bannière

c

CAP (Colonie du)

La colonie du Cap (Afrique anglaise), avec les territoires indigènes adjacents, a une superficie d'environ 277 000 milles carrés, et une population évaluée à deux millions d'habitants. Le territoire où se trouve aujourd'hui Capetown (la capitale) fut occupé par la Compagnie hollandaise des Indes orientales en 1652 ; le pays fut cédé à la Grande-Bretagne en 1814.

Presque dès l'origine, les Hollandais firent quelques efforts en vue de créer dans la colonie des institutions donnant l'instruction élémentaire. La première école, dit-on, fut fondée en 1657. En 1779, il y avait huit écoles élémentaires publiques, et plusieurs écoles privées. La première ordonnance scolaire fut promulguée en 1804 ; elle établit une commission scolaire pour diriger l'éducation dans le pays. Cette commission continua son oeuvre après l'occupation anglaise ; et en 1825 le nombre des écoles dans la colonie du Cap s'élevait à 120 ; bon nombre d'entre elles, toutefois, n'étaient probablement destinées qu'aux enfants indigènes. Peu d'années après, en 1829, fut fondé le South African Collège, la plus ancienne et la plus réputée des institutions d'enseignement supérieur de l'Afrique du Sud ; en 1841, une institution non moins réputée, destinée à l'éducation des indigènes, Lovedale, fut fondée par la mission de l'Eglise d'Ecosse. Dans l'intervalle, la commission scolaire avait cessé d'exister, en 1839, et le premier surintendant général de l'éducation était entré en fonctions. A ce moment fut mis en vigueur un nouveau plan d'organisation scolaire, dû principalement à Sir John Herschel, le fils de l'illustre astronome. En 1858, un corps d'examinateurs (Board of examiners) fut constitué, pour délivrer des certificats qui pouvaient être obtenus à la suite de divers examens. Ce Board fut le précurseur de l'université du Cap de Bonne-Espérance, qui fut établie en 1873.

Une loi votée en 1865 a posé les fondements de l'organisation actuelle de l'éducation dans la colonie du Cap ; elle a mis fin à l'existence des « écoles du gouvernement » (c'est-à-dire des écoles dont la dépense avait été à la charge exclusive du gouvernement), et les a remplacées par des écoles dont les dépenses sont couvertes en partie par des contributions locales, en partie par des grants du gouvernement.

Une loi sur l'enseignement secondaire fut votée en 1874 (une année après la fondation de l'université) : il était nécessaire, en effet, d'assurer le recrutement de l'université en donnant des facilités aux jeunes gens qui voulaient se préparer à recevoir l'enseignement académique.

Ces deux lois sont, pour une bonne partie, encore en vigueur, et le système d'éducation qu'elles ont institué et qui a été complété successivement peut être décrit de la manière qui suit.

L'autorité centrale est le Département de l'éducation publique (Department of public éducation) : à sa tête est le secrétaire colonial (un des membres du gouvernement de la colonie) ; mais le travail administratif se trouve en réalité entre les mains d'un fonctionnaire appelé Superintendent of public éducation, qui a sous ses ordres un corps d'inspecteurs.

Les autorités scolaires locales sont les School Boards, créés par un Act de 1902 ; ils sont élus par les contribuables locaux, et les Conseils divisionnaires (Divisional Councils), qui sont la principale institution pour le gouvernement local, peuvent lever une taxe scolaire à leur profit. Ces Boards sont chargés de la surveillance de toutes les écoles publiques de leur district ; la dépense est divisée à peu près par moitié entre la localité et le gouvernement central ; mais le gouvernement peut accorder des subventions pour la construction des maisons d'école, et des prêts pour l'acquisition du terrain sur lequel elles doivent être édifiées.

Il y a six espèces différentes d'écoles (non compris les écoles privées) à l'usage des enfants européens :

1° Les écoles de première classe (First class schools) ou high schools. On y donne une instruction primaire appropriée à une éducation libérale, ainsi qu'un enseignement secondaire portant sur un certain nombre de sujets. Les élèves y sont préparés à l'examen d'immatriculation à l'université du Cap, et à l'admission dans un des collèges universitaires ;

2° Les écoles de seconde classe (Second class schools). La ligne de démarcation entre ces écoles et celles de la première classe n'est pas très nettement établie. Quelques-unes d'entre elles ont le caractère d'écoles élémentaires d'un degré un peu plus avancé ; d'autres sont d'une catégorie plus élevée ; et quelques-unes, enfin, préparent leurs élèves à l'examen d'immatriculation ;

3° Les écoles de troisième classe (Third class schools). Ces écoles donnent pour la plupart une instruction élémentaire complète, ou, en tout cas, allant jusqu'au 5e standard. Quelques-unes sont appelées « écoles de la Mission blanche », ayant été fondées par des missions religieuses destinées aux enfants de la classe pauvre de race blanche ;

4° Les écoles de pauvres (Poor schools). Ces écoles sont semblables à celles de la catégorie précédente, mais reçoivent du gouvernement des grants plus élevés, en raison des besoins de la population à laquelle elles s'adressent ;

5° Les écoles de ferme (Farm schools). Elles sont destinées aux régions les plus éloignées de la colonie du Cap. Ce sont des écoles qui réunissent un chiffre minimum de cinq enfants, pour leur donner une instruction régulière ;

6° Les pensionnats de district [District boarding schools). Ecoles créées au profit des enfants de la population agricole : il n'en existe plus qu'un très petit nombre, leur place ayant été prise par des pensionnats attachés aux écoles urbaines.

Le nombre des écoles de ces six catégories varie, naturellement, dans les différents districts : dans neuf des districts fiscaux de la colonie du Cap, il n'existe pas d'école d'un rang plus élevé que la troisième classe.

L'instruction n'est pas obligatoire pour les enfants européens, jusqu'à présent ; elle n'est pas non plus gratuite ; la rétribution scolaire est fixée par les School Boards, sous l'approbation du Département d'éducation.

Le Département d'éducation ratifie la nomination des instituteurs et institutrices, qui sont désignés par les Schools Boards. Le Département fait subir les examens à la suite desquels les certificats sont délivrés aux instituteurs, et il donne des facilités pour la préparation des pupil teachers. Les certificats sont de trois classes : pour celui de la première classe, il est nécessaire d'avoir enseigné avec succès pendant cinq ans, et d'avoir subi l'examen correspondant. Depuis 1838 il existe au Cap un collège normal (Normal collège) qui prépare des instituteurs pour les écoles élémentaires ; des cours de vacances ont lieu en outre au Cap pour le perfectionnement du personnel enseignant.

Il existe deux sortes d'écoles pour les enfants de couleur dans la colonie du Gap : des écoles de missions, dans la colonie proprement dite, et des écoles d'indigènes dans les territoires situés au nord. Les écoles de l'un et de l'autre type sont libéralement subventionnées par le gouvernement ; toutefois il n'est pas permis, excepté dans des cas spéciaux, de dépasser, dans celles de la seconde catégorie, le niveau du 4e standard. Ces écoles sont fondées et entretenues par les diverses Eglises établies dans la colonie, telles que l'Eglise d'Angleterre, l'Eglise réformée hollandaise, l'Eglise wesleyenne et l'Eglise d'Ecosse. Il s'est produit récemment, dans la colonie du Cap, un mouvement pour la fondation d'un collège indigène commun aux divers Etats limitrophes (Interstate Native Collège), destiné à donner une instruction supérieure à des indigènes de toutes les parties de l'Afrique du Sud ; mais il a déjà été répondu en partie à ce besoin par l'établissement de Lovedale (déjà mentionné) : celui-ci est une institution pour faire l'éducation des indigènes, leur enseigner en particulier le travail industriel, et former des instituteurs et des évangélistes indigènes ; et son programme a toujours compris un cours complet d'enseignement secondaire.

Pour achever ce qui doit être dit de l'enseignement élémentaire, il faut noter que le programme de l'école élémentaire est le même pour les élèves européens et pour les élèves indigènes ; mais tandis que 53 % de ces derniers, en 1906, étaient dans les standards préparatoires (substandards), environ 20 % des enfants européens avaient dépassé le 5e standard. On estimait qu'en 1906 74500 enfants européens fréquentaient les écoles aidées par l'Etat, et que 11 500 fréquentaient des établissements privés. Le nombre des enfants de couleur recevant l'instruction était évalué à 103 000.

Le plus important établissement d'enseignement supérieur est naturellement l'université ; fondée, comme il a été dit, en 1873, ce n'est pas un corps enseignant, mais simplement un corps d'examinateurs. Une charte royale de 1879 a assimilé les grades décernés par elle à ceux que décernent les universités du Royaume-Uni. D'autres colonies sud-africaines, outre celles du Cap, ont maintenant des représentants au Conseil de l'université. L'université reçoit une subvention du gouvernement. Il y a deux collèges universitaires dans la colonie du Cap. L'un, le South African College, fondé en 1828, a déjà été mentionné ; il a des professeurs pour les lettres, les mathématiques, le génie, le droit, etc. ; il se trouve dans la ville du Cap. L'autre, le Rhodes University Collège, n'a été établi qu'en 1904 : il est destiné à favoriser les progrès de l'instruction supérieure dans les districts orientaux de la colonie du Cap, et il est placé à Grahamstown.

Ces deux institutions, et quelques autres, telles que le Collège diocésain à Rondebosch, et le Victoria Collège à Stellenbosch, sont assistées par le gouvernement en vertu du Higher Education Act de 1874. Cette assistance prend la forme de grants de £ 200 par an, constituant les traitements des professeurs et des lecteurs ; ces grants peuvent être augmentés de £ 100 après cinq ans de services ininterrompus et distingués.

Le gouvernement de la colonie du Cap entretient une école d'agriculture à Elsenburg, à trente milles de la ville du Cap. Au Gap même, il y a une école d'arts et métiers, également entretenue par le gouvernement.

En 1905-1906, la dépense totale du gouvernement pour l'éducation a été de £ 482671.

La colonie du Cap fait partie comme province, depuis 1909, de l'Union de l'Afrique du Sud : Voir Transvaal.