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Chevé (Emile-Josph-Maurice)

 Né le 31 mai 1804 à Douarnenez (Finistère), mort à Paris le 26 août 1864. Il entra dans la marine à l'âge de seize ans. Ayant fait de fortes études, il obtint les diplômes de chirurgien et de docteur en médecine et fut, en 1830, décoré au Sénégal pour ses services. Revenu à Paris en 1835, il professait les sciences médicales et mathématiques, lorsqu'il eut l'occasion de suivre les cours d'Aimé Paris, qui propageait une nouvelle méthode de musique due à Galin ; il s'enthousiasma pour cette méthode, épousa la soeur d'Aimé Paris, qui professait elle-même avec ardeur les mêmes idées, et devint un des apôtres de l'école musicale nouvelle. Cette méthode, introduisant au début de l'enseignement une écriture simplifiée, qui représente les notes de la gamme par les sept premiers chiffres, reçut populairement le nom de méthode de musique chiffrée.

En 1841, 1842 et 1843, Chevé expérimenta la méthode à Lyon avec un plein succès sur les canonniers du 12° régiment d artillerie et les soldats du gymnase. En 1844, il commença à Paris des cours de musique qu'il continua jusqu'à sa mort. Dans une période de dix-sept ans, de 1843 à 1860, Emile Chevé a fait 154 cours, dont 43 gratuits. Il a publié divers ouvrages de controverse et provoqué différents concours entre l'école musicale actuelle et l'école nouvelle, malgré ses efforts, la nouvelle méthode ne fut pas adoptée officiellement.

Mme Emile Chevé, née Nanine Paris, qui est le véritable auteur de la partie pratique de la méthode, a consacré aussi toute sa vie à l'enseignement de la musique. On doit à la collaboration de M. et Mme Emile Chevé une Méthode élémentaire de musique vocale, théorie et pratique, chiffrée et portée ; — une Méthode d'harmonie et de composition, 2 vol. in-4° ; — 800 duos gradués, in-4° ; — une Méthode élémentaire de piano, in-4°. Parmi les ouvrages de polémique dus à la plume d'Emile Chevé, nous citerons : Appel au bon sens de toutes les nations qui désirent voir se généraliser chez elles l'enseignement musical ; Protestation adressée au comité central d'instruction primaire de la ville de Paris, contre un rapport de la Commission de chant ; La routine et le bon sens, lettre sur la musique, in-8° ; — Coup de grâce à la routine musicale.

La nouvelle école musicale, dont Emile Chevé fut un si infatigable propagandiste, a pris le nom d'Ecole Galin-Paris-Chevé, à cause des trois chefs dont l'ensemble des travaux a formé le système.

Galin a créé toute la partie fondamentale de la méthode : les principes d'une théorie musicale ; un procédé simplifiant la lecture sur la portée, dans toutes les clefs (le méloplaste) ; un procédé pour la représentation des durées (le chronomériste) ; mais il n'avait pas laissé de méthode pratique.

Aimé Paris a commencé, par ses cours, à faire connaître la méthode sur divers points de la France ; il a créé la langue des durées, qui permet de « parler la mesure » et de saisir le rythme d'un air avant de le chanter.

Emile Chevé a été surtout le propagateur, l'apôtre de l'idée de Galin ; il lui a donné, par son ardeur communicative et par son admirable talent de professeur, un retentissement considérable. C'est par milliers que se sont comptés ses élèves directs, dont un grand nombre se sont, à son exemple, dévoués à l'enseignement musical. Il a donné à cet enseignement sa forme pittoresque et pratique, les ingénieux tableaux qui lui servent de matériel, le système des « soudures » qui facilitent l'étude des modulations, l'enchaînement de démonstrations théoriques, simples et claires, avec les exercices de Mme Chevé, « si bien gradués que l'organisation la plus rebelle est capable en peu de temps de lire à première vue un air difficile comme intonation et comme mesure, à la seule condition, exigée au début de l'étude, de pouvoir chanter juste l'air ut ré mi fa sol ».

L'ardeur quelquefois imprudente d'Emile Chevé dans la discussion, l'allure agressive de ses écrits et de son enseignement, l'avaient mis en hostilité ouverte avec la plupart des autorités musicales officielles. Il usa sa vie dans cette lutte, mais il y rencontra de nombreuses sympathies et de vives amitiés.

L'attrait que donnait à ses leçons son grand talent d'exposition le fit appeler à l'Ecole normale supérieure et à l'Ecole polytechnique, où son enseignement s'est conservé, ainsi qu'au lycée Louis-le-Grand, à l'école normale d'instituteurs protestants de Courbevoie, etc.

Les institutions particulières et les sociétés chorales qui emploient exclusivement la méthode Chevé sont nombreuses à Paris et en province (Lyon, Marseille, Toulouse, Brest, le Creusot, etc.). À l'étranger, elle est professée, et même officiellement autorisée dans divers établissements, en Suisse, à Londres, à Saint-Pétersbourg.

Le fils d Emile Chevé, Amand Chevé, a continué après la mort de son père, pendant près de quarante ans, l'enseignement de la musique chiffrée.