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Colonies Britaniques

Au dernier recensement (1901), la superficie de l'Empire britannique (non compris celle du Royaume-Uni : Angleterre, Ecosse et Irlande) était de 11 755 353 milles carrés ; sa population, qui était de 358 934 622 habitants, comprend des représentants de presque toutes les races et de presque toutes les religions. Au point de vue historique, son développement peut être divisé en trois périodes: celle des découvertes, celle des conquêtes, et celle du partage avec d'autres nations. Cet empire se compose aujourd'hui d'une série de gouvernements indépendants, tous distincts, mais tous rattachés, par un lien plus ou moins étroit, à la couronne britannique et au gouvernement du Royaume-Uni.

Il existe entre les territoires composant l'Empire britannique une distinction fondamentale: les uns sont des colonies proprement dites, les autres sont des protectorats. Les colonies font partie du domaine de la couronne, et elles sont gouvernées en son nom. Dans les pays de protectorat, la couronne se borne surtout à diriger les relations extérieures du pays, et à veiller à la sécurité des résidents britanniques ; mais la souveraineté reste entre les mains des gouvernants indigènes. Cette distinction existe encore, en pratique aussi bien qu'en théorie, dans les Etats Malais confédérés et dans quelques parties de l'Inde ; mais il est d'autres territoires moins avancés en civilisation où, dans ces dernières années, elle tend à disparaître : les protectorats y sont traités comme le sont les colonies de la couronne les moins développées.

Le pouvoir de la couronne sur les pays formant l'Empire britannique est exercé en Angleterre par deux départements ministériels, l'India Office et le Colonial Office : le premier s'occupe de l'Inde britannique et des Etats Indiens de protectorat ; le second, des autres colonies et dépendances de l'Empire. Chacun des deux Offices est dirigé par un ministre, qui est un membre du Parlement britannique, et qui est responsable devant celui-ci de son administration.

Mais l'autorité exercée par ces ministres n'est pas toujours la même. Plusieurs des possessions britanniques ont le droit d'administrer leurs propres affaires dans une mesure plus ou moins grande, sans l'intervention de la métropole. Les territoires de l'Empire se classent, à ce point de vue, de la manière suivante :

1° Colonies (et protectorats) où toutes les fonctions exécutives et législatives sont exercées exclusivement par un gouverneur ou commissaire nommé par la couronne ;

2° Colonies (et protectorats) où le gouverneur est assisté par des Conseils exécutifs et législatifs, nommés soit directement par la couronne, soit par lui-même comme représentant de la couronne (le gouvernement de l'Inde britannique est de ce type) ;

3° Colonies (aucun protectorat n'a encore atteint ce degré) où le Conseil exécutif est nommé par la couronne, mais où il existe une assemblée législative élue soit en totalité, soit en partie, par le vote populaire (quelques colonies de ce type ont deux corps légiférants, l'un nommé par la couronne, l'autre élu) ;

4° Colonies possédant le self-government (l'autonomie) : ce sont celles où les membres du pouvoir exécutif sont responsables non envers le gouverneur ou directement envers la couronne, mais, comme dans le Royaume-Uni, envers une législature élue. Dans ces colonies, le gouverneur forme simplement le lien et l'intermédiaire entre le gouvernement local et la couronne ; il est nommé par le souverain de la Grande-Bretagne, comme le sont les gouverneurs de toutes les autres colonies et des pays de protectorat.

Il est nécessaire d'ajouter que parfois, l'administration d'un territoire est confiée, au début, non pas à des représentants directs de la couronne, mais à une Compagnie financière. L'exemple principal d'un pareil cas est le vaste territoire qui, dans l'Afrique du Sud, est administré par la British South Africa Company. Mais, même dans ces circonstances exceptionnelles, la couronne conserve un certain contrôle sur les opérations de la Compagnie.

Dans ce Dictionnaire, des articles spéciaux sont consacrés aux colonies autonomes (Voir Australie, Canada, Cap, Natal, Nouvelle-Zélande, Orange, Terre-Neuve, et Transvaal), ainsi qu'à l'Inde (Voir Inde anglaise). Les pages qui suivent traitent des autres colonies et pays de protectorat : ces colonies et ces pays y sont groupés selon leur situation géographique, et non selon leur constitution politique.

Un coup d'oeil d'ensemble jeté sur les systèmes d'éducation en vigueur dans ces territoires fait voir d'emblée que dans les colonies de la couronne (nom général embrassant tous les pays dépendant de l’Empire britannique, à l'exception des colonies autonomes et de l'Inde), l'enseignement dépassant le degré élémentaire n'est pas encore très avancé ; Malte est la seule colonie de la couronne qui possède une université. Les raisons de cet état de choses sont bien simples : les colonies de la couronne n'ont, pour l'instant, que des ressources minimes ; leur développement ne fait que de commencer ; elles sont peuplées, en grande partie, par les races les plus arriérées du globe. Ces raisons n'existent pas pour les colonies autonomes, qui ont une population de race blanche relativement considérable et croissant sans cesse en nombre, ni pour l'Inde, qui a derrière elle des siècles de civilisation et qui possède dès maintenant des ressources suffisantes pour permettre l'entretien d'établissements d'enseignement supérieur : aussi ces pays-là ne le cèdent-ils qu'à peu d'Etats européens au point de vue du développement de leur système d'instruction publique.

Nous divisons les colonies et pays de protectorat étudiés dans le présent article en sept groupes : 1. Méditerranée ; 2. Extrême-Orient ; 3. Amérique ; 4. Afrique occidentale ; 5. Afrique méridionale ; 6. Afrique orientale ; 7. Océanie.

1. Méditerranée.

Gibraltar. — Quoique l'occupation de Gibraltar par les Anglais remonte à 1704, ce n'est qu'en 1832 qu'y fut organisée l'instruction élémentaire : cette année-là vit la création d'une école fondée par les wesleyens, et d'une école publique ouverte à toutes les confessions et aux enfants des deux sexes. De ces deux écoles, la première a finalement disparu en 1895 ; la seconde existe encore, mais seulement sous la forme d'une école publique de filles. Les écoles élémentaires catholiques sont aujourd'hui de beaucoup les plus importantes à Gibraltar. Celles des garçons sont administrées par la communauté des Frères chrétiens, celles des tilles par les Soeurs de Lorette. Toute école élémentaire, dans la colonie, peut obtenir du gouvernement un subside (grant), si elle satisfait aux conditions du Code d'éducation de 1899. Les principales dispositions de ce code sont les suivantes : a) dans chaque séance scolaire (attendance), — et il faut que l'école ait eu au moins 400 séances dans l'année pour pouvoir réclamer le subside, — une heure et demie au moins doit avoir été consacrée à l'enseignement séculier en langue anglaise ; b) l'école doit être destinée à l'instruction primaire des enfants pauvres de Gibraltar ; c) les enfants de nationalité étrangère ne doivent être admis qu'après que l'admission a été accordée à tous les enfants de nationalité britannique ; d) l'école doit avoir au moins un instituteur qualifié. Les subsides sont accordes sur l'avis de l'inspecteur des écoles, et sans qu'il soit tenu aucun compte de l'enseignement religieux. En 1906, 13 écoles ont reçu des subsides (10 écoles catholiques, 1 école israélite, 2 écoles sans caractère confessionnel) ; le montant total des subsides a été de £ 1845 ; chiffre de la fréquentation moyenne : 1863 élèves. Il existe à Gibraltar plusieurs écoles élémentaires privées qui ne reçoivent aucun subside du gouvernement.

Le plus important établissement d'enseignement secondaire est le Line Wall Day College, tenu par la communauté des Frères chrétiens. Il n est pas soumis à l'inspection du gouvernement ; le cours d'études comprend la langue anglaise, l'enseignement commercial, les mathématiques, les langues classiques et modernes, etc. Les examens ont lieu annuellement sous la direction du College of Preceptors de Londres.

Malte — L'archipel maltais, situé à 58 milles anglais environ de la Sicile, a une superficie de 115 milles carrés ; sa population était, en 1907, d'envi ; on 206000 habitants. L'archipel a été annexé à l'Empire britannique en 1814. La plupart des habitants parlent un idiome spécial, le maltais ; mais les classes instruites parlent l'anglais ou l'italien.'

L'instruction élémentaire a été organisée en 1838. Les écoles élémentaires sont aujourd'hui entretenues par le gouvernement ; mais, contrairement à ce qui se passe d'ordinaire dans les écoles gouvernementales, l'enseignement y a un caractère confessionnel : le catéchisme catholique y fait partie du programme régulier des études. En 1907, il y avait 99 écoles gouvernementales, avec une fréquentation moyenne de 17 010 élèves. La fréquentation n'est pas obligatoire ; le nombre des enfants sollicitant l'admission a néanmoins excédé jusqu'ici le nombre des places disponibles : en 1906, 3759 enfants n'ont pu être admis faute de place. Le personnel enseignant comprend des instituteurs en chef, des adjoints, et des moniteurs, ainsi que des maîtres et maîtresses spéciaux pour le dessin, la dentelle, etc. Quelques élèves sont habituellement envoyés chaque année aux frais du gouvernement pour recevoir l'enseignement normal en Angleterre à Saint Mary's College, Hammersmith. Le programme des écoles élémentaires comprend, outre l'enseignement religieux : la lecture, l'écriture, l'arithmétique, la géographie, la grammaire, le dessin (dans les écoles urbaines), la couture et la callisthénie pour les filles, la gymnastique pour les garçons. Les parents ont l'option entre l'anglais et l'italien comme langue d'enseignement.

Il y a aussi des écoles du soir (33 en 1907), où la lecture, l'écriture et l'arithmétique sont enseignées par les maîtres des écoles du jour.

On trouve également à Malle un nombre considérable d'écoles privées, non soutenues par le gouvernement. Il ne peut toutefois être ouvert d'écoles enfantines sans l'autorisation de l'administration.

Le total de la dépense du gouvernement pour l'instruction élémentaire a été en 1906 de £ 25 593.

Le gouvernement entretient deux écoles secondaires, l'une pour les jeunes filles (à laquelle sont également admis de jeunes garçons), à la Valette, l'autre pour les garçons, à Rabatto (Gozzo). On y prépare les élèves pour les « Oxford Local Examinations » ; il y a aussi des examens relevant de la Section de science et d'art du Board of Education, South Kensington, Londres. Il existe aussi un établissement gouvernemental pour les jeunes gens, appelé le Lyceum, comprenant : a) une école préparatoire ; 6) une section moderne (où les élèves sont préparés pour l'armée et la flotte, le service civil, le commerce, etc.) ; c) une section classique pour les jeunes gens qui veulent entrer à l'université. Il y a également quelques institutions privées donnant l'enseignement secondaire.

Le gouvernement entretient une école industrielle (qui a coûté £896 en 1906), et une école technique de chemins de fer.

Comme il a été dit dans l'introduction de cet article, Malte est la seule des colonies de la couronne qui possède une université. Elle a été établie en 1769 par le grand-maître de l'Ordre des chevaliers de Saint-Jean. Elle est administrée par un recteur et un conseil général, plus un conseil spécial pour chacune des quatre facultés : théologie, droit, médecine, arts et sciences. L'université de Malte jouit du droit de collation des grades ; et en 1903 elle a reçu de l'université d'Oxford les privilèges accordés par le statut de cet établissement aux universités des colonies et de l'Inde. En 1906, le nombre moyen des étudiants inscrits a été de 146.

Chypre. — Le problème de l'éducation dans l'ile de Chypre est à la fois simple et complexe : complexe, en ce qu'il est nécessaire de maintenir complètement séparées l'une de l'autre l'éducation des deux fractions de la population, les musulmans et les chrétiens grecs ; simple, parce que la population se répartit exclusivement entre ces deux seules catégories : il n'existe pas, dans une mesure appréciable, d'autres confessions religieuses ayant des adhérents ou une influence.

Avant 1878 (date de l'occupation anglaise), les écoles musulmanes étaient seules reconnues par l'Etat et soutenues par lui. Trois ans plus tard, l'administration se décida à accorder des subsides à toutes les écoles, soit musulmanes, soit chrétiennes grecques, qui rempliraient les conditions déterminées par elle ; ce système est encore en vigueur aujourd'hui, sauf que le commissaire supérieur a la faculté d'accorder des subsides, s'il y a lieu, aux écoles d'autres confessions encore.

L'éducation élémentaire est régie par les lois n0 18 de 1895, n° 14 de 1897, et n° 10 de 1905. Les corps qui administrent les écoles chrétiennes et les écoles musulmanes sont de nature similaire, mais tout à fait distincts ; ce sont :

a) Un comité local qui nomme et qui révoque le maître ou les maîtres (et maîtresses), fixe les traitements, et lève les taxes locales destinées à fournir la somme requise pour les traitements et pour l'entretien de l'école ou des écoles ;

b) Le comité de district (l'île de Chypre est divisée en six districts administratifs), dont le rôle est simplement de surveiller les comités locaux ; c) Le Conseil d'éducation de l'île, qui indique au commissaire supérieur le nombre des écoles nécessaires, et s'occupe également de ce qui concerne les subsides.

La besogne d'administration incombe donc essentiellement aux localités, villes ou villages ; et ce système donne de bons résultats, les autorités locales montrant beaucoup d'intérêt et de zèle pour l'éducation des enfants.

Le programme des écoles chrétiennes a été établi en 1898 ; il comprend : la religion, la langue grecque, les mathématiques, les sciences physiques et naturelles, l'histoire, la géographie, le chant (enseigné par l'oreille), la calligraphie, la gymnastique.

L'éducation dans les écoles musulmanes n'a pas été réglementée ; on y enseigne la lecture du Coran, la langue turque, l'histoire (spécialement l'histoire ottomane), la géographie, l'arithmétique.

Pour qu'une école puisse obtenir un subside gouvernemental, il faut : 1° que l'instituteur soit âgé de plus de dix-huit ans ; 2° qu'il appartienne à la religion musulmane ou à la religion chrétienne, suivant l'école dans laquelle il doit enseigner (à moins qu'il ne s'agisse de maîtres enseignant exclusivement une langue étrangère) ; 3° qu'il soit porteur d'un certificat approuvé par le gouvernement. La loi a fixé le traitement minimum à £ 10 par an pour un instituteur musulman, à £ 15 pour un chrétien grec ; les ressources nécessaires au paiement des traitements proviennent : a) d'une taxe locale ; b) d'un subside du gouvernement. La somme à distribuer en subsides est votée chaque année au budget de l'île ; elle est répartie, en nombres ronds, dans la proportion de trois quarts pour les écoles chrétiennes et un quart pour les écoles musulmanes ; le chiffre du subside alloué à chaque école a pour base le chiffre de la fréquentation moyenne, et le rapport de l'inspecteur anglais des écoles et de ses aides. La fréquentation des écoles, tant chrétiennes que musulmanes, est entièrement facultative.

Le tableau suivant indique le progrès accompli dans l'instruction élémentaire durant les vingt-cinq dernières années :

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L'enseignement secondaire ne se trouve pas encore dans un état très avancé. Il y a toutefois à Nicosie quatre écoles secondaires, deux musulmanes et deux chrétiennes grecques ; l'école Idadi (musulmane) et le Gymnasion (chrétien grec) méritent une mention spéciale. La première, avant l'occupation anglaise, était dirigée et soutenue par le gouvernement turc ; la loi sur l'enseignement secondaire n° 10 de 1905 l'a placée sous l'autorité d'un corps administratif élu ; entre 1878 et cette date, l'administration anglaise a exercé les attributions qui incombaient antérieurement au gouvernement turc. Le nombre des élèves, en 1906, a été de 102. Le programme comprend l'enseignement des langues turque, persane, arabe, anglaise et grecque moderne, ainsi que celui des mathématiques 'après les méthodes occidentales. Le Gymnasion sert spécialement à la préparation d'instituteurs pour les écoles élémentaires chrétiennes grecques ; on y enseigne le grec, le latin, l'anglais et le français ; le cours d'études est de six ans. Le nombre des élèves, en 1906, a été de 297. Ces deux écoles, ainsi que les deux autres, reçoivent des subsides du gouvernement.

Il y a des écoles secondaires chrétiennes grecques dans quatre autres villes de l'île ; et à Nicosie il existe en outre une école secondaire anglaise placée sous la direction de l'inspecteur des écoles. La diffusion de la langue anglaise, qui a fait de grands progrès dans ces dernières années, est due, pour une large part, à l'institution d'examens portant sur la connaissance de l'anglais, examens que doivent subir les indigènes qui veulent devenir fonctionnaires du gouvernement, tant pour une première nomination que pour une promotion.

2. Extrême-Orient.

Ceylan. — L'ile de Ceylan a une superficie de plus de 25 000 milles anglais carrés, et une population qui dépasse quatre millions d'habitants. (Jette population est composée, pour plus de la moitié, de Cinghalais, et, pour un quart, de Tamouls venus de l'Inde méridionale ; le nombre des Européens est proportionnellement insignifiant. L'île fut d abord colonisée par les Portugais, puis par les Hollandais ; l'occupation anglaise date de 1796.

A raison de la distribution de la population, la langue anglaise est, dans la pratique, un objet d'enseignement d'ordre accessoire ; et les écoles, à Ceylan, doivent être distinguées non pas, à proprement parler en établissements élémentaires et en établissements secondaires, mais en écoles où l'enseignement est donné dans l'une des langues indigènes, en écoles anglo-indigènes (c'est-à-dire où l'anglais est enseigné par l'intermédiaire d'une langue indigène), et en écoles anglaises. Ces écoles forment deux grandes divisions: les écoles du gouvernement, et les écoles subventionnées ; mais outre ces deux classes, il y a encore les écoles non-subventionnées, dont il existait 1785 en 1906 avec 31 327 élèves. L'éducation que donnent le plus grand nombre des écoles non-subventionnées paraît être de très peu de valeur.

Les écoles subventionnées, beaucoup plus nombreuses que les écoles gouvernementales, sont presque toutes dirigées par l'une ou l'autre des nombreuses sociétés de missions qui sont à l'oeuvre dans l'ile ; quelques-unes, toutefois, appartiennent à la Société théosophique bouddhiste, et d'autres sont musulmanes. Jusqu'ici, il n'a été créé d'écoles gouvernementales que là où il y avait des lacunes à combler. Mais il a été rendu récemment des ordonnances accordant aux municipalités, ainsi qu'aux districts ruraux, le droit d'établir des écoles indigènes placées sous leur propre autorité.

Le gouvernement vient en aide aux écoles subventionnées au moyen de subsides calculés sur la base des résultats constatés dans les examens annuels. Ils ont été concédés, jusqu'ici, sans qu'aucune réserve fût faite au sujet de l'enseignement religieux donné. Dans les écoles gouvernementales, toute la dépense est supportée par l'administration publique, à l'exception de celle de l'entretien des bâtiments, qui est laissée à la charge des comités de village et des municipalités.

Voici la statistique des écoles reconnues par le gouvernement en 1906 :

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Dans les écoles indigènes, l'enseignement est donné en cinghalais ou en malais ; dans les écoles anglaises, les branches d'enseignement sont la lecture, l'écriture, l'arithmétique, la grammaire, l'histoire et la géographie, et, dans beaucoup de cas, diverses autres branches accessoires.

Dans ces dernières années, l'attention a été appelée sur la nécessité de pourvoir à l'instruction des enfants tamouls employés dans les domaines où se fait la culture du thé: une ordonnance rendue en 1907 dispose que le surintendant de tout domaine peut être requis de prendre les mesures pour que ces enfants reçoivent une instruction convenable.

En 1903 a été établie par le gouvernement une école normale (Training Collège) pour former les instituteurs anglais. Cette école a maintenant, en outre, une section indigène et une section anglo-indigène. Des écoles normales pour former des instituteurs indigènes ont été établies par la plupart des sociétés de missions, et reçoivent des subsides du gouvernement.

L'enseignement secondaire est donné dans une ou deux des écoles anglaises subventionnées, et aussi au Collège royal, qui est une institution gouvernementale : ce collège prépare ses élèves aux « Cambridge Local Examinations », et au concours pour les bourses de £ 200 par an pendant trois ans, offertes par le gouvernement et destinées à permettre aux titulaires de faire leurs études dans une université anglaise ou dans une école d'ingénieurs. Le gouvernement offre aussi des bourses d un montant moindre, d'après les résultats obtenus aux « Cambridge Local Examinations » et aux examens intermédiaires de l'université de Londres, et accorde des subsides pour les élèves qui ont subi ces examens avec succès.

Un Collège technique gouvernemental a été établi en 1893 : il contient des sections de génie civil, d'électricité, de télégraphie, et d'arpentage et nivellement. En outre, 38 écoles industrielles ont reçu des subsides ; la plus importante est l'école industrielle de Maggona, tenue par la Mission catholique romaine, et dont le gouvernement se sort comme d'école de correction (reformatory). On cherche à favoriser les progrès de l'agriculture par la création de jardins scolaires. Il faut mentionner encore la florissante Ecole de médecine, qui a obtenu la reconnaissance du Conseil général médical de la Grande-Bretagne.

L'administration générale de l'éducation de Ceylan appartient à un Département de l'instruction publique, à la tête duquel est un directeur, responsable devant le gouverneur de la colonie, et assisté par un personnel d'inspecteurs.

Etablissements du Détroit (Strait's Settlements). — La colonie des Etablissements du Détroit est composée de l'île de Singapour, de l'établissement (seulement) de Malacca sur le continent, de l'île de Pinang, de la province de Wellesley sur le continent, et (depuis 1907) de l'île de Labouan (au nord-ouest de Bornéo). Elle fut gouvernée, à l'origine, par la Compagnie des Indes, et fut ensuite une dépendance de l'Inde ; elle est devenue colonie de la couronne en 1867. L'élément malais est prépondérant dans la colonie ; mais on y trouve aussi des Chinois et des Tamouls de l'Inde, et une proportion assez considérable de population européenne et eurasienne.

Des écoles anglaises ont été fondées avant qu'on se préoccupât de l'instruction des indigènes. Deux des plus célèbres écoles de la colonie, l'Ecole gratuite de Pénang et l'Institution Raffles à Singapour, datent, la première, de 1816, la seconde de 1823. Celle-ci, dans l'intention de son fondateur, Sir Stamford Raffles, était destinée à devenir un Collège malais pour l'étude et la diffusion de la littérature orientale : mais ce projet n'a jamais été réalisé, et l'Institution n'est maintenant rien d'autre qu'une école anglaise. D'autres écoles anglaises ont été ouvertes par les différentes confessions religieuses. Ce sont ces écoles, et d'autres établies depuis par le gouvernement, qui forment la base de l'enseigne-secondaire dans les Etablissements du Détroit. Mais il ne faut pas perdre de vue que beaucoup d'entre elles sont en réalité des écoles élémentaires : elles ont des classes consacrées aux standards I à VII, où l'on enseigne la lecture, l'écriture, l'arithmétique, et (dans les trois derniers standards) la géographie ; au degré supérieur il existe des classes spéciales, des classes commerciales et (à l'Institution Raffles) des classes de sciences. L'enseignement secondaire a été encouragé par l'introduction du système des « Cambridge Local Examinations », par des bourses du gouvernement, et par des bourses de la Reine destinées à permettre à des jeunes gens de suivre les cours d'une université en Angleterre, et qui sont de £ 250 par an pendant cinq ans.

On a essayé de former, à l'Institution Baffles, des classes normales pour des élèves instituteurs : mais le succès n'a pas été très grand, et on se propose maintenant de créer des classes normales pour les instituteurs déjà en fonctions. Le recrutement des instituteurs a toujours été difficile.

En 1907, il y avait dans la colonie 6 écoles anglaises gouvernementales et 29 écoles anglaises subventionnées ; les subsides sont accordés : a) d'après le nombre des élèves présentés à l'examen ; b) d'après la discipline et l'organisation de l'école ; c) d'après le nombre de succès obtenus à l'examen sur des branches spéciales ou (dans les écoles de filles) pour les travaux à l'aiguille.

Un système d'écoles indigènes gratuites a été établi en 1870 par le gouvernement. Avant cette date, il n'existait que quelques établissements où l'on enseignait à de jeunes garçons à lire quelques chapitres du Coran. La fréquentation des écoles indigènes gouvernementales a été rendue obligatoire pour les Malais à Malacca et dans la province de Wellesley. En 1906, il y avait 171 écoles malaises ; la dépense a été de 87 286 dollars, la fréquentation moyenne, de 8949 élèves. Les matières enseignées sont la lecture et l'écriture (en malais arabisé et en malais romanisé), l'arithmétique, la composition et la géographie ; il y a quatre standards.

Il existe aussi quelques écoles chinoises et tamoules.

Il y a à Malacca une école normale pour préparer des instituteurs malais pour les écoles indigènes tant des Etablissements du Détroit que des Etats malais confédérés. La dépense de cette école est partagée entre les gouvernements des deux territoires. Jusqu'à présent, la demande d'instituteurs malais excède l'offre.

La portion chinoise de la population se montre très désireuse de faire donner de l'instruction à ses enfants, et surtout de leur faire acquérir la connaissance de la langue anglaise. Les Malais, au contraire, sont indolents ou indifférents en ce qui concerne la fréquentation de l'école par leurs enfants, et ils ont des préjugés contre l'instruction des filles.

Etats Malais confédérés (The Federated Malay States). — Les Etats malais placés sous le protectorat anglais sont ceux de Pérak, de Sélangor, de Pahang et de Negri Sembilan ; ils se sont placés eux-mêmes sous la protection de l'Angleterre, entre 1874 et 1895, et se sont confédérés en 1896. Avant l'administration anglaise, il n'existait pour ainsi dire pas d'écoles ; on se bornait à quelques tentatives pour répandre la connaissance purement verbale du Coran. Le présent système d'éducation s'est développé sous la direction des résidents anglais ; il a à lutter contre plusieurs difficultés, telles que le manque de moyens de communication (difficulté qui va en diminuant graduellement) et la dispersion de la population. Les indigènes sont des Malais, mais il y a presque autant de Chinois, et en outre des Tamouls venus de Madras et de Ceylan.

Il existe maintenant un système d'écoles malaises gratuites dans tous les Etats. La fréquentation est obligatoire pour les garçons malais dans les Etats de Sélangor et de Negri Sembilan. Ces écoles comptent cinq standards d'instruction, mais peu d'élèves atteignent le cinquième. Les branches d'enseignement sont la lecture (eu malais arabisé et en malais romanisé), l'écriture, l'arithmétique, la composition, la géographie, les leçons de choses ; la gymnastique occupe une place importante dans le programme. On a fait récemment des tentatives pour enseigner aux garçons divers travaux manuels, comme la confection des filets, la sculpture sur bois, etc. ; on enseigne aux filles les travaux à l'aiguille et le tissage des étoffes, mais elles ne fréquentent l'école qu'en très petit nombre. Les classes ont lieu de huit heures du matin à midi ; l'après-midi, si les parents le désirent, un maître coranique peut être employé à enseigner les doctrines de la religion musulmane. Une partie des instituteurs sont formés à l'école normale de Malacca. En 1906, il y avait dans les Etats malais confédérés 217 écoles malaises gouvernementales de garçons et 30 écoles de filles ; la fréquentation moyenne a été de 9991 garçons et 823 filles.

Il y a aussi quelques écoles chinoises et tamoules.

Quant à l'instruction qui a pour base l'enseignement de la langue anglaise, elle a fait dans les Etats malais confédérés des progrès considérables. Les Chinois en particulier la recherchent avec empressement. Mais le gouvernement se borne à l'encourager et ne la pas prise en mains lui-même. La plupart des écoles anglaises sont entretenues par les diverses confessions religieuses et reçoivent des subsides ; un petit nombre seulement appartiennent au gouvernement. La Victoria Institution, à Kouala Lumpour, et l'école Edouard VII à Taïping (toutes les deux ayant un personnel enseignant européen et recevant des subsides considérables du gouvernement) sont les établissements les plus connus. Il faut accorder une mention spéciale à l'Ecole malaise de la résidence à Kouala Kangsar : elle a été ouverte en 1905, et est destinée spécialement aux jeunes garçons de la classe des rajahs. Il a été fait pour les écoles anglaises un Gode scolaire qui institue sept standards d'instruction élémentaire, auxquels s'ajoutent des class subjects (grammaire anglaise, géographie, leçons de choses et science élémentaire) et des spécific subjects (langues vivantes, littérature, dessin, mécanique, etc.). Des subsides spéciaux sont accordés pour les class subjects et les spécific subjects ; les autres subsides sont basés sur les rapports faits par l'inspecteur de l'éducation, et sur la discipline et l'organisation de l'école. Les élèves sont préparés aux « Cambridge Local Examinations » ; et récemment une bourse d'université de £ 250 par an a été mise au concours par le gouvernement. Des encouragements sont accordés pour la préparation des élèves-maîtres, et des classes normales ont été organisées : mais ou rencontre beaucoup de difficultés à trouver des maîtres sur place.

Une école technique a été organisée récemment, un professeur de génie civil ayant été nommé en 1906.

L'instruction publique dans les Etats Malais confédérés est placée sous le contrôle d'un directeur de l'éducation (qui, en vertu d'un arrangement récent, exerce les mêmes fonctions à l'égard des écoles des Etablissements du Détroit). La dépense totale pour l'instruction s'est élevée en 1906 à 263 876 dollars.

Hong-Kong. — Hong-Kong est un poste avancé important de la civilisation européenne au milieu d'une civilisation exotique. Il consiste en une petite île et en une étroite bande de terre appelée le « nouveau territoire ». Les Anglais ne l'occupent que depuis 1841 ; et il est devenu depuis lors un des plus grands ports du monde entier. La population de la colonie est d'environ 412 000 habitants.

Les problèmes de l'éducation y sont variés. La population est flottante, en sorte qu'on ne peut s'attendre à voir le niveau de l'instruction s'élever graduellement et de façon continue ; de plus, l'habitude générale est que les enfants quittent l'école à un moment où l'on n'a pu cultiver encore que leur mémoire ; enfin, le gouvernement se trouve en présence de deux religions avec lesquelles il doit établir une entente, le christianisme et la doctrine de Confucius. A l'égard de ces religions, le gouvernement a adopté successivement des attitudes différentes, caractérisées en ces termes dans un rapport de l'inspecteur de l'éducation (1902) : « L'Etat faisant la croisade (1841-1860) ; l'Etat sécularisaleur (1860-1877) ; l'Etat observateur impartial (1877-1902) ». La fréquentation de l'école n'est pas obligatoire, mais les Chinois tiennent beaucoup à ce que leurs enfants s'instruisent. Le nombre des enfants qui fréquentent une école pendant une partie plus ou moins longue de l'année forme probablement 70 pour cent de la population enfantine totale. Il subsiste encore quelques écoles privées ; mais la très grande majorité des écoles de Hong-Kong sont entretenues totalement ou partiellement par les subsides du gouvernement. Ces subsides sont accordés sur le rapport de l'inspecteur des écoles, à la suite, non d'un examen, mais d'une visite d'inspection. Il n'y a pas de programme uniforme (toutefois l'hygiène a été dernièrement rendue une branche obligatoire), mais seules les méthodes occidentales modernes d'enseignement sont admises ; la langue d'enseigmement doit être soit l'anglais, soit le chinois. Le Code scolaire mis en vigueur en 1902 prévoit des augmentations de subsides (aux écoles anglo-chinoises et aux écoles indigènes) à raison des capacités du personnel enseignant ; des subsides sont accordés également, sous certaines conditions, pour la construction de maisons d'école et pour le paiement des loyers des bâtiments scolaires. En 1906 il y avait 85 écoles, tant gouvernementales que subventionnées ; la fréquentation moyenne a été de 5496 élèves. Il existe en outre deux écoles ouvertes seulement aux sujets anglais d'origine européenne (la première a été créée en 1902), et une école supérieure chinoise pour les enfants des classes chinoises supérieures ; ces écoles sont placées sous la surveillance du gouvernement. La plus importante institution d'éducation de la colonie est le Queen's College, qui est entretenu par le gouvernement : il est destiné à donner à de jeunes garçons chinois une éducation en anglais ; les quatre premiers standards y sont ceux des standards correspondants des écoles anglaises gouvernementales ; mais aux degrés supérieurs on ajoute la physiologie, la géométrie, les sciences physiques, la sténographie et la comptabilité.

En 1906, des classes complémentaires du soir ont été ouvertes à Hong-Kong, avec des sections de génie civil, de sciences, et de commerce. Il y a aussi un Collège de médecine, fondé en 1897 pour la diffusion de la science médicale européenne parmi les Chinois ; il est très florissant. Mais il n'existe pas d'établissement donnant l'enseignement universitaire.

Oueïhaï-Oueï. — Le territoire de Oueïhaï-Oueï, situé dans la province chinoise de Chantoung, a été concédé par le gouvernement chinois à la Grande-Bretagne en 1898 : il comprend toutes les îles de la baie de Oueïhaï-Oueï, et une bande de terre de dix milles anglais de largeur le long de la côte. Sa population est d'environ 155 000 habitants.

La plupart des grands villages chinois ont leurs écoles à eux avec des instituteurs qui y enseignent les classiques chinois. Il y a, sur le territoire continental, deux écoles de missionnaires pour les garçons et pour les filles ; et, dans l'île de Linkoung, une école gratuite où on enseigne l'anglais et le chinois. Le gouvernement a fondé en 1901 à Port-Edward (le port principal du territoire) une école gratuite, qui a été fréquentée en 1906 par 153 élèves ; il a aussi établi un dépôt de livres où on peut acheter au prix de revient des livres scolaires chinois. Il faut mentionner enfin une école pour les jeunes garçons d'origine européenne ou américaine, dont le programme d'enseignement est semblable à celui d'une grammar school anglaise ; elle a été fréquentée en 1906 par 27 élèves.

3. Amérique.

La Jamaïque. — La Jamaïque (chef-lieu : Kingston) est la plus importante des possessions anglaises des Antilles ; sa superficie est de plus de 4000 milles anglais carrés ; sa population en 1906 dépassait 830 000 habitants. Les Anglais l'ont enlevée aux Espagnols en 1655.

On peut dire qu'il n'y avait pas réellement d'enseignement élémentaire à la Jamaïque avant l'affranchissement des esclaves en 1834. Le système actuel d'éducation est régi par les ordonnances n° 31 de 1892 et n° 9 de 1893, et par un Code scolaire promulgué en 1900. L'ordonnance de 1892 a créé un Comité d'éducation, qui doit être consulté par le gouvernement sur les questions d'éducation ; il y a aussi un surintendant inspecteur des écoles, et divers inspecteurs. Deux catégories d'écoles sont reconnues : les écoles gouvernementales, dont il n'existe qu'un petit nombre, et les écoles volontaires, recevant des subsides du gouvernement. Dans la pratique, ces deux catégories n'en font qu'une, sauf que, dans les écoles volontaires, les bâtiments sont construits (ou loués) et entretenu par des particuliers, ordinairement des confessions religieuses. Les subsides gouvernementaux sont accordés d'après les résultats des examens annuels et d'après le nombre des élèves fréquentant l'école.

Les écoles volontaires doivent satisfaire à certaines conditions pour pouvoir obtenir un subside : par exemple, elles ne doivent pas être considérées comme superflues ; le bâtiment et le mobilier doivent être convenables, le personnel enseignant doit être suffisant, et la fréquentation moyenne ne doit pas tomber au-dessous d'un certain chiffre.

Les écoles sont divisées en trois classes d'après les résultats de l'inspection. Les branches d'enseignement sont la lecture, l'écriture, l'anglais, l'arithmétique, les éléments des sciences, plus la couture pour les filles ; on enseigne également, comme branches accessoires, la Bible, le dessin, et la géographie ; dans quelques écoles on y ajoute la gymnastique.

Le gouvernement met chaque année au concours des bourses de £ 10 par an, pendant deux ans, pour la fréquentation d'une école secondaire, et des bourses d'arts et métiers de £ 25 pendant cinq ans, pour des garçons qui veulent faire un apprentissage.

En 1906-1907, le nombre des écoles élémentaires entretenues totalement ou partiellement par le gouvernement a été de 687 ; le nombre des élèves inscrits a été de 84439, la fréquentation moyenne de 54 868 ; la dépense faite par le gouvernement de £ 45047.

Le personnel enseignant des écoles élémentaires se compose d'élèves-maîtres ; d'instituteurs assistants ; d'instituteurs non brevetés, mais qualifiés pour l'enseignement ; et d'instituteurs brevetés. Il existe plusieurs écoles normales, qui toutes, sauf une, sont des institutions volontaires, recevant des subsides du gouvernement ; celle qui fait exception est une école quasi-gouvernementale, administrée par un comité non-confessionnel. Le Code scolaire prescrit un cours d'études pour la préparation des instituteurs : il comprend (pour les hommes) les principes de l'agriculture et le travail manuel.

Il y a 6 écoles industrielles sous l'inspection du surintendant inspecteur des écoles, plus la Stony Hill Institution, qui est un reformatory en même temps qu'une école industrielle.

Il y a à Montego Bay une école secondaire dépendant du Comité d'éducation ; la plupart des autres établissements d'enseignement secondaire relèvent d'un corps appelé Jamaica Schools Commission ; ce sont : une école gouvernementale (qui néanmoins a aussi une dotation), le Jamaica College, et plusieurs autres écoles entretenues par les revenus de fondations particulières. Il existe aussi des high schools ou des grammar schools fondées par des associations religieuses, et qui ne reçoivent pas de subsides du gouvernement. Tous ces établissements préparent leurs élèves, en général, aux « Cambridge Local Examinations ». Une bourse gouvernementale de £ 200 annuelles, pour trois ans, est offerte chaque année au candidat sorti premier de la Senior Local Examination de Cambridge ; en outre, une bourse de £ 300 annuelles, pour trois ans, instituée par le testament de M. Cecil Rhodes, destinée à permettre de suivre les cours de l'université d'Oxford, est mise au concours chaque année.

Iles Caïman. — Les îles Caïman sont une dépendance de la Jamaïque ; elles comprennent le Grand-Caïman, le Petit-Caïman, et Caïman-Brac. Un système d'écoles gouvernementales y avait été institué par des lois de 1902 et 1903 ; mais l'exécution a dû en être suspendue faute d'argent (à la suite des ouragans d'août 1903), et ces lois ont été ensuite abrogées. L'éducation est par conséquent entre les mains des particuliers ; le gouvernement accorde des subsides aux écoles privées, à raison de 2 shillings par élève. La fréquentation moyenne en 1906 a été de 329 élèves. La somme de £ 40 a été inscrite au budget de 1906-1907 pour subsides scolaires.

Iles Turques et îles Caïques. — Ces deux groupes d'îles se rattachent géographiquement à l'archipel des Bahamas, mais ils sont placés depuis 1848 sous l'autorité du gouverneur de la Jamaïque. L'instruction élémentaire y est réglée par une ordonnance promulguée en 1901 et un Code scolaire établi en 1903.

Elle est surveillée par un Comité composé du commissaire et d'un corps de quatre à sept membres. La fréquentation est obligatoire dans quelques districts, et une taxe scolaire est imposée aux parents dont les enfants manquent l'école sans excuse reconnue valable. Il y a 7 écoles gouvernementales, qui ont été fréquentées en 1906 par 569 élèves. Une somme de £ 600 est allouée chaque année par le gouvernement pour l'entretien de ces écoles. Les instituteurs en chef ne sont pas préparés dans la colonie ; mais les élèves-maîtres subissent annuellement des examens organisés par le département d'éducation de la Jamaïque. Les branches d'enseignement prévues par le Code scolaire sont la lecture, l'écriture, l'arithmétique, la récitation, la grammaire, la dictée, la composition, la géographie (avec un peu d'histoire), le dessin, la Bible, le chant, les connaissances générales. Il y a huit standards. Outre les écoles gouvernementales, il y a plusieurs écoles privées, qui ont été fréquentées en 1906 par un total de 207 élèves.

Iles Bahamas. — L'archipel des Bahamas, qui appartient a la Grande-Bretagne depuis 1783, comprend une vingtaine d'îles habitées, et de nombreux îlots inhabités. La population, en 1906, était estimée à 59 142 habitants. Ceux-ci sont principalement des noirs ; un quart environ de la population est de descendance européenne. L'anglais est universellement parlé.

Le premier Act relatif à l'enseignement fut passé en 1847 ; celui qui est actuellement en vigueur date de 1886, mais il a été amendé plusieurs fois depuis. La majorité des écoles élémentaires appartient au gouvernement ; leur nombre en 1906 était de 46, avec une fréquentation moyenne de 4592 élèves ; il y a quelques écoles privées, aidées par des subsides ; il y en avait 16 en 1906, avec une fréquentation moyenne de 632 élèves. Dans les écoles du gouvernement il ne peut être donné un enseignement religieux « sectaire» ; mais l'ordonnance de 1886 porte que la Sainte Bible et tels autres ouvrages religieux que pourra désigner le Comité d'éducation seront employés dans les écoles.

Ce Comité d'éducation, qui est nommé par le gouverneur, administre toutes les écoles entretenues par le gouvernement. Des comités locaux peuvent être institués, mais ils n'ont que des fonctions secondaires, comme de visiter les écoles, de veiller à la régularité de la fréquentation, etc. La fréquentation peut être rendue obligatoire, et elle l'est effectivement dans quelques parties de la colonie. Il existe un « constable » du Comité d'éducation dont la mission spéciale est de veiller à la régularité de la fréquentation là où elle est obligatoire.

Un plan d'études a été dressé pour les écoles du gouvernement ; il comprend six standards ; en addition à la lecture, à l'écriture et à l'arithmétique, chaque standard présente des branches particulières : au quatrième standard figure l'usage de la boussole marine ; au cinquième, il est question de « trouver des itinéraires et des distances sur une carte des Bahamas ». La présence de ces objets d'études est due aux conditions géographiques très spéciales de la colonie.

Il y a quelques instituteurs anglais ; mais la plus, grande partie du personnel enseignant est formée d'anciens élèves ; ils restent dans l'école comme moniteurs ou élèves-maîtres jusqu'à ce qu'ils aient atteint l'âge de dix-huit à vingt et un ans, puis ils sont envoyés à l'Ecole centrale des garçons, à Nassau (chef-lieu de l'archipel, dans l'île de la Nouvelle-Providence), pour y continuer leur instruction.

Des écoles élémentaires sont également entretenues par l'Eglise d'Angleterre (nombre des élèves, en 1906, 1579) et par l'Eglise catholique romaine (nombre des élèves, en 1906, 479j ; elles ne sont pas placées sous la surveillance du gouvernement.

Le voisinage des Etats-Unis et du Canada fait que le gouvernement des Bahamas n'a pas créé d'établissements d'enseignement secondaire. Il existe néanmoins 5 écoles secondaires privées (deux pour les filles, une pour les garçons, deux mixtes quant aux sexes), qui ont été créées et qui sont entretenues par diverses confessions religieuses.

Iles Sous-le-Vent. — La colonie des Iles Sous-le-Vent (Leewards Islands) est une colonie fédérale constituée en 1871 par un Act du Parlement britannique. Elle se compose de cinq présidences, comprenant la Dominique (chef-lieu, Roseau), Montserrat (ch.-l., Plymouth), Antigoa ou Antigua (ch.-l., Saint John), Nevis (ch.-l., Charlestown), Saint-Christophe ou Saint Kitts (ch.-l., Basse-Terre), la Barboude (ch.-l., Codrington), Anguilla, les îles Vierges et quelques petites dépendances. Ces îles sont devenues possession anglaise au cours du dix-septième siècle. La colonie a une superficie de 704 milles anglais carrés, et avait une population de 127 434 habitants en 1901.

Chaque présidence possède sa législature particulière ; mais l'instruction publique est du ressort de la législature fédérale ; et en 1890 un Act a été voté, rendant l'instruction primaire obligatoire dans les présidences. C'est sur cet Act, légèrement amendé depuis, et sur un Code scolaire promulgué en 1903, 3u'est fondé le système actuel d'instruction primaire es îles Sous-le-Vent.

Un inspecteur fédéral de l'éducation surveille l'instruction publique dans la colonie ; des fonctionnaires de district sont chargés de faire exécuter les dispositions de la loi relatives à la fréquentation obligatoire Nul enfant ne peut être admis à travailler s'il n'est pas âgé de plus de neuf ans et en possession d'un certificat attestant qu'il sait lire, écrire et calculer. Les écoles sont de deux catégories : les écoles entièrement entretenues par le gouvernement, et les écoles confessionnelles subventionnées par l'Etat. En 1906, les écoles de ces deux catégories avaient 26 627 élèves inscrits et une fréquentation moyenne de 12 143 élèves. Les subsides du gouvernement se sont élevés à £ 5993 ; en outre £ 389 ont été fournies par des contributions volontaires, et £ 43 par la rétribution scolaire. Les écoles qui désirent obtenir des subsides doivent remplir entre autres les conditions suivantes : elles ne doivent pas être considérées comme superflues ; le nombre des élèves présents à l'examen annuel ne doit pas être inférieur à 30, les bâtiments doivent être maintenus en bon état, et le mobilier doit être convenable.

Les instituteurs (dans les écoles du gouvernement comme dans les écoles subventionnées) sont payés : a) au moyen de subsides dits « de certificat », qui varient suivant la classe du certificat dont l'instituteur est porteur ; 6) au moyen de subsides dits « de résultats », calculés sur le nombre de points obtenus à l'examen annuel. Les instituteurs en chef doivent avoir un certificat. Des facilités sont données pour l'éducation des élèves-maîtres, et de petits subsides sont accordés à cet effet.

Les branches d'enseignement des écoles primaires sont : a) branches obligatoires : lecture et récitation, écriture et anglais, grammaire, arithmétique, science élémentaire (avec l'agriculture), travaux à l'aiguille pour les filles ; b) branches facultatives : géographie et histoire, chant, dessin.

Il y a 5 écoles secondaires, recevant des subsides du gouvernement : trois sont des grammar schools pour les garçons, à Antigoa, à Saint Kitts et à la Dominique-les deux autres, destinées aux filles, et toutes deux à Antigoa, sont une high school, et l'école normale de Spring Gardens.

Il y a une école industrielle, servant de reforma-tory, à Antigoa ; on y envoie des jeunes garçons de toutes les présidences. L'enseignement agricole est donné non seulement dans les écoles primaires, mais aussi par le professeur d'agriculture et de sciences de la grammar school d'Antigoa, et à l'Ecole d'agriculture de la Dominique : cette école est entretenue non par le gouvernement colonial, mais par le gouvernement britannique ; elle est destinée à donner un enseignement technique et pratique de l'agriculture et de l'élevage, de même qu'une instruction générale élémentaire.

Iles du Vent. — Les îles du Vent (Windward Islands) comprennent les trois colonies de la Grenade, de Saint-Vincent et de Sainte-Lucie, qui ont été réunies en une seule colonie fédérale sous un même gouverneur en 1885.

1. LA GRENADE. — La Grenade (ch.-l., Saint-Georges) est la plus méridionale des îles du Vent. Sous la même administration sont réunies quelques petites îles appelées les Grenadines, dont la plus grande est Carriacou. La Grenade est devenue possession an glaise en 1783. Sa superficie est d'environ 133 milles anglais carrés, et sa population d'environ 70 000 habitants. Les plus anciens documents montrent qu'il y avait trois écoles dans l'île en 1820. Le premier Comité d'éducation date de 1857.

C'est en 1882 que fut introduit le premier système d'instruction primaire. Le système actuel a pour base l'ordonnance n° 14 de 1907, et un Code scolaire de 1908. L'instruction est obligatoire de l'âge de six ans à celui de douze. La direction générale de l'éducation est entre les mains d'un Comité dont le gouverneur est président, et dont les membres sont, pour une moitié, des catholiques romains, et pour l'autre moitié des personnes d'autres confessions. Il y a deux catégories d'écoles primaires : les écoles gouvernementales, et les écoles subventionnées appartenant aux diverses Eglises. Ces dernières diffèrent des premières : a) en ce que leurs instituteurs sont nommés par les administrateurs locaux, tandis que les instituteurs des écoles gouvernementales sont nommés par le Comité, sous réserve de l'approbation du gouverneur ; b) en ce qu'elles reçoivent, en addition aux traitements des instituteurs, des subsides de capitation, à raison du nombre des enfants qui ont plus de 200 présences dans l'année, et des subsides de construction pour aider aux dépenses de construction et d'entretien des bâtiments. Dans les écoles gouvernementales, des heures sont réservées pour que les ministres des différentes confessions puissent donner l'instruction religieuse. Dans les écoles subventionnées, cette instruction est donnée par le ministre de l'Eglise à laquelle appartient l'école, mais les ministres des autres confessions ont également le droit de donner dans ces écoles leur enseignement particulier. Les qualifications exigées des diverses catégories d'instituteurs sont déterminées par le gouverneur, sous l'approbation du Conseil législatif. A partir de mars 1908, tout instituteur, soit principal, soit adjoint, ne peut être nommé que s'il est porteur d'un diplôme. Le Code d'éducation prévoit sept standards, dont le plus élevé comprend la lecture, l'écriture, l'arithmétique, la grammaire, la tenue des livres, la géographie, l'histoire, l'agriculture, l'hygiène, et des notions techniques. En 1906, il y avait 9 écoles gouvernementales et 36 écoles subventionnées, avec une fréquentation moyenne de 4867 élèves. La dépense totale a été de £ 5734.

L'enseignement secondaire est donné dans 3 écoles subventionnées par le gouvernement : la grammar school de la Grenade (pour les garçons), la Victoria high school (pour les filles), et l'école du couvent de Saint-Joseph (pour les filles) ; les deux premières de ces écoles, que le gouvernement a l'intention de transformer en écoles gouvernementales, n'ont pas de caractère confessionnel ; la troisième est tenue par les soeurs de Saint-Joseph. La dépense totale de ces écoles s'est élevée en 1906 à £ 1015 ; les subsides du gouvernement ont été de £ 593. Des bourses pour la grammar school de la Grenade, dont le cours d'études comprend le latin, le grec, le français et la comptabilité, sont accordées chaque année par le gouvernement et par l'administration de l'école.

2. SAINT-VINCENT. — L'île de Saint-Vincent est située entre la Grenade et Sainte-Lucie. Elle a été cédée à la Grande-Bretagne par le traité de Versailles en 1785. Sa population en 1906 était d'environ 51 000 habitants.

L'instruction primaire est régie par l'ordonnance n° 2 de 1903 et par un Code scolaire promulgué la même année. Cette ordonnance a institué un Comité d'éducation, ainsi qu'un inspecteur des écoles (dont le poste est actuellement occupé par un titulaire qui exerce les mêmes fonctions à la Grenade). Trois catégories d'écoles sont mentionnées dans l'ordonnance : gouvernementales, subventionnées et confessionnelles. Celles de la première catégorie sont complètement entretenues par le gouvernement ; celles de la seconde n'ont à leur charge que le mobilier scolaire ; celles de la troisième peuvent recevoir des subsides pour les aider à faire face à leurs dépenses. La fréquentation des écoles n'est pas obligatoire. Les élèves paient une légère rétribution hebdomadaire, dont le produit s'ajoute au traitement de l'instituteur. En 1906 il y avait (les écoles privées mises à part) 27 écoles dans la colonie, avec une fréquentation moyenne de 2162 élèves ; les subsides du gouvernement se sont élevés à la somme de £ 1354. Les instituteurs en chef doivent avoir un certificat. Le taux de traitement des instituteurs dépend essentiellement : a) de la catégorie du certificat dont ils sont porteurs ; b) du rapport annuel de l'inspecteur de l'éducation, qui classe les écoles en trois degrés. Le gouvernement favorise par des subsides la préparation des élèves-maîtres, es branches du programme se divisent en : a) branches obligatoires : lecture, écriture, arithmétique, grammaire, éléments des sciences (leçons de choses) ; branches facultatives : géographie, histoire, hygiène, agriculture, comptabilité (au 7e standard), et travaux à l'aiguille (pour les filles).

L'enseignement secondaire est donné dans la grammar school de Kingstown, chef-lieu de la colonie. Le cours d'études de cette école comprend les branches d'enseignement exigées pour les « Cambridge Local Examinations ». Elle est non-confessionnelle, et est administrée par un comité. Jusqu'en 1904, elle recevait un subside du gouvernement ; mais ce subside a cessé de lui être alloué, faute de fonds.

Une école d'agriculture a été créée en 1901 ; elle est entretenue non par le gouvernement colonial, mais par le gouvernement britannique. En 1906 elle comptait 23 élèves inscrits. L'enseignement y est divisé en travail intérieur (géographie physique et commerciale, éléments des sciences, etc.) et travail extérieur (plan-talion, transplantation, taille, etc., et entretien d'une petite ferme consacrée à l'élevage).

3. SAINTE-LUCIE. — Sainte-Lucie est la plus septentrionale des trois îles. Elle fut habitée par les Caraïbes jusqu'en 1635. Elle appartient définitivement à la Grande-Bretagne depuis 1803. Sa population actuelle dépasse 50 000 habitants ; mais sur ce nombre il n'y en a guère plus d'un millier qui soient d'origine européenne ; le reste appartient à la race noire et parle en général un patois français. La première école anglaise a été établie en 1828. Jusqu'en 1891, les écoles de l'île ont été dirigées par une association appelée « Mico Charity ». Le système actuel d'instruction publique est régi par deux ordonnances : l'ordonnance n° 2 de 1889 (Elementary Instruction Ordinance) et l'ordonnance n° 22 de la même année (Education Ordinance). La première avait pour objet de rendre l'instruction primaire obligatoire : mais ses dispositions n'ont commencé à être mises en pratique que tout récemment.

La loi prévoit deux sortes d'écoles : gouvernementales et assistées. Mais il n'existe pas d'écoles gouvernementales proprement dites depuis 1898. Les écoles assistées sont dirigées par des administrateurs représentant diverses confessions. En 1904, il y avait 44 de ces écoles, dont 39 catholiques romaines. Le subside total inscrit au budget est calculé à raison de £ 1 par unité de fréquentation moyenne. Ce subside est divisé entre les écoles enfantines et les juvénile schools : il n'est donné de sommes fixes que comme contribution au traitement des instituteurs, comme subside de capitation pour les écoles enfantines, et comme subside de discipline et organisation pour les juvénile schools ; le reste du crédit est réparti entre les juvénile schools au prorata des résultats de l'examen fait chaque année par l'inspecteur des écoles. Le règlement pour l'éducation, établi en 1901, énumère ainsi les branches d'enseignement : a) enseignement religieux et moral (donné sous la surveillance des administrateurs de l'école, avec la réserve que la liberté de conscience doit être sauvegardée) ; b) enseignement séculier, comprenant: comme branches obligatoires, la lecture et la récitation, l'écriture, l'arithmétique, la conversation anglaise, les éléments des sciences, les travaux à l'aiguille (pour les filles), le dessin (pour les garçons), les leçons de choses (pour les élèves des écoles enfantines) ; comme branches facultatives, l'agriculture pratique, la cuisine, le blanchissage, etc. L'anglais enseigné par la conversation a été mis au nombre des branches obligatoires afin de faire de la langue anglaise le moyen ordinaire de communication à Sainte-Lucie. Il n'y a pas d'école normale dans la colonie, mais des dispositions ont été prises pour l'instruction des élèves-maîtres. Tous les instituteurs qui dirigent une école assistée doivent avoir un certificat.

La fréquentation moyenne dans les écoles assistées a été en 1906 de 3897 élèves ; les subsides du gouvernement se sont élevés à £ 3390. Quelques centaines d'enfants, en plus de ceux qui fréquentent les écoles assistées, reçoivent l'instruction chez leurs parents et dans les écoles non-assistées.

L'enseignement secondaire, pour les garçons, est donné au Collège Sainte-Marie, pour les filles au couvent de Saint-Joseph, l'un et l'autre à Castries, chef-lieu de l'île. Le gouvernement accorde au premier un subside annuel de £ 400, à la condition que dix élèves sortis des écoles primaires et désignés par le gouvernement soient admis gratuitement. Le collège prépare aux « Cambridge Local Examinations ». En 1906, la fréquentation moyenne a été de 68 élèves. Le couvent de Saint-Joseph reçoit un subside annuel de £ 50 ; la fréquentation moyenne, en 1906, a été de 77 élèves. Les élèves sont préparés aux examens du Collège of Preceptors de Londres.

En 1901, le gouvernement a ouvert une Ecole d'agriculture, près de Castries ; en 1906 le nombre des élèves a été de 18 ; le but de l'école est de faire de ses élèves des agriculteurs pratiques ; mais elle leur enseigne en outre l'arithmétique, la géographie, la botanique et la chimie agricole.

La Barbade. — Le premier établissement des Anglais à la Barbade remonte à 1625, et depuis cette époque l'île est restée constamment sous la domination de la Grande-Bretagne. C'est peut-être ce fait qui explique pourquoi la Barbade offre plus de ressources pour une instruction dépassant le degré élémentaire que la plupart des îles voisines. L'île a une superficie de 166 milles anglais carrés et une population de plus de 200 000 habitants. Aussi longtemps que dura l'institution de l'esclavage, on ne se préoccupa nullement de l'instruction élémentaire ; la première tentative pour l'organiser date de l'émancipation des noirs, en 1838.

Le système actuel d'instruction publique est fondé sur les Acts de 1890 et de 1897. Quoique le gouvernement ne possède aucune des écoles élémentaires, c'est lui qui, dans la pratique, pourvoit entièrement à leurs dépenses ; en outre, les écoles du second et du premier degré ont été dotées par des fondations. Le gouvernement accorde des subsides et des bourses.

Les écoles élémentaires sont la propriété, les unes, de l'Eglise d'Angleterre, d'autres des wesleyens, d'autres encore des Frères moraves. La statistique de 1906 indique les chiffres suivants :

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Une taxe est levée, dans certaines limites, par les conseils: (vestries) des onze paroisses en lesquelles la Barbade est divisée, pour la construction et la réparation des maisons d'école ; tout le reste de la dépense de ces écoles, jusqu'à concurrence d'une somme annuelle de £ 11 000, est à la charge du gouvernement. Les écoles sont administrées par des comités locaux, sous l'autorité d'un Comité d'éducation nommé par le gouvernement. Le Comité d'éducation fait subir les examens prévus par la loi aux instituteurs en chef, aux assistants et aux élèves-maîtres. Ces deux dernières catégories du personnel enseignant ont un traitement fixe ; les instituteurs en chef sont payés au moyen d'une rémunération fixe, d'une rétribution scolaire par tête d'élève, de subsides accordés à proportion des résultats constatés lors de l'examen annuel par l'inspecteur des écoles, et d'indemnités allouées pour l'instruction des élèves-maîtres. L'enseignement religieux fait partie du programme scolaire, mais il doit être non-confessionnel ; néanmoins une instruction religieuse dogmatique est également donnée par les ministres des divers cultes. Le Code scolaire a institué sept standards, précédés d'un standard préparatoire. A partir du 3e standard, la grammaire, la géographie, l'histoire d'Angleterre font partie du programme, ainsi que des « occupations utiles » pour les garçons et l'économie domestique pour les filles.

Six bourses d'un montant annuel de £ 25 et d'une durée de six ans (à raison d'une bourse chaque année) peuvent être accordées par le Comité d'éducation à des jeunes garçons bien doués, pour leur permettre de poursuivre leurs éludes d'enseignement secondaire.

Le plus ancien des établissements d'enseignement secondaire à la Barbade, Codrington Collège (fondé en 1711), subsiste par ses ressources propres. Il est affilié à l'université de Durham, en Angleterre. Il ne reçoit pas de subside gouvernemental ; mais quatre bourses, de £ 40 par an, sont allouées par le gouvernement à des étudiants. Il est administré par la Société anglaise pour la propagation de l'Evangile. Outre ce collège, il existe quelques écoles dites du second degré et du premier degré, dont les premières sont destinées à l'éducation des classes moyennes, et les autres à celle des classes plus élevées. Ces écoles sont placées sous la surveillance du Comité d'éducation et reçoivent des subsides du gouvernement. Dans les écoles du second degré, le cours d'études comprend les mathématiques, l'anglais, les langues étrangères, le latin, le dessin, et les éléments des sciences physiques et naturelles. La loi dit que, dans les écoles du premier degré, l'enseignement comprendra « non seulement la langue et la littérature anglaises, les langues et les littératures classiques, et les mathématiques, mais aussi la langue française, les éléments de l'une ou de plusieurs des sciences physiques et naturelles, et, si possible, la langue allemande ». Les subsides du gouvernement pour ces deux catégories d'écoles se sont élevés en 1906 à £2625. Les meilleures parmi les écoles du premier degré sont Harrison College (fondé en 1733) et Lodge School (fondée en 1721) ; le premier a un personnel enseignant tiré presque entièrement des universités anglaises, et possède un laboratoire de chimie bien outillé.

Outre les quatre bourses applicables à Codrington Collège, le gouvernement alloue chaque année une « bourse de la Barbade » (£ 175 annuelles pendant quatre ans), dont le titulaire peut étudier, au choix, « dans une université anglaise ou dans un collège agronomique ou technique d'Europe ou d'Amérique » (Education Act de 1890, article 56).

La Trinité. — L'île de la Trinité (chef-lieu, Port of Spain), qui est la plus méridionale des possessions anglaises dans les Petites Antilles, est à 16 milles anglais seulement de la côte du Venezuela. Elle appartient définitivement à la Grande-Bretagne depuis la paix d'Amiens (1803). Sa population dépasse 300 000 habitants ; elle comprend un assez grand nombre de « coulies », importés de l'Inde pour remédier au manque de bras qui se faisait sentir dans l'île. Tabago (20 000 habitants, dont plus de 13000 noirs), à 19 milles anglais au nord-est, est rattachée administrativement à la Trinité.

Le premier système d'enseignement primaire a été introduit à la Trinité en 1851. Aujourd'hui, l'enseignement secondaire est régi par une ordonnance de 1870, l'enseignement élémentaire par une série d'ordonnances édictées de 1890 à 1902 et par un Code scolaire promulgué en 1902.

Il y a deux catégories d'écoles élémentaires : les écoles gouvernementales et les écoles assistées, ces dernières édifiées par des particuliers, surtout par le clergé des diverses confessions. Les deux types d'écoles ont en commun les conditions suivantes : le nombre des administrateurs locaux doit être de deux au moins ; les instituteurs doivent avoir des certificats ; les instituteurs reçoivent la même rémunération (variable selon le degré du certificat), ainsi qu'un subside calculé sur la fréquentation moyenne ; la fréquentation moyenne ne doit pas être inférieure à 50 élèves (40, s'il s'agit d'élèves de race indienne) ; il ne peut être exigé de rétribution scolaire que dans les bourgs. Les différences sont les suivantes : dans les écoles assistées, le gouvernement ne paie pas en entier les dépenses pour le bâtiment, le mobilier et le matériel ; dans les écoles gouvernementales, les instituteurs ne peuvent pas donner l'enseignement religieux, tandis que dans les écoles assistées ils le peuvent ; les instituteurs sont nommés et révoqués, dans les écoles assistées, par les administrateurs, et dans les écoles gouvernementales par le gouverneur de la colonie. Pour pouvoir obtenir un subside, les écoles assistées doivent satisfaire aux conditions suivantes (outre celles déjà énoncées) : elles doivent être ouvertes à tous les enfants ; elles ne doivent exiger l'adhésion à aucune religion particulière ; l'instruction séculière donnée et les livres employés doivent être conformes aux règles établies par le gouvernement.

Le Code scolaire énumère, comme branches d'enseignement : la lecture, l'écriture, l'arithmétique, l'anglais, la géographie, l'agriculture, le dessin, et pour les filles, l'économie domestique et les travaux à l'aiguille ; l'enseignement des éléments de l'hygiène a été récemment introduit.

En 1906 il y avait 59 écoles élémentaires gouvernementales et 199 écoles assistées ; les premières ont coûté au gouvernement £ 10 507, les secondes £ 29 438 ; la fréquentation moyenne, dans les deux catégories d'écoles prises ensemble, a été de 23 780 élèves. La fréquentation n'est pas obligatoire. Deux écoles normales sont entretenues par le gouvernement, et deux autres sont subventionnées par lui : la dépense totale du gouvernement pour ces quatre écoles a été de £ 1939.

Il y a trois écoles secondaires pour les garçons : l'une est entretenue complètement par le gouvernement (Queen's Royal College, à Port of Spain), les deux autres sont subventionnées (Saint Mary's College, à Port of Spain, et Naparima College, à San Fernando). Le programme comprend l'anglais, les langues classiques, l'histoire, la géographie, le français, l'espagnol, les mathématiques, et la science agronomique. Des examens sont institués chaque année par le syndicat des « Cambridge Local Examinations ». Il existe quelques bourses de £ 200 annuelles pendant trois ans, accordées à la suite de ces examens à des élèves qui continueront leurs études dans une université anglaise ou dans un établissement similaire.

Une ordonnance a été récemment rendue pour organiser l'instruction d'apprentis dans les arts et métiers.

Honduras britannique. — Le Honduras britannique a. été colonisé par des colons venus de la Jamaïque en 1638 ; mais il n'a été reconnu comme colonie qu'en 1862, et séparé administrativement de la Jamaïque qu'en 1884. Il a une population de plus de 40 000 habitants ; mais un petit nombre seulement sont de descendance européenne : la majorité sont des Indiens et des Caraïbes. Le manque d'instituteurs connaissant les langues de ces deux dernières races a été un obstacle constant au progrès de l'éducation.

L'histoire de l'éducation dans le Honduras britannique commence en 1816 avec l'établissement d'une école gratuite fondée par l'Eglise d'Angleterre. Des écoles wesleyennes et baptistes suivirent en 1828. Le premier Education Act date de 1850, et un Département de l'éducation fut créé en 1891.

L'instruction élémentaire est régie par une ordonnance de 1892 et un Code scolaire promulgué en 1894 et amendé depuis. La surintendance de l'éducation est remise à un Comité central, duquel relève un inspecteur des écoles. Mais presque toutes les écoles sont la propriété de confessions religieuses et sont entre les mains d'administrateurs locaux. Ces écoles sont ouvertes néanmoins à tous les enfants sans distinction de religion et de race, et il y a une « conscience clause» stipulant que nul enfant ne doit recevoir l'enseignement religieux sans le consentement de ses parents.

Pour qu'une école puisse obtenir un subside, il faut que l'inspecteur ait constaté, entre autres points, qu'elle a un instituteur capable, et qu'une somme suffisante a été payée par les familles au moyen de la rétribution scolaire. Les subsides sont calculés sur la fréquentation moyenne, sur le résultat de l'examen annuel, sur l'organisation de l'école, sur l'instruction donnée aux élèves-maîtres, sur les succès obtenus dans les travaux à l'aiguille. Des subsides spéciaux pour la construction de bâtiments scolaires peuvent aussi être accordés. Le programme de l'enseignement comprend la lecture, l'écriture, l'arithmétique, la géographie, la grammaire, et pour les filles, les travaux à l'aiguille ; on y ajoute quelquefois des leçons de choses. L'anglais est la langue ordinaire de l'enseignement, et il doit être appris aux enfants qui parlent une autre langue. Le montant total des subsides accordés par le gouvernement pour l'instruction primaire s'est élevé en 1906 à 17 675 dollars ; les administrateurs des écoles ont fourni 2274 dollars, et la rétribution scolaire a produit 2454 dollars. La fréquentation moyenne a été de 2876 élèves. La fréquentation n'est pas obligatoire. Il n'y a pas d'école normale dans la colonie.

L'enseignement secondaire est entièrement entre les mains des particuliers, et le gouvernement ne lui accorde pas de subsides. La principale institution secondaire est le Saint John Berckman's Collège, à Belize (la capitale), fondé en 1896 par les jésuites. Le cours d'études comprend l'enseignement classique, les mathématiques, et le droit 'commercial. Deux autres établissements secondaires à Belize sont le Collège diocésain de l'Eglise d'Angleterre, pour les garçons (qui a récemment ouvert des cours du soir), et l'académie Sainte-Catherine, dirigée par les soeurs de la Miséricorde, pour les filles. Belize a été récemment inscrit sur la liste des centres pour les « Cambridge Local Examinations ». Le chiffre de la fréquentation des écoles secondaires a été en 1906 de 226 élèves.

Les Bermudes ou îles Somers. — L'archipel des Bermudes se compose d'environ trois cents îles et îlots, dans l'Atlantique occidental, à 700 milles anglais environ au sud-est de New York. Cet archipel a été découvert en 1522 par l'Espagnol Juan Bermudas, et colonisé en 1609 par l'Anglais George Somers. La population était estimée en 1906 à 19 558 habitants, dont un tiers environ sont des blancs, et dont les deux autres tiers sont des descendants des anciens esclaves nègres ou indiens. Le chef-lieu des îles est Hamilton.

Les Bermudes diffèrent de la plupart des autres colonies britanniques en ce qu'il ne s'y trouve ni écoles gouvernementales, ni écoles confessionnelles, ni écoles gratuites. Toutes les écoles élémentaires ont un caractère privé ; mais sur 47 écoles existant en 1907, 27 recevaient des subsides du gouvernement : cette année-là le subside total a été fixé à £ 2500. C'est en 1847 que le premier subside a été accordé. Les Schools Acts (n° 25 de 1895 et n° 1 de 1907) réglementent la distribution des subsides, qui sont accordés : pour les traitements des instituteurs, des assistants et des moniteurs ; pour la réparation des maisons d'école, l'achat de mobilier, etc. ; pour le paiement, par l'intermédiaire des comités locaux des écoles, de la rétribution scolaire due par les écoliers les plus pauvres. Ces Acts instituent en outre un inspecteur des écoles et un secrétaire du Comité d'éducation ; ils chargent les comités locaux des écoles d'assurer la fréquentation, qui est obligatoire, et de surveiller les écoles qui reçoivent des subsides. La fréquentation obligatoire est assurée par un procédé assez curieux : tous les six mois, les parents doivent présenter une attestation écrite constatant que leurs enfants ont fréquenté régulièrement l'école ; s'ils ne peuvent pas présenter une attestation satisfaisante, ils sont condamnés à payer une «contribution scolaire » (schoolrate) de dix shillings. En théorie, les écoles sont ouvertes à tous les enfants sans distinction de couleur ; dans la pratique, les races sont séparées. Dans les écoles subventionnées, l'enseignement comprend sept standards : à partir du 3e, la géographie et le dessin s'ajoutent à la lecture, à l'écriture et à l'arithmétique ; la couture est quelquefois enseignée aux filles. Depuis quelques années, le gouvernement a pourvu à la préparation d'un personnel pouvant enseigner la cuisine et l'agriculture ; en sorte que ces matières peuvent être ajoutées au programme.

L'enseignement secondaire a reçu récemment un encouragement par la fondation d'une bourse de £ 300 annuelles pendant quatre ans, qu'a créée le testament de M. Cecil Rhodes pour permettre à un étudiant des Bermudes de suivre les cours de l'université d'Oxford. A la suite de cette création, le gouvernement colonial a fondé une bourse préliminaire de £ 150 pendant deux ans, pour envoyer dans une public school d'Angleterre un jeune garçon désigné comme candidat à la bourse Rhodes, et une des écoles secondaires des Bermudes, la Saltus grammar school, a été considérablement renforcée par des contributions locales. Outre cette école, il y a quatre autres institutions secondaires dans la colonie ; aucune d'elles ne reçoit de subsides du gouvernement.

Guyane britannique. — La Guyane britannique est la seule colonie que la Grande-Bretagne possède sur le continent de l'Amérique du Sud. Elle a une superficie d'environ 300 000 milles anglais carrés, et une population de plus de 900000 habitants. Elle appartient à la Grande-Bretagne depuis 1814.

Les premières écoles élémentaires ont été deux écoles gratuites pour les enfants indigènes ouvertes à Georgetown, la capitale, en 1824. Le système actuel est fondé sur une ordonnance de 1876, un peu modifiée depuis, et sur un Code scolaire promulgué en 1904. La loi distingue des écoles gouvernementales (qu'elle appelle « coloniales ») et des écoles subventionnées : mais il n'a existé jusqu'à présent que des écoles de ce second type, et ce sont toutes dès écoles confessionnelles, anglicanes, catholiques romaines, écossaises, wesleyennes, congrégationalistes, etc. En 1906 il y en avait 220, avec une fréquentation moyenne de 17 871 élèves. Elles se divisent en « écoles A » et « écoles B », d'après leur valeur éducative ; il y a aussi des « écoles C » pour les enfants des Indiens aborigènes et pour les habitants des districts où il n'y a qu'une population clairsemée. L'enseignement comprend la lecture, l'écriture, l'arithmétique, les éléments des sciences physiques et naturelles, l'anglais, la couture (pour les filles), le chant, la gymnastique, la géographie, l'hygiène élémentaire ; ces deux dernières branches ne figurent au programme que dans les trois derniers standards. Les subsides sont accordés d'après le résultat des examens annuels ; un subside est attribué aussi aux jardins scolaires, afin de répandre les notions agricoles. L'enseignement religieux confessionnel est autorisé, sous le bénéfice d'une « conscience clause », mais aucun subside ne lui est attribué. Le traitement des instituteurs est constitué en partie par les subsides ci-dessus, en partie par un subside attribué à la fréquentation, et enfin par un subside variable d'après le degré du certificat. Depuis 1905, les instituteurs peuvent obtenir des pensions de retraite. La préparation des instituteurs a lieu dans une classe spéciale, que dirige un maître normal attaché à l'école secondaire gouvernementale ; ils reçoivent en outre des leçons relatives à l'agriculture. Des subsides sont accordés aussi pour l'instruction des élèves-maîtres.

Toutes les écoles sont dirigées par des administrateurs, qui nomment et révoquent les instituteurs. La surveillance supérieure appartient au directeur de l'éducation. En 1906, les subsides accordés par le gouvernement pour l'instruction élémentaire se sont élevés à £ 23 076 ; les neuf dixièmes de cette somme ont été affectés au paiement des instituteurs, le reste à l'entretien des bâtiments, etc.

Il y a un asile d'orphelins et une école d'industrie (School of Industry) à Georgetown, institués par une ordonnance de 1852. Les élèves du gouvernement qui reçoivent l'enseignement agricole spécial, et qui relèvent du directeur du département des sciences et de l'agriculture, sont logés à l'asile d'orphelins ; l'enseignement leur est donné au jardin botanique et dans les champs d'expériences du gouvernement.

Il existe plusieurs écoles secondaires privées, d'un caractère confessionnel, tant pour les filles que pour les garçons. La plus importante est le Quen's Collège pour les garçons, fondé en 1844, et devenu institution gouvernementale en 1877. Il existe six bourses gouvernementales d'enseignement secondaire, et deux bourses fondées par des particuliers. Les élèves de ces écoles sont préparés aux « Cambridge Local Examinations » et aux examens du College of Preceptors ; les examens d'immatriculation et de divers grades de l'université de Londres peuvent aussi être subis dans la colonie. Le gouvernement offre chaque année une bourse de £ 200 annuelles, pour trois ou quatre ans, la « British Guiana Scholarship », accordée à la suite de la Senior local Examination de Cambridge ; elle est accessible aux étudiantes aussi bien qu'aux étudiants.

Iles Falkland ou îles Malouines. — Ces îles, situées dans l'Atlantique à 300 milles anglais à l'est du détroit de Magellan, ont été occupées par les Anglais en 1832. L'archipel se compose de quinze îles et avait, en 1906, une population de 2065 habitants.

Il n'y a dans les îles Falkland que deux centres de population agglomérée : le village de Stanley, chef-lieu de la colonie, dans l'île d'East-Falkland, et le village de Darwin, dans celle de West-Falkland ; le reste de la population est épars dans l'archipel. Il existe à Stanley deux écoles gouvernementales (une école enfantine, avec une institutrice, et une école pour les élèves plus avancés, avec un instituteur), et de plus une école catholique romaine. A Darwin, la Falkland lslands Company, la principale compagnie commerciale, a établi une école. Les enfants du reste de la colonie reçoivent l'enseignement d'instituteurs itinérants, payés les uns par le gouvernement, les autres par la Compagnie, qui vont d'île en île et de maison en maison, restant dans chaque maison de quinze jours à six semaines. L'enseignement est donné conformément au Code scolaire en vigueur en Angleterre. A Stanley (où la fréquentation est obligatoire de l'âge de cinq ans à celui de treize), le programme comprend le chant, le dessin et la gymnastique en addition à la lecture, à l'écriture et à l'arithmétique. Un inspecteur du gouvernement examine les écoliers à Stanley ; dans les autres îles, c'est le clergé qui fait passer les examens.

Il n'existe pas d'écoles au delà du degré élémentaire ; ceux qui désirent l'enseignement secondaire doivent aller le chercher en Angleterre.

La somme totale dépensée par le gouvernement pour l'éducation a été, en 1906, de £ 1036 ; il y faut ajouter la somme dépensée par la Compagnie. Le nombre des entants recevant l'instruction a été de 428.

4. — Afrique occidentale.

Gambie. — La colonie de la Gambie est située sur le fleuve de ce nom ; c'est le plus septentrional des établissements britanniques en Afrique occidentale. La colonie proprement dite n'a qu'une superficie de 69 milles anglais carrés ; mais au delà s'étend, sur une longueur de 250 milles, sur les deux rives du fleuve, un pays de protectorat ; une partie des habitants de ce protectorat sont des musulmans. Le premier établissement anglais sur la Gambie remonte à trois siècles environ ; mais la colonie n'a un gouvernement séparé que depuis 1888, et le protectorat n'a été constitué qu'entre 1894 et 1901. L'instruction publique est régie par l'ordonnance n° 14 dé 1903 (remplaçant une ordonnance de 1882), et par des règlements de 1903, 1906 et 1907.

Il n'y a pas d'écoles gouvernementales, mais le gouvernement subventionne des écoles fondées par des missionnaires. En 1906, il y avait 6 de ces écoles : une anglicane, deux catholiques romaines et trois wesleyennes. Aucun subside n'est donné pour l'enseignement religieux, et la liberté de conscience est garantie. Les subsides sont accordés à raison de la fréquentation moyenne et des résultats obtenus aux examens. D'autres subsides sont accordés pour parfaire les traitements des instituteurs et pour aider à la construction et à la réparation des maisons d'école dans la proportion d'un quart de la dépense. Mais le montant total des subsides ne peut pas excéder celui de la somme fournie par la rétribution scolaire (qui est obligatoire) et par d'autres ressources ; il faut en outre, pour que les subsides soient accordés, que l'instituteur soit porteur d'un certificat, et que la maison d'école soit reconnue convenable. L'enseignement comprend un standard préparatoire (sub-standard) et sept standards réguliers. Les branches obligatoires sont la lecture, l'écriture et l'arithmétique seulement ; comme branches facultatives, le programme énumère la grammaire, la géographie, l’histoire et, pour les filles, la couture et l'économie domestique. Le revenu total des 5 écoles chrétiennes subventionnées situées à Bathurst (la capitale) a été en 1906 de £1299, dont £ 546 fournies par les subsides du gouvernement. Le nombre des élèves inscrits était de 1062. Il y a aussi à Bathurst une école élémentaire musulmane, fondée en 1903, dirigée par un comité spécial, et qui n'est pas soumise aux prescriptions de l'ordonnance ; trois jours par semaine on y enseigne l'arabe, et les trois autres jours on y donne, en anglais, l'instruction élémentaire ordinaire. Cette école a été fréquentée en 1906 par 83 élèves, dont dix fils de chefs indigènes de la région du protectorat. La subvention gouvernementale a été, cette année-là, de £ 120.

Pour l'instruction secondaire, des matières appartenant à l'enseignement secondaire (comme la littérature anglaise, le français, le grec, l'arabe, la comptabilité) peuvent être introduites dans le programme des écoles élémentaires, et des subsides sont accordés poulies résultats obtenus. Il existe une école secondaire, non subventionnée, qui a été fréquentée en 1906 par 14 élèves. Il y a aussi une école industrielle wesleyenne ouverte en 1902, à laquelle le gouvernement accorde un subside annuel de £ 300 : on y donne un enseignement théorique en même temps que pratique ; les élèves y sont formés aux métiers de charpentier, de maçon, de forgeron, etc.

Sierra Leone. — La colonie de Sierra Leone est située au nord-ouest de la république de Libéria. Elle consiste principalement en une étroite bande de terre le long de la mer ; au delà, dans l'intérieur, s'étend un pays de protectorat, dont la frontière nord a été fixée en 1895 par une convention entre la France et l'Angleterre. L'origine de la colonie remonte à 1788 ; au début, elle a été un refuge pour les esclaves noirs libérés des territoires avoisinants et même de la Nouvelle-Ecosse (Amérique). La première école fut établie en 1807 par la Compagnie de Sierra Leone. Les sociétés de missions de l'Eglise d'Angleterre et de l'Eglise wesleyenne entrèrent en scène en 1815 et en 1816 ; et elles sont encore les principaux agents pour l'éducation dans la colonie et le protectorat. Le système actuel d'éducation repose sur l'ordonnance n0 3 de 1895 et des règlements de 1899.

Une école gouvernementale pour l'éducation des fils de chefs indigènes et d'autres élèves envoyés par eux a été ouverte en 1906 ; à la fin de l'année, elle comptait 83 élèves Les matières enseignées sont la physique, la chimie, la vie des plantes, l'agriculture, la physiologie, l'hygiène, la géographie et l'arithmétique ; il n'est pas fait usage de livres ; chaque élève paie une rétribution de £ 10 par an. Il n'existe pas d'autre école gouvernementale ; et ce sont les particuliers, spécialement les missionnaires, qui tiennent les écoles, avec l'aide financière du gouvernement. En 1906, il y avait 75 écoles assistées, avec une fréquentation moyenne de 5969 élèves ; sur ces écoles, 36 appartenaient à l'Eglise d'Angleterre, 20 à l'Eglise wesleyenne. Les conditions pour l'obtention des subsides du gouvernement sont, entre autres : que les écoles soient accessibles à tous les enfants, sans distinction de race ni de religion ; que la fréquentation moyenne soit de 30 élèves au moins: que les résultats de l'enseignement soient satisfaisants ; que le personnel enseignant soit capable, et que les bâtiments scolaires satisfassent aux exigences de l'hygiène ; que nul enfant ne reçoive un enseignement religieux contre la volonté de ses parents. Des subsides sont accordés pour la fréquentation, les résultats de l'enseignement, l'organisation et la discipline, ainsi que pour la couture et le dessin. Les subsides accordés ne peuvent pas former plus de la moitié des ressources totales de l'école, sous la réserve, toutefois, que la part de l'instituteur (qui ne doit pas être moindre de la moitié du subside) ne sera pas affectée par cette règle. Le manque d'instituteurs est un grand obstacle au développement de l'éducation ; en conséquence, des subsides sont accordés pour l'instruction des élèves-maîtres ; et en outre quelques-uns d'entre eux deviennent, à la fin de leur troisième année d'études, pensionnaires du gouvernement à l'école normale des missions anglicanes ; la bourse est de £ 50 par an pour un interne, de £ 20 pour un externe.

L'enseignement élémentaire comprend deux standards préparatoires (sub-standards) et sept standards ; les branches obligatoires sont la lecture, l'écriture, l'arithmétique, et, pour les filles, les travaux à l'aiguille ; les branches facultatives, la géographie, l'histoire, la grammaire et le dessin.

Il existe en outre 4 écoles élémentaires musulmanes, qui ont été fréquentées par 471 élèves en 1906. Des facilités sont accordées par le gouvernement pour la préparation des instituteurs destinés à ces écoles. L'instruction n'est pas obligatoire.

Il n'existe pas d'école secondaire gouvernementale ; mais il y en a 7 qui appartiennent à des sociétés de missions. Le gouvernement accorde chaque année trois bourses d'enseignement secondaire de £ 10 chacune. La Société anglicane des missions, qui possède deux des écoles secondaires mentionnées ci-dessus, administre aussi le Fourah Bay College, créé vers 1840 pour la diffusion d'une instruction d'un degré supérieur ; ce collège est affilié à l'université de Durham, en sorte que ses étudiants peuvent prendre des degrés en arts et en théologie ; au collège est annexée une école normale. Cette société possède aussi une école technique, créée en 1895, qui donne un enseignement pratique à des élèves charpentiers, menuisiers et maçons ; elle reçoit du gouvernement un subside de £ 120, et a accepté en 1906 25 élèves (divisés en commençants, apprentis, et élèves avancés).

Le total des dépenses faites pour l'éducation par le gouvernement de la colonie en 1906 a été de £ 4017.

Côte de l'Or, Pays des Achantis, et Territoires du Nord. — La colonie de la Côte de l'Or, située sur le golfe de Guinée, est limitée à l'est par la colonie allemande de Togo, et à l'ouest par la Côte d'Ivoire qui appartient à la France. Le premier établissement remonte à 1482, mais ce n'est que depuis 1871 que l'autorité de la Grande-Bretagne est établie sans conteste sur le pays. Le pays des Achantis et les Territoires du Nord sont placés maintenant sous la même administration que la colonie. La population, en 1906, dépassait un million et demi d'habitants. Mais le climat est très malsain pour les Européens, dont les enfants doivent être élevés hors de la colonie. Le système d'éducation qui va être décrit ne concerne que les indigènes, et la colonie de la Côte de l'Or seulement.

L'instruction primaire est régie par l'ordonnance n° 14 de 1887. Il y a trois sortes d'écoles : écoles gouvernementales, écoles missionnaires assistées, écoles missionnaires non assistées. Il y avait, en 1906, 7 écoles de la première espèce, 140 de la seconde, et 126 de la troisième. L'instruction n'est pas. obligatoire. Le nombre total des enfants recevant l'instruction était de 18 006. Les principales sociétés missionnaires établies dans la colonie sont celles des missions de Bâle et des missions wesleyennes : sur les 140 écoles assistées, 58 appartenaient à la première de ces sociétés, 52 à la seconde. La première condition pour obtenir un subside du gouvernement est que l'école soit fréquentée par 20 élèves au moins ; d'autres conditions subsidiaires sont que l'école soit accessible à tous les enfants sans distinction de race ni de religion, que l'instituteur soit pourvu d'un certificat, et que la société missionnaire ait nommé un administrateur spécial pour surveiller l'école. Le subside est calculé sur la fréquentation moyenne, sur les résultats de l'examen passé devant un inspecteur du gouvernement, sur l'état de la discipline, sur les résultats de l'enseignement des travaux à l'aiguille, du chant et du travail industriel, sur la nature du certificat de l'instituteur. Des subsides spéciaux sont aussi accordés pour les maisons d'école et le mobilier.

C'est l'anglais qui est la langue d'enseignement ; toutefois les missions de Bâle emploient la langue indigène dans les classes de commençants. Les matières ordinaires de l'enseignement sont la lecture, l'écriture, l'arithmétique et la composition ; on peut y ajouter la géographie, la grammaire, la musique, et, comme matières spéciales, la comptabilité, la sténographie et l'arpentage. On enseigne aussi l'agriculture, en particulier dans les écoles des missions de Bâle ; des cours normaux d'agriculture ont été organisés pour les instituteurs.

Il n'y a que trois écoles dans la colonie dont l'enseignement dépasse le programme élémentaire ; et l'une seulement des trois reçoit des subsides du gouvernement. Quoiqu'il y ait une ou deux écoles normales, le manque d'instituteurs capables se fait sentir ; ceux des indigènes qui sont le mieux doués trouvent dans d'autres carrières un emploi mieux rétribué de leur activité.

Les missionnaires wesleyens et ceux de Bâle donnent l'enseignement industriel ; le gouvernement a aussi, à Accra, des classes où l'on enseigne le travail du bois ; et l'on espère voir instituer prochainement un enseignement technique d'un degré plus élevé.

Pour encourager l'éducation scolaire, le gouvernement a institué 4 bourses de £ 200 par an pendant quatre années : les candidats choisis sont tenus de suivre les cours d'une université de Grande-Bretagne, ou d'étudier la médecine ou le droit, ou de fréquenter une école de génie civil, de sylviculture ou d'agriculture.

En 1906, la somme totale dépensée pour l'instruction par le gouvernement colonial a été de £ 12, 520.

Dans le pays des Achantis, il n'y a pas jusqu'à présent d'écoles gouvernementales ; on y trouve 12 écoles des missions de Bâle, avec 215 élèves, et 6 écoles des missions wesleyennes, avec 255 élèves. Mais les Achantis redoutent le prosélytisme des missionnaires, et ne font que peu de chose pour aider le développement de leurs écoles.

Les Territoires du Nord n'ont été constitués en un district séparé qu'en 1897, et ne sont pas encore assez avancés en civilisation pour qu'on ait pu y créer une organisation de l'éducation. Mais les deux sociétés de missions ci-dessus mentionnées y sont également à l'oeuvre.

Nigérie méridionale. — La colonie et le protectorat de Lagos et le protectorat, de la Nigérie méridionale ont été réunis en 1906 en une seule province, qui s'étend le long de la côte entre Lagos et Calabar, et, dans l'intérieur, est limitée par la frontière de la Nigérie septentrionale. La colonie de Lagos n'a, été fondée qu'en 1861, et le protectorat de la Nigérie méridionale date seulement de 1885. Aussi l'éducation n'est-elle pas encore bien avancée ; ce n'est qu'en 1903 qu'elle a été organisée dans la Nigérie méridionale.

Il y a deux sortes d'écoles : les écoles gouvernementales, complètement entretenues par le trésor public, exception faite de la rétribution scolaire et des souscriptions des chefs indigènes ; et les écoles assistées, qui sont en général des écoles de missionnaires. Les écoles gouvernementales n'étaient précédemment destinées qu'à la portion musulmane de la population (qui a aussi ses écoles à elles, non assistées par le gouvernement) ; mais récemment elles ont été ouvertes aussi aux enfants des tribus païennes. Les sociétés qui ont fondé des écoles missionnaires sont la Société des missions de l'Eglise d'Angleterre, la Société wesleyenne, la Société des missions catholiques, la mission des Eglises libres unies d'Ecosse.

Un Code scolaire uniforme a été établi pour les écoles gouvernementales païennes et pour les écoles des missionnaires. Les branches d'enseignement sont la lecture, l'écriture, l'arithmétique, la langue anglaise, l'hygiène ; on enseigne aussi quelquefois l'art de la charpente.

En 1906, la fréquentation moyenne a été de 1809 élèves pour les écoles du gouvernement, et de 5410, élèves pour les écoles assistées. Ces chiffres comprennent les élèves des écoles secondaires et industrielles, dont il existe plusieurs ; chacune des trois premières, parmi les sociétés de missions ci-dessus mentionnées, en possède une ; la quatrième entretient à Calabar une institution appelée Hope Waddell Institute ; il y a à Bonny une high school appartenant au gouvernement. Le gouvernement projette la fondation d'un collège qui donnera un enseignement d'un degré plus élevé, et une école technique centrale sera prochainement établie dans la ville de Lagos.

Les subsides accordés en 1906 aux écoles assistées se sont élevés à £ 4049.

Nigérie septentrionale. — Ce protectorat, constitué en 1899, est situé au nord de la Nigérie méridionale ; il s'étend jusqu'au lac Tchad, et est limité par le Dahomey, le Soudan français et le Cameroun allemand ; il a une superficie d'environ 281 000 milles anglais carrés. Il y a eu des établissements britanniques sur le Niger dès le dix-septième siècle ; mais il n'existait pas d'organisation administrative avant la charte royale concédée en 1886 à la Compagnie du Niger. Jusqu'ici, les revenus du protectorat n'ont pas permis d'instituer un système général d'éducation ; mais les sociétés missionnaires, en particulier la Société des missions de l'Eglise d'Angleterre, la Mission évangélique africaine, et les Missions unies du Soudan, s'occupent dans une certaine mesure de l'instruction des indigènes ; le Home pour les esclaves libérés, à Zoungherou, donne l'instruction primaire, et des apprentis sont formés dans quelques-uns des établissements de l'administration. L'établissement d'une école gouvernementale pour les fils de chefs indigènes est à l'étude.

Quelques-unes des tribus Haousa, dans l'intérieur, ont atteint un degré de civilisation relativement élevé, en comparaison de celui de la moyenne des tribus indigènes d'Afrique ; depuis des siècles, la langue haousa s'écrit au moyen de l'alphabet arabe.

Sainte-Hélène et Tristan d'Acunha. — La population de la colonie de Sainte-Hélène, dans l'Atlantique méridional, était, en 1906, de 3526 habitants, qui sont pour la plupart des descendants d'esclaves noirs affranchis. Un long contact avec le gouvernement des Anglais, d'abord celui de la Compagnie des Indes, et depuis 1834 celui de la couronne britannique, a rapproché, sinon leur intelligence et leur genre de vie, au moins leur manière de penser, de celle des blancs.

L'éducation est régie par l'ordonnance n° 2 de 1903. La fréquentation de l'école pendant 200 jours au moins par an est obligatoire pour les enfants de l'âge de dix à celui de quatorze ans ; mais l'instruction religieuse n'est que facultative. Il y a 8 écoles dans la colonie : trois sont des écoles gouvernementales ; trois sont entretenues par la fondation appelée « Rebecca Hussey Charity », et deux par la Société de bienfaisance. Le gouvernement accorde des subsides aux écoles qui ne lui appartiennent pas. Il y a un inspecteur de l'éducation. Le programme de l'enseignement est celui de l'instruction primaire, auquel sont ajoutés l'hygiène et les éléments de la mécanique, ainsi que le jardinage pour les garçons et les travaux à l'aiguille pour les filles. L'enseignement s'est grandement amélioré depuis qu'un instituteur dûment qualifié a été envoyé d'Angleterre en 1904. Il existe maintenant des classes pour l'instruction des élèves-maîtres, et des examens ont été organisés pour eux. Le nombre des enfants inscrits comme élèves dans les 8 écoles était de 625 en 1906 ; la dépense du gouvernement s'est élevée à £ 711.

Il n'y a pas d'enseignement secondaire.

A une vingtaine de degrés au sud de Sainte-Hélène se trouve un petit archipel dont l'ile principale, la seule habitée, est Tristan d'Acunha, qui a environ 40 kilomètres de tour. Cette île comptait, au dernier recensement, 78 habitants, non compris un ecclésiastique anglais et sa femme qui se sont volontairement fixés dans l'ile en 1905. Cet ecclésiastique annonce « qu'il n'y a chez les habitants aucune tendance intellectuelle ; il n'y a pas eu d'éducation parmi eux depuis dix-huit ans » ; sa femme et lui donnent aux insulaires un enseignement religieux, et des leçons de lecture, d'écriture et de calcul.

5. — Afrique méridionale.

Il existe dans l'Afrique méridionale anglaise quatre colonies autonomes [self governing), qui sont le Cap, la colonie d'Orange (précédemment l'Etat libre d'Orange), le Transvaal (précédemment la République Sud-Africaine), et Natal ; à ces quatre colonies nous consacrons ailleurs des articles spéciaux. Ainsi nous mentionnerons ici les pays de protectorat seulement, et les territoires ne jouissant pas de l'autonomie administrative.

Protectorat du pays des Betchouanas (Bechuanaland Protectorate). — Le protectorat est situé à l'ouest du Transvaal et à l'est des possessions allemandes du sud-ouest de l'Afrique ; ses autres voisins sont la Rhodésie au nord et la colonie du Cap au sud. Sa superficie est d'environ 275 000 milles anglais carrés ; mais sa population indigène n'est que de 120 000 habitants environ ; il s'y trouve environ un millier d'Européens. Le territoire est traversé du sud au nord par un chemin de fer partant de la colonie du Cap et qui reliera l'Afrique méridionale à l'Egypte.

Le protectorat comprend six tribus principales ; chacune de ces tribus est groupée autour d'un centre, ce qui facilite l'oeuvre de l'éducation dans un territoire si vaste et relativement peu peuplé ; mais il n'a pas été possible encore, néanmoins, de réaliser de grands progrès : il n'y a guère qu'une proportion de 2 à 3 0/0 de la population enfantine qui soit inscrite sur les registres scolaires.

C'est la Société des missions de Londres qui a établi le plus grand nombre des écoles existant dans le protectorat ; mais il existe aussi des écoles appartenant à l'Eglise réformée hollandaise et à l'Eglise luthérienne allemande. On cite également une école indépendante établie par le chef d'une tribu sans aucun appui ni du gouvernement ni des missionnaires.

Le gouvernement verse pour l'éducation une subvention annuelle de £ 1000 : £ 500 sont données à la Société des missions de Londres pour être affectées à l'éducation industrielle et £ 150 à la Tiger Kloof Institution (colonie du Cap), fondée par la même société pour donner aux indigènes un enseignement technique, institution fréquentée par quelques élèves betchouanas.

Jusqu'à présent on éprouve de grandes difficultés pour l'éducation des enfants d'origine européenne : dans un cas, ils reçoivent l'instruction en commun avec les enfants indigènes, mais sous la surveillance d'une institutrice européenne ; en général, on est obligé de les envoyer faire leur éducation en dehors du protectorat.

Rhodésie. — La Rhodésie — ainsi nommée en l'honneur de M. Cecil Rhodes — est un territoire administré par la Compagnie britannique de l'Afrique du Sud (British South Africa Company), compagnie à laquelle une charte a été accordée par la couronne britannique en 1889. Il est situé au nord du Transvaal et du Protectorat du Bechuanaland ; et il est limité, dans les autres directions, par les possessions allemandes et portugaises de l'ouest et de l'est, par l'Etat indépendant du Congo, et par le Protectorat du Nyasaland.

La Rhodésie est divisée en Rhodésie du Sud et Rhodésie du Nord ; ces deux moitiés du territoire sont séparées l'une de l'autre par le fleuve Zambèze.

Rhodésie du Sud. — C'est la plus importante des deux divisions ; les blancs peuvent y séjourner sans difficulté : en 1904, la population blanche était de 12 623 habitants, la population indigène d'environ 564 000. L'éducation des blancs et celle des noirs sont complètement séparées ; et comme le pays n'est occupé par les Européens que depuis vingt ans à peine, on ne peut pas s'attendre à ce que ni l'une, ni l'autre ait fait de grands progrès.

La première école pour les blancs a été ouverte en 1895 à Boulouvayo ; et la première tentative faite pour une organisation officielle de l'enseignement a été la création d'un Département d'éducation par une ordonnance de 1899. Cette ordonnance a été remplacée en 1903 par une ordonnance nouvelle, qui est celle en vigueur. Les écoles sont soit publiques, soit privées ; les premières sont celles qui reçoivent des subventions du gouvernement ; les secondes, celles qui n'ont pas demandé de subventions, ou qui ont été jugées ne pas les mériter. Les subventions sont : 1° une contribution au salaire des maîtres ; 2° une contribution aux dépenses du matériel de l'école ; 3° une subvention pour es classes du soir ; 4° les grants accordés pour l'enseignement des diverses matières spéciales. Les conditions pour obtenir des subventions sont entre autres : 1° que les administrateurs de l'école et les maîtres soient approuvés par le Département d'éducation (il n'a été fixé néanmoins pour les maîtres aucune condition de capacité) ; 2° que l'accommodation scolaire soit satisfaisante ; 3° que l'enseignement soit donné en anglais ; 4° que les écoles soient ouvertes à certaines heures aux ministres des cultes de toutes les confessions pour y donner l'enseignement religieux. En 1906, il y avait 23 écoles pour les enfants européens, dont 17 recevaient des subventions du gouvernement ; la plupart de ces écoles sont fondées et entretenues par es diverses confessions religieuses. L'instruction qui y est donnée est d'un caractère simplement primaire ; mais dans un ou deux cas il y a des classes de continuation du soir, où les élèves sont préparés pour l'examen d'immatriculation de l'université du Cap de Bonne-Espérance. L'instruction n'est pas obligatoire ; mais on estime qu'environ 65 0/0 des enfants européens fréquentent les écoles publiques ou privées, ou reçoivent l'instruction à domicile ; et la situation, sous ce rapport, est meilleure qu'elle n'est dans les colonies d'Orange ou de Transvaal.

Les conditions auxquelles des subventions sont accordées aux écoles destinées aux indigènes sont entre autres : 1° que le chiffre des élèves de l'école ne soit pas inférieur à 40 ; 2° que le travail industriel soit méthodiquement enseigné ; 3° que les élèves apprennent à comprendre et à parler la langue anglaise ; 4° qu'on leur donne des habitudes de discipline et de propreté. Jusqu'ici, beaucoup d'écoles indigènes n ont pas pu ou n'ont pas voulu satisfaire à ces conditions ; et l'appui du gouvernement s'est généralement borné à des concessions de terre. Plusieurs sociétés de missionnaires sont à l'oeuvre dans la Rhodésie du Sud, entre autres les jésuites (qui ont un pensionnat à Tchichaouacha, où l’on enseigne le travail industriel), la Société américaine des missions étrangères, et les Frères trappistes.

Rhodésie du Nord. — La superficie de la Rhodésie du Nord est estimée à 600 000 milles anglais carrés environ. Elle est divisée en deux provinces : la Rhodésie du Nord-Ouest, avec le Barolsiland, et la Rhodésie du Nord-Est. La population est clairsemée, et presque toute l'éducation est entré les mains des missionnaires. Dans la Rhodésie du Nord-Ouest, les missionnaires sont les jésuites, la mission protestante de Paris, les méthodistes primitifs, et les adventistes du septième jour ; l'éducation donnée consiste principalement en lecture de la Bible, chant, et un peu d'anglais. Dans le Barotsi, qui formait autrefois un royaume séparé, et qui a encore un « grand chef » nommé Liouanika, il a été fondé récemment une école nommée Barotse native school, dont les dépenses sont couvertes par un impôt levé dans le pays sur les huttes ; cette école a pour but d'enseigner aux indigènes les métiers de charpentiers, forgerons, maçons, etc. ; on enseigne gratuitement l'anglais à ceux des élèves qui apprennent un métier, mais une rétribution est exigée des autres. Dans la Rhodésie du Nord-Est, les missionnaires sont la Société des missions de Londres, la mission catholique romaine des Pères Blancs, la mission de l'Eglise réformée hollandaise, et la mission de l'Eglise libre d'Ecosse. Le nombre des Européens est très minime.

Pays des Basoutos (Basutoland). — Le Basutoland est un territoire indigène situé sur le haut plateau de l'Afrique méridionale. Sa superficie est d'environ 10253 milles anglais carrés, sa population d'environ 350 000 habitants. Il est administré par un commissaire résident, sous l'autorité du commissaire supérieur de l'Afrique du Sud.

Des facilités exceptionnelles pour l'éducation ont été mises à la portée du peuple bassouto, par trois sociétés de missionnaires : la plus importante est la Société des missions évangéliques de Paris, dont le premier établissement remonte à 1833 ; les deux autres sont la mission catholique romaine et la mission de l'Eglise d'Angleterre.

L'éducation au delà du degré élémentaire est donnée principalement dans les écoles normales établies par les missionnaires pour former des maîtres pour leurs écoles, et dans les écoles industrielles. Les plus importants de ces établissements sont : l'école normale de la mission de Paris a Morija, et l'école industrielle du gouvernement à Maserou (la capitale). Cette dernière école n'a été ouverte qu'en 1905 : sa création est due principalement au zèle pour l'éducation industrielle qu'avait déployé le « grand chef » indigène Lerothodi, récemment décédé.

L'instruction n'est pas obligatoire : mais en 1906 il y avait 12 275 élèves inscrits dans les différentes écoles. Dans la règle, le programme des écoles comprend deux sub-standards suivis de sept standards : mais peu d'élèves atteignent les degrés supérieurs. Dans les substandards, on enseigne la lecture, l'écriture et le calcul en sessouto (la langue des indigènes) ; dans les standards, l'enseignement se fait en anglais.

Le plus grand nombre des maîtres sont des indigènes : peu d'entre eux ont reçu une préparation professionnelle, et le nombre est moindre encore de ceux qui sont munis d'un brevet. Depuis 1905, le gouvernement a organisé des cours de vacances pour les instituteurs. Un inspecteur de l'éducation a été nommé récemment pour surveiller l'instruction publique dans le Basutoland ; auparavant, l'inspection était entre les mains des magistrats des différents districts de la colonie.

En dehors de la création d'un poste d'inspecteur, et de l'entretien de l'école industrielle de Maserou, l'intervention du gouvernement se manifeste sous la forme de subsides aux missionnaires. Ces subsides sont accordés, en général, sans conditions spéciales, et leur emploi est laissé à la discrétion des missionnaires : mais il y a aussi des grants spéciaux, accordés en vue de la construction de maisons d'école et d'achats de livres. Les dépenses totales du gouvernement pour l'éducation se sont élevées en 1906 à £14 000.

Quoique le Basutoland soit un territoire indigène, il existe à Maserou une école élémentaire pour les enfants européens, dirigée par la mission de l'Eglise d'Angleterre. Mais en général les enfants européens sont envoyés, pour leur éducation, dans la colonie d'Orange, dans celle du Cap, ou dans celle de Natal.

Pays des Souézis (Swaziland). — Le Swaziland est situé à l'est du Transvaal, et il n'en a été séparé, au point de vue administratif, que depuis quelques années. Il a une superficie de 6500 milles anglais carrés, et une population estimée à 85 484 habitants en 1906, dont une proportion relativement peu considérable sont des Européens.

L'éducation des indigènes est entre les mains des missionnaires ; mais aucun subside n'a été accordé jusqu'ici par le gouvernement aux diverses sociétés de missions. Deux écoles primaires pour les enfants européens ont été établies par le gouvernement, à Hlati-kulou et à Bremersdorp ; il a ouvert aussi, au « kraal » de la régence, une école indigène, au nombre des élèves de laquelle se trouve le jeune «grand chef ».

6. — Afrique orientale

Protectorat du Pays des Somalis. — Ce protectorat, établi en 1884, s'étend sur la côte du golfe d'Aden, et a une superficie d'environ 68 000 milles anglais carrés ; sa population est d'environ 300 000 habitants. Il est très peu développé encore ; dans ces dernières années, il a été le théâtre d'opérations de guerre contre un chef religieux musulman qu'on appelait le Mullah Somali. Il y a trois écoles gouvernementales, dans les villes de Berbera, de Bulhar et de Zeyla. L'entretien de ces écoles a coûté, en 1906, 1545 roupies: elles ont été fréquentées par 180 élèves pour la plupart enfants de commerçants arabes ou hindous. Il y a aussi à Berbéra une mission catholique romaine et un couvent où les enfants somalis reçoivent une instruction gratuite ; on leur enseigne à lire et à écrire l'anglais, et quelques-uns ont obtenu du gouvernement des places comme écrivains ou télégraphistes. Il n'existe pas d'établissement d'enseignement secondaire ni technique.

Protectorat de l'Afrique orientale. — Ce protectorat est situé sur la côte orientale de l'Afrique, entre le protectorat italien de la côte des Somalis et l'Afrique orientale allemande ; il est limité à l'ouest par l'Ouganda. Il a une superficie d'environ 200 000 milles anglais carrés, et une population estimée à 3 ou 4 millions d'habitants. Le protectorat a été constitué en 1895.

L'éducation des indigènes est encore entre les mains des diverses sociétés missionnaires, dont le nombre est actuellement de onze. Leurs établissements avaient, en 1906, 2500 élèves, auxquels on enseigne la lecture, l'écriture, et l'histoire biblique. Quelques-unes de ces sociétés, en particulier la Société des missions de l'Eglise d'Angleterre, la mission de l'Afrique intérieure, et la mission du Saint-Esprit, ont organisé un enseignement professionnel ; la première de ces sociétés a en outre une high school, qui donne une instruction d'un degré plus élevé, une école normale pour les instituteurs, et une école de théologie où sont préparés des candidats au ministère ecclésiastique.

Pour l'éducation des enfants arabes et des enfants souahélis (qui sont musulmans), il y a à Mombasa et dans d'autres villes de la côte des écoles coraniques où ils apprennent à lire et à écrire l'arabe. A Nairobi (capitale du protectorat), il y a deux écoles pour les enfants blancs, tenues, l'une, par la mission du Saint-Esprit, l'autre par la Compagnie du chemin de fer de l'Ouganda pour les enfants de ses employés ; dans cette dernière école, les élèves paient une rétribution, et les dépenses que cette rétribution ne suffit pas à couvrir sont supportées par le gouvernement ; les branches d'enseignement sont la lecture, la dictée, l'écriture, l'arithmétique, la géographie, la grammaire, la géométrie et l'algèbre (au 6° standard), le dessin, la composition. La Compagnie a aussi fondé une école pour les enfants de ses employés hindous. Ces deux écoles ont coûté au gouvernement 8644 roupies en 1906.

Pour le moment, le gouvernement n'accorde pas de subsides aux écoles des missions ; mais on espère que dans un prochain avenir il commencera à leur donner un appui financier.

Protectorat de l'Ouganda. — Le protectorat de la Grande-Bretagne sur le royaume d'Ouganda a été proclamé en 1894. Ce pays, situé au nord et à l'ouest du Victoria Nyanza, a une population d'environ 4 millions d'habitants: les indigènes sont en général beaucoup plus intelligents que les autres noirs de l'Afrique. Jusqu'à présent, le gouvernement n'a pas subventionné l'instruction primaire, qui est entièrement entre les mains de trois sociétés missionnaires, la Société des missions de l'Eglise d'Angleterre (protestante), la mission des Pères Blancs (catholique), et la mission de Mill Hill (catholique). D'après les plus récentes statistiques, la première de ces sociétés avait 58 écoles avec 12 878 élèves, la seconde 45 écoles avec 13 380 élèves, la troisième 11 écoles avec 1091 élèves. Dans les écoles catholiques l'instruction est gratuite ; dans les écoles protestantes, une minime rétribution est exigée lorsque les parents ont le moyen de payer.

Les branches d'enseignement sont la lecture, l'écriture, la géographie, et l'histoire biblique ; pour les commençants, c'est le louganda (l'idiome du pays) qui est la langue d'enseignement ; pour les élèves plus avancés, c'est l'anglais. L'enseignement agricole joue un rôle important. En outre, la Société des missions de l'Eglise d'Angleterre a des écoles professionnelles spéciales où les métiers de charpentier, de typographe, de maçon en briques, etc., sont enseignés par des maîtres européens.

Des essais d'enseignement secondaire ont été commencés : la Société des missions de l'Eglise d'Angleterre a ouvert en 1905 deux high schools, l'une pour des fils de chefs indigènes, l'autre pour des jeunes filles ; les Pères Blancs ont aussi deux écoles secondaires, et la mission de Mill Hill une. Le gouvernement est venu en aide à ce mouvement en créant dix bourses d'enseignement secondaire de £ 10 chacune.

Protectorat du Pays de Nyassa (Nyasaland). — Ce protectorat, qui jusqu'en 1906 s'est appelé « protectorat de l'Afrique centrale britannique », n'a été constitué qu'en 1891. Les conditions du climat sont défavorables pour les Européens, mais le pays compte une population indigène relativement dense. L'éducation des indigènes est encore dans son enfance : elle a été donnée jusqu'ici exclusivement par les missions et à leurs frais. Il y avait, en 1906, 58 018 élèves dans les écoles des missionnaires. Presque partout, l'enseignement professionnel forme une partie essentielle de l'instruction donnée. Depuis 1900, les sociétés de missions ont reconnu la nécessité d'unifier l'organisation et le programme de leurs écoles ; en 1905, presque toutes se sont trouvées d'accord pour adopter un plan commun, qui a été consigné dans le Central African Educational Code. Ce plan, disent ceux qui l'ont établi, « institue un système complet d'éducation depuis le travail le plus élémentaire jusqu'au plus élevé. Il comprend des codes pour les diverses catégories d'études, éducatives, industrielles et médicales,, définit les capacités qui doivent être exigées des instituteurs indigènes, la durée et l'étendue de leur préparation professionnelle, définit ce que doit être l'année scolaire et la journée scolaire, donne l'emploi du temps dans les diverses catégories d'écoles, et organise une inspection spéciale. »

Un établissement mérite une mention particulière : c'est l'Overtown Missionary Institution, fondée en 1904 avec l'objet spécial d'offrir aux indigènes un degré supérieur d'instruction. Cette institution reçoit des élèves d'endroits aussi éloignés que les lacs Tanganyika et Mouérou à l'ouest, et le Natal au sud.

En 1907, le gouvernement du protectorat a consacré une somme de £ 1000 à subventionner l'instruction des indigènes ; elle doit être distribuée proportionnellement entre les missions de toutes les confessions qui travaillent à l'oeuvre de l'éducation. Le rapport du commissaire du protectorat pour 1906 s'exprime ainsi : « Le désir d'instruction parmi les indigènes est très remarquable : on en voit beaucoup, lorsqu'ils ont commencé à étudier, consacrer des heures de leur temps libre à répéter à haute voix les leçons de leur livre de lecture ».

Ile Maurice et île Rodrigues. — Ces îles furent découvertes en 1505 par le Portugais Mascarenhas, en l'honneur duquel tout l'archipel (île Bourbon, île Maurice, île Rodrigues) a été nommé les Mascareignes. Les Hollandais s'emparèrent de ces îles en 1593, et donnèrent à l'une d'elles le nom de Maurice en l'honneur du prince Maurice d'Orange. Les Français leur enlevèrent en 1646 la plus grande des trois îles, et l'appelèrent île Bourbon, nom changé, à la Révolution, en celui d'île de la Réunion ; puis en 1710 ils occupèrent les deux autres îles, et appelèrent l'île Maurice île de France, nom qu'elle porta pendant un siècle. En 1810, les Anglais s'emparèrent des trois Mascareignes ; aux traités de 1815, ils rendirent à la France l'île Bourbon, mais gardèrent les deux autres, et l'île de France redevint l'île Maurice. L'île Maurice a une superficie d'environ 700 milles anglais carrés, et une population (en 1906) d'environ 383 000 habitants, composée en majorité de personnes de descendance hindoue nées dans la colonie ; il y a aussi beaucoup de descendants des colons français ; la langue française est parlée dans toute l'île, et est restée la langue officielle jusqu'en 1847. Le Collège royal a été fondé en 1810, la première école primaire deux ans plus tard. Le système actuel d'instruction primaire et secondaire est fondé sur l'ordonnance n° 32 de 1899, et sur un Code scolaire qui en est le développement.

L'instruction primaire est dirigée par un Comité de l'instruction primaire, que préside le directeur de l'instruction publique. Il y a deux catégories d'écoles : les écoles gouvernementales et les écoles subventionnées, celles-ci appartenant à diverses confessions religieuses. En 1906, il y avait 67 écoles gouvernementales, avec 5491 élèves, et 88 écoles subventionnées, avec 6425 élèves. L'instruction n'est pas obligatoire.

Les écoles des deux catégories ont en commun les conditions suivantes : a) elles donnent le même type d'instruction ; b) les instituteurs doivent être munis des mêmes certificats ; ils reçoivent un traitement calculé de la même façon, et composé d'un traitement fixe et de subsides accordés selon les résultats de l'examen annuel. Les écoles subventionnées diffèrent des écoles gouvernementales en ceci : que, pour les premières, un quart seulement des dépenses relatives au bâtiment scolaire est payé par le gouvernement ; qu'elles ont des administrateurs qui nomment et révoquent les instituteurs ; et que l'instruction religieuse peut y être donnée à la discrétion des administrateurs sous la réserve d'une « conscience clause ». Dans les écoles du gouvernement, une heure particulière est réservée pour un enseignement religieux facultatif.

Les branches obligatoires d'enseignement sont : l'anglais et le français (lecture, écriture et conversation), l'arithmétique ; tes branches facultatives sont : la géographie, les éléments des sciences (pour les garçons), les travaux à l'aiguille (pour les filles). La gymnastique figure au programme de toutes les écoles ; et, dans quelques-unes, il y a. des classes d'enseignement manuel. Jusqu'au 3e standard (il y a six standards en tout), la langue d'enseignement peut être soit l'anglais, soit le français ; au-delà du 3e standard, l'anglais seul peut servir de langue d'enseignement.

Il existe en outre des écoles de « demi-temps » (tant gouvernementales que subventionnées) pour les enfants hindous qui sont occupés à un travail manuel une partie de la journée.

Le gouvernement a établi deux écoles normales, l'une pour les instituteurs, l'autre pour les institutrices ; et, comme un lien entre l'enseignement primaire et l'enseignement secondaire, il accorde des bourses à quelques élèves de l'un et de l'autre sexe.

L'enseignement secondaire est dirigé par un Comité de l'instruction supérieure, que préside le directeur de l'instruction publique. Pour les garçons, l'établissement principal est le Collège royal, à Port-Louis (la capitale), institution gouvernementale, avec deux écoles préparatoires et 25 écoles affiliées ; ce Collège a une section classique et une section moderne ; il prépare ses élèves à l'examen d'immatriculation de l'université de Londres et à la « Cambridge Senior Local Examination ». Deux bourses, de la valeur de £ 1000 chacune, permettent à deux étudiants de continuer leurs éludes hors de la colonie, généralement dans une université anglaise. Pour les filles, il existe 22 écoles secondaires recevant des subsides ; les branches d'enseignement sont l'anglais, le français, l'histoire, la géographie, les mathématiques, le latin, la musique, le dessin, les travaux à l'aiguille et la religion.

Pour l'enseignement industriel, le gouvernement accorde chaque année huit bourses d'apprentissage dans les ateliers de chemins de fer de l'Etat, et deux bourses d'apprentissage dans le jardin botanique de l'Etat ; en outre, la chimie agricole est enseignée au Collège royal à des catégories spéciales d'étudiants.

L'île Rodrigues (longue de 25 kilom., large de 10 ; population, environ 3000 habitants), à 500 kilom. environ à l'est-nord-est de l'île Maurice, a été également enlevée à la France en 1810. Elle relève administrativement de l'île Maurice : on y comptait, en 1906, 2 écoles gouvernementales, à Saint-Gabriel et Port-Mathurin.

Iles Seychelles et îles Amirantes. —. La colonie des Seychelles comprend l'archipel des Seychelles, dans l'Océan indien (89 îles, superficie 148 milles anglais carrés, population 20 976 habitants en 1906) et l'archipel des Amirantes, au sud-sud-ouest de celui des Seychelles (12 petites îles, avec une population très minime). Le nom des Seychelles vient du contrôleur général des finances Moreau de Séchelles ; les Amirantes furent nommées Ilhas del Almirante (îles de l'Amiral) par les Portugais, en l'honneur de Vasco de Gama. Les deux archipels furent occupés d'abord par les Portugais, puis par les Français ; la Grande-Bretagne les possède depuis 1814. Ils ont été séparés en 1903 de l'île Maurice, de laquelle ils dépendaient administrativement, et constitués en une colonie distincte.

Le système d'éducation, aux Seychelles, date de 1873 ; il est actuellement régi par l'ordonnance n° 30 de 1900 (légèrement amendée depuis) et par un Code scolaire qui en a développé les dispositions. L'éducation est placée sous l'autorité d'un Board composé du gouverneur et du Conseil exécutif: ce Board est assisté d'un Comité d'éducation.

Les écoles primaires sont des écoles subventionnées appartenant à des sociétés religieuses. En 1906 il y avait 27 de ces écoles, dont 23 appartenaient à des catholiques romains et 4 à l'Eglise d'Angleterre. Pour obtenir un subside du gouvernement, ces écoles doivent, entre autres conditions : avoir des instituteurs approuvés par le Board of Education ; être fréquentées par au moins 15 élèves dans les districts ruraux, et par au moins 20 à Victoria, la capitale (dans l'île de Mahé) ; être accessibles à tous les enfants sans distinction de religion ni de race ; ne pas donner d'enseignement religieux à leurs élèves sans le consentement des familles. Tous les instituteurs payés par le Board doivent être munis d'un certificat. Leur rémunération se compose essentiellement d un subside calculé d'après le résultat de l'examen des élèves dans les branches obligatoires ; elle comprend en outre un subside pour les branches facultatives, un subside de fréquentation, et un traitement fixe. Les branches obligatoires sont : l'anglais (lecture et écriture) et l'arithmétique ; les branches facultatives: là récitation, la géographie, l'histoire, le français, les travaux à l'aiguille (pour les filles) ; le dessin et la gymnastique sont aussi enseignés dans quelques écoles. L'instruction n'est pas obligatoire. Le langage des indigènes est un patois qui ressemble au français des îles Maurice et Bourbon.

Il y a trois écoles secondaires, toutes trois à Victoria : le collège Saint-Louis pour les garçons, le collège Saint-Joseph pour les filles, et l'école Victoria, école gouvernementale non-confessionnelle, pour les garçons, qui donne en outre une instruction primaire du même type que celle qui est donnée dans les écoles subventionnées. Deux bourses d'une valeur annuelle de 600 roupies, et d'une durée de quatre ans, sont accordées chaque année aux élèves qui ont subi avec le plus de succès les « Cambridge Local Examinations », pour leur permettre de continuer leurs études soit au Collège royal de l'île Maurice, soit dans quelque autre établissement public des possessions britanniques.

Depuis 1901, des bourses sont mises au concours pour des places d'élève à l'hôpital public, et d'apprenti industriel à la station botanique gouvernementale.

Le nombre total des élèves inscrits dans les écoles aux îles Seychelles (le collège Saint-Joseph mis à part) a été de 2588, avec une fréquentation moyenne de 1959 ; la dépense totale du gouvernement pour l'éducation a été de 25 733 roupies en 1906.

Dans les îles Amirantes, le chiffre de la population est trop minime pour que l'administration ait essayé d'y créer des écoles.

Océanie.

Bornéo. — La partie nord de l'île de Bornéo forme un territoire placé sous le protectorat britannique, et administré (comme la Rhodesie en Afrique) par une compagnie commerciale, la British North Borneo Company. En outre, deux Etats indigènes, ceux de Sarawak et de Brouni, sont également sous le protectorat du gouvernement britannique. L'Eglise d'Angleterre et l'Eglise catholique ont des missions à Bornéo, et la première y a établi quelques écoles. Dans l'Etat de Sarawak, l'évêque de Singapour et Sarawak a établi une école de mission et une école de filles: la mission catholique y a aussi des écoles tant pour les garçons que pour les filles.

Nouvelle-Guinée. — Les possessions britanniques de Nouvelle-Guinée comprennent une partie de cette île (sur la côte est et la côte sud), et quelques îles adjacentes ; ces possessions forment aujourd'hui un territoire rattaché à la Confédération australienne. Les habitants de race européenne sont au nombre d'environ 700 ; on évalue la population indigène (les Papous) à 350000 habitants. L'éducation est entre les mains de sociétés de missionnaires : la Société des missions de Londres, la mission catholique (congrégation du Sacré-Coeur), la mission méthodiste australienne, et la mission de l'Eglise d'Angleterre. Le gouvernement n'accorde actuellement de subvention qu'à une seule école, celle de la mission anglicane à Samaraï.

L'enseignement est donné en partie par les missionnaires eux-mêmes, en partie par des instituteurs indigènes (une école normale pour la préparation des instituteurs indigènes a été construite en 1906 par la mission australienne). En quelques endroits ont été ouvertes des écoles anglaises, c'est-à-dire des écoles où l'anglais est la seule langue d'enseignement ; un soin tout particulier est donné à l'enseignement industriel. Le rapport de l'administrateur pour 1906 parle en ces termes d'une école industrielle établie par la Société des missions de Londres : « A Konato on peut voir un hangar plein de roues et de courroies bruissantes et sifflantes, de scies circulaires et verticales, outre une raboteuse et un tour: tout cet outillage est manoeuvré, ainsi que le moteur à vapeur, par des jeunes Papous, sans l'aide d'aucun Européen ».

Iles Fidji, et autres possessions du Pacifique. — Les îles Fidji, au nombre d'environ 200, sont situées clans l'océan Pacifique Sud. Découvertes en 1643, elles sont devenues une colonie britannique en 1874, à la suite de la cession faite de l'archipel par les chefs indigènes. On y trouve une population européenne d'environ 2500 habitants, et une population hindoue d'environ 26 000 habitants, en plus de la population fidjienne.

L'éducation des indigènes est presque entièrement entre les mains des missionnaires (wesleyens et catholiques romains). Les wesleyens ont 1141 écoles avec 2162 instituteurs et 17 118 élèves, et de plus une école normale pour former des instituteurs indigènes ; les catholiques ont 159 écoles avec 210 instituteurs et 1880 élèves. Le programme comprend la lecture, l'écriture, l'arithmétique, la géographie élémentaire et l'instruction religieuse.

Le gouvernement a fondé pour les indigènes une école industrielle où l'on enseigne l'élevage du bétail, l'agriculture, la charpente et la construction des bateaux. Les indigènes qui ont reçu l'enseignement de cette école sont désignés sous le nom de « Mataï Taoukeï ».

L'instruction publique autre que celle destinée aux indigènes est régie par des ordonnances de 1890 et 1891 : elles prévoient la création de districts scolaires et la formation de School Boards pour diriger les écoles. Il n'a été créé jusqu'à présent que deux districts scolaires, celui de Souva (la capitale de l'archipel) et celui de Levouka. Dans chacun de ces districts l'instruction est obligatoire et gratuite pour les enfants de six à treize ans ; chaque School Board doit posséder une école publique dont les dépenses sont couvertes : a) par un subside gouvernemental, calculé sur la fréquentation moyenne ; b) par la rétribution que paient les enfants âgés de moins de six ans et de plus de treize ans ; c) par une taxe locale. Le chiffre dépensé en subsides par le gouvernement a été de £ 1749 en 1906.

Les branches d'enseignement prévues par l'ordonnance de 1890 sont (outre la lecture, l'écriture et l'arithmétique) la grammaire, la géographie, l'histoire d'Angleterre, le chant ; dans les deux écoles de Souva et de Levouka on y ajoute les éléments des sciences naturelles, le dessin, la gymnastique et (à l'école de Levouka) le jardinage. Il n'y a pas d'enseignement religieux. Les instituteurs en chef doivent posséder les certificats que prévoient les lois sur l'instruction publique de la Grande-Bretagne ou de l'Australie. L'inspection est confiée aux soins d'un inspecteur gouvernemental résidant à Melbourne.

L'enseignement secondaire peut être donné à l'école du School Board ; les élèves qui le suivent paient une rétribution spéciale ; il comprend les mathématiques, le latin, les langues modernes, la comptabilité, la chimie et la physique.

Il existe trois écoles pour les enfants européens, tenues par la mission catholique romaine, qui ne reçoivent pas de subsides.

Le gouverneur des îles Fidji est en même temps commissaire supérieur pour le Pacifique occidental, où se trouvent plusieurs groupes d'îles placés sous le protectorat britannique, et une colonie, l'île Piteairn. Les plus importants de ces groupes sont :

1° L'archipel des Tongas ou îles des Amis, avec une population indigène de plus de 20 000 habitants de race polynésienne. Tous les indigènes de ces îles apprennent à lire et à écrire ; et un enseignement d'ordre plus élevé leur est donné dans des collèges établis par le gouvernement et par une des sociétés de missionnaires (les wesleyens) ;

2° Les îles Ellice et Gilbert, avec environ 30 000 habitants indigènes, de race polynésienne. Quatre sociétés de missionnaires sont à l'oeuvre dans ces îles ;

3° Les îles Salomon du Sud, avec une population estimée à 150 000 habitants, de race noire. Quatre sociétés de missionnaires y sont établies ;

4° Les Nouvelles-Hébrides, dont le gouvernement britannique partage le protectorat avec le gouvernement français, en vertu d une convention signée en 1906. Trois sociétés de missionnaires (presbytériens, catholiques romains, et la mission mélanésienne) sont à l'oeuvre dans l'archipel.

Quant à l'île Piteairn, qui est une colonie britannique, elle a seulement deux milles anglais carrés de superficie et une population d'environ 150 habitants ; ceux-ci appartiennent presque tous à la secte dite des « Adventistes du septième jour » ; des écoles pour les adultes et pour les enfants ont été établies par la secte ; mais, d'après les rapports, elles sont actuelle ment négligées.

E. J. Harding