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Braille (Louis)

Né le 4 janvier 1806, à Coupvray (Seine-et-Marne). Fils d'honnêtes artisans, il perdit la vue par accident à l'âge de trois ans, et devint, en 1819, élève de l'Institution des jeunes aveugles de Paris. Il s'y fit vite remarquer, autant par la douceur de son caractère que par la finesse de son esprit et par son aptitude aux études intellectuelles et musicales. Il devint professeur dans l'institution même, à la fin de 1828, et montra dans son enseignement une netteté parfaite d'éxposition et une rare patience ; il écrivit même pour ses élèves divers abrégés élémentaires, et surtout un Traité d'arithmétique très bien fait, qui fut imprimé en relief en 1838. Mais c'est surtout par l'invention d'une écriture saillante que Braille s'est rendu célèbre parmi les aveugles : Haüy leur avait donné les moyens de lire des impressions typographiques en relief, Braille leur donna une écriture, en relief aussi, qu'ils purent lire avec facilité, avec certitude, avec célérité. Un homme ingénieux, Charles Barbier, l'avait précédé dans la recherche d'une telle écriture ; il avait formé un tableau des sons de la langue française, qu'il réduisait à trente-six, et avait imaginé autant de signes en points saillants qu'il formait au moyen d'une machine d'une extrême simplicité. Mais l'écriture en points de Barbier était défectueuse à bien des égards : c'était une écriture de convention, dont les caractères prenaient beaucoup de place et ne pouvaient s'écrire et se lire que lentement, qui était d'ailleurs insuffisante, car elle ne donnait ni ponctuation ni chiffres. Louis Braille reprit l'idée première de Barbier, c'est-à-dire l'emploi de caractères en points saillants, et fut conduit d'essais en essais, de combinaison en combinaison, à un système plus prompt puisqu'il simplifie considérablement les caractères, plus grammatical puisqu'il représente non plus les sons de la langue parlée, mais les lettres mêmes de la langue écrite, plus général puisqu'il s'applique encore à tous les signes de ponctuation, aux chiffres et même à la musique.

Nous avons donne le tableau de l'alphabet Braille à l'article Aveugles.

Cette écriture de Braille fut une révolution dans l'enseignement des aveugles et dans leur existence morale, car des livres nombreux purent être imprimés dans ce système plus facile à lire pour les aveugles que le système typographique ordinaire ; on imprima aussi de nombreux morceaux de musique, chose entièrement nouvelle pour les aveugles, le système de notation musicale des voyants étant impraticable pour eux. Braille lui-même écrivit une explication de son système, qui fut imprimée en relief typographique en 1829 sous le titre de Procédé pour écrire les paroles, la musique et le plain-chant au moyen de points, à l'usage des aveugles. Cette écriture de Braille est adoptée aujourd'hui dans la plupart des institutions d'aveugles de tous les pays, et devra certainement s'introduire dans toutes, car rien ne peut en tenir lieu.

Braille avait toujours été très faible de constitution ; il était souvent obligé de suspendre ses travaux, et enfin il avait entièrement cessé de faire des classes depuis plusieurs mois, lorsqu'il mourut le 6 janvier 1852, à l'âge de quarante-trois ans. Par un mouvement spontané, les élèves et les professeurs de l'institution demandèrent qu'un monument fût élevé dans l'établissement, au moyen de leurs souscriptions, à la mémoire de leur maître vénéré et de leur collègue bien-aimé ; et l'on voit aujourd'hui dans le vestibule de l'Institution des jeunes aveugles de Paris un buste en marbre de Louis Braille dû au ciseau du sculpteur Jouffroy.

Joseph Guadet