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Basedow (Jean-Bernard)

L'un des pédagogues allemands les plus renommés, né à Hambourg, en 1723, d'une famille pauvre, étudia la théologie protestante à Leipzig, puis se voua à renseignement, qu'il exerça d'abord dans le Danemark. Il se fit bientôt connaître par de nombreux écrits de théologie, où, tout en restant fidèle à l'Evangile, il exprimait des opinions avancées, et par des livres sur l'éducation, où il mettait en avant des idées nouvelles sur l'étude des langues et des sciences naturelles. Attaqué pour ses opinions religieuses par les pasteurs orthodoxes, il dut quitter sa place en 1761, et vécut quelque temps à Altona et à Hambourg. En 1771, le prince de Dessau, Léopold-Frédéric-François, qui s'intéressait vivement aux questions d'éducation, l'appela auprès de lui, pour l'aider à réformer l'enseignement dans les écoles de sa principauté. Avec les fonds que, sur ses demandes pressantes et répétées, divers princes et particuliers mirent à sa disposition, il créa, en 1774, le Philanthropinurn, sorte d'institut qui devait contenir à la fois un séminaire pour former des maîtres, et un collège avec internat pour des enfants de six a dix-huit ans. On y enseignait d'après les méthodes et avec les livres de Basedow. Un examen public, où lés élèves montrèrent des connaissances remarquables pour leur âge, eut un grand retentissement. Mais Basedow manquait des qualités d'administrateur : d'un caractère irascible, dominateur, agressif, il ne put s'entendre avec ses collègues. En 1776, il déposa ses fonctions, dans lesquelles il eut Campe pour successeur. Il continua à publier des écrits pédagogiques, et il mourut en 1790, à Magdebourg, où il allait passer quelques mois tous les ans, et où, par goût de l'éducation, il prenait part à l'enseignement d'une école.

Les ouvrages de Basedow sont peu nombreux : le plus célèbre est son Elementarbuch (en 4 vol.), Livre élémentaire ou Recueil encyclopédique pour l'enseignement de la jeunesse (1774). Ces quatre volumes, qui mènent l'éducation jusqu'à l'âge de dix-huit ans, embrassent, d'après Basedow lui-même, les objets suivants : « Notions élémentaires sur le monde et sur les choses. — Méthode originale et expérimentale pour apprendre à lire. — Connaissances physiques et naturelles. — Connaissances morales et philosophiques. — Méthode d'instruction impressive et intuitive en matière de religion naturelle. — Notions pratiques sur la société, le commerce, etc. »

L'influence de Rousseau sur Basedow est manifeste : le créateur du Philanthropinum a essayé de réaliser les idées contenues dans l'Emile. Le soin prêté à l'hygiène, l'explication des choses donnée aux enfants par la vue même, l'usage des estampes précédant la lecture, le raisonnement appliqué à la morale, toutes ces recommandations de l'Emile se retrouvent chez Basedow. On lui a reproché de s'adresser trop exclusivement à la raison, sans tenir compte des besoins du coeur et de l'imagination, et sans se préoccuper des dispositions particulières de l'enfant. Il fait reposer l'éducation sur la notion de l'utile : le côté historique et la connaissance de l'antiquité sont sacrifiés. Mais Basedow eut le mérite de transporter les questions pédagogiques sur le terrain de l'application : il provoqua en Europe, et particulièrement en Allemagne, un mouvement d'idées qui ne s'arrêta plus. Son continuateur direct fut Campe. Pestalozzi, par certains côtés, subit également son in fluence.

Nous résumons au mot Philanthropinisme l'histoire de la tentative de Basedow et de ses disciples pour réformer l'éducation en Allemagne.

Michel Breal