C'est en France que naquit la première idée d'un enseignement systématique pour les aveugles ; c'est là que s'établit la première école, c'est de là que s'est répandu cet enseignement dans toute l'Europe et dans les deux Amériques.
1. Historique. — On raconte qu'en 1771, dans un café de la foire Saint-Ovide, à Paris, dix aveugles affublés de robes grotesques et de longs bonnets pointus paradaient sur des tréteaux. Ils avaient sur le nez de grosses lunettes de carton sans verre ; placés devant un pupitre qui soutenait des cahiers de musique et des lumières, ils exécutaient un air monotone sur divers instruments. Ce spectacle excita l'indignation d'un jeune commis aux affaires étrangères, Valentin Haüy. Il se promit d'instruire les aveugles, de les faire lire réellement, et il tint parole. Après treize ans d'études il alla chercher, sous le porche de l'église Saint-Germain des Prés, son premier élève, un jeune aveugle nommé Lesueur, qui mendiait pour ses parents. A cette époque (1784), on parlait beaucoup à Paris de Mlle Paradis, jeune Allemande devenue excellente musicienne, quoique aveugle, et, à son sujet, des aveugles qui s'étaient distingués dans les sciences, comme Saunderson en Angleterre, Wissembourg en Allemagne. Lesueur avait seize ans ; Haüy lui fit concevoir l'espoir d'un sort préférable. Mais il dut remplir lui-même la sébile du mendiant afin de le posséder toute la journée. C'était le maître qui payait un cachet à l'élève. D'abord Lesueur lut en promenant les doigts sur des caractères mobiles en relief qu'il rangeait sur une planche percée de rainures horizontales. Pour écrire sous la dictée, il employait le même procédé. Cet enseignement rudimentaire parut merveilleux au lieutenant de police Lenoir et aux ministres d'alors, qui voulurent être témoins des exercices de Lesueur. L'Académie des sciences, appelée à juger cette nouvelle méthode, publia un rapport très élogieux.
Deux grands pas étaient faits : l'expérience avait prononcé, et l'attention était éveillée. La Société philanthropique fonda à ses frais un hospice pour 24 aveugles, dont Haüy fut nommé l'instituteur.
Un jour Lesueur, en rangeant les papiers de son maître, trouva un billet d'invitation qui, fortement foulé par la presse, avait conservé en relief l'empreinte de certains caractères : un O surtout était parfaitement tangible. Fier de sa trouvaille, l'enfant montre à Valentin Haüy qu'il peut déchiffrer plusieurs lettres sur ce papier. Ce fut un trait de lumière. Haüy trace aussitôt sur la même feuille avec le manche d'un canif quelques signes qui sont reconnus sans hésitation. L'impression en relief était découverte ! Un pas immense était franchi : l'aveugle pouvait avoir un livre, ce maître qui parle bas, qui se laisse interroger à toute heure, qui renferme tous les trésors de science et d'érudition accumulés par l'humanité depuis des siècles. Haüy fit imprimer quelques livres avec caractères en relief ; les feuilles étaient collées deux à deux ; on lisait ainsi au recto et au verso.
Quelques années s'écoulèrent sans changements notables. La musique seule prit quelques développements parmi les élèves d'Haüy, et l'on vit en 1787 et 1788 ces enfants exécuter dans plusieurs églises de Paris des motets composés pour eux, des marches chantantes aux processions de la Fête-Dieu, le tout suivi de quêtes au profit de l'institution naissante.
Cependant la Révolution arrivait ; la Société philanthropique, désorganisée par la dispersion de ses membres, ne fut plus en état de soutenir l'institut des aveugles. Haüy implora le secours du gouvernement. L'Etat adopta les enfants aveugles.
Un décret de l'Assemblée constituante (31 juillet 1791) créa pour les jeunes aveugles une maison d'éducation. Un second décret (28 septembre 1791) assigna un revenu de 13 900 livres, sur les fonds des Quinze-Vingts, à cet établissement, qui prit le nom d'Institut national des aveugles travailleurs, et il y joignit une somme annuelle de 15 000 livres pour la pension de trente élèves (à 500 livres par élève) ; le même décret réunit les institutions des sourds-muets et des aveugles en un seul et même établissement. En 1793, l'institut des aveugles fut séparé de celui des sourds-muets, et transféré dans l'hospice des Catherinettes ; le nombre des places gratuites fut porté à quatre-vingt-six par le décret du 10 thermidor an III.
Sous le Directoire, Haüy reçut quelques encouragements. Mais le Consulat, trouvant que les Aveugles travailleurs coûtaient trop à l'Etat, les réunit à l'hospice des Quinze-Vingts (arrêté du 4 nivôse an IX), et Haüy fut mis à la retraite. Au moment même où l'Institution des jeunes aveugles était ainsi presque anéantie, un de ses élèves, le jeune Penjon, parvenait à se faire admettre comme externe aux cours du lycée Charlemagne, où il obtint en 1805 le premier prix de mathématiques et le 3e accessit au grand concours. L'année suivante il avait le premier prix au lycée, et le second au grand concours. Penjon fut en 1810 nommé professeur de mathématiques au lycée d'Angers.
Haüy, après sa mise à la retraite, avait fondé pour les aveugles un pensionnat qui eut peu de succès, les aveugles pouvant payer une pension n'étant pas nombreux. Alors (1806), cédant aux sollicitations de l'empereur de Russie Alexandre Ier, Haüy se rendit à Saint-Pétersbourg pour y fonder une école. Il y resta onze ans.
A la tête de l'école des Quinze-Vingts fut placé en avril 1814 un homme actif et entreprenant : c'était le Dr Guillié. D'abord il obtint une ordonnance royale qui rendait à l'école des aveugles une existence distincte, en la détachant des Quinze-Vingts. Un nouveau règlement (30 oct. 1815) lui assigna pour but « d'instruire des enfants aveugles et de leur donner un métier utile » ; il créait quatre-vingt-dix places gratuites, dont un tiers pour les filles. Les boursiers devaient être âgés au moins de dix ans et au plus de quatorze. Leur séjour dans l'établissement était de huit ans. Le règlement faisait une part à peu près égale à l'enseignement intellectuel, à l'enseignement musical et à l'enseignement professionnel. La distribution de la journée donnait dix heures et demie de travail.
L'enseignement musical atteignit une prospérité réelle, du moins en ce qui concerne l'étude des instruments. Le Dr Guillié eut le talent d'attirer à lui et d'intéresser à ses élèves les premiers artistes du temps, les Duport, les Habeneck ; sous ces maîtres éminents, quelques élèves devinrent de véritables artistes ; l'Institution eut un orchestre excellent. Dans le quartier des filles, l'étude du piano fit de grands progrès. Celle de l'orgue fut introduite : le directeur comprenait déjà quelle pourrait être l'importance de cet instrument pour les élèves de l'Institution.
Quant aux travaux manuels, on trouve, dans plusieurs rapports adressés par le Dr Guillié au ministère de l'intérieur, la nomenclature de dix-sept espèces de travaux exécutés par les jeunes aveugles. C'était trop pour une préparation pratique.
Le Dr Guillié se retira en février 1821. Un homme étranger à l'enseignement, le Dr Pignier, fut fait « directeur premier instituteur des jeunes aveugles ». Le Dr Pignier apporta peu de changements aux méthodes ; la musique seule changea de caractère: précédemment on visait surtout à faire pour l'orchestre de bons exécutants ; maintenant on fit surtout des organistes, qui successivement furent admis à toucher de l'orgue à Saint-Etienne du Mont, à Saint-Thomas d'Aquin, aux Missions-Etrangères et dans d'autres églises.
Dans les années qui suivirent immédiatement (1825-1829), un fait d'importance capitale s'accomplit dans l'Institution. C'est l'invention du système d'écriture en points saillants.
La première idée de ce genre d'écriture est due à une personne étrangère à l'Institution, à Charles Barbier, qui représenta par des signes en points les sons principaux de la langue parlée. Les caractères en points de Barbier avaient 1 avantage de pouvoir être écrits par les aveugles, mais ils présentaient de graves inconvénients. Le jeune Louis Braille, qui était alors professeur de piano à l'Institution, y chercha des modifications, et fut conduit d'essai en essai à les transformer complètement : il rendit à la fois l'écriture plus prompte, en simplifiant considérablement les caractères ; plus rationnelle, en représentant non plus les sons de la langue parlée, mais les lettres mêmes de la langue écrite ; plus générale, car il m'appliqua encore aux signes de ponctuation, aux chiffres et à la musique.
Dans la musique, l'Institution produisit pendant cette période deux artistes d'un talent supérieur: Claude Montal, facteur de pianos, et Gabriel Gauthier, organiste de Saint-Etienne du Mont, qui fut le véritable créateur des classes de solfège et d'harmonie à l'Institution.
Après la mise à la retraite du Dr Pignier, le second instituteur Dufau, qui comptait vingt-cinq ans d'enseignement dans l'établissement, fut nommé directeur. Quelques jours plus tard, M. Jean Guadet (fils du conventionnel Guadet) était nommé second instituteur.
Un règlement nouveau donnait au directeur l'administration de l'établissement et la surveillance générale des études: préposait à l'enseignement et à la discipline dans le quartier des garçons un instituteur, dans celui des filles une institutrice, à l'enseignement religieux un aumônier ; constituait en outre un personnel de professeurs aveugles des deux sexes (un chef d'orchestre, six professeurs, quatre aspirants qui furent bientôt nommés professeurs du 2° degré, des maîtres et des aspirantes), des surveillants et des surveillantes voyants, et enfin, pour les travaux manuels, des contremaîtres voyants et aveugles. — L'Etat pourvut à cent vingt bourses (dont quarante pour les filles). Ces bourses purent se diviser en trois quarts de bourses, demi-bourses et quarts de bourses. La durée du cours d'études fut de huit ans.
Peu de changements ont été apportés depuis à l'organisation du triple enseignement de l'école. En 1855 cependant, après la retraite du directeur Dufau, qui fut remplacé par M. Boué, le ministère de l'intérieur sépara l'enseignement de l'administration, et pour cela mit à la tête de l'enseignement dans les deux quartiers, mais dans une position très inférieure à celle du directeur, un chef de l'enseignement.
M. Guadet, qui occupa cette place sous la direction de M. Boué (1855-1864) et de ses deux premiers successeurs, fut pendant quinze ans le véritable directeur de l'Institution. II dirigeait l'enseignement dans les deux quartiers, avait la haute main sur les travaux de l'imprimerie, composait des livres pour les classes ; enfin il créa en octobre 1855 et publia pendant huit années un journal mensuel, l'Instituteur des Aveugles ; ce journal servit beaucoup l'Institution, en la mettant en rapport avec les 140 institutions d'aveugles existant alors dans le monde entier.
M. Boué développa la Société de placement et de secours, et fit ériger en 1861 la statue de Valentin Haüy dans la cour d'honneur de l'Institution.
Le baron de Watteville succéda à M. Boué et ne dirigea que deux ans la maison des aveugles. Il y reçut en 1866 la visite de l'impératrice Eugénie ; c'était la visite la plus considérable depuis celle du pape Pie VII, faite aux Quinze-Vingts en 1805. M. de Watteville fut remplacé en 1866 par M. Romand, inspecteur général des établissements de bienfaisance comme ses prédécesseurs, et, de plus, auteur dramatique un moment célèbre. Il fit augmenter le traitement des professeurs, qui passa de 500 à 1200 fr. pour les femmes, et de 600 à 1600 fr. pour les hommes, sans compter les avantages en nature, logement, nourriture, etc.
Pendant le siège de Paris, le local de l'Institution servit d'ambulance. Un surveillant, M. Levitte, avait conduit les élèves à Bordeaux, où ils furent loges dans l'établissement des sourds-muets. A son retour, M. Levitte fut nommé censeur des éludes pour le quartier des garçons. Une institutrice, Mlle Cailhe, fut chargée du quartier des filles. M. Guadet avait été mis à la retraite en 1870, et sa charge avait été supprimée.
M. Romand avait eu la main heureuse en choisissant M. Levitte comme collaborateur. Celui-ci fit tous ses efforts pour organiser la maison comme une sorte de lycée spécial, contrairement aux tendances du ministère qui voulait assimiler de plus en plus l'Institut à un établissement hospitalier. Aidé de M. Dussouchet, alors professeur au lycée Charlemagne, il imposa en partie aux élèves et aux professeurs les programmes de l'enseignement des clairvoyants, sollicita des maîtres bénévoles pour faire aux élèves des conférences variées, institua des examens pour l'admission et l'avancement des professeurs, fit imprimer en écriture Braille la grammaire française Brachet-Dussouchet, une géographie, une histoire et plusieurs livres de morceaux choisis, divisa les élèves en six classes, organisa des examens de fin d'année, etc., etc. Ce programme subsiste encore presque intact aujourd'hui. M. Romand, mis à la retraite en 1876, fut remplacé par M. Piras, inspecteur général des établissements de bienfaisance. Très érudit, celui-ci appuya énergiquement les réformes de Levitte dans l'enseignement, et restaura la gymnastique. Il obtint l'achat d'un grand orgue, fit construire deux nouveaux pavillons, créa les fonctions de surveillant général et de surveillante générale, à l'imitation des lycées, fit porter le traitement des professeurs à 1400 et à 1800 francs, encouragea la Société de placement et de secours. C'est M. Piras qui emmena ses élèves musiciens à Londres, sur la demande de Richardson-Gardner, membre de la Chambre des Communes, dont le beau-père avait laissé par testament une somme de huit millions aux aveugles anglais et qui voulait fonder une grande école de musique, sur le modèle de l'école de Paris : des concerts furent donnés avec un grand succès à Saint-James Hall, à Mansion House, à Saint-Marc School dans la ville de Windsor. En dehors de Levitte, l'Institution avait alors une pléiade de professeurs distingués : Bernus, Guilbeau, Mattéi, Person, Duverzat, Brès, Specht, Gensse, Ballu, Hérey, Paul, Lebel, et pour un moment Maurice de la Sizeranne, le fondateur désormais célèbre de l'Association Valentin Haüy.
M. Piras fut mis à la retraite en 1883 et remplacé par un ancien préfet, M. Busche-Martin. Le nouveau directeur fut privé dès le début de ses deux collaborateurs, Mlle Cailhe et M. Levitte, qui moururent l'une en 1883, l'autre en 1884. Mme Verd devint surveillante générale, M. Petit devint censeur. Inquiet de voir les élèves uniquement adonnés à l'écriture Braille, sans communication possible avec les voyants, M. Martin favorisa l'étude de la stylographie, c'est-à-dire la formation des lettres ordinaires avec un poinçon pour plume et les ouvertures de la réglette Braille pour guide. Les résultats furent très satisfaisants. On continue depuis à enseigner les deux écritures à l'Institution. Avec l'aide de M. Mattéi, professeur de mathématiques, il fit construire une tablette à calculer qu'il appela cubarithme, et dont l'idée première revient à A. Oury, un accordeur aveugle. Il fit mettre des tables dans les classes ; jusque-là les élèves lisaient et écrivaient sur leurs genoux. Les cartes géographiques en relief furent multipliées ; M. Guilbeau, professeur aveugle, en dressa des index complets. La gymnastique, les jeux scolaires furent encouragés. Mais il s'occupa surtout de la Société de placement et de secours, fonda à Illiers, pour jeunes filles aveugles, un ouvroir qui fut ensuite transféré à Argenteuil sous la direction de Mme Eigle. Il présida avec beaucoup d'autorité et de compétence le Congrès international de 1889, mais mourut à la veille du Congrès de 1900, dont il avait été élu président. Il avait eu comme collaborateurs : le censeur Petit, puis M. Coquard, qui eut une sérieuse influence sur le goût musical des professeurs de musique, enfin M. Gérault, le censeur actuel. Dans le quartier des jeunes filles, Mme Verd se retira en 1899 et fut remplacée par Mlle Colbin. Sous la direction de M. Martin, les élèves de l'Institution remportèrent de brillants succès au Conservatoire et dans les examens de l'Hôtel de Ville : MM. Marty, Mohant, Verne, Mlle Boulay, obtinrent des premiers prix d'orgue ; le jeune aveugle Villey, qui suivait aussi les cours du lycée Buffon, obtint tous les prix de sa classe et 5 accessits, 4 seconds prix et 2 premiers prix au concours général ; entré le cinquième à l'Ecole normale supérieure, il passa la licence et l'agrégation avec le n° 1, et prépare actuellement (1908) sa thèse à la Fondation Thiers.
M. Robin, chef de bureau au ministère, succéda à M. Martin. Les membres du Congrès international de 1900 ont conservé le souvenir de son accueil si franc, si cordial, de sa large et généreuse hospitalité. Grâce à lui, les anciennes rivalités disparurent ; les établissements libres purent avec joie renouer des relations amicales avec la maison mère de Valentin Haüy. En contact permanent avec son personnel, il s'est attaché à améliorer le sort des maîtres et des élèves. Il s'ingéniait à trouver des places pour ceux qui quittaient la maison. Des ventes de charité brillamment organisées permirent de donner plus d'extension à la Société de placement et de secours. Convaincu que les métiers manuels sont la suprême ressource des aveugles, il les encourageait sans cependant nuire à l'enseignement artistique et intellectuel. Un ancien élève, Desagher, a conquis le doctorat en droit ; Mlle Soulier le brevet pédagogique pour l'enseignement du chant ; Mlle Conte un accessit de contrepoint et un accessit d'harmonie ; M. Barié un premier prix d'orgue au Conservatoire. Malheureusement sa santé altérée obligea M. Robin de demander sa mise à la retraite en 1906. Il a été nommé inspecteur des aveugles en France.
L'Institution nationale est maintenant dirigée par un secrétaire, M. Munier, qui supplée avec un zèle inlassable le directeur nommé, M. Winter. M. Gérault s'occupe toujours du quartier des garçons et Mme Languillat du quartier des jeunes filles ; M. Boissicat est économe ; M. Balquet, inventeur de l'impression interpoints, s'occupe de l'imprimerie.
2. Méthodes d'enseignement. — L'aveugle qui sait lire et écrire est exactement dans la même condition intellectuelle que le voyant. Ce qui varie de l'un à l'autre, c'est l'instrument matériel de l'instruction : l'un trouve par le relief et à l'aide du doigt ce que l'autre perçoit par la vue.
1° Lecture. — Haüy fit lire, mais non écrire ses élèves ; nous avons déjà dit qu'il fit imprimer à leur usage quelques pages en relief très saillant, à lignes très écartées. Le Dr Guillié fit faire beaucoup d'impressions de ce genre, en caractères plus gros encore que ceux d'Haüy. Dufau fit fondre de nouveaux caractères beaucoup plus fins, et employa un papier plus résistant sous le doigt. Mais l'invention de l'écriture Braille fit presque abandonner l'ancien système.
2° Ecriture. — Dans l'alphabet Braille, la première lettre, a, est représentée par un point, b par deux points verticaux, c par deux points horizontaux, d par trois points en triangle, etc. Les dix premières lettres jusqu'à j ne dépassent pas les deux premières lignes et emploient quatre points au maximum. Les trois autres séries emploient jusqu'à cinq points et occupent les trois lignes superposées. Une seule lettre à six points, c'est l'é (accent aigu). Toute lettre marquée d'un signe orthographique est indiquée par un groupe de points spécial ; ainsi a est représenté par un point, mais à (accent grave) par cinq points: c est représenté par deux points, mais ç (avec cédille) par cinq points, etc. La cinquième et la sixième série comprennent la ponctuation. Deux points placés verticalement devant une autre lettre indiquent que c'est une majuscule. Ces nombreuses applications n'ont pas épuisé les ressources de cet ingénieux système.
Les points servent aussi à calculer, à noter la musique et à sténographier.
Les gros points représentent les caractères en relief dans l'écriture anaglyptographique ; les petits points ne servent qu'à indiquer la position relative des points dans le groupe de six.
Après avoir inventé son alphabet, Braille trouva un moyen pratique de l'écrire. Son appareil se compose d'une petite plaque de zinc creusée horizontalement, et dans le sens de la largeur, de sillons très rapprochés ; elle est encadrée de bois ou de métal. Ce cadre mobile se lève ou se rabat sur la plaquette pour y fixer une feuille de papier. Une lame de cuivre ou réglette, percée d'une double rangée de rectangles, se pose sur la plaquette, puis, avec un poinçon émoussé, on fait dans les petites fenêtres de la réglette des groupes de points qui représenteront des lettres. A 1 envers, ces points forment de petites saillies que les doigts exercés de l'aveugle peuvent facilement déchiffrer. Comme on écrit sur le recto et qu'on lit sur le verso, il faut naturellement écrire de droite à gauche. L'alphabet Braille fut adopté définitivement à l'Institution nationale en 1853. L'écriture vulgaire en relief conserva cependant des partisans et suscita de nombreuses inventions. En Espagne, en 1858, Llorens imagina un appareil pour écrire des lettres ordinaires en relief. En 1859, Heboldt découpa dans la réglette Braille des ouvertures avec des lignes droites et courbes qui facilitaient la formation des lettres. En 1865, M. Ballu, professeur à l'Institution nationale, imagina des lettres en relief ponctué, dont la lecture était plus facile pour l'aveugle. En 1880, un Italien, M. Martuscelli, fit une réglette qui permettait de former les lettres ordinaires. En 1882, M. de Beaufort imagina un sous-main recouvert d'un papier teinté avec larges rainures dans lesquelles l'aveugle peut encadrer la lettre qui ressort en couleur pour les voyants. En 1884, à l'Institution, on se servit de la réglette Braille ordinaire pour former des lettres. En 1887, Mlle Mulot édita une nouvelle réglette assez semblable à la réglette Heboldt, et voulut vainement faire imposer son système à l'Institution nationale. Le docteur Mascaro, de Lisbonne, inventa une écriture en points reliés par des lignes, qui représentait mal les lettres ordinaires, et qui n'eut pas de succès ; il avait eu cependant une idée heureuse : teinter les points en noir, pour les clairvoyants qui lisent le Braille avec leurs yeux. L'abbé Lutz avait construit une sorte de cadran dont l'aiguille indiquait et marquait en même temps la lettre en Braille et en caractère ordinaire. De nos jours, M. Vaughan, directeur des Quinze-Vingts, a imaginé une imprimerie portative grâce à laquelle l'aveugle écrit au clairvoyant en caractères usuels et le clairvoyant écrit à l'aveugle en caractères Braille. Cette imprimerie consiste en une boîte qui s'ouvre en deux compartiments égaux. Celui de gauche renferme une grille où sont disposés 200 caractères d'imprimerie spéciaux qui reposent sur un encreur perpétuel. Celui de droite renferme une grille semblable, mais vide, sous laquelle on place la feuille de papier destinée à recevoir l'impression. Les caractères portent à une extrémité une lettre en Braille et à l'autre la lettre correspondante. L'aveugle reconnaît au toucher les lettres en points et les prend une à une pour composer les mots. Il place ces lettres dans la grille du compartiment de droite les unes à côté des autres ; la lettre latine, étant toujours en contact avec l'encreur, s'imprime d'elle-même sur la feuille de papier blanc, et l'aveugle, qui sent à l'autre extrémité sous son doigt la lettre Braille correspondante, peut toujours contrôler ce qu'il écrit. Le clairvoyant imprime en sens inverse, la lettre latine en haut, de droite à gauche ; la lettre Braille s'imprime encore sur la feuille blanche, et le relief est facilement déchiffré par le destinataire aveugle.
Tels sont les principaux procédés proposés pour rapprocher l'écriture des aveugles de celle des clairvoyants ; il y en a encore bien d'autres, mais leur description nous entraînerait trop loin.
3° Organisation pédagogique. — Pour le surplus, les légères différences entre l'enseignement des voyants et celui des aveugles consistent surtout en ces trois points : 1° les classes d'aveugles sont moins nombreuses ; 2° l'enseignement est plus oral que chez les voyants, et les devoirs tiennent moins de place ; 3° l'enfant aveugle ne pouvant par lui-même lire beaucoup, sa bibliothèque étant très limitée, des lectures générales doivent être faites chaque jour aux élèves.
Enseignement musical. — Le solfège n'est pas chez les aveugles ce qu'il est dans les écoles musicales des voyants : il y a plus de raisonnement et moins d'exercices, mais des exercices plus analysés, des compositions et des décompositions de phrases plus approfondies. Ainsi le professeur exécute sur un instrument les phrases les plus compliquées, et l'élève doit en dire tous les détails ; ils appellent cela phraser. Dans ces mêmes classes, les élèves sont chaque jour exercés à des chants d'ensemble à plusieurs parties.
Comme musique instrumentale, on étudie surtout le piano (à l'aide de musique écrite dans le système Braille). L'élève lit de la main gauche, pour chaque phrase, la partie de main droite, que cette main exécute ; puis il lit, de la main droite, la partie de la main gauche, que cette main gauche exécute à son tour ; ensuite les deux parties, entrées dans la mémoire, sont mises ensemble. Les élèves exécutent ensuite devant le professeur ; ils apprennent ainsi les concertos les plus longs et les plus difficiles. L'orgue est aussi étudié ; on veut avant tout former de bons organistes ; on leur donne à fond l'instruction théorique et pratique, et on les exerce dans la chapelle de l'établissement.
Les autres instruments sont aussi étudiés, mais surtout en vue de faire de bons exécutants d'orchestre. Enfin, un des objets les plus importants de l'enseignement musical professionnel est l'accord des pianos (l'enseignement dure trois ans) : l'impulsion première a été donnée par Montai, et après lui par son élève, M. Siou, créateur de la classe d'accord dans l'institution de Paris ; aujourd'hui, grâce à leur maître actuel, M. Bernard, un grand nombre d'accordeurs aveugles sortis de l'Institution arrivent à une belle position.
Travaux d'atelier. — Les enfants qui n'ont aucune aptitude pour la musique sont attachés à un des ateliers de l'établissement. Les jeunes filles y apprennent la couture, le tricot, le filet, le crochet ; elles peuvent aussi apprendre à faire la brosserie, le cannage et rempaillage des chaises, la fabrication de nattes, de sacs en papier, etc. Les garçons cultivent le filet, la brosserie, la vannerie, le cannage et rempaillage des chaises, 1 imprimerie, et surtout l'accordage des pianos.
Autres écoles d'aveugles en France. Ecole Braille, à Saint-Mandé. — La France possède trente et une écoles d'aveugles. Les principales sont à Nancy, Lille, Arras, Angers, Auray, Bordeaux, Clermont-Ferrand, Dijon, Lamay (près de Poitiers), Lyon, Montpellier, Marseille, Nice, Toulouse, etc. A Paris, en dehors de l'Institution nationale, on trouve encore l'école des Frères Saint-Jean-de-Dieu et des Soeurs aveugles de Saint-Paul. Citons aussi l'école Chilly-Mazarin en Seine-et-Marne et l'école Braille à Saint-Mandé : cette dernière mérite une mention spéciale.
L'école Braille, installée rue Mougenot, 7, à Saint-Mandé, poursuit un triple but : instruire l'enfant, apprendre un métier à l'adolescent, assurer du travail et un asile à l'adulte. Son fondateur, M. Péphau, ouvrit cette école le 1er janvier 1883 à Maisons-Alfort, avec deux élèves. Le Conseil général de la Seine la prit à sa charge en 1886.
Elle est à Saint-Mandé depuis le 1er janvier 1889, et, grâce à des agrandissements successifs, peut abriter 350 personnes, dont 260 élèves des deux sexes et 45 ouvrières ou ouvriers majeurs. Les enfants y sont reçus dès l'âge de trois ans ; ils apprennent à lire et à écrire en Braille, pratiquent le calcul, l'histoire, la géographie avec les cartes en relief, les leçons de choses avec les reproductions de mille objets divers, la gymnastique, la danse, etc. Ils ne restent pas étrangers au chant, à la musique, mais ils sont aiguillés surtout vers les travaux manuels. Les métiers enseignés à ce jour, à l'école Braille, sont la confection des paillassons, la vannerie, le rempaillage, le cannage, la brosserie, et la confection des couronnes de perles.
L'enfant qui a atteint sa treizième année passe à l'atelier ; mais, jusqu'à sa majorité, il consacre chaque jour une heure au cours d'adultes. Il est alors traité comme un ouvrier et doit payer par son salaire sa nourriture et son entretien ; le reliquat de son avoir est inscrit sur son livret, pour parer: 1° aux dépenses de son installation en chambre à l'époque de sa majorité ; 2° à la constitution de sa pension de retraite. Devenu majeur, il dispose à titre gratuit d'une chambre, s'il est célibataire, d'un logement s'il est marié, et, a le libre emploi de son salaire, qu'il reçoit chaque mois, défalcation faite de ses dépenses et de 5 pour 100 pour la retraite.
Cet établissement, qui prend l'aveugle à trois ans, l'instruit, lui donne un métier et plus tard une retraite, est la plus complète des institutions créées en faveur des aveugles en France, et fait le plus grand honneur à son éminent organisateur, M. Péphau.
Ateliers d'aveugles. — La brosserie, le cannage et rempaillage des chaises sont les métiers les plus lucratifs pour les aveugles. Un atelier d'apprentissage a été installé rue Jacquin, à Paris, par M. le baron de Schickler, sous la direction de M. Laurent. Là les aveugles ne sont pas des élèves, mais des apprentis qui doivent devenir ouvriers et voler ensuite de leurs propres ailes. On y fabrique des brosses, des plumeaux, des balais, des nattes, des tapis-brosses, etc. ; on y canne et rempaille des chaises. Les aveugles peuvent facilement employer des matières de différentes couleurs et enjoliver leur ouvrage de quelques dessins, pourvu qu'il y ait une légère différence au toucher. Lorsque ces aveugles savent leur métier, ils quittent la maison, mais ils s'en séparent rarement tout à fait : c'est là qu'ils viennent se pourvoir de matières premières à bon marché, et souvent même écouler leurs produits. Une maison de vente est dans ce but installée dans Paris, rue de l'Echelle.
Les Quinze-Vingts. — Nous avons vu l'aveugle à l'école, l'aveugle à l'atelier : voici la maison où, devenu vieux, il peut trouver un asile. Les Quinze-Vingts ont été fondés par saint Louis vers 1260 pour les aveugles de Paris. La tradition très répandue d'après laquelle cette maison aurait été établie pour 300 gentilshommes aveuglés par les Sarrazins ne mérite aucune créance. Louis IX installa les Quinze-Vingts près de la porte Saint-Honoré. En 1779, le cardinal de Rohan, grand-aumônier de France, transféra l'hospice dans l'ancien hôtel des Mousquetaires-Noirs, rue de Charenton, au faubourg Saint-Antoine. Pour y être admis, il faut être âgé de quarante ans au moins et atteint d'une cécité complète et incurable. Le pensionnaire peut amener sa famille et loger avec elle dans l'établissement. Il reçoit 1 fr. 80 par jour, sa femme 0 fr. 40, chaque enfant âgé de moins de quatorze ans 0 fr. 25 ; passé cet âge, les garçons sont mis en apprentissage par les soins de l'administration et doivent sortir de la maison à quinze ans ; la même loi exclut aussi les filles à vingt et un ans. Si le pensionnaire admis à l'hospice est une femme, son mari ne reçoit le secours quotidien de 0 fr. 40 qu'à l'âge de soixante ans. L'administration ne fournit au pensionnaire qu'un logement nu, muni seulement d'un placard ; c'est à l'aveugle de meubler ses deux pièces. Toute la famille a la faculté de travailler pour son compte.
Association Valentin Haüy. — Cette société de bienfaisance mérite une mention spéciale à la fin de cette étude, car elle embrasse toute la question sociale des aveugles et s'occupe d'en résoudre jusqu'aux moindres détails. Fondée en 1889 par M. Maurice de la Sizeranne, aveugle lui-même, elle s'occupe de tous les aveugles sans exception, veille sur l'enfant aveugle, le place dans une école, lui donne un métier, puis patronne, encourage de mille manières ses débuts dans la vie. Elle a fondé un atelier pour la fabrication des sacs en papier rue Duroc, un atelier de brosserie rue Denfert-Rochereau, un ouvroir à Saintes, un asile-école à Chilly-Mazarin, destiné à recevoir les petites aveugles arriérées ou malades, celles dont personne ne veut. Elle distribue du travail à domicile et se charge de l'écoulement des objets fabriqués ; elle paie en partie les loyers, donne des consultations médicales et juridiques gratuites, a enrôlé 1200 copistes bénévoles qui augmentent sans cesse sa bibliothèque Braille. Cette bibliothèque, qui compte maintenant 15000 volumes, envoie sans cesse des bibliothèques roulantes en province, où 49 dépôts fonctionnent régulièrement. Enfin elle a obtenu, en 1907, 700 permis permanents de chemin de fer permettant de ne payer qu'une place pour l'aveugle et son guide ; elle a distribué 300 meubles et objets mobiliers, 10 000 vêtements, chaussures, etc. ; elle s'est occupée de près de 7000 aveugles, et a dépensé 170000 francs uniquement pour ses protégés. Et l'Association Valentin Haüy ne s'arrêtera pas là. Ce magnifique effort en faveur des aveugles est entièrement dû à l'initiative privée. Au commencement du siècle, pendant qu'en France l'Institution des aveugles périclitait, pendant que les efforts d'Haüy y étaient pour ainsi dire méprisés, l'Europe entière était en admiration devant son oeuvre, et regardait comme un devoir pour tout pays civilisé de s'y associer ; partout on se mit à étudier les procédés d'Haüy. Le gouvernement russe, en 1806, pria cet homme de bien de venir fonder à Saint-Pétersbourg une école d'aveugles à l'instar de celle de Paris. La Prusse établit la sienne aussitôt après les expériences faites par Haüy devant le roi à Berlin. La Hollande, la Belgique, la Grande-Bretagne, le Danemark, l'Autriche, la Suisse, l'Italie, puis tous les autres pays suivirent cet exemple. Enfin des hommes habiles vinrent étudier à l'Institution même de Paris et portèrent le triple enseignement des aveugles aux Etats-Unis ; tels furent Howe et Friedländer. Il est inutile d'ajouter que les nouvelles écoles ne copiaient pas servilement celle de Paris ; mais les grands traits communs à tous ces établissements étaient toujours ceux qu'avait fixés Haüy.
Nécessité de procédés uniformes. — Malheureusement toutes n'ont pas adopté le système Braille, ou, en l'adoptant, quelques-unes l'ont un peu déformé. On ne saurait trop répéter que le plus grand danger que courent aujourd'hui les institutions d'aveugles, c'est cette multiplicité de procédés qui les sépare les unes, des autres, entraîne à d'énormes dépenses, et paralyse leurs moyens d'action. Ces écoles sont en infime minorité dans le monde ; que deviendront-elles si elles se divisent, si chacune se fait en quelque sorte une lan-gue à part, inintelligible aux autres, au lieu de s'appliquer à un ensemble de procédés uniformes pour la lecture, l'écriture, l'impression, la notation musicale ? C'est ce souci qui a donné lieu en ces dernières années à des congrès d'instituteurs d'aveugles (Vienne, 1873 ; Dresde, 1876 ; Paris, 1878 ; Amsterdam, 1885 ; Cologne, 1888 ; Norwood, 1890 ; Lausanne, 1894 ; Paris, 1900 ; Bruxelles, 1902). Pour ne parler, par exemple, que de la musique, qui doit et qui peut si bien être une langue universelle, le système de Braille est une découverte du plus grand prix pour les aveugles : qu'un caprice, qu'un vain amour-propre ne le fasse pas repousser pour y substituer ici un procédé, là un autre. L'Institution de Paris, et toutes celles qui, dans les deux hémisphères, ont eu le bon esprit d'adopter les procédés de Braille, ont imprimé une grande quantité de musique ; faudra-t-il que toute cette musique soit comme non avenue pour les aveugles de tout un pays, parce qu'il aura plu à tel professeur d'imposer quelque procédé nouveau de son invention?
Ouvrages à consulter. — Essai sur l'éducation des aveugles, par Valentin HAÜY, petit in-4°, imprimé moitié en relief, moitié en impression ordinaire. — Essai sur l'instruction des aveugles, par GUILLIE, in-8°, livre qu'il ne faut consulter qu'avec défiance. — Essai sur l'état physique, moral et intellectuel de l'aveugle-né, par P.-A. DUFAU, et Notice biographique sur Valentin Haüy, par le même. — Enfin les ouvrages de J. GUADET : L'Institut des jeunes aveugles de Paris, son histoire et ses procédés d'enseignement, 1 vol. in-8° ; L'instituteur des aveugles, journal mensuel, 8 vol. in-8° ; De la première éducation des enfants aveugles, d'après Knie et Georgi, avec des aperçus généraux sur l'éducation et l'enseignement des enfants aveugles, 1 vol. in-8° ; De la condition des aveugles en France, 1 vol. in-8", etc. — Journal officiel, 17 février 1878 (Valentin Haüy et Lesueur).
Cf. aussi L'Institution des jeunes aveugles, par Maxime Du CAMP (Revue des Deux-Mondes, 15 avril 1873) ; Un aveugle sourd et muet, par Dugald STEWART (Annales de l'éducation, Y, 118) ; Idem, par DUFAU (Séances et travaux de l'Académie des sciences morales et politiques, VIII, 437). — Les ouvrages de M. Maurice de la SIZERANNE : Les aveugles utiles (1881) ; Jean Guadet et les aveugles (1885) ; Les aveugles, par un aveugle (1885), ouvrage couronné par l'Académie française ; Impressions et souvenirs d'aveugles ; Les Soeurs aveugles de Saint-Paul ; Mes Notes ; Etudes et propagande en faveur des aveugles, etc. — Enfin l'Histoire de l'Institution des jeunes aveugles, par Edgard GUILBEAU (1907).
En allemand : Le rapport de M. KALTNER sur l'Enseignement des aveugles et des sourds-muets (XXVIe fascicule du Rapport général sur l'Exposition de Vienne) ; Soin des aveugles, par le Dr PABASEK, directeur de l'établissement des aveugles à Vienne, 1867 ; L'aveugle et son éducation, par Louis de SAINTE-MARTHE, 1868.
En anglais : Procès-verbaux de l'Association américaine des institutions d'aveugles, etc.
[ J. GUADET et J. DUSSOUCHET.]
Législation. — La loi du 28 mars 1882 relative à-l'obligation scolaire porte (art. 4) qu'un règlement déterminera les moyens d'assurer l'instruction primaire aux enfants sourds-muets et aux aveugles.
Ce règlement n'a pas encore été élaboré.
Toutefois certaines mesures légales ont été prises en vue de favoriser l'application de la loi sur l'obligation scolaire aux enfants qui, en raison de l'infirmité dont ils sont atteints, ne peuvent fréquenter les écoles ordinaires.
C'est ainsi que la loi de finances volée chaque année par le Parlement dispose, depuis l'année 1906, que seront imputées sur les crédits ouverts pour créations d'écoles et d'emplois, les créations d'écoles et de classes destinées à donner aux enfants sourds-muets et aveugles l'instruction obligatoire prévue par la loi du 28 mars 1882. Les traitements et suppléments de traitements légaux dus aux instituteurs et institutrices publics attachés à ces établissements sont à la charge de l'Etat dans les conditions déterminées par les lois des 19 juillet 1889 et 25 juillet 1893.