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Colonies Allemandes

 L'Allemagne possède depuis 1884 des colonies en Afrique et en Océanie.

Afrique. ? Les colonies allemandes en Afrique sont le territoire de Togo, le Cameroun, l'Afrique sud occidentale allemande, l'Afrique orientale allemande.

Togo. ? Le territoire de Togo est situé sur la Côte des Esclaves, entre le Dahomey (français) à l'est et la Côte de l'Or (anglaise) à l'ouest. Il est divisé en 8 districts. La capitale est Lomé, avec 6472 habitants, dont 139 blancs (1908). La population totale était, en 1908, de 168 blancs, et environ 900 000 indigènes. Il y a deux écoles du gouvernement (garçons), une à Lomé, avec 170 élèves, l'autre à Sébé, avec 105 élèves ; et une école d'ouvriers à Lomé avec 25 élèves. La Société des missions de l'Allemagne du Nord entretient 102 écoles avec 3347 élèves ; la Steyler Missionsgesellschaft, 144 écoles avec 5281 élèves ; la Mission wesleyenne, 6 écoles avec 429 élèves. Le rapport officiel publié par le gouvernement de la colonie (année 1907-1908) dit que, pour une grande partie des élèves, ce qui les attire surtout à l'école, ce sont les apparences extérieures, la différence dans la façon de s'habiller et dans le genre de vie : la conséquence de la fréquentation de l'école, pour ceux-là, c'est « qu'ils ne veulent plus manier la pioche pour cultiver la terre, ni se louer comme ouvriers, parce que ce genre d'occupation leur parait indigne d'eux ; et qu'ils constituent ainsi une classe de gens impropres au travail : c'est une tendance contre laquelle doivent énergiquement lutter tant l'administration que les missions ».

Cameroun. ? Le Cameroun, qui s'étend du golfe de Guinée jusqu'au lac Tchad, est limité à l'ouest par la Nigérie anglaise et les possessions françaises du Soudan, et au sud par le Congo français. Il est divisé en 21 districts. Capitale. Douala. La population de la colonie (1908) est de 1128 blancs et environ trois millions d'indigènes. Il y a trois écoles du gouvernement (garçons), une à Douala, avec 243 élèves, une autre à Victoria avec 200 élèves, la troisième à Garoua. Les missionnaires qui ont des écoles sont : la Société des missions de Bâle, avec 8319 élèves dans les Volksschulen, où l'enseignement se donné en langue douala, 126 élèves dans 2 écoles de filles (internats), 185 élèves dans 5 écoles de garçons (internats), 211 élèves dans 2 écoles allemandes de garçons, 225 élèves dans 3 écoles moyennes de garçons, 38 élèves dans le séminaire (à Bouéa) ; la Mission baptiste, avec 1434 élèves dans les Volksschulen, et 55 élèves dans une école de filles ; la Mission américaine, avec 1085 élèves dans les Volksschulen, et 929 élèves dans 4 internats (dont 156 filles) ; la Mission catholique, avec 4231 élèves (3786 garçons, 445 filles) dans 62 écoles.

« Le 12 décembre 1907 a eu lieu à Douala, sous la présidence du gouverneur, une conférence à laquelle ont pris part des représentants des différentes missions. L'objet principal de cette conférence était l'établissement d'un règlement commun pour les écoles du gouvernement et les écoles des missions, en vue de mesures à prendre pour la diffusion de la langue allemande, d'une entente pour la fixation des vacances, et de l'établissement d'un système de récompenses pour les meilleurs résultats obtenus en allemand. Le règlement projeté est en voie d'élaboration. La question du mariage chez les indigènes a été aussi débattue : il a été reconnu que les progrès de la colonisation permettent de prendre, au moins dans quelques districts de la côte, des mesures contre la polygamie, la vente des femmes, et les mariages d'enfants. » (Rapport officiel, 1908.)

Afrique sud-occidentale allemande. ? Ce territoire s'étend entre la colonie portugaise d'Angola, au nord, et la colonie anglaise du Cap, au sud. Il est divisé en 13 districts. Capitale, Windhoek. La population blanche est de 8213 habitants, dont 2249 du sexe féminin (1908) ; la population indigène est d'environ 60 000 habitants. Les missions évangéliques ont 16 établissements, la mission catholique en a 4 : mais le rapport officiel de 1907-1908 ne donne pas de statistique d'ensemble sur les écoles des missionnaires.

Afrique orientale allemande. ? Ce territoire est borné au sud par la colonie portugaise de Mozambique ; au sud et à l'ouest par la Rhodésie anglaise, à l'ouest par le Congo belge, au nord par l'Afrique orientale anglaise ; il touche aux trois grands lacs africains Nyassa, Tanganyika et Victoria Nyanza, et il a une étendue d'environ 500 kilomètres de côtes sur l'océan Indien. Il est divisé en 22 districts. Capitale : Dar-es-Salam. La population blanche est (1908) de 2845 habitants, dont 669 du sexe féminin ; le dernier rapport officiel (1907-1908) ne contient aucune indication relative au chiffre de la population indigène : elle peut être évaluée à sept millions d'habitants environ. Il existe dans la colonie 7 écoles primaires dirigées par des maîtres européens, avec 1292 élèves ; 4 écoles d'ouvriers, dirigées par des maîtres européens, avec 172 élèves ; 33 écoles (dont 24 écoles « de l'intérieur », Hinterlandschulen) dirigées par des maîtres indigènes, avec 2231 élèves ; 1 école pour des enfants boers, avec 17 élèves. Trois sociétés de missions allemandes, une société anglaise, une société américaine, trois congrégations catholiques, ont en outre fondé des écoles dont le nombre n'est pas indiqué.

Océanie. ? En Océanie, les possessions allemandes comprennent un territoire dans la Nouvelle-Guinée, qui, avec quelques îles adjacentes, forme la Nouvelle-Guinée allemande ; et l'archipel de Samoa, moins deux îles occupées par les Etats-Unis d'Amérique.

Nouvelle-Guinée allemande. ? Cette colonie est divisée en deux groupes.

A. L'ancien pays de protectorat, occupé par l'Allemagne en 1884, comprend : 1° sur la côte nord-est de la Nouvelle-Guinée, un territoire d'environ 180 000 kilomètres carrés, qui porte le nom de Kaiser-Wilhelmsland (Terre de l'Empereur Guillaume) ; 2° un groupe d'îles situé sur la côte nord-est de la Nouvelle-Guinée, désigné précédemment sous le nom d'archipel de la Nouvelle-Bretagne (île principales : Nouvelle-Bretagne, aujourd'hui Nouvelle-Poméranie ; Nouvelle-Irlande, aujourd'hui Nouveau-Mecklenburg), et que les Allemands ont rebaptisé Archipel Bismarck, avec les îles de l'Amirauté, au nord ; 3° une partie des îles Salomon, à l'est-sud-est de l'archipel Bismarck, dont elles forment administrativement une dépendance. La capitale de ce groupe est Herbertshöhe, dans l'île de Nouvelle-Poméranie. La population blanche (1908) comprend : dans l'archipel Bismarck et les îles Salomon, 463 habitants, dont 109 du sexe féminin ; dans la Terre de l'Empereur Guillaume, 184 habitants, dont 48 du sexe féminin. La population de couleur, non indigène, composée essentiellement de Chinois et dé Malais, comprend en tout 580 habitants, dont 54 du sexe féminin. Quant aux indigènes, de race papoue, ils ne sont pas recensés.

Une école du gouvernement pour les indigènes (garçons) a été ouverte en 1907 à Simpsonhafen, dans la Nouvelle-Poméranie ; cette école a compté en 1908 40 élèves. Partout ailleurs, l'enseignement est laissé aux soins des missionnaires : la Mission méthodiste a dans l'archipel Bismarck 176 écoles avec 5612 élèves ; une Mission catholique a 3 stations dans les îles Salomon ; une autre mission catholique a 8 stations en Nouvelle-Guinée ; quelques autres missionnaires sont encore établis dans diverses parties de la colonie.

B. Le second groupe comprend l'archipel des Carolines, l'archipel des Mariannes (moins l'île Guam, cédée aux Etats-Unis en 1898), et l'archipel des Palaos, acheté par l'Allemagne à l'Espagne en 1899, ainsi que les îles Marshall, occupées par l'Allemagne dès 1885.

Dans les Carolines de l'Est, qui forment un district, la population blanche (1907) est de 71 habitants, dont 22 femmes ; la population indigène n'est pas recensée. Il n'y a pas d'école du gouvernement. Les quelques missionnaires américains ont été remplacés presque entièrement par des missionnaires allemands. Des missionnaires catholiques ont aussi des écoles, dont quelques-unes sont dirigées par des maîtres indigènes. « Les missionnaires, dit le rapport officiel, se plaignent de l'irrégularité des élèves et de leur manque d'application. Quant aux soi-disant écoles dirigées par des indigènes, elles sont sans valeur ; les prétendus « instituteurs » apparaissent très ponctuellement à la fin de chaque mois pour toucher leur traitement, mais à cela paraît se borner leur activité ; aucun d'eux ne parle ou ne comprend l'allemand »

Dans les Carolines de l'Ouest, et dans les Mariannes et les Palaos qui leur sont administrativement rattachées, la population blanche (1907) est de 88 habitants, dont 25 femmes ; la population de couleur, tant indigènes que Chinois, etc., est de 18 128 habitants. Il y a une école du gouvernement à Saïpane (Mariannes), fréquentée par 211 élèves (indigènes, garçons et filles). Les capucins ont 6 écoles, dans l'île de Yap (Carolines de l'Ouest) et dans celle de Palaos.

Dans les îles Marshall, la population blanche (1er janvier 1908) était de 162 habitants, dont 88 Allemands ; il y avait 191 Polynésiens non indigènes, 105 métis, et 627 Chinois ; le nombre des indigènes, dans l'île principale, Yalouit, était de 955 ; dans les autres îles, la population indigène n'est pas recensée. Il n'existe pas d'école du gouvernement. Les missionnaires catholiques ont 4 écoles, fréquentées par 197 élèves ; les écoles de la Mission évangélique de Boston sont fréquentées par 945 élèves (l'île Naourou non comprise).

Samoa. ? L'archipel de Samoa est composé de trois îles principales et de trois îles secondaires. En vertu d'une convention conclue en 1899, l'Allemagne occupe deux des îles principales, Savaii et Oupolou, ainsi que les petites îles Apolima et Manono dépendant d'Oupolou ; les Etats-Unis ont l'île de Toutouïla et la troisième des petites îles. La population blanche des quatre îles allemandes comprend (1908) 436 habitants, dont 97 du sexe féminin ; la population de couleur non indigène comprenait (1907) 885 métis, 1104 Chinois, et 1347 Polynésiens ; la population indigène, recensée en 1906, s élevait à 33 478 habitants. Il y a une école du gouvernement avec 126 élèves (74 garçons, 56 filles), dont 4 blancs, 121 métis, 1 polynésien. En dehors de cette école, l'enseignement est laissé aux mains des missionnaires, qui sont de trois sortes : la Société des missions de Londres, une Mission catholique et une Mission mormone (dont les adhérents ont triplé en nombre de 1907 à 1908).