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Canada (confédération)

Le Canada proprement dit comprend le bassin du Saint-Laurent et le pays situé au nord des lacs Ontario, Erié, Huron et Supérieur. Colonisé par des Français, ce territoire fut cédé à l'Angleterre par la France en 1763. En 1791 un acte du Parlement sépara le Bas-Canada, aujourd'hui province de Québec, dont la population parle presque exclusivement le français et professe en très grande majorité la religion catholique, du Haut-Canada, aujourd'hui province d'Ontario, où l'anglais est parlé généralement, et où le protestantisme est la religion de beaucoup la plus répandue. En 1867 fut fondée, entre les provinces d'Ontario, de Québec, et les provinces voisines de Nouveau-Brunswick et de Nouvelle-Ecosse, une Confédération qui prit le nom de Dominion of Canada, et à laquelle l'Angleterre accorda une autonomie presque complète. La Confédération s'est accrue, en 1869, des anciennes possessions de la Compagnie de la baie de Hudson, qui formèrent alors la province de Manitoba et les territoires du Nord-Ouest. En 1871, la province de Colombie britannique avec l'île de Vancouver, en 1873 la province de l'île du Prince-Edouard furent admises dans la Confédération. Les immenses étendues situées au nord-est, au nord et au nord-ouest ont été, à partir de 1905, remaniées au point de vue de la division politique et administrative ; des Acts fédéraux y ont constitué trois nouvelles provinces : celles de Saskatchewan et d'Alberta (à l'ouest du Manitoba), et celle de Youkon (au nord de la Colombie britannique) ; le reste forme les territoires d'Ungava (Labrador), de Keewatin (à l'ouest de la baie de Hudson), de Mackenzie (au nord-ouest), et de Franklin (terres de l'Océan Glacial) ; en outre, les provinces de Québec, d'Ontario et de Manitoba ont reçu des agrandissements qui ont doublé ou même quintuplé leur superficie, mais presque sans accroître la population des deux premières.

Voici le tableau de la superficie et de la population des dix provinces, et des territoires dont la réunion forme aujourd'hui la Confédération canadienne :

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La constitution politique du Dominion est à peu près la même que celle des Etats-Unis ; elle en diffère spécialement par ce point, que le pouvoir exécutif fédéral, au lieu d'être remis à un président élu, est exercé par un vice-roi nommé par le gouvernement britannique. Le Parlement de la Confédération se compose d'une Chambre des députés et d'un Sénat ; à ces deux assemblées les dix provinces ont seules le droit d'élire des représentants, tandis que les territoires n'y sont pas représentés. Chaque province a en outre son parlement particulier et son lieutenant-gouverneur spécial. La capitale de la Confédération est Ottawa, dans la province d'Ontario.

L'île de Terre-Neuve, jusqu'à présent, ne fait pas partie de la Confédération canadienne : Voir Terre-Neuve.

Bas-Canada, ou province de Québec. ? Le système d'éducation de la province de Québec remonte à l'époque de la première colonisation. « Le premier soin des Pères franciscains et jésuites, lors de leur arrivée au Canada, fut de fonder des écoles pour les Indiens. La plus ancienne école de la province fut établie, vers 1616, par le Père Duplessis à Trois-Rivières ; le Père Lejeune en ouvrit une seconde à Québec en 1632. Le Collège des jésuites à Québec fut fondé en 1635 sous le nom de séminaire de Notre-Dame-des-Anges.

Mme de la Peltrie établit le couvent des Ursulines à Québec en 1639 ; et en 1637 le clergé de Saint-Sulpice, à Paris, fonda le séminaire de Montréal. En 1663, un prélat distingué, Mgr de Laval, fonda le grand séminaire de Québec, devenu aujourd'hui, par l'adjonction de diverses facultés, l'université Laval. Entre 1653 et 1657, les jésuites, les récollets, les ursulines et les soeurs de la congrégation de Notre-Dame établirent des couvents et des écoles à Montréal, Trois-Rivières et Québec. En 1737, le séminaire de Saint-Sulpice de Montréal fit venir de France trois frères de l'Institut des écoles chrétiennes, qui établirent la première des écoles de cette catégorie, aujourd'hui nombreuses et florissantes au Canada. En 1774, l'ordre des jésuites fut supprimé ; ses propriétés, confisquées par le gouvernement, furent consacrées au service de l'instruction publique.

« Peu de progrès furent réalisés jusqu'en 1801, époque où la législature adopta un « Acte pour l'avancement de l'instruction » ; mais cette loi manqua son but, faute de ressources financières, et parce que le plan qui y était tracé n'était pas exécutable. En 1824 fut voté l? « Acte des fabriques », qui autorisa le curé et les fabriques de paroisse à établir une école pour chaque groupe de cent familles. En 1829, une autre loi scolaire autorisa l'installation d'un instituteur clans toutes les paroisses où il n'existait pas d'école. Aucune autre mesure importante ne fut prise jusqu'à la réunion, en 1840, des deux provinces du Haut-Canada et du Bas-Canada, séparées depuis 1791. En 1841 fut adopté un Acte très développé, qui sert de base au système actuel, et qui a été amendé à diverses reprises. » (George Hodgins.)

L'organisation scolaire actuelle est contenue dans les « Statuts révisés » formant la codification des divers actes législatifs relatifs à l'instruction publique. Pour l'enseignement primaire, l'autorité locale est appelée « corporation scolaire » ; elle se compose de cinq commissaires élus ; l'arrondissement scolaire administré par une corporation scolaire forme une municipalité. Il y avait, en 1898-1899, 1320 municipalités, dont 1016 catholiques et 304 protestantes. L'école est soit catholique, soit protestante, selon que c'est l'une ou l'autre confession dont les adhérents sont en majorité dans l'arrondissement. Mais la minorité dissidente a le droit d'avoir son école à elle, et d'élire, pour l'administrer, trois trustees, jouissant des mêmes prérogatives que les commissaires, c'est-à-dire, entre autres, celle de faire lever des taxes pour l'entretien des écoles, de percevoir la rétribution scolaire et d'en fixer le montant. En 1906-1907, le produit des taxes scolaires a été de 2 249 892 dollars, celui de la rétribution scolaire de 283 000 dollars. Il peut être établi des écoles distinctes pour les filles. Les écoles des dissidents ont droit à l'allocation gouvernementale tout comme les écoles de la majorité. En 1906-1907, le total des allocations gouvernementales a été de 540 650 dollars. Dans toutes les écoles, le curé ou le ministre desservant a le droit exclusif de choisir les livres relatifs à la religion et à la morale, pour l'usage des enfants de sa confession. L'allocation gouvernementale est répartie entre les comtés au prorata de leur population totale, et entre les écoles des deux catégories au prorata du chiffre respectif de la population catholique ou protestante. Des commissions d'examen, chargées de délivrer aux instituteurs les brevets de capacité, sont nommées par le lieutenant-gouverneur dans les comtés et les cités ; tout instituteur en fonctions doit posséder un brevet officiel ; mais tout prêtre, ministre, ou membre d'une congrégation religieuse enseignante, est dispensé de l'examen. Les instituteurs sont nommés par les commissaires des municipalités ou par les trustees, qui fixent, en outre, le montant de leurs traitements. En 1906-1907, la moyenne des traitements des instituteurs, dans les écoles élémentaires catholiques, était de 496 dollars, et dans les écoles élémentaires protestantes de 899 dollars ; la moyenne du traitement des institutrices, de 117 dollars dans les écoles élémentaires catholiques et de 231 dollars dans les écoles élémentaires protestantes. Les inspecteurs d'écoles sont nommés par le lieutenant-gouverneur, et reçoivent un traitement annuel de 1200 dollars au maximum.

L'autorité scolaire centrale consiste en un surintendant, chef du département de l'instruction publique, et un Conseil de l'instruction publique, présidé par le surintendant. Le Conseil est composé de deux comités : le comité catholique, formé des évêques ou des administrateurs des divers diocèses, membres de droit, et d'un nombre égal de membres laïques nommés par le lieutenant-gouverneur ; et le comité protestant, formé d'un nombre de membres égal à la moitié de celui des membres du comité catholique, nommés par le lieutenant-gouverneur. Le poste de surintendant a été créé en 1841 ; de 1867 à 1875, le chef du département reçut le titre de ministre de l'instruction publique, avec un siège dans le cabinet ; en 1875, la charge de ministre a été supprimée et celle de surintendant rétablie. Les appointements du surintendant sont de 4000 dollars.

En 1906-1907, il y avait 5502 écoles élémentaires, et 627 écoles modèles ; le nombre des élèves des écoles élémentaires était de 209 880, celui des élèves des écoles modèles de 92 918. Le personnel enseignant laïque comprenait, en 1906-1907, dans les écoles catholiques, 240 instituteurs et 5329 institutrices ; dans les écoles protestantes, 94 instituteurs et 1452 institutrices ; il y avait en outre environ un millier de congréganistes hommes et 2500 congréganistes femmes.

Il y avait, en 1907, six écoles normales d'instituteurs dans la province de Québec, en particulier l'école Laval (catholique) à Québec, et les écoles Jacques Cartier (catholique) et Mac Gill (protestante) à Montréal. Il y avait en outre deux écoles normales d'institutrices, à Montréal (protestante) et à Québec (catholique).

L'enseignement secondaire est donné dans les académies, établissements dont les uns sont administrés par des commissaires ou des trustees, et dont les autres sont indépendants, mais reçoivent des subventions du gouvernement ; en 1906-1907 on comptait 169 académies catholiques, avec 37 846 élèves des deux sexes, et 29 académies protestantes, avec 6132 élèves des deux sexes.

La province a quatre universités : l'université Laval (catholique), à Québec, la plus ancienne (fondée en 1852) ; l'université catholique de Montréal, qui est une branche de l'université Laval ; l'université Mac Gill (protestante), à Montréal ; et l'université de Bishop's Collège (église d'Angleterre), à Lennoxville. A ces établissements, il faut ajouter l?Ecole polytechnique de Montréal.

Haut-Canada, ou Ontario. ? Le Haut-Canada (de même que la Nouvelle-Ecosse et le Nouveau-Brunswick) fut colonisé dans la seconde moitié du dix-huitième siècle par des « United Empire Loyalists », c'est-à-dire par des adhérents américains à la cause de l'Angleterre durant la guerre de la révolution d'Amérique : ce nom leur avait été donné à cause de leur fidélité à la mère-patrie et de leurs efforts pour maintenir l'unité de l'empire britannique, que menaçait la révolte des insurgés. Quand la révolution fut consommée, ces « loyalistes » furent expulsés des Etats-Unis, et les terres qu'ils possédaient dans ce pays furent confisquées : ils se réfugièrent alors au Canada, où ils s'établirent.

L'origine du système actuel d'éducation dans l'Ontario remonte à 1844, année où le Rev. Egerton Byerson fut nommé surintendant général de l'éducation. Cet administrateur distingué, qui conserva ses fonctions pendant trente-deux ans, réussit à faire adopter le principe de la gratuité de l'instruction primaire, de même que celui de l'obligation (sous une forme particulière). En 1876, le poste de surintendant fut aboli, et les écoles de la province furent placées sous l'autorité d'un membre du gouvernement provincial qui reçut le titre de ministre de l'éducation.

Le territoire de la province est partagé en townships ou arrondissements d'une étendue moyenne de huit à dix mille anglais carrés ; chaque township est divisé en districts scolaires (school sections) qui ont une superficie moyenne de deux milles carrés. Le district scolaire est administré par un comité de trois trustées ou curateurs, élus par les contribuables et renouvelés chaque année par tiers ; les trustées font percevoir par le conseil du township les taxes qu'ils jugent nécessaire de réclamer. Le conseil du comté (réunion de plusieurs townships) lève, sur les contribuables du comté tout entier, une seconde taxe, destinée à former une somme égale à l'allocation scolaire votée par la législature de la province ; il nomme en outre un inspecteur des écoles, dont le traitement est payé moitié par le comté, moitié par le gouvernement provincial.

Les établissements d'instruction publique comprennent : 1° les écoles élémentaires publiques ; 2° les écoles normales ; 3° les écoles moyennes (high schools and collegiate institutes) ; 4° les collèges et universités : 5° les autres établissements de diverse nature.

« On peut résumer de la manière suivante les bases générales de l'organisation de l'enseignement élémentaire dans l'Ontario :

« 1° Les écoles élémentaires sont ouvertes gratuitement à tous les élèves, de l'âge de cinq ans à celui de seize ;

« 2° Les frais de l'enseignement élémentaire doivent être supportés entièrement par les contribuables, à l'exception de la part couverte par l'allocation du gouvernement provincial ;

« 3° Chaque enfant est tenu de recevoir l'instruction pendant quatre mois de l'année au moins, soit à l'école, soit à la maison ;

« 4° Les parents qui négligent ou qui refusent de donner à leurs enfants les facilités nécessaires pour acquérir cette instruction sont passibles d'une amende, qui peut être transformée en une contribution mensuelle ;

« 5° Les trustees et les localités doivent pourvoir à l'installation d'écoles suffisantes pour tous les enfants qui résident dans une localité ;

« 6° Les comités d'éducation (boards of éducation) des townships déterminent l'étendue et les limites des districts scolaires ;

« 7° Nul instituteur ou institutrice autre que ceux possédant les qualités requises par la loi ne doit être employé dans les écoles. Les brevets de premier et de deuxième degré ne peuvent être délivrés qu'à des candidats préparés à l'école normale ; l'instruction à l'école normale est gratuite, et des secours doivent être accordés aux élèves-maîtres ;

« 8° Les écoles doivent être dûment inspectées ; elles ne peuvent participer à l'allocation gouvernementale qu'au prorata de la fréquentation moyenne des élèves ;

« 9° L'instruction religieuse peut être donnée aux élèves par les ministres ou autres représentants des diverses confessions ; la classe doit commencer et finir par des exercices religieux, auxquels nul élève ne peut être contraint d'assister ; les dix commandements doivent être récités par les élèves, une fois par semaine ;

« 10° Les catholiques romains ont le droit d'avoir des écoles séparées.

« Les écoles séparées, ouvertes par ceux des catholiques auxquels leur conscience ne permet pas d'envoyer leurs enfants aux écoles publiques neutres, sont organisées conformément à la loi et officiellement reconnues ; elles ont le droit de participer à l'allocation scolaire du gouvernement provincial, non à proportion du chiffre de la population catholique, mais au prorata du nombre des élèves qu'elles instruisent et du temps pendant lequel elles sont ouvertes. Les adhérents de ces écoles sont exempts des taxes scolaires locales, et, en conséquence, ils n'ont point droit aux ressources provenant de ces taxes ; ils ne peuvent pas non plus participer aux élections et aux assemblées concernant les écoles publiques. Par contre, les écoles séparées peuvent lever des taxes sur leurs adhérents, mais non sur les catholiques qui se rattachent à l'école publique.

« Le clergé catholique a réclamé pendant longtemps une modification au principe sur lequel sont établies les écoles séparées. Il eût voulu que l'allocation attribuée aux écoles catholiques séparées fût payée non au prorata du nombre des élèves qui fréquentent ces écoles, mais à raison du chiffre de la population catholique tout entière. Cette prétention a été repoussée pour les motifs suivants : 1° La reconnaître eût été reconnaître d'une façon générale, aux diverses confessions religieuses, le droit de participer comme telles à l'allocation scolaire, sans avoir égard aux services qu'elles auraient ou non rendus à l'éducation ; 2° Si le droit des catholiques romains à participer comme tels à l'allocation scolaire était admis, la législature ne pourrait pas refuser le même droit aux autres confessions religieuses ; 39 Agir d'après un pareil principe serait, en réalité, accorder une dotation à des confessions religieuses, au lieu de pourvoir exclusivement aux frais de l'éducation de la jeunesse, ce qui est le but que se propose la législature. On a compris en outre que si, dans un pays de libres institutions, comme le Canada, les convictions doivent être respectées, d'autre part une allocation, librement votée, à titre de privilège gracieusement concédé, ne doit pas être transformée en un droit absolu et oppressif, au détriment manifeste des intérêts généraux du corps politique. » (George Hodgins.)

Le droit d'établir des écoles séparées est reconnu aux protestants aussi bien qu'aux catholiques : et en fait il arrive que, dans tel district scolaire où l'instituteur est catholique, les protestants ouvrent une école séparée.

Il y avait, en 1907, 443 écoles séparées catholiques, avec 50760 élèves et 1009 instituteurs et institutrices ; 5 écoles séparées protestantes, avec 310 élèves et 8 instituteurs et institutrices.

Les trustees ont aussi le droit d'établir des jardins d'enfants pour les enfants de quatre à sept ans. Le nombre des jardins d'enfants était de 139 en 1907, avec 14160 élèves et 273 maîtresses.

En 1906, la population d'âge scolaire de l'Ontario était de 592 257 enfants. II y avait 493 442 élèves inscrits (718 au-dessous de cinq ans). Le chiffre de la fréquentation moyenne était de 291 041 élèves. Le nombre des maîtres employés dans les écoles publiques était de 8753 (1748 hommes, 7005 femmes) ; sur ce nombre, 4425 avaient fréquenté une école normale. Le traitement le plus élevé payé à un instituteur dans une école publique atteignait 1700 dollars ; le chiffre moyen du traitement était de 547 dollars pour un instituteur, de 369 dollars pour une institutrice.

Il existait 56 écoles modèles de comté, destinées à Commencer la préparation professionnelle des instituteurs et des institutrices, et qui délivrent à leurs élèves, à la fin d'un cours d'études de quatre mois, un certificat de troisième degré, valable pour trois ans seulement.

L'Ontario a deux écoles normales, l'une à Toronto, l'autre à Ottawa : elles délivrent à leurs élèves le certificat du second degré, qui est nécessaire pour obtenir une nomination définitive comme instituteur ou institutrice d'école élémentaire. Le nombre moyen des élèves de chaque école normale est d'une centaine.

L'enseignement dit « secondaire » est donné dans les high schools, sortes d'écoles primaires supérieures, et dans les collegiate institutes, établissements d un ordre un peu plus élevé, où sont faites des études classiques. Il y avait, en 1906, 100 high schools et 42 collegiate institutes ; ces 142 établissements comptaient ensemble 29 392 élèves et 719 professeurs.

Il existe à Toronto une Ecole de pédagogie (School of Pedagogy), à laquelle sont admis des Bacheliers, des intituteurs ou institutrices munis du certificat du second degré, etc. ; c'est cette école qui délivre le certificat du premier degré, lequel permet d'enseigner soit dans les écoles élémentaires, soit dans les high schools et les collegiate institutes. L Ecole de pédagogie a, pour chaque session, une moyenne d'une centaine d'élèves.

L'université provinciale de Toronto a été ouverte en 1843. Une douzaine d'établissements d'enseignement supérieur ou technique sont affiliés à cette université. Il existe en outre à Ottawa une université catholique, dirigée par les Oblats de Marie Immaculée. Il faut mentionner encore l'Ecole de science pratique, le Collège d'agriculture, l'Ecole de médecine et de chirurgie, le Collège de musique, les instituts de sourds-muets et d'aveugles, etc.

Nouveau-Brunswick. ? Le premier acte accompli dans cette province en faveur de l'éducation fut la création d'une université, qui eut lieu en 1800. En 1833 fut votée la première loi scolaire, qui divisa la province en districts d'écoles ; le gouvernement provincial accorda une allocation annuelle de 80 dollars à chaque école dirigée par un instituteur, et de 40 dollars à chaque école dirigée par une institutrice. De grandes améliorations furent introduites ultérieurement dans la loi, les traitements des instituteurs furent considérablement augmentés, des grammar schools et des académies furent créées. Les traits généraux de l'organisation des écoles élémentaires, fixés par le Common Schools Act de 1871, sont les mêmes que dans l'Ontario, sauf les différences suivantes :

1° Le chancelier de l'université et le surintendant de l'éducation sont membres du Comité provincial d'éducation (Provincial Board of Education), qui correspond au ministère de l'éducation de l'Ontario, et dont font partie en outre le lieutenant-gouverneur et les membres du Conseil exécutif ;

2° L'inspecteur scolaire sanctionne les décisions prises par les trustees relativement à l'emplacement des écoles, et dans certains cas la nomination des trustees eux-mêmes lui appartient ;

3° La quotité du traitement des instituteurs est déterminée par la classe de leur brevet et par la nature de l'école où ils enseignent ;

4° Des subventions spéciales sont accordées à une catégorie d'écoles dites superior schools, supérieures aux common schools et inférieures aux grammar schools ;

5° Les écoles du soir sont encouragées ;

6° La loi n'autorise pas d'école séparée pour telle ou telle confession religieuse.

La province est divisée en districts d'inspection, dont les inspecteurs sont nommés par le Board of Education.

L'enseignement « secondaire » est donné dans les superior schools, que la loi permet de créer à raison d'une école pour 6000 habitants, et dans les grammar schools ou high schools, qui sont d'un rang un peu plus élevé. Ces écoles sont gratuites comme les common schools.

Le nombre des élèves inscrits dans les écoles de ces divers degrés était, en 1906-1907, de 58 316, soit environ 20 % du chiffre de la population totale ; le chiffre de la fréquentation moyenne était égal au 63 % de celui des inscrits.

Il y avait, en 1906-1907, dans les écoles publiques, 1894 maîtres, dont 264 étaient des hommes et 1631 des femmes. Les traitements moyens payés à ces maîtres étaient les suivants : dans les grammar schools, 1009 dollars ; dans les superior schools, 627 dollars ; aux instituteurs de 1re classe, 662 dollars, à ceux de 2e classe 333 dollars, à ceux de 3° classe 245 dollars ; aux institutrices de 1? classe, 360 dollars, à celles de 2e classe 306 dollars, à celles de 3° classe 264 dollars.

Il y a à Fredericton une école normale, ouverte en 1876 ; le nombre des élèves de cette école a été de 341 en 1906-1907.

La province possède, dans sa capitale, une université. Il existe en outre une ferme-ecole, une école de laiterie, et un institut de sourds-muets.

Le total des dépenses à la charge du budget provincial, pour l'instruction publique, a été de 209 035 dollars en 1906-1907 ; en outre les taxes scolaires de comté ont produit 97 200 dollars.

Nouvelle-Ecosse. ? On sait que les colons français qui peuplaient l'Acadie (cédée aux Anglais en 1713) furent barbarement dépouillés de leurs terres et chassés en 1755, et remplacés par des colons écossais, d'où le nom de Nova Scotia donné au pays. Toutefois, une vingtaine d'années plus tard, il fut permis à une partie des anciens habitants de revenir. Sur une population de 459 000 âmes, la Nouvelle-Ecosse compte aujourd'hui environ 150 000 habitants de descendance française.

En 1780, la législature provinciale vota une somme de 8000 dollars pour l'érection d'une école supérieure à Halifax. Une académie fut fondée en 1787 sous le nom de King's Collège (Eglise d'Angleterre) ; et la fondation de Dalhousie Collège (presbytérien) fut due en 1817 à une allocation législative de 39 000 dollars. En 1811, la législature vota la première loi scolaire ; plusieurs collèges et académies de comté furent ensuite établis et subventionnés. En 1826, la province fut divisée en districts scolaires. L'école normale de Truro fut fondée en 1854. L'organisation de l'enseignement élémentaire est semblable en général à ce qu'elle est dans l'Ontario. Il faut toutefois noter les particularités suivantes :

1° Les attributions des conseils de comté et de township sont presque toutes dévolues à un comité de comté (County Board) nommé par le gouvernement ;

2° Le surintendant de l'éducation est secrétaire du Conseil d'instruction publique (Council of Public Instruction) ;

3° Les inspecteurs de comté sont nommés par le gouvernement ;

4° Il y a des écoles du soir, et elles reçoivent des subventions du gouvernement ;

5° La loi n'autorise pas la création d'écoles séparées pour telle ou telle confession.

Les écoles publiques sont de deux degrés, la common school et la high school. En 1907 il y avait au total 100 007 élèves inscrits dans les écoles de ces deux degrés) 92 361 dans les écoles de degré élémentaire, 7646 dans celles du degré supérieur). Le chiffre de la fréquentation moyenne était de 55 552 élèves seulement. Le nombre des instituteurs était de 354, celui des institutrices de 2272. Les traitements du personnel enseignant sont fixés par les trustees, et varient selon le rang du brevet : en 1907, le traitement moyen, pour les porteurs du brevet de 1er rang, a été de 897 dollars pour les instituteurs, de 537 dollars pour les institutrices ; de 521 dollars (instituteurs) et 334 dollars (institutrices) pour le brevet de 2e rang ; de 358 dollars (instituteurs) et 249 dollars (institutrices) pour le brevet de 3e rang. Outre ces trois catégories, il existe un brevet dit académique, dont les porteurs obtiennent un traitement plus élevé.

En 1907, le nombre des élèves de l'école normale de Truro était de 142.

La province de Nouvelle-Ecosse ne compte pas moins de six universités : Dalhousie (réorganisée et devenue undenominational), à Halifax, avec 348 étudiants en 1897 ; Acadia (baptiste), à Wolfsville, 124 étudiants ; Fine Hill (presbytérienne), à Halifax, 47 étudiants ; King's University (église d'Angleterre), à Windsor, 29 étudiants ; Saint-François-Xavier (catholique, anglaise), à Antigonish, 101 étudiants ; Sainte-Anne (catholique, française), à Church Point, 107 étudiants.

Il y a également une Ecole d'agriculture, une Ecole d'horticulture, une Ecole d'art et de dessin ; des instituts pour les aveugles et les sourds-muets.

Ile du Prince-Edouard. ? La condition de cette île a été, jusqu'à une époque récente, particulière et anormale. En 1767, le territoire de l'île fut distribué par la voie du sort entre un certain nombre d'officiers de l'armée et de la marine, créanciers du gouvernement, sous certaines conditions de colonisation et de paiement d'une rente foncière. L'île demeura pendant quarante ans sous la fâcheuse influence de ce système de mainmorte. En faisant la distribution, le lieutenant-gouverneur, Lord Campbell, avait réservé dans chaque township 30 acres de terre pour un instituteur. Mais il n'exista aucune école jusqu'en 1821, et ce ne fut qu'en 1836 qu'une académie centrale fut fondée. En 1852 fut votée une loi établissant l'insruction gratuite. En 1856 une école normale fut créée à Chartottetown ; en 1860 fut ouvert dans la même ville le collège du Prince de Galles. En 1877 fut voté le Public Schools Act, qui institua un Board of Education, composé de membres du Conseil exécutif, du surintendant de l'éducation, du principal du collège et de l'école normale, et de deux inspecteurs. Chaque district scolaire a un comité de trustees élu annuellement par les contribuables. Le principe de la neutralité religieuse est appliqué dans les écoles publiques.

En 1907, le nombre des élèves inscrits dans les écoles publiques était de 19 036 ; le chiffre de la fréquentation moyenne était de 11 543 élèves. Les instituteurs et institutrices sont divisés en trois classes ; en 1907, il y avait 45 instituteurs et 72 institutrices de 1" classe, avec des traitements moyens de 372 et de 242 dollars ; 115 instituteurs et 180 institutrices de 2e classe (traitements moyens, 245 et 201 dollars) ; 67 instituteurs et 93 institutrices de 3e classe (traitements moyens, 196 et 171 dollars).

Le collège du Prince de Galles et l'école normale ont été réunis en 1879 ; le personnel enseignant de l'établissement comprend un principal et quatre professeurs.

Manitoba. ? Cette province comptant un grand nombre de catholiques d'origine française, la première loi scolaire, votée en 1871, avait établi un double système d'éducation pour les protestants et pour les catholiques ; des inspecteurs ou des surintendants protestants et catholiques avaient été institués pour la surveillance des écoles de leur confession respective. Mais, en 1890, la législature provinciale vota trois Acts dont le premier portait que « la langue anglaise serait la langue officielle de la province de Manitoba», et dont le second et le troisième établirent une nouvelle organisation de l'instruction publique : le second disposait qu'au lieu d'un Conseil scolaire protestant et d'un Conseil scolaire catholique, il n'y aurait plus qu'un Conseil scolaire unique ; le troisième ordonnait qu'au lieu d'écoles publiques protestantes et d'écoles publiques catholiques, il n'y aurait plus que des écoles publiques non confessionnelles. Ces lois donnèrent lieu à un conflit mémorable, qui dura plusieurs années. Les catholiques, qui forment la population française de la province, protestèrent contre les trois Acts ; la cour suprême d'Ottawa, devant laquelle la question fut portée, décida que le troisième, celui qui abolissait les écoles confessionnelles publiques, était ultra vires, c'est-à-dire qu'il outrepassait les pouvoirs de la législature provinciale, laquelle n'avait pas eu le droit, selon la cour, d'enlever aux écoles publiques le caractère confessionnel. A la suite de cette décision, les autorités ecclésiastiques catholiques du Manitoba refusèrent le paiement de la taxe destinée à l'entretien des écoles publiques ; à leur exemple, les presbytériens et les épiscopaliens entreprirent une campagne aux fins d'obtenir un privilège analogue et la création d'un impôt spécial pour l'établissement d'écoles séparées-Mais le gouverneur du Manitoba fit appel de l'arrêt de la cour d'Ottawa auprès du Conseil privé de la reine, à Londres ; ce Conseil annula (juillet 1892) l'arrêt de la cour d'Ottawa, et déclara valable l'Act contesté ; en conséquence, les catholiques et les diverses sectes protestantes furent déboutés de leur prétention d'imposer à la province l'obligation d'entretenir des écoles confessionnelles publiques. Les opposants ne se tinrent pas pour battus : les catholiques du Manitoba demandèrent au gouvernement fédéral le rétablissement de leurs écoles aux frais de la Confédération canadienne, en invoquant les termes de l'acte d'union de 1870 ; cet acte garantit « le droit d'appel au gouverneur général, en conseil, de tout Act de la législature de la province affectant les droits ou privilèges de la minorité catholique des sujets de Sa Majesté, relativement à l'éducation » ; certains journaux allèrent jusqu'à déclarer que l'élément catholique était victime d'une persécution à laquelle il devait se soustraire au moyen d'une annexion aux Etats-Unis. Le Conseil privé eut à se prononcer de nouveau: il reconnut que, par la législation de 1890, la minorité catholique s'était vu réellement enlever un droit ou privilège dont elle jouissait antérieurement : en conséquence, la législature du Manitoba reçut (1895) l'injonction d'avoir à modifier les Acts de 1890, afin d'assurer aux catholiques le droit de créer, d'entretenir et d'administrer des écoles de leur confession en la façon stipulée par l'ancienne législation ; le droit de participer aux allocations scolaires de la province ; et le droit, d'être dispensés de payer les taxes scolaires destinées à l'entretien des écoles publiques non confessionnelles. Mais le gouvernement du Manitoba refusa d'obéir: et un bill présenté au Parlement canadien pour l?y contraindre fut rejeté (1896). Il fallut avoir recours à des négociations : M. Wilfrid Laurier, alors premier ministre du Canada, proposa un compromis, que le clergé catholique refusa d'accepter ; toutefois, à la suite de l'envoi au Canada de Mgr Merry del Val comme ablégat du pape, et d'une bulle pontificale du 18 décembre 1897, le clergé romain revint à des dispositions plus conciliantes ; il renonça à réclamer des changements législatifs, pourvu que les Acts fussent appliqués dans un esprit libéral : que, dans les districts où la population était catholique, on employât des instituteurs catholiques ; qu'à Winnipeg, les 500 enfants catholiques qui fréquentaient les écoles nationales fussent enseignés par des instituteurs de leur confession ; et que ans les écoles rurales françaises, au lieu dé livres d'école bilingues, on employât des livres français pour les leçons aux élèves les plus jeunes.

L'ancien territoire d'Assiniboia a été, en 1905, incorporé à la province de Manitoba.

L?administration centrale de l'instruction publique est le Département d'éducation, constitué par les membres du Conseil exécutif ; il est assisté d'un Comité consultatif (Advisory Board) de huit membres, dont six nommés par le Département d'éducation, et deux élus par le personnel enseignant des écoles élémentaires et par celui des high schools ; ce Comité nomme les inspecteurs et reçoit leurs rapports. Les autorités locales sont les trustees dans les districts ruraux, et les School Boards dans les villes et villages ; elles nomment les instituteurs, et font lever les taxes scolaires par l'intermédiaire du conseil municipal (municipal council). L'enseignement est gratuit ; il n'est pas obligatoire.

Tous les instituteurs et institutrices des écoles publiques doivent être porteurs de certificats délivrés par le Comité consultatif ; ces certificats sont de trois classes. Les traitements du personnel enseignant sont fixés par des arrangements privés conclus avec les trustees ou les School Boards. Le traitement moyen dans les villes était, en 1907, de 701 dollars ; dans les écoles rurales, de 515 dollars ; le plus haut traitement payé dans une ville était de 2400 dollars, et, dans une école rurale, de 700 dollars Au-dessus des écoles publiques ordinaires [public schools) sont des écoles intermédiaires (intermediate schools), dont le programme est un développement du programme des écoles élémentaires.

En 1907, la population d'âge scolaire (de cinq à vingt et un ans) inscrite dans les écoles publiques était de 67 144 élèves ; la fréquentation moyenne était de 37 279 élèves. Il y avait dans les écoles publiques 2480 instituteurs (595 hommes, 1885 femmes).

Il y a une école normale provinciale à Winnipeg, et des écoles normales locales dans chacun des districts d'inspection.

L'enseignement « secondaire » est donné dans des établissements appelés collegiate schools. Il y en a trois : à Winnipeg (525 élèves en 1898), à Brandon (210 élèves) et à Portage-la-Prairie (126 élèves).

La dépense totale pour les écoles, en 1907, a été de 1 697 487 dollars, dont 338429 fournis par la province, le reste provenant des taxes locales.

L'université de Manitoba, à Winnipeg, date de 1877. C'est un corps d'examinateurs, comme était autrefois l'université de Londres ; mais un certain nombre de collèges libres (un catholique, un épiscopalien, un presbytérien, un méthodiste, et un collège de médecine) y sont affiliés.

Colombie britannique. ? C'est la découverte de gisements aurifères qui a attiré l'attention sur cette région en 1857. Quelques écoles furent établies en premier lieu par l'initiative privée. Mais en 1869 une ordonnance sur les écoles (Common Schools Ordinance) fut rendue par le gouverneur en conseil. En 1872 (l'année qui suivit l'entrée de la Colombie dans la Confédération), la législature vota une loi scolaire dont beaucoup de dispositions ont été textuellement empruntées à la loi en vigueur dans l'Ontario ; cette loi a été révisée depuis à plusieurs reprises ; le principe de la gratuité, celui de l'obligation et celui de la neutralité religieuse y sont inscrits.

En 1872, la province comptait 25 écoles, avec 1028 élèves ; en 1907-1908, elle comptait 412 écoles, avec 33 223 élèves, à savoir : 218 écoles rurales assistées, 128 écoles rurales municipales, 50 écoles urbaines à plusieurs classes (graded schools), et 16 high schools. Il y a pour les instituteurs et institutrices trois classes de brevets. En 1898, la moyenne des traitements était dans les districts urbains, de 760 dollars, dans les districts ruraux de 675 dollars. Il n'existait pas encore d'école normale en 1898.

La Colombie britannique ne possède ni université, ni hautes écoles techniques.

Saskatchewan et Alberta. ? Antérieurement à leur érection en province en 1905, ces deux territoires formaient, avec celui d'Assiniboia (aujourd'hui incorporé à la province de Manitoba), une unité administrative comptant, en 1894, une population de 87 000 habitants, dont 13 000 étaient des Indiens ; la capitale commune était Regina.

L'autorité centrale pour l'éducation, dans les trois territoires unis, était le Conseil d'instruction publique formé des membres du Conseil exécutif des territoires, et de quatre personnes désignées par le lieutenant-gouverneur en conseil, deux protestants et deux catholiques. L'autorité locale, dans chaque district scolaire, était le comité des trustees, élu par les contribuables. Dans la règle, l'école n'était pas confessionnelle ; mais les protestants et les catholiques pouvaient, dans un district où ils étaient en minorité, réclamer le droit d'avoir une école séparée. L'enseignement était gratuit, mais non obligatoire. Les catégories d'écoles prévues par la loi était : les écoles publiques (public schools), pour les enfants au-dessus de cinq ans (quelques-unes d'entre elles étaient des classes complémentaires dites high schools), les jardins d'enfants, pour les enfants de quatre à six ans ; les écoles du soir, pour les élèves de plus de quatorze ans qui ne pouvaient fréquenter une école de jour ; les écoles normales.

Il y avait, en 1898-1899, 453 public schools, avec 18801 élèves inscrits (fréquentation moyenne. 9415) ; sur ce nombre, 16 825 étaient élèves de public schools non confessionnelles, 1092 étaient élèves de public schools catholiques (dans des districts exclusivement catholiques), et 884 étaient élèves d'écoles catholiques séparées. On comptait 74 instituteurs et 42 institutrices de première classe, 118 instituteurs et 153 institutrices de deuxième classe, et 40 instituteurs et 56 institutrices de troisième classe. L'école normale se trouvait à Alberta.

Le rapport du Conseil d'instruction publique pour 1898 disait : « Un problème très sérieux et très pressant qui s'impose à nous vient de l'établissement parmi nous de tant d'émigrés appartenant à des nationalités diverses et qui forment des groupements spéciaux : il y a des colonies de Suédois, de Finnois, de Tchèques, de Hongrois, de Juifs, d'Autrichiens, d'Allemands, de Russes, d'Islandais, de Mennonites, de Galiciens, et de Doukhobors. Outre ces colonies étrangères, il y a, dans le Saskatchewan, des districts dont la population parle exclusivement le français et qui, pour diverses raisons, n'ont pas d'écoles en activité. Dans l'intérêt des enfants aussi bien que dans celui du pays, tous les moyens devraient être employés pour encourager l'ouverture et l'entretien d'écoles dans ces communautés où la langue anglaise n'est pas parlée. L'assimilation de ces races diverses est un problème dont la solution demande de la patience, du tact, et une législation à la fois tolérante et ferme. »

Dans la province actuelle de Saskatchewan, l'autorité centrale pour l'éducation est le Département d'éducation, que préside un commissaire de l'éducation. Le Département est assisté par un Conseil de l'éducation composé de cinq membres, nommés par le gouvernement. Dans chaque district scolaire, l'autorité scolaire locale est le comité des trustees, élu par les contribuables. Dans la règle, l'école n'est pas confessionnelle ; mais les protestants et les catholiques peuvent, dans les districts où ils sont en minorité, user du droit d'avoir une école séparée, administrée par des trustees appartenant à leur confession. L'instruction est gratuite et obligatoire. Parmi les écoles primaires publiques, quelques-unes possèdent une classe ou plusieurs classes donnant l'enseignement secondaire : on appelle celles-là high schools. En 1906, il y avait 873 écoles publiques, avec 31275 élèves inscrits (fréquentation moyenne, 15770), et 1298 maîtres de l'un et de l'autre sexe (563 hommes et 735 femmes) ; le salaire moyen des instituteurs était de 651 dollars, celui des institutrices de 581 dollars.

Dans la province d'Alberta, l'autorité centrale est le Département de l'éducation, que préside le ministre de l'éducation, et qu'assiste un Conseil d'éducation de cinq membres, nommés par le gouvernement. Les écoles sont administrées par des comités de trustees, élus par les contribuables du district scolaire. Les arrangements pour les écoles confessionnelles séparées sont les mêmes que dans le Saskatchewan. En 1907, il y avait 644 écoles publiques, avec 34338 élèves inscrits (fréquentation moyenne, 17 310), et 1210 maîtres de l'un et de l'autre sexe ; le salaire moyen du personnel enseignant variait, selon le sexe et la classe, de 547 à 910 dollars.

Youkon. ? Le Youkon, érigé en province en 1908, formait antérieurement un district rattaché à la province de Colombie britannique. Nous n'avons pu obtenir de renseignements sur la situation de l'instruction publique dans cette province.

Territoires. ? Les renseignements manquent sur les territoires d'Ungava, de Keewatin et de Mackenzie, où il n'a pas été organisé, jusqu'à présent, de système régulier d'écoles, la population étant trop clairsemée. Quant au territoire de Franklin, il est inhabité, ou parcouru seulement par quelques chasseurs et pêcheurs et des tribus d'Esquimaux.