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Architecture scolaire

L'architecture scolaire comprend l'ensemble des dispositions intérieures et extérieures dont se compose une école ; mais, comme chacun des éléments constitutifs de l'école est étudié dans un article spécial du Dictionnaire, nous ne voulons parler ici que de la seule enveloppe extérieure des bâtiments.

Tout édifice doit avoir son caractère propre, faire comprendre par son simple aspect ce qu'il est, à quelle destination il est réservé. Le caractère d'une école est la simplicité ; sa destination, l'étude : c'est là ce qu'il faut exprimer et traduire aux yeux. La façade d'un établissement scolaire ne saurait donc forcer l'attention : son apparence au contraire doit être calme et tranquille ; les proportions, c'est-à-dire le juste rapport des différentes parties de l'édifice entre elles, les grandes lignes de la construction et les masses franchement accusées, sont les seuls éléments mis à la disposition du constructeur.

Il ne faut pas perdre de vue que la simplicité ne consiste pas seulement dans la suppression de tout ornement, de toute décoration superflus ; elle s'obtient encore par le choix des matériaux, par l'exclusion de tous ceux que leurs frais de transport ou de mise en oeuvre rendent d'un prix élevé, et cette observation s'applique aussi bien aux écoles rurales qu'aux écoles urbaines.

Si dans les écoles urbaines, en effet, c'est un tort de décorer les façades à l'aide de pilastres, de frontons, de consoles ou de fausses baies, ce n'en est pas un moindre pour les écoles rurales de préférer aux matériaux du pays ceux d'une provenance étrangère, d'élever une école en pierres dans une commune où ne se trouve que de la brique, de recouvrir des parements de bois ou de moellons avec un enduit en plâtre, en simili-pierre ou en simili-marbre, agrémenté d'ornements inutiles, toutes combinaisons dont le grand défaut est d'abord d'occasionner une dépense première et une dépense d'entretien superflues, puis de donner à l'édifice une apparence mensongère et prétentieuse.

Une corniche saillante abritant bien les murs, supportant un chéneau dont les infiltrations ne peuvent par conséquent pénétrer les maçonneries, des fenêtres carrées ou légèrement cintrées, larges et hautes, différentes suivant la destination des pièces qu'elles éclairent, des bandeaux accusant les hauteurs des planchers, des combles franchement plats ou aigus suivant les exigences du climat, des murs en matériaux apparents, tels sont les éléments constitutifs de la façade d'une école. Le talent de l'homme du métier coordonne ensuite ces divers éléments, les équilibre et les proportionne entre eux, associe, suivant son goût, son savoir et les ressources locales, la pierre au moellon, la brique au bois. Il crée ainsi, sans efforts autres que ceux qu'impose la saine raison, une oeuvre dont l'incontestable mérite est d'être originale, c'est-à-dire de bien indiquer son origine et d'atteindre le but qui lui est assigné.

Toute forme compliquée ? telle que les fenêtres à plein cintre, à ogives, lucarnes Renaissance, pilastres, chapiteaux et entablement ? doit être bannie de la façade d'une école. Outre qu'elle froisse le bon goût, cette ornementation malencontreuse nuit à l'introduction de l'air, de la lumière, ou donne à l'édifice une apparence en contradiction avec le rôle qu'il doit remplir.

De même que pour les palais, les théâtres, les églises, etc., il existe pour les écoles un certain nombre de données fondées sur la logique et le raisonnement et en dehors desquelles aucune solution favorable n'est possible.

Il ne faut pas cependant pousser à l'extrême ces sages principes, donner à l'école, par économie ou par tout autre motif, un aspect pauvre et triste, une apparence par trop sévère. L'école doit au contraire avoir un air riant et gai, quelque chose qui la fasse aimer de ses jeunes habitants. Le luxe qui se borne à éviter tout ce qui leur ferait prendre en horreur ce séjour de l'étude n'est pas un luxe mal entendu. C'est ainsi qu'il faut, dans les villes, éviter les façades froides, monotones et uniformes ; dans les campagnes, entourer le bâtiment scolaire de plantes, de fleurs dont les couleurs se marient aux tuiles du toit, aux briques rouges, aux parements blancs des murs.

Dans la très grande majorité des communes rurales, un même bâtiment sert à la fois au service scolaire et au service administratif : ce bâtiment prend alors le nom de maison commune ; c'est en effet la maison de tous, celle dans laquelle doivent s'accomplir les actes les plus essentiels de l'existence de chacun des habitants. Le caractère d'un tel édifice n'est plus alors seulement celui d'une école, puisque souvent, outre l'école et la salle du conseil municipal, il contient encore, suivant l'importance de la commune, le prétoire de la justice de paix, la bibliothèque communale, le télégraphe, etc.

Il faut que chacune de ces différentes parties accuse sa destination ; celle dont le rôle est le plus important, la salle du conseil municipal, doit, tout en restant dans les conditions les plus modestes, se signaler par la forme extérieure de l'édifice ; à elle est réservée la partie centrale, la plus importante et la plus en vue ; c'est elle qui doit attirer l'attention du passant et lui rappeler qu'en cet endroit, tout humble qu'il paraît, se trouve le siège de l'autorité, le dépôt du pouvoir légal.

En résumé, petite ou grande, urbaine ou rurale, l'école doit être simple et modeste toujours, mais toujours, aussi, attrayante pour les enfants, et propre à éveiller chez tous, au premier aspect, l'idée d'un édifice consacré à l'éducation de la jeunesse, c'est-à-dire à un des plus importants services d'utilité publique.

Félix Narjoux