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Colonies Néerlandaises

Les possessions coloniales du royaume des Pays-Bas se composent des Indes orientales néerlandaises et des Indes occidentales néerlandaises.

Indes orientales néerlandaises : Java. — Outre l'ile de Java, qu'ils ont entièrement colonisée, les Hollandais ont des établissements à Sumatra, à Bornéo, à Célèbes, aux Moluques, à la Nouvelle-Guinée Mais ce n'est qu'à Java qu'on trouve un système régulier d'instruction publique.

Sous le gouvernement de la Compagnie des Indes orientales, l'enseignement, dans l'île de Java, était étroitement rattaché au culte. Les instituteurs devaient satisfaire aux diverses exigences de l'Eglise, et savoir lire, écrire et calculer. Des écoles pouvaient être également ouvertes par des particuliers.

Mais les écoles étaient tombées en décadence. En 1816 fut ouverte, par le gouvernement, la première école pour les Européens ; plus tard furent fondées également des écoles pour les indigènes. En 1867 fut créé un Département de l'enseignement, des cultes et de l'industrie ; son directeur est chargé de la surveillance de l'enseignement.

Cet enseignement est divisé en moyen et élémentaire.

ENSEIGNEMENT MOYEN. — Déjà du temps de la Compagnie, des écoles latines et des séminaires avaient été institués, et plus tard des écoles avec un programme d'études plus étendu ; mais ces écoles disparurent toutes après un temps plus ou moins long. En 1860 fut ouvert à Batavia le gymnase Willem III, qui en 1867 a été réorganisé complètement avec deux divisions : a) une école bourgeoise supérieure (hoogere burgersenool) avec un cours d'études de cinq années ; b) une école préparatoire au service civil dans l'Inde néerlandaise. Cet établissement, d'après la plus récente statistique, était fréquenté par 43 élèves. Il y a en outre trois écoles bourgeoises supérieures de garçons avec un cours de cinq années : une à Batavia, une à Soerabaya et une à Semarang ; et une école bourgeoise de filles (cours de trois années), à Batavia, avec 104 élèves. Le nombre total des élèves de ces divers établissements est de 700 : 568 garçons, 132 filles. A l'école Koningin-Wilhelmina, à Batavia, est jointe une école de commerce (cours de deux années) et une école de navigation (cours de trois années).

L'enseignement professionnel pratique est donné à Batavia au cours professionnel (ambachtscursus) avec 64 élèves, à Soerabaya à l'école bourgeoise du soir (cours de quatre années, préparant à l'examen de contremaître et de mécanicien), avec 374 élèves. Il y a en outre une école professionnelle subventionnée, à Semarang, avec 102 élèves, et une autre à Soerabaya, avec 160 élèves.

Le total des dépenses de l'enseignement moyen est de 854 967 florins.

ENSEIGNEMENT ELEMENTAIRE. — L'enseignement élémentaire se divise en enseignement pour les Européens et enseignement pour les indigènes ; mais le premier peut aussi être suivi par les indigènes, selon les circonstances : cela dépend des besoins de la population européenne. L'enseignement indigène, par contre, est exclusivement réservé aux naturels du pays.

Enseignement pour les Européens. — La surveillance de l'enseignement élémentaire pour les Européens est exercée par trois inspecteurs sous les ordres du directeur de l'enseignement, des cultes et de l'industrie. L'inspecteur doit visiter chaque école de sa circonscription au moins une fois par an. La surveillance locale est exercée par les commissions scolaires ; à la tête de la commission scolaire est placé le chef du gouvernement départemental, qui en choisit les membres de préférence parmi les parents des élèves ; toutes les écoles doivent être visitées au moins une fois tous les deux mois.

Le programme des matières de l'enseignement élémentaire est le même que dans les écoles de la métropole.

Une fois par an ont lieu à Batavia, Semarang et Soerabaya des examens pour l'obtention du diplôme d'instituteur, d'instituteur en chef, ou de maître pour telle ou telle branche particulière d'enseignement.

Il y a de bons cours pour la préparation des instituteurs, un, public, à Batavia, et dix particuliers. Pour la préparation des instituteurs en chef, il y a, à Batavia et à Soerabaya, deux écoles normales de l'Etat (cours de deux années).

Les écoles élémentaires sont ouvertes et fermées par décision du gouverneur général. Les instituteurs sont divisés en trois classes, avec des traitements de 125 à 225 florins par mois ; dans quelques cas, le traitement peut atteindre 550 florins par mois. Tous ont le logement gratuit ou une indemnité représentative.

Les écoles sont divisées en écoles de 1re classe, avec plus de 60 élèves, et écoles de 2e classe, avec moins de 60 élèves.

La rétribution scolaire est à base proportionnelle.

L'enseignement religieux est laissé aux ministres des différents cultes.

L'âge des élèves est de six à seize ans.

Les écoles élémentaires privées, dont beaucoup sont tenues par des soeurs, sont en général subventionnées par le gouvernement.

Il existe deux associations d'instituteurs : la Société des instituteurs des Indes néerlandaises, fondée en 1894, et la Société de secours mutuels, fondée en 1865.

L'enseignement dit préparatoire est surtout important en ce qu'il cultive chez de jeunes enfants la connaissance de la langue néerlandaise. D'abord d'un caractère exclusivement privé, il est maintenant subventionné dans une trentaine de localités.

Il y a 183 écoles élémentaires publiques (dont 152 mixtes quant aux sexes, et 31 pour les filles seulement), avec 19 707 élèves, dont 4296 non-européens. Les dépenses de l'enseignement élémentaire pour les Européens sont de 2 623 349 florins. Le nombre des écoles élémentaires privées est de 33, avec 4680 élèves, dont 562 non-européens.

Enseignement pour les indigènes. — La Compagnie des Indes orientales fonda partout des écoles pour les indigènes et des séminaires pour préparer des instituteurs pour ces écoles. Mais ces écoles disparurent pour la plupart. Ce n'est qu'en 1848 que le gouvernement prit en main la création d'écoles pour les indigènes, et en 1864 qu'un inspecteur fut chargé de les surveiller. Il y a maintenant cinq écoles normales pour les instituteurs indigènes, auxquelles sont annexées d'habitude des écoles élémentaires gouvernementales d'indigènes en qualité d'écoles d'application ; à leur tête est placé un Européen comme instituteur en chef ; ces écoles comptent 303 élèves ; l'enseignement y est donné par 31 maîtres.

Les écoles élémentaires indigènes sont de deux classes. Celles de la 1re classe sont destinées aux enfants des chefs et des indigènes notables, avec un plan d'études plus étendu : lecture et écriture en langue néerlandaise et en langue malaise, géographie des Indes orientales, sciences naturelles, histoire de l'île ou de la contrée, dessin, éléments d'arpentage. Les écoles de la 2° classe sont pour les enfants du commun des indigènes, avec un plan d'études restreint : lecture et écriture en néerlandais ou en malais, et calcul.

Dans ces écoles, les Orientaux d'origine étrangère ne peuvent être admis comme instituteurs, nuls autres livres ne peuvent être employés que ceux qui sont prescrits par le gouvernement.

Il existe en outre quatre écoles supérieures où les fils des chefs et des indigènes notables peuvent recevoir une instruction plus développée, qui les prépare aux fonctions de chef.

Il y a environ 50 écoles élémentaires indigènes de 1" classe et environ 600 de 2e classe. Les dépenses sont de 2110 890 florins.

Pour pourvoir aux besoins de l'instruction dans les villages, le gouvernement a créé partout des écoles de village («dessa » scholen) ; à la tête de ces écoles sont placés des instituteurs indigènes qui ont passé six mois ou un an dans un établissement préparatoire.

L'enseignement indigène privé s'est développé par l'action des missions chrétiennes, et les écoles de cette sorte sont subventionnées par l'Etat ; leur programme doit être, pour le moins, équivalent à celui des écoles gouvernementales de 2e classe.

Les Chinois et les Arabes, maintenant, fondent aussi des écoles privées.

Les écoles privées indigènes reçoivent 100 400 élèves ; celles des Orientaux d'origine étrangère en reçoivent 12 425. Indes occidentales néerlandaises. — Guyane néerlandaise. — Au Surinam, l'enseignement fut d'abord entre les mains des Frères moraves : mais les gens les plus incapables étaient alors jugés assez bons pour être utilisés comme instituteurs ; on fit même venir de Hollande, pour le placer à la tête d'une école, un maître de danse.

En 1877 fut créé, un établissement moyen, qui ne vécut que quatre mois. Peu à peu différentes écoles s'ouvrirent, entre autres, en 1889, une école de commerce subventionnée.

Le Surinam est la seule colonie des Indes occidentales où l'enseignement public soit la règle et l'enseignement privé l'exception, et où le hollandais soit la langue usuelle.

Les chiffres ci-dessous donnent un aperçu de l'état de l'enseignement à l'heure actuelle.

Il y a 58 écoles d'enseignement élémentaire, soit ordinaire, soit plus étendu, dont 22 à Paramaribo et 36 dans les districts. Sur ce nombre, 29 sont des écoles du gouvernement (7 à Paramaribo et 22 dans les districts) ; 42 sont des écoles mixtes quant au sexe, 6 des écoles de garçons, et 10 des écoles de filles.

Le cours normal compte 40 élèves.

Il y a 235 instituteurs diplômés, 17 maîtres de branches spéciales, et 74 non diplômés.

Le nombre des élèves est de 7772, dont 751 dans les écoles de district, 887 dans les écoles évangéliques, 284 dans les écoles catholîques ; 269 dans les écoles de nègres ; 58 élèves sont des immigrants des Indes britanniques, et 1035 appartiennent à l'enseignement préparatoire.

Antilles néerlandaises (Curaçao et îles adjacentes). — Dans l'île de Curaçao et les îles adjacentes, qui forment ensemble la colonie de Curaçao, l'enseignement privé est la règle et l'enseignement public l'exception ; le hollandais n'est pas la langue usuelle. Le peuple parle un dialecte qui est un mélange d'anglais, d'espagnol et d'anglo-nègre: il n'y a pas vingt familles où l’on parle hollandais. L'école est le seul endroit où le hollandais soit employé, en sorte qu'il n'est pas étonnant que cette langue disparaisse.

Il y a dans la colonie de Curaçao 41 écoles, dont 10 écoles du gouvernement et 31 écoles privées ; 24 de ces dernières sont subventionnées.

Voici le détail des chiffres pour chacune des îles de la colonie :

Curaçao : 3 écoles publiques, avec 393 garçons et 230 filles, et 18 écoles privées, avec 3346 garçons et 770 filles ;

Amba : 1 école publique, avec 33 garçons et. 4 filles, et 5 écoles privées, avec 768 garçons et 13 filles ;

Bonaire : 1 école publique, avec 103 garçons et 4 filles, et 2 écoles privées, avec 613 garçons et 10 filles ;

Saint-Martin (moitié néerlandaise) : 4 écoles publiques, avec 409 garçons et 10 filles, et 6 écoles privées, avec 307 garçons et 11 filles ;

Saint-Eustache : 1 école publique, avec 131 garçons et 4 filles, et 1 école privée, avec 103 garçons et 2 filles ;

Saba : 7 écoles privées, avec 298 garçons et 1 fille.

F. C. J. De Ridder