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Arndt (Ernest Maurice)

Nous n'avons à mentionner ici le célèbre patriote allemand (né en 1769, mort en 1860) que pour la moindre partie de ses oeuvres. Arndt n'a pas seulement, par ses Chants patriotiques et par ses Contes, exercé une influence éducatrice sur la jeunesse allemande, il a directement abordé le problème pédagogique dans des Fragments sur l'éducation de l'homme (en allemand, Altona, 1805), suivis en 1819 d'un supplément Sur l'éducation des femmes, et dans son Plan d'éducation et d'instruction d'un prince (Berlin, 1813). Ce qui fait l'originalité pédagogique de ces écrits, c'est une juste réaction contre la partie artificielle et chimérique de l'Emile. Arndt replace l'enfant dans le milieu naturel, dans le inonde et dans la société, au lieu de le supposer dans des conditions exceptionnelles et irréalisables. La première institutrice, c'est la mère. Arndt, ici, comme en plusieurs autres points de doctrine, se rencontre avec Pestalozzi : ainsi, il voit et exprime très bien la nécessité d'aller graduellement, dans l'éducation, du sensible à l'intelligible, du concret à l'abstrait. Esprit juste, observateur attentif de la nature humaine, et se bornant d'ailleurs à des vues générales sur la question, Arndt n'a pas de peine à signaler les écueils où Pestalozzi lui-même, et ses disciples surtout, sont tombés plus tard, par exemple l'abus des prétendus exercices d'intuition qui deviennent puérils et ne sont pas enfantins. Par une de ces vues philosophiques dont il ne faut pas exagérer l'importance, mais qui résument parfois, de longues observations, Arndt distinguait trois forces qui doivent concourir à l'éducation, et trois périodes dont chacune est le règne principal d'une de ces forces : 1° l'amour, qui gouverne l'enfant pendant le premier âge, pendant la période de l'éducation maternelle ; 2° la contrainte ou l'autorité, qui, représentée par le père et le professeur, s'exerce pendant la deuxième période ; 3° la liberté ou la raison, qui est en quelque sorte le self-government de l'intelligence et qui permet au jeune homme de continuer et d'achever lui-même l'oeuvre de son éducation sans autre contrainte que celle qu'il s'imposera volontairement.