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Colombie

 On a d'abord appelé Colombie une vaste république formée en 1819 par l'union de la Nouvelle-Grenade, du Venezuela et de l'intendance de Quito (Equateur). En 1831, cette union fut dissoute, et chacun des trois territoires se constitua en un Etat séparé. La Nouvelle-Grenade, devenue ainsi une république autonome, vécut d'abord sous le régime d'une constitution unitaire, de 1831 à 1860 ; puis, à la suite d'une révolution, elle adopta la forme fédérative, et prit le nom d'Etats-Unis de Colombie, qu'elle a porté pendant vingt-six ans ; enfin, une autre révolution a rétabli en 1886 le régime unitaire : mais la Nouvelle-Grenade n'a pas repris son ancien nom, et elle s'appelle aujourd'hui République de Colombie. La province de Panama s'est séparée de la Colombie en 1903 pour se constituer en Etat indépendant.

Le territoire actuel de la république de Colombie a une superficie de 127 372 kilomètres carrés ; sa population est d'environ cinq millions d'habitants ; la race blanche forme environ la moitié de la population, la race noire 35 %, la race américaine ou indienne 15 %, dont 220 000 Indiens à l'état sauvage. La république se composait, à l'origine, de neuf provinces, qui, à l'époque du régime fédératif, formaient autant d'Etats particuliers : Antioquia, Bolivar, Boyaca, Cauca, Cundinamarca, Magdalena, Panama, Santander et Tolima. Ces Etats n'étaient toutefois souverains que dans les limites de la constitution fédérale, laquelle réservait au pouvoir fédéral la direction de certaines branches de l'administration : l'instruction publique était au nombre des objets ainsi réservés.

Antérieurement à la constitution nouvelle de 188f>, l'instruction publique était dirigée, dans toute l'étendue des Etats-Unis de Colombie, par un secrétaire d'Etat faisant partie du ministère fédéral. Chacun des neuf Etats possédait, en outre, un directeur de l'instruction publique dépendant du ministre, et chaque directeur avait sous ses ordres autant de surintendants qu'il y avait de départements (le département était alors une subdivision de la province). Les départements étaient divisés en districts, dans chacun desquels l'administration des affaires scolaires était confiée à une commission scolaire composée de trois membres nommés par le surintendant. Cette commission veillait à la fréquentation de l'école primaire, qui était obligatoire pour tous les enfants de l'âge de huit ans à celui de quatorze ; elle devait travailler à la fondation d'écoles rurales dans les villages éloignés des centres de population ; elle s'assurait, au moyen d'examens mensuels, de l'avancement des élèves, et adressait tous les mois un rapport au surintendant.

Le programme de l'enseignement primaire public comprenait les branches suivantes : lecture, écriture, arithmétique, géographie générale et nationale, histoire, agriculture, botanique, zoologie, français, anglais, allemand, espagnol et exercices militaires.

Cette organisation de l'enseignement national avait été créée en 1870, sous la présidence du général Salgar. Des maîtres allemands furent appelés à cette époque, et des écoles normales furent fondées. Toutefois l'oeuvre ne s'accomplit pas sans rencontrer d'opposition. Les écoles publiques ayant un caractère complètement laïc, l’absence de l'enseignement religieux fut le prétexte d'une révolte qui eut lieu en 1876, à l'instigation des évêques du Cauca et d'Antioquia ; mais le président, M. Parra, vint à bout de rétablir l'ordre.

Le nombre des écoles primaires publiques était évalué, en 1883, à 1500 environ, et celui de leurs élèves à 75 000.

A la même époque, l'enseignement secondaire était représenté par des collèges existant dans les principales villes, par des séminaires de théologie ; l'enseignement spécial et supérieur, par l'école navale à Carthagène, l'école des mines à Antioquia, l'école militaire, les écoles d'architecture, de peinture et de musique à Bogota, et par plusieurs universités.

A la suite de la guerre civile qui amena le renversement du régime fédératif, et qui couvrit le pays de ruines, l'instruction publique à tous les degrés se trouva presque complètement anéantie. Mais l’un des premiers soins de l'Assemblée nationale qui rédigea la nouvelle constitution fut d'ordonner la réouverture des écoles. Ce fut l'objet de la loi du 18 août 1886, en trois articles, ainsi conçus :

« ARTICLE PREMIER. — Le gouvernement est autorisé à réorganiser l'instruction publique nationale.

« ART. 2. — Le gouvernement exercera, à l'égard de l'instruction primaire, les pouvoirs qui appartiennent aux assemblées départementales, jusqu'à ce que ces corps soient légalement constitués.

« ART. 3. — Aucun emploi public n'est incompatible avec les fonctions de professeur de l'enseignement secondaire ou professionnel, et ceux qui donnent cet enseignement peuvent également occuper plusieurs chaires. Dans ces divers cas, les traitements sont cumulés. »

Le décret du 9 octobre 1886, qui réorganisa l'instruction primaire, mit les écoles normales à la charge de l'Etat ; les écoles urbaines de filles, ainsi que les écoles de hameau, à la charge des départements ; les écoles urbaines de garçons, et les écoles rurales pour l'un et l'autre sexe (sauf les écoles de hameau), à la charge des districts. L'enseignement de la religion catholique fut rendu obligatoire dans toutes les écoles, et dut être donné par l'instituteur à défaut du curé. Les lois des 7 novembre 1888 et 26 décembre 1890 achevèrent l'oeuvre de réorganisation.

Un peu plus tard, une nouvelle loi organique sur l'instruction publique fut votée, le 13 décembre 1892 ; elle fut complétée par la loi du 20 janvier 1893, relative à l'instruction primaire publique. C'est cette législation qui est encore actuellement en vigueur.

Le ministère de l'instruction publique a un organe officiel qui paraît à Bogota depuis 1881, et qui s'appela d'abord Anales de la instruccion publica ; la publication en fut interrompue pendant la guerre civile, et fut reprise en juin 1886. A partir de 1893, ce journal a pris le nom de Revista de instruccion publica.

En 1908 une nouvelle division territoriale a été adoptée, dans laquelle le mot de département a été substitué à celui de province, tandis que, inversement, le terme de province indique désormais une subdivision du département : le territoire est divisé en vingt-six départements, ceux de Medellin, Antioquia, Jerico, Sonson, Quibdo, Pasto, Tumaco, Ipiales, Popayan, Cali, Buga, Neiva, Ibagué, Facatativà, Bogota (district capital), Zipaquirà, Tunja, Santa Bosa, San Gil, Bucaramanga, Cucuta, Santa Marta, Barranquilla, Cartagena, Mompos, Sincelejo, auxquels s'ajoutent l'intendance de la Goajira, et la jefatura civile et militaire de El Meta. Les vingt-six départements forment un total de 96 provinces.

Selon les renseignements qui nous sont obligeamment communiqués par M. Juan E. Manrique, ministre de Colombie à Paris, il y avait, au moment où a été faite la dernière statistique scolaire, 2750 écoles primaires avec 236985 élèves. A partir de 1906, grâce à l'impulsion qui lui a été donnée sous la présidence du général Rafael Reyes, l'instruction primaire a fait de grands progrès ; les écoles du soir pour les ouvriers, récemment créées, ont donné d'excellents résultats. Il y a des écoles normales dans un certain nombre de chefs-lieux de département. Les collèges d'enseignement secondaire sont nombreux : on en trouve à Bogota, Medellin, Bucaramanga, Tunja, San Gil, Cali, Buga, Ibagué, Barranquilla, Pasto, Cucuta, Pamplona, Zipaquira, Manizales, Neiva, etc.

Nous avons déjà mentionné les principaux établissements d'enseignement technique, spécial et supérieur que possède la Colombie. Les universités sont au nombre de quatre, celles de Bogota, d'Antioquia, de Popayan et de Carthagène.