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Channing (Wiliam Ellery)

Pasteur américain, né à Providence, dans l'Etat de Rhode-Island, en 1780, mort à Boston en 1842. Quoiqu'il ait passé sa vie dans le ministère d'une église protestante, Channing n'en doit pas moins être considéré comme un des hommes qui ont le mieux compris et le mieux résolu le problème de l'éducation. Pasteur d'une communauté unitaire, c'est-à-dire d'une église sans dogmes, il ramène toute la religion et toute la vie au développement complet et harmonieux des facultés physiques, intellectuelles et morales. Le but qu'il poursuit, c'est la perfection de l'individu ; l'éducation n'en a pas d'autre. Aussi ne faut-il pas s'étonner si Channing soutint avec ardeur les efforts tentés par Horace Mann pour répandre l'éducation parmi tous les rangs de la société. Imbus tous deux des idées évangéliques, ne reconnaissant entre les hommes aucune distinction religieuse ni naturelle, convaincus que la vérité est faite pour tous et doit être mise à la portée de tous, ils en arrivaient à demander à la société de remplir un devoir fraternel en portant la lumière dans les ténèbres, en combattant l’ignorance comme un danger public, en fondant des écoles ouvertes à tous en dehors de tout esprit de secte et de parti.

Les idées de Channing et d'Horace Mann ont triomphé depuis longtemps aux Etats-Unis ; elles commencent à pénétrer dans la vieille Europe ; on comprend que dans un pays de libre suffrage l'Etat repose sur le concours de citoyens éclairés ; on sent que chez un peuple ignorant la liberté et les droits des citoyens sont à la merci du charlatanisme et de la violence. Répandre largement l'éducation dans les conditions les plus infimes, c'est préparer l'avènement d'une société plus heureuse, plus morale et plus sage ; c'est assurer à la fois la prospérité de l'individu et la paix de l'Etat.

Ces idées, qui seront la gloire de notre temps comme l'idée de l'humanité a été l'honneur du dix-huitième siècle, on les trouvera admirablement exposées et défendues dans deux écrits célèbres de Channing intitulés De la culture de soi-même et De l'élévation des classes laborieuses. Ces deux conférences ont été traduites en français et publiées dans les OEuvres sociales de Channing, Paris, 1854, in-12. Il y a un très bon exposé des doctrines morales du pasteur américain dans la Vie de Channing avec une préface de M. de Rémusat, Paris, 1856, in-12 ; on y peut joindre Channing, sa vie et sa doctrine, par René Lavallée, Paris, 1876.

Édouard Laboulaye