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Bibliothèques pédagogiques

 Les bibliothèques cantonales ou pédagogiques, destinées à permettre aux instituteurs d'étendre et d'approfondir leurs connaissances théoriques, forment une annexe des conférences pédagogiques.

Bien que l'institution de ces bibliothèques remonte à l'année 1837, leur organisation n'a jamais fait l'objet d'une règlementation précise et uniforme.

Fondées et entretenues par les instituteurs et institutrices désireux de suppléer ainsi à l'insuffisance des bibliothèques scolaires, les bibliothèques pédagogiques sont presque toutes établies au chef-lieu de canton où se réunissent les conférences.

Elles sont constituées en vertu de statuts rédigés par les membres fondateurs et soumis à l'approbation de l'autorité académique.

L'instituteur résidant au chef-lieu de canton remplit de droit les fonctions de bibliothécaire. Un Comité d'administration, généralement composé de l'inspecteur primaire, président, et de quelques instituteurs désignés dans les conférences, est chargé de 1 administration de la bibliothèque ; il en règle le budget.

Les ressources des bibliothèques pédagogiques se composent : 1° des cotisations des instituteurs et des institutrices et de celles des membres honoraires ; 2° des concessions de livres du ministre de l'instruction publique, des subventions des départements et des communes, des dons des particuliers, principalement des libraires et éditeurs.

Aucun livre ne peut être introduit dans les bibliothèques pédagogiques sans l'approbation de l'autorité académique.

Une Commission a d'ailleurs été instituée par arrêté du 15 mai 1879 pour examiner les ouvrages qui conviennent le mieux aux bibliothèques pédagogiques. Elle est chargée de la rédaction du Catalogue officiel destiné à servir de guide aux instituteurs.

Bien que l'administration se soit efforcée de favoriser, autant qu'il dépendait d'elle, le développement des bibliothèques pédagogiques, cette utile institution n'a pas donné tous les résultats qu'on en pouvait attendre.

Une circulaire en date du 14 mars 1904 expose ainsi la situation et préconise certaines mesures destinées à y remédier :

« Partout le nombre des prêts est peu élevé, il est même nul dans beaucoup de bibliothèques.

Deux causes ont contribué à l'abandon des bibliothèques pédagogiques par les instituteurs:

1° La nécessité d'aller chercher des livres au chef-lieu de canton, souvent éloigné et d'un abord parfois difficile ;

2° La nature même des ouvrages que renferment ces bibliothèques et qui consistent, pour la plupart, en des spécimens de livres classiques envoyés gratuitement par les éditeurs ou en ouvrages qui ont vieilli et qui n'excitent plus la curiosité des lecteurs.

La première des causes signalées ci-dessus n'existe plus aujourd'hui, la franchise postale accordée par la loi de finances du 30 mars 1902, article 28, permettant aux instituteurs de se procurer, sans déplacement et sans frais, les livres des bibliothèques pédagogiques.

D'autre part, le développement des cours d'adultes et des conférences a pour conséquence d'amener les instituteurs à avoir besoin plus fréquemment qu'autrefois d'emprunter des livres qu'il serait pour eux trop onéreux d'acheter ; d'où la nécessité d'augmenter le fonds des bibliothèques pédagogiques.

Dans ces conditions, au lieu d'avoir une bibliothèque par canton, il serait préférable de n'en avoir qu'une par arrondissement ou par circonscription d'inspection primaire. Les instituteurs et institutrices réunis pour l'entretien d'une bibliothèque verseraient annuellement une modique cotisation qu'on emploierait à des abonnements à quelques périodiques, à l'achat et à la reliure d'ouvrages nouveaux, ainsi qu'à la confection d'un catalogue qui serait mis à la disposition des intéressés.

La liste des livres à acheter pourrait être arrêtée tous les ans par les instituteurs. Leur choix ne porterait pas uniquement sur des ouvrages de pédagogie et de morale, mais aussi sur des livres de littérature, d'histoire, de sciences, etc., figurant aux catalogues des bibliothèques de l'enseignement primaire.

Le nombre des bibliothèques se trouvant ainsi considérablement réduit, il sera possible, avec le crédit inscrit au budget de l'instruction publique, d'accorder des concessions de livres plus fréquentes que par le passé.

Je vous prie, monsieur le préfet, de vouloir bien faire étudier la fusion des bibliothèques cantonales en une ou deux bibliothèques par arrondissement.

En ce qui concerne les livres concédés par mon administration aux bibliothèques qui vont disparaître, il vous suffira d'en prescrire l'envoi à la nouvelle bibliothèque. Quant à ceux qui proviennent de dons faits par les communes et à ceux qui ont été acquis avec le produit des cotisations versées par le personnel enseignant, vous ne pourrez en disposer qu'avec le consentement des donateurs ou acquéreurs ; mais je ne doute pas que vous ne rencontriez chez les uns et les autres le concours le plus désintéressé.

Enfin, les ouvrages classiques donnés par les éditeurs, de même que les autres livres en trop grand nombre, qui viendraient inutilement encombrer les nouvelles bibliothèques, devront rester dans les écoles où ils sont actuellement et être placés sur un rayon spécial de la bibliothèque scolaire. »