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Colburn (Warren)

 Célèbre mathématicien et pédagogue fort estimé des Etats-Unis, né à Dedham (Massachusetts) en 1793, mort en 1833. Comme il était l'aîné d'une famille très pauvre, il ne fréquenta qu'irrégulièrement l'école primaire, et se forma pour ainsi dire par lui-même. Il travailla d'abord aux champs, puis dans une manufacture, où son goût pour la mécanique l'avait fait entrer et le fit remarquer. Il parvint par un admirable effort de volonté à compléter ses études, et put être admis à vingt-quatre ans à Harvard Collège. Il s'y distingua tout de suite par son aptitude pour les mathématiques. A sa sortie de Harvard (1821), il dirigea une institution de jeunes gens à Boston. En 1823, il quitta l'enseignement pour prendre là direction d'une filature.

D'abord comme chef d'institution, puis comme membre de la commission des écoles publiques, il rendit de grands services à l'enseignement primaire ; ce fut lui qui introduisit en Amérique un nouveau mode d'enseignement de l'arithmétique, substituant l'étude raisonnée et réfléchie aux procédés purement mécaniques et mnémoniques jusqu'alors en usage ; il avait très bien vu comment le calcul pouvait servir à développer les facultés intellectuelles des enfants.

On a dit à tort qu'il n'avait fait qu'appliquer à cette branche de l'enseignement les idées de Pestalozzi. Sans doute il s'était inspiré de la méthode du célèbre pédagogue suisse, mais c'était bien une conception originale qu'il développait dans son discours sur l'enseignement de l'arithmétique à l'Institut américain d'instruction, en 1830, et qu'il résumait par cette formule : « L'ancienne méthode faisait apprendre les règles dans un livre, la nouvelle les fait découvrir par l'élève : celui-ci commence par des exercices pratiques de calcul mental sur des nombres assez petits pour qu'il puisse aisément raisonner sur ces exemples ; il remarque comment il a opéré, ce qui lui donne une idée de la manière dont il faudra procéder une autre fois en pareil cas. C'est ainsi qu'il se donne des règles à mesure qu'il opère : ces règles ne sont que la généralisation des raisonnements qu'il vient de faire et dont il a vu l'heureux résultat. »

C'est dans ses Premières leçons d'arithmétique, publiées en 1821, que Colburn appliqua et expliqua ce nouveau système d'enseignement élémentaire de l'arithmétique dans lequel il comprend, presque dès le début, des exercices gradués de calcul mental sur les fractions les plus usuelles, « Ce n'est pas moi, disait-il, qui ai fait ce cours d'arithmétique pour mes élèves, ce sont mes élèves qui me l'ont fait. »

Ce petit livre fit époque. Vivement discuté d'abord, il finit par être adopté non seulement aux Etats-Unis, mais dans tous les pays où la langue anglaise est en usage.

On doit encore à W. Colburn : Suite aux premières Leçons d'arithmétique, 1824 ; l'Algèbre, 1828 ; et une série de livres de lecture pour les classes élémentaires, composés aussi d'après la méthode intuitive. Chaque volume est précédé de quelques notions de grammaire et accompagné d'une instruction pour le maître.

Outre les progrès qu'il fit faire à l'enseignement primaire, W. Colburn chercha à répandre l'instruction dans les classes ouvrières par de nombreuses conférences populaires sur les sciences physiques et naturelles, de 1825 à 1828.

Jeanne Gautier