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Barrau (Madame de)

Caroline-Françoise Coulomb, née en 1828 à Paris, morte en 1888 à Paris, épousa en 1848 M. de Barrau de Muratel, attaché d'ambassade, et demeura dès son mariage au château de Montagaet (Montagne-Noire du Tarn, au-dessus de Sorèze).

Ayant fait de fortes études (humanités gréco-latines, langues vivantes, musique), elle se sentait portée vers les questions d'éducation, auxquelles elle fut définitivement gagnée par sa sympathie respectueuse pour Mme Elisa Lemonnier, fondatrice des écoles professionnelles: aussi résolut-elle de diriger elle-même l'éducation de ses propres enfants.

« Féministe », alors que ce qualificatif était à peine connu, mais était déjà vilipendé, elle groupa autour de sa fille et de ses deux fils quelques camarades des deux sexes, et choisit pour collaborer à sa lâche des professeurs qui, sous sa direction, devinrent des maîtres.

Cette école improvisée, où nul ne connut jamais le surmanage, fut tout à fait probante au point de vue de l'égalité intellectuelle des deux sexes, et remporta de beaux succès aux baccalauréats ès-lettres et ès-sciences, aux examens de licence et de doctorat en médecine ; une des élèves conquit même brillamment le titre de doctoresse ès-sciences.

Etablie à Paris dès que les études de ses enfants et de ses pupilles l'exigèrent, elle ouvrit sa maison aux jeunes étudiantes en médecine, étrangères pour la plupart, et elles trouvèrent en Caroline de Barrau un appui matériel quelquefois, un appui moral toujours.

Novatrice en éducation, féministe presque avant la lettre, cosmopolite par sympathie universelle, Caroline de Barrau fut en même temps patriote jusqu'à l'héroïsme. Aux temps les plus sombres de la guerre franco-allemande, elle transforma en ambulance son château du Montagnet, et y soigna quarante blessés qu'elle était allée chercher elle-même sur les champs de bataille de la Loire. La variole sévit sur ces victimes ; elle en sauva trente-neuf, qui la quittèrent en la bénissant.

Bienfaisante d'une activité qui ne s'endormit pas plus dans le calme que dans la tempête, Caroline de Barrau réorganisa, puis dirigea pendant quelques années, l'OEuvre des libérées de Saint-Lazare ; elle fonda en 1886-1887, avec son amie Mme Pauline Kergomard, l'Union française pour le sauvetage de l'Enfance, et mourut à la peine, ayant donné tout son temps, tout ce qui lui appartenait en propre, toute sa santé, ayant en un mot, éducatrice incomparable, donné son exemple vivant, irrésistible et qui lui survit.

Les publications pédagogiques de Mme Caroline de Barrau sont : La Femme et l'Education (Fischbacher) ; de nombreux articles dans l'Ami de l'Enfance, or gane de la Méthode d'éducation maternelle française (Hachette). Ses publications de revendication féministe sont : Le Salaire des femmes ; Les Femmes de la campagne à Paris ; — Lettres à M. le pasteur Leblois ; — de nombreux articles dans les journaux de la Fédération abolitionniste, dans le Droit des Femmes.

Pauline Kergomard