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Carnot (Lazare)

 Né à Nolay (Côte-d'Or) en 1753, mort à Magdebourg en 1823. Nous n'avons à parler ici que de la part prise par Lazare Camot à l'organisation de l'enseignement primaire. Membre du Comité d'instruction publique de l'Assemblée législative (1791-1792), il participa, avec Gaudin, Gibergues et Romme, à la rédaction du décret qui supprima les congrégations séculières. Vingt-trois ans plus tard, devenu ministre de l'intérieur durant les Cent-Jours, il donna son appui personnel à la Société pour l'instruction élémentaire, qui s'était constituée à la suite d'un rapport lu, le 29 mars 1815, par le baron de Gérando à la Société d'encouragement pour l'industrie nationale. Il créa au ministère de l'intérieur un Conseil bénévole d'industrie et de bienfaisance, dont la première séance eut lieu le 13 avril, et qui s'occupa, en première ligne, de l'introduction en France de la méthode d'enseignement mutuel. Le 27 avril, il adressait à l'empereur un rapport étendu sur les réformes à réaliser dans l'enseignement primaire (il a été inséré dans le Moniteur du 30 avril 1815), à la suite duquel fut rendu le même jour un décret célèbre, portant :

« ARTICLE PREMIER. — Notre ministre de l'intérieur appellera auprès de lui les personnes qui méritent d'être consultées sur les meilleures méthodes d'éducation primaire ; il examinera ces méthodes, décidera et dirigera l'essai de celles qu'il jugera devoir être préférées.

« ART. 2. — Il sera ouvert à Paris une école d'essai d'éducation primaire, organisée de manière à pouvoir servir de modèle, et à devenir école normale pour former des instituteurs primaires.

« ART. 3. — Après qu'il aura été obtenu des résultats satisfaisants de l'école d'essai, notre ministre de l'intérieur nous proposera les mesures propres à faire promptement jouir tous les départements des avantages des nouvelles méthodes qui auront été adoptées. »

Ces mesures reçurent un commencement d'exécution : une Commission consultative où siégeaient MM. de Laborde, de Lasteyrie, de Gérando, Jomard, Frédéric Cuvier, l'abbé Gaultier, fut constituée ; des devis furent dressés et approuvés par le ministre, une maison d'école fut louée dans le faubourg Saint-Marceau ; plusieurs tableaux de lecture, d'écriture et de calcul furent soumis à l'examen de la Commission.

A l'avance, Camot avait préparé un second projet de décret pour « faire jouir tous les départements des avantages des nouvelles méthodes ». Les dispositions de ce projet étaient les suivantes : Il sera établi, dans tous les chefs-lieux de département, des écoles centrales pour l'éducation gratuite et primaire, d'après la méthode d'instruction des enfants par eux-mêmes (art. 1er) ; — ces écoles seront dirigées de manière à pouvoir fournir, au bout d'un certain temps, des élèves capables de conduire eux-mêmes des établissements semblables dans les chefs-lieux d'arrondissement, et successivement jusque dans les moindres communes (art. 2) ; — les premiers frais d'établissement de ces écoles seront pris sur les centimes départementaux, et, en cas d'insuffisance, sur un fonds spécial à la disposition du ministre de l'intérieur. L'entretien annuel restera à la charge des communes (art. 3) ; — il sera formé auprès du ministre de l'intérieur un comité de cinq inspecteurs de l'éducation primaire et gratuite, qui seront spécialement chargés de fonder et de surveiller l'école normale de Paris et les écoles des départements, de visiter les établissements et de prendre les ordres du ministre pour leur direction. Ces inspecteurs n'auront aucun traitement personnel (art. 4 et 5) ; — la première école sera immédiatement établie à Paris ; elle servira de modèle et d'école normale pour les départements ; la ville de Paris fera les frais de premier établissement (art. 6) ; — les instituteurs à envoyer pour diriger les écoles des chefs-lieux de département seront choisis au concours par les inspecteurs de l'éducation primaire, et commissionnés par le ministre de l'intérieur (art. 7) ; — la Société des souscripteurs (c'est la Société pour l'instruction élémentaire ; Camot était lui-même un de ces . souscripteurs), volontairement formée pour propager et perfectionner les procédés d'éducation primaire, est et demeure approuvée (art. 10).

Ce projet de décret, qui est précédé d'un court rapport, porte la date d'avril 1815 ; il a été publié par M. René Girard, d'après l'original conservé dans les papiers de Carnot (la Révolution française, numéro de mai 1907).

Le canon de Waterloo empêcha l'exécution des projets de Camot. L'ordonnance du 24 juillet 1815 obligea l'ex-ministre, frappé comme régicide, à s'expatrier. En 1889, les restes de Lazare Camot ont été ramenés de Magdebourg à Paris et déposés au Panthéon