteurs, 5 institutrices, 1 auxiliaire et 6 missionnaires enseignants. Une école professionnelle (un directeur, 2 professeurs, 5 maîtres de métiers, 4 ouvriers ; 40 élèves internes). Séminaire à Huilla (5 professeurs). Au budget ne figure pas la dépense du séminaire, mais une subvention de Sâo Thomé. Dépense totale, 28 844 milreis.

Province de Mozambique. — Superficie : 760 000 kil. carrés ; 3 120 000 habitants. Enseignement primaire : 2 instituteurs, un auxiliaire, plus un instituteur et une institutrice payés par la caisse municipale de Inhambane ; mission de la Zambezia, 15 soeurs de Saint-Joseph de Cluny, 6 ecclésiastiques enseignants. Trois écoles d'arts et métiers dans les districts de Mozambique, Zambezia et Lourenço Marques (subventionnées par la métropole). Dépense totale, 12 735 milreis.

Etat de l'Inde. — Superficie : 4242 kilom. carrés ; 570 884 habitants. Une école de médecine et de chirurgie à Goa (7 professeurs) ; un lycée à Goa (12 professeurs) ; 4 chaires détachées d'enseignement secondaire ; une école normale primaire, annexée au lycée (2 professeurs hommes, un professeur femme). Enseignement primaire: 79 instituteurs. Dépense totale, 23 694 milreis.

District autonome de Timor. — Superficie : 18 989 kilom. Carrés ; 303 800 habitants. Enseignement primaire : 4 instituteurs, un auxiliaire, un adjoint, 10 missionnaires enseignants. Dépense totale, 2492 milreis.

Les dépenses totales inscrites au budget pour tout l'enseignement dans les colonies en 1906-1907, année à laquelle se rapportent les chiffres donnés ci-dessus (exception faite de la subvention de Sâo Thomé pour le séminaire d'Angola), étaient de 119 105 milreis ; les dépenses générales des mêmes colonies inscrites au budget pour la même année étaient de 11 320 999 milreis : les dépenses de l'enseignement représentent un 95e de cette somme.

Comme on le voit par les indications ci-dessus, l'Etat portugais emploie, dans l'enseignement qu'il donne à ses colonies, des maîtres laïques, des prêtres séculiers, et des congréganistes. Il y existe en outre aussi un enseignement privé, tant congréganiste que donné par des missionnaires non catholiques, sur lequel il n'est pas possible de donner des renseignement exacts.

Bibliographie. Collecçâo de legistaçâo novissima de Ultramar, vol. xxxiv, 1906 ; Lisbonne, Compagnie typographique, 1907.

Fransisco-Adolpho Coelho