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Capitulaires

On nomme capitulaires les ordonnances ou règlements qui, de Clotaire Ier à Charles le Simple (558-929), ont pour objet d'établir le bon ordre dans la monarchie ; les uns regardent les matières civiles, les autres les matières religieuses et ecclésiastiques. Quelquefois c'est un concile qui les fait, le prince les autorise et les publie ; le plus souvent, c'est le prince qui les dresse et qui les fait approuver par les évêques et les grands. C'était un recueil de décisions ou de prescriptions, divisé par chapitres (capitula) ou articles. Le plus important de tous, le capitulaire d'Aix-la-Chapelle, en 789, comprend LXXXII articles ; le LXXe traite des ministres de l'autel et de l'école ; il impose aux prêtres le devoir de réunir auprès d'eux les enfants non seulement de condition servile, mais aussi de condition noble ; il y aura, dans chaque monastère et dans chaque évêché, des écoles où l'on enseignera la lecture, le psautier, la note, le chant, le comput et la grammaire. Devenu empereur, Charles reproduit textuellement ces prescriptions dans son cinquième capitulaire (art. LXVIII). En 823, Louis le Débonnaire confirme, par un capitulaire, les ordonnances de son père ; il prescrit aux évêques « de contraindre leurs prêtres par leur exemple, par leur parole, par leur autorité pontificale, à établir des écoles dans les lieux convenables, là où tout n'est pas encore parfait » ; il leur rappelle ses injonctions et leurs promesses.

Les évêques aussi, dans leur diocèse, avaient le droit de faire et de publier des capitulaires. En 786, l'un des émules d'Alcuin et des auxiliaires de l'empereur, Théodulphe, abbé de Fleury et évêque d'Orléans, adresse, à ses frères et collègues dans le sacerdoce, un capitulaire en XLVI articles. Les chapitres XIX et XX traitent de l'instruction ; on y précise et formule le droit épiscopal et le devoir presbytéral en matière d'enseignement. Pour les études supérieures, on accorde aux curés la permission d'envoyer leurs parents ou neveux à l’école cathédrale ou dans les écoles claustrales du diocèse ; pour les études élémentaires, abécédaires, on les oblige à créer de petites écoles gratuites dans les bourgs et les villages, afin d'y recevoir les enfants des fidèles ; ils les instruiront avec la plus grande charité, se souvenant qu'il a été écrit : « Ceux qui en auront élevé et instruit beaucoup brilleront comme des étoiles durant l'éternité ». L'enseignement sera gratuit, on n'exigera rien des parents, mais on ne refusera pas les dons volontaires. En 853, l'archevêque de Tours, Hérard, choisit lui-même, dans les saintes Ecritures, tout ce qu'il importe le plus aux curés, aux clercs et aux fidèles de connaître et de pratiquer ; il en dresse un capitulaire, qui comprend 140 articles. Il ordonne à chacun de ses prêtres d'en posséder un exemplaire, et de l'étudier par coeur, afin de pouvoir facilement en exposer les doctrines au troupeau confié à sa sollicitude.

Louis Maggiolo