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Brougham (Henry)

 Nous n'avons pas à étudier la longue carrière politique de ce célèbre homme d'Etat écossais (né en 1779, mort en 1868) ; mais on ne saurait sans ingratitude omettre son nom dans ce Dictionnaire. Au moment même où les affaires, la littérature et la politique semblaient l'absorber tout entier, Henry Brougham soulevait un des premiers en Angleterre la question alors absolument négligée de l'éducation populaire. Membre du parti radical, il avait fait nommer, dès 1816, par la Chambre des communes un comité d'enquête sur l'état de l'instruction dans les classes ouvrières ; ce comité n'eut pas de peine à établir que plus de cent mille enfants grandissaient annuellement a Londres sans recevoir aucune instruction. Brougham ne se lassa pas de revenir à la charge pour que des mesures législatives fussent prises en vue d'améliorer cette situation. Il fut, avec Birbeck, un des fondateurs (1823) des écoles d'adultes, des «Mechanics' institutes » (« instituts d'ouvriers »).

Brougham fut aussi l'un des principaux fondateurs et le premier président de la Société pour la diffusion des connaissances utiles (1826), en vue de laquelle il écrivit, entre autres opuscules, son discours Sur le but, les avantages et les plaisirs de la science. Ce fut cette Société qui publia une revue illustrée de vulgarisation scientifique, le Penny Magazine (1832-1846), ainsi qu'une encyclopédie populaire excellente, la Penny Cyclopedia. La plus connue des publications de Brougham en faveur de l'enseignement populaire est sa brochure de 1825, Observations pratiques sur l'éducation du peuple, répandue à plus de cinquante mille exemplaires et traduite en français l'année suivante. On sait que cette publication contribua puissamment à faire triompher la cause à laquelle Brougham, Lord Russell et quelques autres s'étaient voués avec ardeur ; c'est sous leur énergique pression que le Parlement anglais se décida à voter le premier budget de l'instruction primaire (1833). Brougham était devenu Lord chancelier en 1830 ; il résigna ses fonctions en 1834 lorsque le parti tory revint au pouvoir ; mais il ne cessa pas, jusqu'à sa mort, de s'occuper avec ardeur de la cause de l'instruction du peuple. On a souvent cité cette phrase de lui, un peu hyperbolique sans doute, mais qui n'est pas sans quelque vérité: Le temps vient où l'instituteur, et non plus le canon, sera l'arbitre du monde.