bannière

b

Bohème

La Bohême est l'un des pays de l'Europe continentale où l'instruction primaire a pris le plus rapide développement. Dès le moyen âge, Prague avait été le siège d'une université (1348), la seconde de l'Europe après celle de Paris, qui attirait de nombreux étudiants d'Allemagne, de Hongrie, de Pologne. Jean Hus, en prêchant la réforme de l'Eglise, substitua au latin l'idiome national, le tchèque, comme plus tard Luther devait introduire dans l'Eglise le haut allemand. Hus fit de nombreux disciples qui habituèrent le peuple à lire les Ecritures dans sa langue maternelle ; la secte austère des Frères Bohêmes, plus connue sous le nom de Frères Moraves, publia une remarquable traduction de la Bible, qui est aussi estimée chez les Slaves que celle de Luther chez les Allemands. Quand, au début du dix-septième siècle, la maison d'Autriche entreprit d'écraser à la fois le Hussitisme et la Réforme, le grand pédagogue Comenius (de son vrai nom Komensky) apparut. Son oeuvre n'est pour ainsi dire que la résultante du mouvement des esprits en Bohême depuis Jean Hus ; on ne connaît guère en Occident que ses oeuvres latines, mais il a beaucoup écrit dans sa langue maternelle.

Pendant la période de réaction politique et religieuse qui dura jusqu'au règne de Joseph II, la Bohême vit anéantir les monuments de sa littérature nationale et dut livrer ses écoles aux Jésuites. Joseph II lui rendit les écoles, mais pour les germaniser : son règne fut en ce sens le point de départ d'un mouvement qui continue encore aujourd'hui.

Les Tchèques, à force d'énergie, firent rentrer peu à peu leur idiome dans la politique et dans l'école. Ils se rattachèrent à la tradition de Hus et de Komensky, et forcèrent le gouvernement à reconnaître le principe de la Gleichberechtigung, c'est à-dire de l'égalité des nations de l'empire d'Autriche au point de vue de l'emploi de leur langue dans l'enseignement.

Les Tchèques témoignent d'une sage aptitude pour la pédagogie. Leurs écoles primaires et professionnelles sont justement renommées ; les séminaires d'instituteurs et d'institutrices de Prague, de Brünn, etc., ne le cèdent en rien aux séminaires allemands. Vu leur facilité à s'assimiler les autres langues, les Tchèques fournissent des maîtres aux pays congénères, à la Croatie, à la Serbie, à la Russie même. Il paraît en langue tchèque, tant en Bohême qu'en Moravie, une douzaine de recueils pédagogiques périodiques fort bien faits, dont l'un porte le nom du grand pédagogue slave Komensky.

Ce qui concerne l'histoire du système scolaire, la législation, l'administration et l'organisation des écoles, le personnel enseignant et les élèves, se trouve à l'article général Autriche.

Louis Léger