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Campe (Joachim-Henri)

Célèbre écrivain et pédagogue allemand, né en 1746, dans le duché de Brunswick. Il étudia la théologie à Halle et devint en 1773 aumônier de régiment à Potsdam. Mais il avait ressenti l'influence des idées philosophiques des écrits de Locke et de Rousseau, et il se détourna de la théologie pour se vouer à l'enseignement. En 1776, il fut appelé par le prince de Dessau pour remplacer Basedow dans la direction du Philanthropinum, qu'il ne conserva qu'une année. Il fonda ensuite un établissement d'éducation à Trittow, près de Hambourg, et fut appelé à réformer le système d'instruction dans le duché de Brunswick. Il finit par se retirer de l'enseignement pour se vouer tout à fait à la carrière d'écrivain, où il remporta les plus brillants succès. Il mourut en 1818.

Les principes pédagogiques de Campe sont absolument conformes à ceux de Basedow : exercice des forces corporelles, direction de l'éducation vers l'utile, développement du bon sens et de la raison. Il exposa ses idées dans deux recueils successivement fondés par lui : le Journal de Brunswick (1788-1791) et la Révision générale du système scolaire (1785-1791, 16 volumes). On a justement reproché à Campe d'avoir exagéré le côté utilitaire : ainsi il mettait l'inventeur du rouet et celui qui avait introduit la pomme de terre en Europe au-dessus d'Homère.

Le mérite de Campe réside surtout dans les écrits qu'il a composés pour les enfants. Il est en Allemagne le principal représentant de ce genre de littérature, dans lequel il a déployé une fécondité extraordinaire. Il a publié : Nouvelle Bibliothèque pour les enfants (6 volumes) ; Collection de voyages célèbres pour la jeunesse (12 volumes) ; Nouvelle collection de voyages célèbres pour la jeunesse (7 volumes). De tous ces ouvrages, le plus répandu est le Jeune Robinson (Robinson der Jüngere), dans lequel il a remanié à l'usage des enfants le célèbre roman de Daniel Defoë, que J.-J. Rousseau avait déjà déclaré « le plus heureux traité d'éducation naturelle ». On a critiqué dans ces écrits, que l'Allemagne ne cesse de rééditer, des digressions morales souvent ennuyeuses et une exagération de la simplicité qui conduit à la platitude. Mais il n'est pas douteux que ces livres ont beaucoup contribué à répandre des connaissances utiles, une morale saine quoique un peu terre à terre, et le goût de la lecture.

Parmi les ouvrages de Campe qui s'adressent aux adultes, il faut citer Théophron, ou le Conseiller éclairé pour la jeunesse sans expérience, ainsi que le Conseil paternel pour ma fille, pendant du Théophron. Campe a aussi consacré une partie de ses travaux à l'étude de la langue allemande. Il a publié un Dictionnaire de la langue allemande (5 volumes in-4°, 1807-1812). Il s'est efforcé de purger la langue des mots étrangers, qui s'y trouvaient en grand nombre. Il avait reçu, le 26 août 1792, avec Klopstock, Schiller, Pestalozzi et d'autres, de l'Assemblée législative le titre de citoyen français.

Michel Breal