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Bouillet (Marie-Nicolas)

Lexicographe français, né à Paris en 1798 et mort en 1864. Il fut élève de l'Ecole normale, enseigna pendant vingt ans la philosophie dans les collèges de Paris, puis devint successivement proviseur, inspecteur d'académie, inspecteur général de l'enseignement secondaire.

Il se fit connaître dans le monde savant par diverses éditions et traductions d'ouvrages philosophiques. Mais, quelle que soit la haute valeur de ces publications, ce ne sont pas elles qui ont vraiment fait sa réputation. Son nom est resté attaché à des oeuvres moins érudites, mais dans lesquelles il a entrepris de populariser la science. Dès 1827, il publiait en deux volumes in-8° un Dictionnaire classique de l'antiquité sacrée et profane. L'accueil fait à cet excellent livre fournit à l'auteur l'idée et lui inspira le courage d'élargir son cadre et de rassembler dans un même ouvrage toutes les connaissances essentielles qui se rapportent aux temps anciens et modernes. Après un labeur opiniâtre de dix ans, il donna son Dictionnaire universel d'histoire et de géographie (1 vol. gr.in-8°, 1842). II ajouta ensuite à ce livre deux autres qui le complètent (Dictionnaire universel des sciences, des lettres et des arts, 1854 ; Atlas universel d'histoire et de géographie, 1864). Dix ans séparent l'apparition de chacun de ces ouvrages, entreprises colossales qui n'ont pu, même avec l'aide de collaborateurs, être menées à bonne fin que grâce à l'énergie et à la puissance de travail qui caractérisaient M. Bouillet.

La réunion de ces trois ouvrages forme toute une encyclopédie, dont l'immense succès, attesté par de nombreuses éditions, a rendu le nom de l'auteur justement populaire. M. Bouillet a eu des imitateurs, mais le mérite de la conception lui reste tout entier, et ses ouvrages gardent une supériorité incontestable. Il a rendu un immense service, non pas seulement aux gens du monde et aux lettrés, mais à tous ceux qui, à un degré quelconque, s'occupent d'enseigne ment. Si solide que soit l'instruction d'un professeur, si sûre que soit sa mémoire, il a toujours besoin de préciser quelque souvenir, de se mettre en garde contre quelque erreur, quelque oubli ou quelque con fusion. Les richesses de M. Bouillet ou, comme on le dit d'une manière expressive, « les Bouillet », sont là pour obvier aux défaillances de la mémoire. Le maître qui prépare son enseignement n'a plus à craindre d'être pris au dépourvu et d'avancer au hasard un fait de quelque importance : il n'a qu'à étendre le bras vers les Dictionnaires de M. Bouillet, qui le tirent d'incertitude. En répandant ainsi à profusion une science exacte et saine, M. Bouillet a bien mérité de l'enseignement populaire comme de l'enseignement supérieur.

Le Dictionnaire d'histoire et de géographie a été complètement refondu en 1893, sous la direction de M. L.-G. Gourraigne (33e édition, avec un supplément, en 1908) ; le Dictionnaire des sciences, des lettres et des arts a été de même refondu en 1896, sous la direction de MM. J. Tannery et E. Faguet (17e édition, avec un supplément, en 1908).

Antoine CHASSANG