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Bertauld (l’abbe)

Chef d'une institution de jeunes gens qui pendant près de quarante années fut une des plus florissantes de Paris, l'abbé Bertauld mérite une mention ici comme inventeur d'un procédé de lecture que les Allemands ont perfectionné et généralisé. Il publia en 1743, sous le litre de Quadrille des Enfants, une méthode de lecture sans épellation qui eut très rapidement plusieurs éditions.

La partie de l'élève se compose essentiellement de 88 fiches carrées, d'où lui est venu le nom de « quadrille ». Ces fiches portent chacune une image représentant un objet connu de l'enfant et destiné à lui faire retenir mnémoniquement une des 88 syllabes dans lesquelles l'abbé Bertauld résume tout l'enseignement de la lecture française ; par exemple, pour apprendre le son u, l'image représente un bossu. On montre la gravure à l'élève, et en même temps le mot bossu, puis uniquement la lettre u. L'élève reconnaît cette lettre, d'abord à l'aide de l'image, et insensiblement par la forme même de la lettre, qui se grave ainsi dans sa mémoire (on reconnaît là en germe le système des mots normaux de Vogel). Lorsque l'élève sait une série de 20 fiches, il applique ses connaissances acquises, dans une suite de syllabes, de mots et de phrases que l'on trouve dans le livre du maître. Par ce moyen, l'enfant apprend rapidement les 88 fiches ; il sait lire au bout de quelques semaines d'exercice.

Cette méthode eut une très grande vogue au dix-huitième siècle. Le roi de Prusse Frédéric II, qui avait été frappé des résultats, fit apprendre à lire par ce procède au prince royal Frédéric-Guillaume.

Auguste Demkès