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Angleterre

L'Angleterre est le principal des trois royaumes qui constituent le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande : voir l'article Grande-Bretagne et Irlande [Royaume-Uni de). — Nous consacrons un article particulier à chacun de ces trois royaumes (pour l'Ecosse et l'Irlande, voir les articles Ecosse et Irlande). Au royaume d'Angleterre est rattachée la principauté de Galles, qui en fait partie intégrante depuis 1536, mais qui a des institutions spéciales en matière d'éducation ; nous lui consacrons en conséquence un article à part : voir Galles [Principauté de).

1. Résumé historique. — Dans l'éducation anglaise, les surgeons modernes s'entrelacent aux survivances antiques. Le passé continue à vivre dans le présent. Les choses anciennes et les choses nouvelles florissent côte à côte, mais juxtaposées plutôt que fondues en une synthèse. Des choses incompatibles en principe coexistent d'un mutuel consentement. Il n'y a pas d'unité fondamentale dans leur plan d'organisation. Nul principe généralement accepté ne détermine leur rapport avec la société ou avec l'Etat. Des conventions expresses sanctionnent et des compromis tacites permettent une confusion avantageuse en pratique, mais qui est aussi coûteuse qu'elle est pittoresque. Seule l'histoire peut jeter de la lumière sur la complexité déconcertante de ces accommodements. Elle révèle dans le caractère anglais un respect tenace pour les droits acquis, combiné avec une tournure d'esprit qui tolère la variété des principes et qui traite la logique comme si elle était une chose irréalisable en matière politique. Le pouvoir de la tradition a toujours été grand en Angleterre. Non moins grande, par intervalles, a été la force des nouvelles convictions et des idées sociales nouvelles. Dans l'éducation anglaise, il y a eu peu de périodes de changements soudains et révolutionnaires, mais il y en a peu aussi de privilège immobile ou de répression triomphante. Avant presque toutes les crises intellectuelles et morales, dans l'histoire d'Angleterre, des réformateurs, travaillant dans les institutions établies elles-mêmes, ont devancé la justice des attaques imminentes, et par des sacrifices spontanés et désintéressés ont détourné une partie de ce qu'ils prévoyaient. Des révolutions ont été ainsi prévenues par des mesures de réforme interne, assez sincères pour être prises au sérieux, mais trop limitées dans leur action pour avoir éliminé tout ce qui méritait de disparaître. C'est pourquoi les changements, bien que parfois violents et destructeurs, ont rarement pris le caractère d'un bouleversement ou d'une catastrophe. A chaque stade, beaucoup des formes et beaucoup de l'influence spirituelle du vieil ordre de choses ont survécu, pour devenir des éléments de l'ordre nouveau. Le passé a été absorbé par le présent sans qu'il se soit produit de ruptures brusques dans la tradition. Mais l'amalgame s'est opéré, habituellement, d'une façon instinctive et inconsciente, plutôt que systématique et délibérée. Rarement on reçoit l'impression qu'il y a là le produit d'un effort politique clairement déterminé : on y démêle plutôt le résultat d'un conflit persistant entre des forces non réconciliées dans la vie nationale. Cette manière de voir est confirmée par le fait que, de la période la plus ancienne de l'histoire de l'éducation anglaise jusqu'à l'époque actuelle, il est possible de constater l'action de deux éléments divers, de deux formes d'idéal différentes.

DES PREMIERS TEMPS A LA CONQUETE NORMANDE. — La culture chrétienne et toute la vie éducative de l'ancienne Eglise bretonne durent se réfugier en Galles devant les progrès de la conquête des Anglo-Saxons païens (449 577). Les envahisseurs germains extirpèrent en fait le christianisme dans la partie orientale de l'Angleterre, et pendant cent cinquante ans privèrent l'île de toute communication suivie avec le reste de l'Europe. Mais les traditions de la culture bretonne ne furent pas effacées. Elles trouvèrent un sanctuaire dans l'ouest et furent conservées et développées dans les écoles monastiques de la Galles, dont les principales étaient celles de Bangor et de Saint-Asaph. Des écoles galloises, l'amour de l'instruction fut porté en Irlande. Finnian, qui avait étudié en Galles, établit une école à Clonard, vers 520. Par les travaux du « Second ordre des Saints », des écoles se fondèrent aussi à Clonfert, à Moville, à Clonmacnois, et à Bangor sur le Belfast Lough. A l'école de Bangor (d'Irlande), l'influence de la culture galloise fut particulièrement sensible : c'est là que saint Colomban (543-615) et son contemporain saint Gall reçurent l'éducation qui les prépara à leur oeuvre missionnaire en Europe. Les écoles irlandaises cultivaient les arts libéraux, et leurs maîtres se distinguaient par leur connaissance du grec et du latin tant classique qu'ecclésiastique. Elles attirèrent plusieurs élèves d'Angleterre ; mais leur principale influence sur le développement ultérieur de l'éducation anglaise fut dû aux travaux d'un élève de Finnian de Moville, saint Columcille ou Colomba (521-597), qui fonda vers 563 le monastère d'Iona dans une île aride de la côte occidentale de l'Ecosse. C'est d'Iona qu'Aidan partit en 635 pour évangéliser la Northumbrie, où lui et ses moines créèrent un foyer de culture traditionnelle à Lindisfarne.

Bède dit qu'à l'époque d'Aidan, qui mourut en 651, c'étaient des maîtres irlandais qui enseignaient les connaissances élémentaires aux enfants anglais en Northumbrie, et qui dirigeaient également les études d'un ordre plus élevé. Ces hommes appartenaient à une race qui s'adonnait avec enthousiasme à l'étude ainsi qu'à la propagande missionnaire. Mais leur force consistait dans l'élan qu'ils donnaient, plutôt que dans une organisation stable. Leurs instincts étaient ceux de la tribu et du clan, et restaient étrangers à l'idée de discipline et de gouvernement. Il n'en faut pas moins reconnaître que c'est à leurs travaux qu'est dû ce fait, qu'un des courants de l'influence éducative, dans l'Angleterre saxonne, fut breton ou celtique. Venu en dernier lieu d'Irlande, il tirait son origine de la Galles et de la première Eglise bretonne.

Le second courant d'influence éducative, qui vint rejoindre le premier, arriva du sud. Il fut le résultat de la mission latine conduite à Canterbury par Augustin en 597, sur l'ordre du pape Grégoire le Grand. Il n'est pas certain qu'Augustin lui-même ait fondé une école à Canterbury ; mais il y en eut une sous son successeur, Théodore de Tarse, qui arriva en Angleterre en 669. Théodore, qui était lui-même un homme très instruit, était accompagné par Hadrien, « qui savait également bien la langue grecque et la latine », et par un noble northumbrien, le lettré Benedict Biscop. Sous leur influence, la réputation de l'école de Canterbury s'étendit bientôt dans la nation entière. Cette école représentait la tradition romaine en opposition à l'influence irlandaise. « Pourquoi, disait un des disciples de l'école de Canterbury, l'Irlande, où les vaisseaux amènent d'Angleterre les étudiants par troupes, jouirait-elle d'un si grand honneur, comme si l'on ne trouvait pas ici des maîtres grecs et romains qui peuvent résoudre des problèmes difficiles en faveur de tous ceux qui désirent s'instruire auprès d'eux? » A Canterbury, les élèves apprenaient à parler le grec aussi couramment que le saxon. Le plus fameux élève de l'école de Canterbury fut Aldhelm (640?-709), « distingué par son esprit, par sa faconde romaine, et par la fleur des lettres grecques ». A son éducation les deux courants d'influence avaient contribué chacun pour une part : un moine irlandais avait été son premier maître ; mais il avait dû l'achèvement de son instruction et ses vues d'administration à l'école de Canterbury. Plus tard, comme abbé de Malmesbury et comme évêque de Sherborne, il répandit l'instruction dans le Wessex, et fut le champion de l'unité et de la discipline dans l'organisation de l'Eglise et de l'école. En 674 et 681, le compagnon de Hadrien, Benedict Biscop, fonda des monastères à Wearmouth et à Jarrow, dans son pays natal de Northumbrie. Représentant de la tradition romaine, il voulut remplacer les centres trop faiblement organisés de la culture irlandaise par des institutions d'éducation ayant une plus ferme discipline et établies sur des fondements plus durables. Des écoles de Wearmouth et de Jarrow, filles de l'école de Canterbury, sortit Bède (673-735), le père de l'histoire anglaise, dont la grande érudition représente la synthèse de la culture irlandaise et de la culture romaine. En 735, l'élève favori de Bède, Egbert, devint archevêque d'York, et établit dans cette ville, sous la direction d'Aelbert, une école qui devint le centre le plus fameux des lettres en Angleterre. Ses traits caractéristiques étaient l'habileté pédagogique dont témoignait l'organisation de son enseignement, et la vitalité de sa vie corporative. Elle combinait l'enthousiasme de l'enseignement irlandais avec la discipline systématique de la tradition romaine. L'élève et le successeur d'Aelbert, Alcuin (735-804), quitta l'école d'York en 782 et entra au service de Charlemagne, d'abord comme directeur de l'école du palais, puis comme abbé de Saint-Martin à Tours. Ainsi, par Alcuin, les méthodes et les traditions de l'école d'York furent introduites à la cour de Charlemagne, tandis qu'un élève d'Alcuin, Hraban Maur, fit à Fulda pour les Germains ce qu'Alcuin lui-même avait fait pour l'empire franc.

Le nom que l'on rencontre ensuite dans l'histoire de l'éducation anglaise est celui du roi Alfred (849-901). Les invasions danoises avaient porté un coup mortel à la méthode qu'avaient implantée en Northumbrie et en Mercie les disciples des écoles de Jarrow et d'York. L'Angleterre orientale et les côtes étaient à la merci des incursions des pirates. La désunion livrait l'Angleterre sans défense à un nouveau flot de barbarie qui menaçait de submerger la civilisation. Dans cette crise, le besoin se faisait sentir d'une direction, d'une autorité, ainsi que d'un appel moral décisif à la volonté de toutes les classes de la nation. Alfred accomplit l'oeuvre attendue. Visant à la délivrance et à l'union du pays entier, il entreprit la tâche non seulement de réorganiser l'armée et la marine, mais aussi de réformer l'éducation, ayant compris que par ce moyen seul l'unité morale de la nation pouvait être assurée. Après la paix de Wedmore(878), le progrès de l'éducation et du savoir fut le trait distinctif de son règne. Une sage politique en ce qui concerne ; l'instruction était d'autant plus impérieusement nécessaire que son royaume particulier, le Wessex, était le plus ignorant de la contrée. « Quand je commençai à régner, dit-il, je ne puis pas me rappeler un seul homme au midi de la Tamise qui fût capable d'expliquer son livre de prières en saxon. » L'éducation nationale fut la base de son plan d'unité nationale.

Il fit connaître son désir « que tout jeune homme en Angleterre, de condition libre et ayant une fortune suffisante, fût mis aux études, aussi longtemps qu'il ne serait pas propre à quelque autre occupation, jusqu'à ce qu'il sût bien lire l'écriture anglaise, et que ceux qui devaient continuer à étudier, et qui étaient destines à occuper des fonctions élevées, apprissent le latin ». Il appliqua un huitième de ses revenus à la création d'une école du palais pour l'éducation des enfants de la noblesse. Il pensait que la prospérité nationale dépendait d'une balance convenablement établie entre les professions intellectuelles, le militaire, et l'industrie exercée par les pauvres. Il fit venir de France Grimbold, Jean le Vieux-Saxon, et peut-être Jean Scot Erigène, pour l'aider dans sa réforme de l'éducation. Pour faciliter aux Anglais les ; moyens de s'instruire sur le continent, il obtint du pape qu'il affranchit de tribut l'école saxonne de Rome. II traduisit lui-même en saxon des livres d'histoire et de philosophie morale à l'usage des élèves. C'est sans aucun doute sa connaissance de l'oeuvre de Charlemagne qui a inspiré à Alfred sa confiance dans l'utilité de l'instruction pour la classe dirigeante de l'Etat. Son intimité avec des hommes qui représentaient la vieille tradition de l'Eglise bretonne peut avoir contribué à lui inspirer son zèle pour l'étude. La grandeur de l'oeuvre d'Alfred consiste dans sa tentative de combiner, dans une crise de la vie nationale, l'idéal de gouvernement et l'idéal de culture. Dans l'histoire du peuple anglais, ces deux idéaux ont une tendance à se séparer, et à devenir relativement stériles par une séparation regrettable.

DE LA CONQUETE NORMANDE A LA PESTE NOIRE. — Pendant la période de près de trois siècles qui va de la conquête normande (1066) à la Peste noire (1349), l'influence française fut considérable dans l'éducation anglaise. Dans son Polychronicon, écrit vers 1327, Higden relate le fait que, depuis la conquête jusqu'au temps où il vivait, les écoliers anglais avaient été forcés de faire leurs leçons en français. Cet usage obligatoire du langage anglo-normand comme véhicule de l'instruction à l'école mit l'éducation anglaise entre les mains du clergé normand ou de ceux qu'il déléguait. Par exemple ; le premier acte de Thomas de Bayeux, premier archevêque normand d'York, fut la nomination du maître de l'école cathédrale : cette école était — probablement, quoique la chose ne soit pas certaine — la descendante en droite ligne de l'école d'Alcuin, et l'on peut avec une égale probabilité la regarder comme l'ancêtre direct de l'école Saint-Pierre qui existe aujourd'hui dans cette ville. Les plus anciennes écoles cathédrales d'Angleterre font remonter leur origine à un temps immémorial ; mais, après la conquête normande, toutes passèrent sous l'influence française.

L'histoire de l'éducation anglaise pendant cette période se résume en un conflit entre deux autorités : l'Eglise prétendait au privilège (qu'elle exerçait effectivement) de décider à qui devait être donné licence d'enseigner : elle entendait maintenir ainsi l'orthodoxie parmi les maîtres de la jeunesse. D'autre part, l'Etat réclamait le droit de décider sur toutes les questions relatives au patronage des écoles : il voulait conserver entre les mains du gouvernement national la juridiction sur une partie de l'économie publique qui, par ses relations avec l'ordre ecclésiastique, aurait facilement pu passer sous l'autorité du pape. Cette lutte d'intérêts en balance apparaît clairement dans deux documents de l'époque : 1° le huitième canon promulgué par le concile général de Westminster, en 1200, qui réclamait virtuellement pour l'Eglise le droit de délivrer aux maîtres la licence d'enseigner, en stipulant qu'il ne pourrait être exigé de rétribution pour l'octroi de cette licence ; 2° l'ordonnance édictée par le roi Edouard III en 1343, qui défendait aux tribunaux ecclésiastiques de juger les procès relatifs à des questions de patronage d'écoles, et ordonnait que ces matières fussent réservées à la Cour royale.

C'est à ce moment qu'il convient de donner la classification des divers types d'écoles dans l'Angleterre du moyen âge. Ces écoles constituent huit grands groupes, dans chacun desquels certains établissements sont d'ordre élémentaire (écoles de chant et écoles de lecture), et d'autres d'ordre supérieur (écoles de grammaire), tandis que d'autres réunissent les trois spécialités (chant, lecture et grammaire).

1. Ecoles cathédrales. — Ces écoles étaient entretenues par les fonds des cathédrales, ainsi à York, à Lincoln, à Wells. Quelques écoles de ce type dataient de l'époque antérieure à la conquête normande. Il existe encore aujourd'hui quelques écoles florissantes qui sont leurs descendantes directes.

2. Ecoles collégiales. — Beaucoup de ces écoles étaient aussi de fondation très ancienne, quelques-unes remontant à l'époque pré-normande. Les églises collégiales se distinguaient des cathédrales par le fait qu'elles n'étaient pas les sièges principaux des évêchés. Mais dans leur constitution et leur personnel les deux catégories d'églises étaient semblables. Dans bien des cas, l'église collégiale (comme l'église cathédrale) avait l'obligation, en vertu même de son acte de fondation, d'entretenir une école.

3. Ecoles de monastères. — Dans ces écoles, les maîtres étaient des moines et des chanoines réguliers. A quelques époques où les institutions monastiques jouirent d'une faveur spéciale, le clergé séculier fut remplacé par le clergé régulier dans quelques cathédrales et collégiales : cela eut lieu, par exemple, à Canterbury, à Winchester, à Oxford. En pareils cas, l'influence monastique prenait la place de celle du clergé séculier dans les écoles attachées à la fondation. Au treizième siècle, l'activité intellectuelle des ordres mendiants à Oxford, après leur établissement dans cette ville (dominicains, 1221 ; franciscains, 1224 ; Carmel, 1256 ; augustins, 1268), conduisit à la création de centres d'éducation à l'université, placés sous l'autorité de ces moines. Les anciens ordres monastiques, dont le prestige avait été diminué par la fondation et le développement des universités, furent stimulés, par l'activité des ordres mendiants, à porter leurs efforts du côté de l'enseignement universitaire, et des collèges (halls) furent fondés à Oxford par les cisterciens en 1280 et par les bénédictins en 1289, en vue de donner à des membres de leur communauté une préparation professionnelle qui leur permît de se vouer à l'enseignement ou au droit. Mais il se produisit simultanément un mouvement contraire en faveur des collèges du clergé séculier ; ce mouvement montra que la remise à des mains monastiques, quelles qu'elles fussent, de l'autorité en matière d'éducation, était vue de mauvais oeil par une grande partie du public religieux en Angleterre.

4. Fondations collégiales spécialement destinées à l'éducation. — En 1261, un collège séculier d'éducation fut fondé à Salisbury. En 1263, Walter de Merton établit à Malden (Surrey) la « maison d'écoliers de Merton » : son but était de payer des bourses à des écoliers qui étaient tenus d'étudier dans quelque université, où ils vivaient en commun dans un local pris à bail. En 1266, il leur procura à Oxford une résidence stable. Les statuts de 1234 firent de « Merton Collège », à Oxford, une communauté autonome, dotée en vue de permettre aux étudiants qui en faisaient partie de se préparer au service de l'Eglise et de l'Etat. En outre, des mesures furent prises pour qu'à Merton Collège fussent élevés un certain nombre de jeunes garçons (parvuli) appartenant à la famille du fondateur : un maître fut chargé d'enseigner à ces jeunes garçons la grammaire afin de les préparer à suivre les cours de l'université. Une même fondation associa ainsi l'éducation des enfants et celle des étudiants. Une autre fondation fut due à William of Wykeham, qui établit à Winchester et à Oxford respectivement (1382 et 1379) une école pour de jeunes garçons et un collège pour des étudiants, comme deux institutions soeurs, mais ayant une existence distincte, et placées dans deux villes différentes.

5. Ecoles d'hôpitaux. — Les hôpitaux étaient généralement des maisons de charité pour les pauvres. L'entretien d'écoliers pauvres faisait partie du programme de quelques-unes de ces fondations, comme par exemple à l'hôpital de Saint-Cross à Winchester, fondé en 1132 par Henry de Blois, oncle de Henry II, où treize écoliers pauvres, désignés par le maître de la high school de Winchester, figuraient au nombre

des cent pauvres qui étaient nourris quotidiennement par l'hôpital. Dans quelques cas, une école était annexée à l'hôpital : ainsi à l'hôpital Saint-Antoine, Threadneedle Street (Londres), et à l'hôpital Saint-Jean-Baptiste à Banbury.

6. Ecoles de guildes. — Une guilde était une association corporative fondée pour quelque but d'utilité sociale. L'entretien d'une école formait une des obligations de diverses guildes, par exemple à Wisech, à Nottingham, à Northallerton. Par leur étroite relation avec des corporations laïques, souvent constitué es pour un objet d'intérêt séculier, bien que se réunissant habituellement pour la célébration d'une cérémonie religieuse, les écoles de guildes représentaient dans l'éducation, au moyen âge, une influence séculière distincte de l'influence ecclésiastique.

7. Ecole de chantrerie — On appelait chantrerie (chantry) une fondation destinée à payer un prêtre pour dire des messes pour l'âme d'un mort. Une fondation de ce genre pouvait être attachée à une cathédrale, à un collégiale, à une église paroissiale, ou à une chapelle séparée bâtie à cet effet, ou être simplement un moyen de procurer des honoraires au prêtre à qui était confié le soin de dire la messe conformément aux intentions du fondateur. Ces fondations étaient très nombreuses et, dans beaucoup de cas, d'origine ancienne. Elles s'accrurent rapidement à partir du quatorzième siècle par suite de la fortune croissante des classes industrielles et commerçantes. Les prêtres des chantreries avaient à la fois les loisirs nécessaires et les capacités requises pour l'enseignement, aussi étaient-ils en grand nombre employés à l'oeuvre de l'éducation. Les écoles de chantrerie, où ces prêtres enseignaient, formèrent la partie la plus considérable des institutions consacrées à l'éducation dans l'Angleterre du moyen âge. Elles offraient une grande variété de types : les unes étaient des écoles élémentaires, et ce sont elles qui assumaient principalement la tâche de l'éducation populaire ; d'autres donnaient une instruction d'ordre supérieur.

8. Ecoles indépendantes. — C'étaient des fondations dont le but était non l'accomplissement d'une fonction religieuse, mais l'éducation purement et simplement. Elles s'accrurent en nombre à mesure que la tâche de l'enseignement se spécialisa davantage et devint moins exclusivement ecclésiastique. Elles furent le produit de la croissance de l'influence laïque en éducation. Dans quelques cas, les maîtres étaient des laïques ; mais, dans la règle, les écoles indépendantes ont dû différer peu des écoles de chantrerie, au point de vue de l'influence éducative ou du personnel enseignant. Elles représentaient toutefois une tendance croissante de l'éducation à s'affranchir de l'autorité exclusive de l'Eglise. Les écoles indépendantes furent une importante soupape de sûreté dans le mécanisme de l'éducation anglaise au moyen âge. De nouveaux idéaux religieux et sociaux s'exprimaient par de nouvelles formes d'activité éducative. Les écoles indépendantes montrèrent de quoi étaient capables les forces intellectuelles et sociales qui s'opposaient au monopole de l'influence ecclésiastique dans l'éducation anglaise.

Ce n'était pas dans les écoles, toutefois, mais dans les maisons des nobles et des dignitaires ecclésiastiques que les fils de l'aristocratie anglaise recevaient la partie la plus importante de leur première éducation. La Vie de Thomas Becket rapporte que « les nobles du royaume d'Angleterre et des royaumes environnants avaient coutume d'envoyer leurs fils servir le chancelier, qui les faisait honorablement éduquer et instruire ; et lorsqu'ils avaient été armés chevaliers, il les renvoyait avec honneur à leur père et à leur famille ». A la même époque, Robert Grosseteste (1253), premier recteur des franciscains à Oxford, et plus tard évêque de Lincoln et chancelier de l'université d'Oxford, faisait l'éducation de jeunes nobles qui vivaient à son service en qualité de pages (domicelli). Les jeunes gens élevés ainsi dans la demeure d'un grand seigneur apprenaient les belles manières, la musique et le chant, les exercices du corps, l'ordre des préséances, l'adresse à découper et à servir à table. Cette éducation leur faisait acquérir l'aisance, le savoir-faire et les talents dont ils avaient besoin dans leur position sociale. Les filles de noble naissance étaient instruites dans leur famille par des précepteurs ou des gouvernantes, ou au couvent.

C'est dans cette période que les universités d'Oxford et de Cambridge acquirent du renom. Pendant longtemps, l'université d'Oxford fut celle des deux qui eut le plus d'influence. On a la preuve que quelques années déjà avant 1117, il existait à Oxford des écoles réputées. Mais la soudaine élévation de ces écoles au rang de Studium générale doit probablement être attribuée à une importante migration d'étudiants anglais de l'université de Paris, qui eut lieu vers 1167 par ordre du roi Henry II. Leur rappel du continent fut l'un des incidents du conflit entre le roi et Thomas Becket. Durant les douzième, treizième et quatorzième siècles, les liens intellectuels et personnels entre les universités d'Oxford et de Paris furent très étroits. L'une et l'autre étaient une corporation de professeurs. Par la constitution, les coutumes et la phraséologie technique de la vie académique, Oxford ressemblait à Paris comme à son prototype. Jean de Salisbury, l'humaniste avant l'humanisme ; Edmond Rich, qui enseigna le premier la logique d'Aristote dans les écoles d'Oxford ; Roger Bacon, le père de la science expérimentale en Angleterre ; William d'Ockham, le « docteur invincible », en qui la pensée scolastique atteignit son apogée, furent tous membres de l'une et de l'autre université. Pendant des générations, l'université de Paris fut le foyer vers lequel convergeaient les pensées de tous les écoliers studieux d'Angleterre. Au treizième et au quatorzième siècle, il semblait que plusieurs villes pourraient devenir des centres de haute éducation (ainsi Salisbury, Northampton, Stamford). Les habitudes migratrices des étudiants du moyen âge leur faisaient transporter facilement leur résidence d'une ville à une autre. Mais Oxford et Cambridge finirent par établir leur prééminence. Les dates de fondation des premiers collèges à Oxford sont les suivantes : Balliol Collège, 1261-1266 ; Merton Collège, 1263 ou 1264 ; University Collège, vers 1280 ; Exeter Collège, 1314 ; Oriel Collège, 1324 ; Queen's Collège, 1341. Quelle qu'ait pu être l'histoire antérieure des écoles de Cambridge, le Studium générale de cette ville ne remonte pas plus haut que 1209. La grande dispersion des maîtres et des étudiants de Paris, en 1229, fut probablement le principal facteur du développement de cette université. Le développement constitutionnel de l'université de Cambridge se modela sur celui d'Oxford ; mais jusqu'à la fin du quatorzième siècle sa position fut relativement insignifiante. Les dates de fondation des plus anciens collèges à Cambridge sont les suivantes Peterhouse (sur le patron de Merton Collège à Oxford), 1284: Clare Collège (primitivement University Hall), 1326 ; Pembroke Collège, 1347 ; Gonville Collège, 1348 ; Corpus Christi Collège, 1352.

La Peste noire apporta un changement profond dans l'esprit de l'éducation anglaise. La mortalité parmi les prêtres, qui étaient les maîtres d'école de l'époque, fut énorme. Leurs devoirs les mettaient en fréquent contact avec la maladie contagieuse, et le fait qu'ils habitaient près des cimetières et dans les églises les exposait plus particulièrement au danger du poison cadavérique auquel on attribue l'origine du fléau. Il est probable aussi que maints prêtres étrangers quittèrent le pays pour fuir l'épidémie. La chronique de l'école cathédrale d'York dit qu'après le « second fléau » (la Peste noire de 1368), « à cause de la rareté des maîtres ès arts », il ne fut pas possible, pendant un temps, de trouver un maître pour se charger de l'enseignement à l'école. La Peste noire affecta l'histoire de l'éducation anglaise de trois façons. Premièrement (comme le note Jean de Trévise en 1385 dans sa traduction du Polychronicon de Higden), elle mit fin à la vieille coutume de se servir du français-normand comme langue de l'enseignement dans les écoles anglaises. Les nouveaux maîtres qu'on installa se servirent de l'anglais. Secondement, la grande mortalité parmi le clergé créa un nombre très considérable de vacances dans les professions savantes et dans les emplois de confiance. Ces vacances stimulèrent l'ambition des jeunes gens intelligents et encouragèrent les parents des enfants bien doués à leur faire donner l'instruction supérieure qui devait leur ouvrir l'accès des places. Ces ambitions nouvellement éveillées, ainsi que la rareté des travailleurs, due également à la Peste noire, alarmèrent les classes privilégiées, qui voyaient de mauvais oeil le trouble ainsi apporté dans le vieil ordre économique. En 1391, les communes du royaume supplièrent le roi Richard II d'interdire à tout vilain de donner à ses fils une éducation qui leur permît d'avancer dans la hiérarchie sociale « par clergie ». Le roi rejeta la supplique ; et, en 1406, le Statute of Artificers (Statut des artisans) déclara que « tout homme ou femme, de quelque état ou condition qu'il fût, serait libre de placer son fils ou sa fille, pour étudier, dans toute école du royaume qu'il lui plairait ». Mais cette liberté ne pouvait avoir que peu de valeur pratique pour la masse des travailleurs pauvres, auxquels le même statut défendait, d'autre part, de faire apprendre à leurs fils ou à leurs filles aucun métier dans aucune ville ou bourg, à moins qu'ils ne possédassent de la terre ou des renies d'une valeur annuelle minimum de 20 shillings. Troisièmement, des Anglais prévoyants comprirent que, dans l'intérêt d'un bon gouvernement et de la prospérité nationale, le recrutement du clergé instruit, dont les rangs avaient été décimés, exigeait que de nouvelles facilités fussent données pour le haut enseignement. C'est pour cette raison que William of Wykeham fonda Saint Mary Collège of Winchester (aujourd'hui New Collège) à Oxford en 1379, « prenant en compassion la maladie générale de l'armée du clergé, que, par suite du manque de clercs causé par la peste, les guerres et autres misères de ce monde, nous avons vue grièvement blessée » (statuts de New Collège). Et en 1382, Wykeham signa l'acte de fondation de Saint Mary Winton Collège à Winchester, la première des grandes Public schools anglaises. Le collège de Winchester fut institué pour fournir à New Collège, à Oxford, des étudiants convenablement préparés. L'innovation, dans cette fondation, consistait en ceci, qu'elle était conçue comme une institution distincte, munie d'une dotation spéciale, et établie en dehors d'Oxford, au lieu d'être la section inférieure d'un collège, originairement destinée à des élèves plus âgés. Sur le modèle de l'école de Winchester et de New Collège à Oxford, le roi Henry VI fonda en 1440-1441 l'école d'Eton et King's Collège à Cambridge.

DE LA PESTE NOIRE A LA REFORMATION. — Le fait le plus saillant de l'histoire de l'éducation anglaise durant cette période fut un conflit aigu entre deux idéaux. D'une part, la liberté de l'esprit, avec le désir d'effectuer une réforme sociale. D'autre part, l'autorité spirituelle, qui voulait le maintien de l'ordre social. Wycliffe et les Lollards furent l'expression du premier, Courtenay et Arundel représentèrent le second. Ce conflit devait nécessairement se répercuter sur l'éducation, parce que l'éducation est liée à un idéal de vie. Il finit par une bataille rangée, dans laquelle la pensée libérale parut vaincue. Mais l'esprit de réforme ne fut pas extirpé. Sous la forme de l'humanisme chrétien, il reprit un essor vigoureux au sein même des fidèles défenseurs de l'ordre établi. Son influence se manifeste dans l'histoire si confuse de la Réformation anglaise et dans celle de la Révolution puritaine. Et le conflit des deux idéaux a constamment persisté depuis dans l'éducation anglaise.

C'est à l'université d'Oxford que, d'abord, la lutte prit un caractère aigu. De 1280 à 1411, le chancelier de l'université (à l'origine, le représentant direct de l'évêque de Lincoln, dans le diocèse duquel se trouvait Oxford) agit comme le chef d'une corporation virtuellement autonome. Durant cette période de liberté académique, les doctrines de Wycliffe furent énergiquement soutenues par beaucoup de professeurs de l'université, et Oxford devint le centre de la propagande des Lollards. Il y avait, dans le mouvement wycliffien, deux courants d'influence : l'un tendait à une réforme théologique, tandis que l'autre formait des plans révolutionnaires pour un changement social. C'est la peur du second plutôt que du premier qui donna un pouvoir effectif aux forces de réaction. Cette réaction se manifesta par des efforts pour faire dominer l'orthodoxie théologique et les idées conservatrices non seulement à l'université, mais en d'autres parties de l'éducation nationale. Ceux qui sympathisaient avec les Lollards avaient établi, spécialement dans l'Est-Anglie, des écoles où étaient enseignées les doctrines lollardes. Il est probable que dans beaucoup de ces écoles lollardes, l'enseignement avait une tendance politique qui alarma les amis de l'ordre social existant. En 1401, le Parlement défendit à « divers membres menteurs et pervers d'une certaine secte [les Lollards] de tenir école », et ordonna que personne « ne favorisât dorénavant de telles écoles». En 1408, les statuts d'Arundel, archevêque de Canterbury, interdirent « aux maîtres et à tous ceux qui enseignent aux enfants ou à d'autres les arts de la grammaire » d'exposer des vues hérétiques en théologie. En 1411, après une longue lutte, l'université d'Oxford se soumit sans réserve à l'autorité ecclésiastique, et la liberté intellectuelle de l'université fut anéantie. Le mouvement réformateur dont la propagande des Lollards avait été l'expression théologique et politique fut ainsi comprimé par des mesures politiques, dont quelques-unes constituaient une tentative pour placer tout l'ensemble de l'éducation anglaise sous l'autorité du pouvoir politique.

Mais la réaction alla trop loin. Elle maintint des abus qui répugnaient à la conscience d'hommes modérés,

et de croyance orthodoxe. Aussi le premier grand mouvement qui suivit, dans le domaine de l'éducation, fut-il un effort en vue d'une réforme faite par les conservateurs eux-mêmes. Elle prit son inspiration en Italie, dans la Renaissance des lettres. Ses chefs furent les humanistes chrétiens Grocyn (1446? — 1519), Linacre (1460? — 1524), Jean Colet(1467? — 1519), Sir Thomas More (1478-1535), et, durant son séjour en Angleterre, leur ami Erasme. Elle se manifesta par l'étude du grec et les progrès de l'exégèse à Oxford et à Cambridge ; par l'encouragement donné au nouvel enseignement à Magdalen Collège, à Oxford (fondé en 1448), et par la fondation de Corpus Christi Collège, à Oxford, en 1516 ; par l'établissement de beaucoup d'écoles nouvelles, notamment de Saint Paul's School à Londres (fondée par Colet en 1509), et de l'école de grammaire de Manchester (fondée par Hugh Oldham en 1515) ; et dans les plans considérables de réforme de l'éducation conçus par le cardinal Wolsey (1475? — 1530). Plus de cinquante écoles furent fondées en Angleterre sous l'influence de l'humanisme chrétien et de l'esprit de réforme qui précéda la Réformation anglaise. Ce mouvement dut beaucoup de sa force à la conviction, formée dans l'esprit d'ecclésiastiques tolérants et consciencieux, qu'une réforme dans la vie religieuse de l'Eglise était nécessaire pour le bien spirituel de la nation ; que cette réforme devait venir du dedans ; et que le meilleur espoir de la voir s'accomplir résulterait de la formation d'un nouvel esprit dans l'éducation anglaise.

Le résultat de ce mouvement anticipé de réforme intérieure fut qu'à la veille de la Réformation l'Angleterre était bien fournie de grammar schools. Dans quelques-unes d'entre elles, sous l'influence du nouvel enseignement, une vie intellectuelle active existait. Par conséquent, en éducation comme en religion, la Réformation produisit en Angleterre une rupture bien moins complète avec la tradition établie qu'elle ne le fit en Ecosse. Cela fut dû en partie à la complexité de la situation politique, en partie au manque de précision logique de l'esprit anglais, et à ses tendances au compromis en matières intellectuelles, en partie enfin au fort attachement qu'éprouvait la nation pour ce qui, dans le vieil ordre de choses, était moralement sain et pastoralement désintéressé. Mais les changements économiques et politiques durant la période de la Réformation produisirent un trouble profond dans les conditions sociales de l'Angleterre, et par conséquent dans le système anglais d'éducation. Les changements qui eurent une influence directe sur l'éducation sont les suivants : 1° la saisie des biens ecclésiastiques ; 2° l'accroissement du paupérisme ; 3° les mesures politiques prises pour assurer tant en religion qu'en éducation, celle-ci étant considérée comme la servante de celle-là, un juste milieu entre le catholicisme romain et le puritanisme.

1° Les usurpations individuelles, accomplies sans autorisation légale, et l'exécution des Chantries Acts de 1545 et 1547, firent passer à d'autres affectations une grande partie des dotations religieuses qui avaient servi à l'entretien de l'enseignement secondaire et de' l'enseignement élémentaire. Une partie de ces fonds fut néanmoins restituée à l'éducation ; mais la perte ne fut pas moins très sérieuse, et produisit, comme le constatait Latimer en 1550, « le plus misérable abandon de la jeunesse à l'ignorance, et une lamentable décadence des universités ».

2° La destruction du système féodal en ce qui concerne les conditions du travail, l'élévation des prix, la clôture de vastes terrains pour l'élevage des moutons, le développement des manufactures aux dépens des petits métiers qui avaient eu une clientèle locale stable, conduisirent à l'augmentation du vagabondage et du paupérisme. Le problème du paupérisme suscita diverses mesures, de la part des municipalités, du Conseil privé, et du Parlement, pour le soulagement des pauvres, au nombre desquels étaient compris les « enfants abandonnés (succourless) ». Les premiers commencements du système anglais moderne pour l'éducation élémentaire des pauvres ont leur origine dans les Poor Laws du règne d'Elizabeth. Dans une grande partie de l'Ecosse, au contraire, sous l'influence

de John Knox (1505-1572), pourvoir à l'éducation élémentaire et secondaire fut envisagé comme étant, après le maintien de la religion, la tâche la plus nécessaire et la plus honorable des autorités locales. Cette différence s'est fait sentir dans l'histoire ultérieure de l'éducation élémentaire en l'une et l'autre contrée. L'éducation écossaise devint démocratique en son esprit et populaire en son organisation. L'éducation anglaise demeura socialement stratifiée, et fut par conséquent morcelée dans son développement. En Ecosse, la culture supérieure fut sacrifiée à la prospérité intellectuelle de la majorité. En Angleterre, les intérêts de la communauté, en matière d'éducation, furent subordonnés aux exigences d'une minorité. 3° La Réformation anglaise substitua, dans les choses de l'Eglise, la suprématie royale à l'autorité du pape. L'organisation ecclésiastique due à Elizabeth prescrivit, à l'usage de tous les Anglais, un rituel uniforme pour le culte public, contenu dans un livre liturgique, le Book of Common Prayer, et l'imposa par l'Act of Uniformity. En vertu d'un Act du Parlement (1562-1563), le « serment de suprématie » fut administré à tous les maîtres d'école et à tous les instituteurs publics ou privés chargés de l'éducation des enfants. Dans les a Visites » de 1567 à 1569, on s'enquit si les maîtres d'école enseignaient la « saine doctrine ». Le gouvernement chercha à assurer la stabilité politique de l'Etat en punissant, d'une part, les maîtres catholiques romains, et, d'autre part, les instituteurs puritains dissidents, qui refusaient de se conformer au culte de l'Eglise d'Angleterre. Mais, dans les limites de l'ordre établi, il y avait liberté pour la variété dans la pensée et la diversité de l'idéal spirituel. Dans les écoles anglaises, on permit également que se continuât une semblable variété dans les traditions. La Réformation anglaise ne leur imprima point l'uniformité d'un même but intellectuel, et ne leur imposa point une visée dominante. Un grand mouvement intellectuel se faisait sentir dans la nation, et l'on s'intéressait vivement à la politique et à la théologie : mais les écoles et les universités ne jouaient pas, dans ce mouvement, un rôle considérable. L'éducation anglaise ne fut pas modelée à nouveau sur un plan systématique. Malgré l'habileté et le dévouement des individus, elle ne fut, dans la direction donnée à la vie nationale, qu'un facteur d'importance secondaire. Elle s'accommoda au changement survenu dans le caractère de la nation. Elle conserva beaucoup de sa continuité historique, mais ne réussit pas à trouver la cohésion intellectuelle. Elle produisit Roger Ascham (1515-1568), mais elle n'eut pas de Mélanchthon. Une réforme consciente et raisonnée de l'éducation nationale eût attisé précisément ces flammes que les hommes d'Etat anglais de l'époque d'Elizabeth étaient, par-dessus toute chose, désireux d'éteindre.

DE LA MORT DE LA REINE ELIZABETH (1603) A LA REVOLUTION DE 1689. — Avant la mort d'Elizabeth, le dommage fait à l'éducation secondaire par la confiscation ou l'usurpation des dotations antérieures à la Réformation avait été réparé. Harrison, écrivant en 1577, disait qu'il n'y avait pas beaucoup de villes dans le royaume qui n'eussent au moins une grammar school, « avec un revenu suffisant pour entretenir un maître, et un instituteur (usher) attaché à l'établissement ». Trois forces, intellectuelle, morale et économique, avaient produit ce rapide accroissement du nombre des grammar schools. La force intellectuelle était l'influence de la Renaissance des lettres. La force morale était la foi protestante en l'éducation comme au seul moyen de préparer un clergé instruit, et de donner un solide fondement à la vie religieuse de la communauté. La force économique était le besoin qu'on éprouvait d'avoir des hommes instruits, pour participer au rapide essor du commerce et de l'industrie dans le royaume. Mais les résultats de ce mouvement pour l'extension de l'éducation secondaire aboutirent à une déception, pour trois raisons : l° Les universités d'Oxford et de Cambridge ne surent pas donner aux écoles un stimulant intellectuel ni une direction ; 2° l'enseignement, dans beaucoup de grammar schools, était pédantesque et étroit, étant le produit de la force déjà presque épuisée de l'humanisme classique, et se trouvant hors d'état de suivre l'essor nouveau des mathématiques et des sciences naturelles ; 3° la séparation profonde, et s'élargissant de plus en plus, qui existait entre les convictions politiques et religieuses des deux moitiés du peuple anglais conduisit à un conflit, entre deux partis qui se balançaient, pour la direction de l'éducation nationale ; et la conséquence fut que les progrès de l'éducation furent arrêtés par des discordes politiques qui aboutirent à la guerre civile.

En ce qui concerne l'encouragement de l'éducation intellectuelle, le parti puritain se montra plus zélé que le parti anglican Les deux partis acceptaient ce principe que, dans sa politique scolaire, l'Etat devait veiller à maintenir l'orthodoxie religieuse. Mais comme leurs vues étaient divergentes en ce qui concerne l'ordre ecclésiastique, ils n'étaient point disposés à s'unir pour soutenir ensemble un plan d'éducation nationale. D'autre part, Francis Bacon et d'autres conseillers avisés de la couronne croyaient que les intérêts industriels et commerciaux du pays seraient compromis si l'on continuait à encourager l'éducation presque exclusivement littéraire donnée par les grammar schools. En conséquence, la tendance à diriger et à règlementer la vie nationale au moyen de l'action administrative du Conseil privé n'aboutit à aucune politique active du gouvernement en matière d'instruction publique. L'éducation, étant regardée comme affaire spirituelle, resta sous la surveillance de l'Eglise d'Angleterre. Les constitutions et canons ecclésiastiques arrêtés par les évêques et le clergé de la province de Canterbury dans leur synode de 1603-1604 déclarèrent que nul ne pourrait enseigner, soit dans une école, soit dans une maison particulière, à moins qu'il n'eût obtenu licence de l'évêque du diocèse (canon LXX1X). Mais la règlementation de l'école par l'Eglise n'avait qu'un caractère politique et disciplinaire, et n'apportait pas de stimulant intellectuel. Et, sous l'influence de Laud, l'autorité épiscopale se montra de plus en plus hostile à l'esprit puritain. Ainsi l'Eglise se trouva en conflit avec le mouvement en faveur de la réforme de l'éducation, parce que c'était du côté puritain que se manifestait le plus vivement l'intérêt pour les questions d'école. Partout surgissaient des plans de réforme. Hartlib, l'ami de Milton, amena Comenius en Angleterre à la veille de la guerre civile. Mais l'ouverture des hostilités rendit pour un temps tout progrès en éducation impossible. Pendant la République, toutefois, le gouvernement puritain fit preuve de zèle pour la réforme des écoles et des universités. En 1650 et 1658, le Parlement accorda des subventions pour l'éducation dans le pays de Galles et en Ecosse. En 1657, Cromwell prépara" des mesures pour la fondation, à Durham, d'une université pour le nord de l'Angleterre. L'influence puritaine donna plus de profondeur à la vie intellectuelle d'Oxford et de Cambridge. Et quoique, en ce qui concerne le clergé et les maîtres d'école, des attestations d'orthodoxie religieuse et d'attachement politique au régime dominant fussent exigées avec autant de rigueur par le gouvernement puritain que par le prédécesseur qu'il avait remplacé, on accorda plus de considération que par le passé aux qualifications intellectuelles et aux besoins de l'éducation.

Le pendule, toutefois, avait dépassé la limite de l'oscillation normale : la réaction commença. Le puritanisme, d'ailleurs divisé contre lui-même, ne put conserver la direction de la vie nationale anglaise. Son idéal éducatif et politique ne put se réaliser que de l'autre côté de l'Atlantique. La restauration des Stuarts fut promptement suivie par l'Act of Uniformity de 1662, qui exigeait que tout maître tenant une école, soit publique, soit privée, ainsi que toute personne instruisant la jeunesse dans une maison particulière ou une famille, se conformât à la liturgie de l'Eglise d'Angleterre. Une fois de plus, tout instituteur fut tenu d'avoir une licence épiscopale. Tout maître non muni de cette licence était passible de l'amende et de la prison. Des centaines de ministres puritains furent dépouillés de leur bénéfice. Seuls les étudiants qui faisaient la déclaration de conformité avec l'Eglise d'Angleterre pouvaient être admis à l'université d'Oxford ou prendre leurs degrés à Cambridge. . D'autres Acts, en 1665 et 1670, menacèrent les instituteurs non conformistes de peines encore plus sévères. Si l'on s'en tient à la lettre de la loi, l'Eglise d'Angleterre jouissait du monopole renouvelé de l'autorité en matière d'éducation nationale.

Mais l'opinion anglaise était lasse des disputes théologiques. Le résultat des guerres civiles fut une habitude croissante de tolérance religieuse. Les écrits de John Locke (1632-1704), qui exercèrent une influence marquée sur plusieurs autres parties de l'éducation, firent beaucoup en cette matière par leurs plaidoyers en faveur de la tolérance comme base du gouvernement civil. La tradition puritaine, quoique menacée par la législation pénale, ne fut pas anéantie. En 1670, Richard Frankland, ministre puritain dépossédé de ses fonctions, ouvrit à Rathmell, en Yorkshire, une académie pour les étudiants non conformistes ; ce fut la première de ces académies dissidentes qui devinrent des centres d'une vie intellectuelle des plus actives ; ces académies s'accrurent en nombre et en influence en dépit des lois pénales, qui, bien que très rigoureuses dans la forme, étaient de plus en plus inopérantes en pratique. Par là, le dualisme dans l'éducation supérieure en Angleterre s'affirma une fois de plus.

Deux autres faits montrent durant cette période la force croissante du principe de tolérance : 1° Sous la direction de Richard Busby (1606-1695), homme d'un ferme caractère et d'une grande rectitude d'esprit, Westminster School, à Londres, devint, surtout après la Restauration, de plus en plus populaire parmi les familles de l'un et de l'autre des partis politiques, et d'opinions religieuses très diverses, comme établissement d'éducation pour leurs fils. Cette prospérité et cette influence de Westminster School, à ce moment critique de l'histoire sociale de l'Angleterre, montra que le pouvoir de la controverse religieuse et des distinctions de classes s'était quelque peu affaibli dans l'éducation anglaise ; 2° Vers 1676, Thomas Firmin établit une école de travail (workhouse school) pour l'éducation élémentaire et industrielle des enfants de la classe indigente. Son entreprise fut soutenue par les souscriptions du cercle de ses amis, dont les uns étaient des partisans de l'Eglise, les autres des non-conformistes. L'oeuvre de Firmin fut le premier exemple d'un groupe de philanthropes s'associant en vue de l'éducation des classes déshéritées des grandes villes anglaises. Le bon vouloir avec lequel des hommes de diverses opinions religieuses s'unirent pour une oeuvre sociale indiquait que la sympathie humanitaire avait grandi et que les rancunes théologiques avaient diminué.

Il faut ajouter que durant le dix-septième siècle trois autres changements significatifs se firent dans la pensée anglaise, au sujet de l'éducation : 1° Une attention plus grande fut donnée aux mathématiques dans les programmes scolaires ; 2° Dans quelques-unes des meilleures écoles, des progrès furent réalisés dans les méthodes pour 1 enseignement des langues, y compris celui de la langue maternelle ; 3° Des réformateurs sociaux commencèrent à se rendre compte de la valeur économique de l'instruction technique, en conséquence, pour une part, du plaidoyer fait par Sir W. Petty en faveur des ergastula literaria (ateliers littéraires), dans une brochure publiée en 1647. Le premier de ces changements fut dû, en une large mesure, à l'influence de Descaries ; le second, à celle de Port-Royal ; le troisième, à celle de Bacon et, dans la dernière partie du siècle, à celle de la Société royale récemment fondée, ainsi qu'à la connaissance des tentatives faites dans les Pays-Bas et en France pour l'organisation d'un enseignement industriel.

DE LA RÉVOLUTION DE 1689 A LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE — Les dernières années du dix-septième siècle marquent un nouveau point de départ dans l'histoire de l'éducation élémentaire, tant en Ecosse qu'en Angleterre.

L'Act écossais pour « le règlement des écoles », voté en 1696, améliora grandement la condition de l'éducation élémentaire en astreignant les propriétaires fonciers, dans chaque paroisse, à pourvoir à l'établissement d'une maison d'école et au salaire d'un instituteur.

En Angleterre, vers 1678, l'influence d'Antoine Horneck, ecclésiastique allemand qui avait été nommé prédicateur de la Savoy Chapel en 1671, amena la formation d'associations religieuses de jeunes gens à Londres et ailleurs. Ce réveil de la vie religieuse eut pour conséquence d'énergiques efforts, tant du côté de l'Eglise anglicane que de celui des non-conformistes, pour combattre l'immoralité flagrante qui domina en Angleterre pendant les années qui suivirent immédiatement la Restauration. Sous l'influence de ce mouvement de réforme sociale, Thomas Bray (1656-1730) fonda en 1698 la Société pour la promotion de l'instruction chrétienne (Society for the promotion of Christian knowledge), dont l'un des buts essentiels était l'établissement d'écoles de charité pour l'instruction élémentaire des enfants pauvres. Ce mouvement, loué par Addison et critiqué par Mandeville, se répandit rapidement dans tout le royaume. En 1734, il y avait à Londres 132 écoles de charité avec 5123 élèves, et 1329 écoles avec 19 506 élèves dans le reste du pays. Ce mouvement dut en grande partie son importance à l'oeuvre et aux écrits d'A. H. Francke à Halle, et peut-être aussi à la connaissance de ce qu'avait fait J.-B. de la Salle à Reims et à Paris. En Angleterre, ses plus vigoureux appuis furent des membres de la haute Eglise. Le progrès des écoles de charité s'arrêta vers 1745, arrêt dû en partie à un échec dans les résultats, provenant de l'incapacité de la plupart des maîtres, en partie à un déclin de l'activité du parti de la haute Eglise. Mais les écoles qui furent établies sous l'influence de la Société pour la promotion de l'instruction chrétienne, ou d'une façon indépendante par des anglicans, prospérèrent et fortifièrent la connexion existant de vieille date entre l'éducation élémentaire et l'Eglise d'Angleterre.

En 1765, à la veille de la Révolution industrielle, le Dr John Brown (1715-1766), de Newcastle-upon-Tyne, publia un plan d'organisation systématique de l'éducation sous l'autorité de l'Etal et selon les principes de l'Eglise d'Angleterre. L'idée d'une éducation nationale organisée sur un vaste plan était dans l'air à cette époque. Il n'y a pas d'indice, dans l'essay de) Brown, qu'il ait connu le General Landschulreglement de Frédéric II (1763) ou l'Essai d'éducation nationale de La Chalotais (1763) ; mais son plan fut le produit d'un même désir de fortifier l'unité nationale par une éducation dirigée par l'Etat. Il fut immédiatement combattu par Joseph Priestley (1733-1804), dont les Remarks on a Code of Education sont une vive attaque contre l'intervention de l'Etat en matière d'éducation. Priestley était à ce moment professeur à l'Académie non-conformiste de Warrington, et son mémoire montra avec quelle vigueur les non-conformistes résisteraient à toute tentative de placer la direction légale de toute l'éducation anglaise entre les mains de l'Eglise. Le gouvernement avait depuis longtemps abandonné la pensée d'user, même envers les catholiques romains, des lois non encore abrogées qui interdisaient à quiconque n'était pas membre de l'Eglise d'Angleterre de s'occuper d'éducation. A partir de 1734, il n'y eut plus de persécutions dirigées contre des maîtres d'école protestants non-conformistes ; et une école catholique romaine bien connue, qui avait prospéré près de Winchester de 1688 jusqu'à l'insurrection jacobite de 1745, fut rouverte à Standon près de Londres en 1763. Mais la façon énergique dont Priestley attaqua les propositions de Brown montra que les non-conformistes en avaient été alarmés, et prouva que le dualisme dans la vie scolaire anglaise continuait. Le gouvernement ne prit aucune mesure tendant à établir un système uniforme d'éducation nationale. Lorsque commença la Révolution industrielle, l'Angleterre était aussi loin de l'unité en éducation qu'elle Pavait été un siècle auparavant.

Durant le dernier quart du dix-huitième siècle, une série d'inventions mécaniques, venant à la suite d'un changement agraire, et accompagnées d'un progrès rapide dans les moyens de communication, routes ou canaux, révolutionnèrent l'industrie anglaise. La vapeur fut appliquée à la manufacture. Le système des fabriques commença ; le Nord de l'Angleterre devint très populeux ; Manchester doubla en étendue ; des villes nouvelles surgirent. Le problème social se présenta sous une forme aiguë, le vieil ordre social fut violemment troublé. Il devint d'une urgente nécessité de pourvoir d'une manière plus efficace à l'éducation élémentaire. Mais les hommes d'Etat whigs, par tradition, étaient peu disposés à recourir à l'action de l'Etat en matière d'éducation, se rendant compte que des questions difficiles de liberté religieuse s'y trouvaient impliquées. Deux influences, toutefois, finirent par avoir raison de leur attitude réservée à cet égard. La première fut celle d'Adam Smith, qui, dans son livre The Wealth of Nations (publié en 1776), avait préconisé, peut-être sous l'influence de Turgot, l'action de l'Etat pour la diffusion de l'éducation élémentaire. La seconde fut l'exemple de l'Ecosse, où un système presque universel d'éducation élémentaire subventionnée par les ressources locales avait, de l'aveu de tous, développé l'intelligence et l'industrie de la communauté.

Mais en Angleterre, à cette époque, le premier effort général pour répandre l'éducation dans les masses populaires (exception faite de l'oeuvre accomplie par les écoles de charité ou par celles où enseignaient des maîtres indépendants) fut celui des écoles du dimanche. A partir de 1730, les écoles du dimanche (destinées principalement, mais non exclusivement, aux adultes) s'étaient répandues dans le pays de Galles, surtout grâce à Griffith Jones (1683-1761), membre de la Société pour la promotion de l'instruction chrétienne. En 1780, le mouvement anglais des écoles du dimanche commença à Gloucester, par les efforts de Robert Raikes et de John Stock. Non-conformistes et anglicans établirent des écoles du dimanche, principalement, mais non exclusivement, pour les enfants. Les instituteurs des écoles du dimanche puisaient en bonne partie leurs inspirations dans les mouvements wesleyen et évangélique, ou dans l'enthousiasme humanitaire de l'époque. C'est à eux que l'éducation populaire anglaise dut sa première et rapide extension, sous le régime des conditions modernes de la vie industrielle.

DE 1800 A L'EPOQUE ACTUELLE (1908). — L'histoire de l'éducation anglaise de 1800 à nos jours se divise en deux périodes. Durant la première (1800-1850), les modes actuels de l'action de l'Etat ont eu leurs débuts. Durant la seconde (1850-1908), la surveillance de l'Etat sur l'éducation s'est constamment accrue, mais a été accompagnée de ce sentiment toujours croissant qu'il importait de donner aux élèves l'occasion de développer leur individualité conformément à leurs aptitudes et sans distinction de sexe.

Quatre grands mouvements ont eu leur contre-coup sur l'éducation anglaise durant le dix-neuvième siècle : 1° les influences politiques et intellectuelles des révolutions françaises de 1789 et 1848 ; 2° des actions religieuses, celles du wesleyanisme, de l' « évangélisme », du « tractarianisme », et du catholicisme romain ; 3° le développement du commerce et de l'industrie, avec les changements qu'il a produits dans la structure sociale et dans les obligations de l'Etat ; 4° le progrès des sciences et leurs applications pratiques.

1° Les principaux résultats des mouvements révolutionnaires français ont été un vif désir d'obtenir des facilités pour le développement individuel, et en même temps une nouvelle conception de l'unité nationale, unité qui doit être atteinte par la réorganisation de la société sur la base d'une plus grande égalité politique ;

2° Les résultats des mouvements religieux ont été un accroissement des sympathies humanitaires, et une tendance vers une plus grande égalité de traitement pour les diverses communautés religieuses existantes ;

3° Les résultats du développement du commerce et de l'industrie ont été l'urgence croissante des problèmes de la vie urbaine ; la nécessité de protéger les intérêts de l'éducation des enfants et des jeunes gens contre les dangers économiques résultant du système des fabriques ; une déperdition d'énergie de la mèrepatrie au profit des colonies et dépendances de l'empire, pour l'administration, le commerce, l'agriculture, et les services missionnaires ; et un effort pour assurer aux ouvriers, contre-maîtres et entrepreneurs anglais une préparation théorique et technique comparable à celle qui a accru l'efficacité économique du travail chez d'autres nations ;

4° Enfin les résultats du progrès des sciences ont été un changement dans le programme des écoles ; une plus grande attention donnée à l'éducation physique ; un profond changement dans la conception générale de la vie ; et un double courant de pensée, l'un tendant à un extrême individualisme en vue de la préservation des diversités personnelles, l'autre conduisant à la conception d'un organisme social qui, à mesure qu'il progresse vers une structure supérieure, produit des formes plus compliquées de subordination des unités individuelles qui le composent.

Les changements ainsi produits dans l'éducation anglaise depuis 1800 ont été profonds, mais la continuité de structure a été conservée, et une grande partie de la tradition ancienne a survécu.

2. La croissance de l'autorité centrale dans l'éducation anglaise, de 1800 à 1908. — L'établissement d'une autorité centrale pour l'éducation fut préconisée par le radical Thomas Paine en 1792 et par le socialiste Robert Owen en 1816. En 1802, le premier Factory Act (loi sur les fabriques) édicta des dispositions pour l'instruction élémentaire des apprentis, reconnaissant par là la responsabilité de l'Etat en ce qui concerne l'éducation de certaines catégories d'enfants. En 1811, le ministère de la guerre établit des écoles régimentaires. En 1816, Henry Brougham obtint que la Chambre des communes nommât un Comité pour faire une enquête sur « l'éducation des classes inférieures (lower orders) », enquête qui en 1818 fut étendue à l'Ecosse. En 1818, également sur la motion de Brougham, le Parlement vota un Act pour la création d'une Commission royale chargée d'une enquête sur les fondations charitables d'éducation en Angleterre et dans le pays de Galles ; cette Commission resta en activité jusqu'en 1837. En 1813 le Parlement avait institué le Board of Commissioners of Education en Irlande, et en 1830 (un an après l'adoption du bill d'émancipation des catholiques) il vota £30, 000 pour permettre au Lord lieutenant d'Irlande de venir en aide à l'éducation du peuple. En août 1833 (dans l'année qui suivit l'Act pour la réforme parlementaire), la Chambre des communes vota £ 20 000 pour l'éducation en Grande-Bretagne. Ce grant (subvention) fut consacré à la construction de maisons d'école ; l'argent fut réparti conformément aux indications fournies par deux associations d'enseignement : 1° la National Society for promoting the éducation of the poor in the principles of the Established Church, fondée en 1811 pour continuer l'oeuvre de la Société pour la promotion de l'instruction chrétienne, et pour propager le système monitorial (enseignement mutuel) du Dr Andrew Bell (1753-1832) ; 2° la British and Foreign School Society, établie en 1813-1814 (comme extension d'un comité qui était à l'oeuvre depuis 1808) pour l'établissement et l'entretien d'écoles élémentaires non-dénominationnelles (undenominational), appliquant le système monitorial (enseignement mutuel) de Joseph Lancaster (1778-1832). Ainsi la dualité des idéaux dans l'éducation élémentaire anglaise fut reconnue par le gouvernement dès le début du nouveau système des grants parlementaires. En 1835, les Poor Law Commissioners (l'autorité centrale instituée par le Poor Law Act de 1834) fit des règlements portant que tous les enfants de l'un et l'autre sexe vivant dans les workhouses recevraient un enseignement comprenant la lecture, l'écriture, et la religion chrétienne. En 1836, le Parlement vota £ 1500 pour l'établissement d'une Ecole centrale de dessin placée sous le contrôle du Board of Trade. En 1839, un Comité spécial du Conseil privé fut institué pour administrer l'emploi des grants annuels votés par le Parlement en faveur de l'éducation élémentaire en Grande-Bretagne : ce fut la le germe de l'Education Department (Département d'éducation). Un personnel permanent de fonctionnaires fut nommé pour exécuter la tâche confiée à ce Comité du Conseil, dont le secrétaire fut le Dr Ray, Elus tard Sir James Kay-Shuttleworth (1804-1877). L'action du Comité du Conseil pour l'éducation (Committee of Council on Education) s'étendait à l'Angleterre, au Pays de Galles, et à l'Ecosse ; en 1872 un Comité distinct fut institué pour l'Ecosse, mais ce n'est qu'en 1907 que le Pays de Galles posséda un personnel indépendant de fonctionnaires pour l'éducation. En 1839 commença l'établissement des écoles normales (Training collèges) ; le gouvernement accorda des grants à cet effet à la National Society (Eglise d'Angleterre) et à la British and Foreign School Society (non-dénominationnelle), une proposition de créer une Ecole normale de l'Etat, pour laquelle un crédit avait été voté par la Chambre des communes en 1835, ayant été abandonnée à la suite de la violente opposition qu'elle rencontra. En 1846, le gouvernement adopta un système étendu de grants destinés à venir en aide à la préparation des instituteurs et institutrices et à favoriser le progrès de l'instruction dans les écoles élémentaires. En 1850, le gouvernement nomma des Commissions royales chargées de faire une enquête sur la situation, la discipline, les études et les revenus des universités d'Oxford et de Cambridge. La grande Exposition ouverte à Londres en 1851 (due en grande partie à l'influence du prince Albert) attira l'attention sur les défauts des manufactures anglaises : et en 1852 le gouvernement réorganisa l'Ecole centrale de dessin, et institua un Département d'art pratique placé sous l'autorité du Board of Trade ; en 1853 une division pour la science fut ajoutée à ce département, dont les deux branches réunies prirent le nom de Department of Science and Art. En 1853, la Commission de charité (Charity Commission) fut instituée par les Charitable Trusts Acts comme une autorité centrale permanente (avec quelques pouvoirs hérités de la Cour de la chancellerie) pour la surveillance des fondations charitables, dont beaucoup étaient consacrées à des oeuvres d'éducation. En 1856, le Département de science et art fut rattaché au Comité du Conseil pour l'éducation, et les deux institutions ainsi réunies reçurent le nom de Département d'éducation (Education Department). En 1860, l'administration des écoles industrielles (industrial schools) fut transférée du Département d'éducation au ministère de l'intérieur. Un système considérable de grants gouvernementaux en faveur de l'enseignement de l'art et de la science sur toute l'étendue de la Grande-Bretagne fut établi en 1859-1861. En 1861, le système des grants affectés aux écoles élémentaires fut entièrement changé par M. Robert Lowe, qui dirigeait alors le Département d'éducation : l'octroi des grants dépendit dorénavant des résultats d'un examen individuel subi par les élèves, en lecture, en écriture et en arithmétique, fait par un inspecteur du gouvernement, et auquel durent être présentés tous les élèves que la régularité de leur fréquentation qualifiait pour être admis à cette épreuve. Ce système de « paiement d'après les résultats » (payment by results), qui fut modifié en 1875, mais ne fut définitivement aboli qu'en 1896-1897, nuisit beaucoup à l'efficacité éducative de l'oeuvre scolaire. L'Elementary Education Act de 1870, qui institua des School Boards en Angleterre et dans le Pays de Galles dans tous les districts où des efforts volontaires n'avaient pas pourvu à la création d'un nombre suffisant d'écoles, donna un accroissement d'importance et de pouvoir au Département d'éducation comme autorité centrale d'un organisme pour l'enseignement élémentaire, qui fut alors établi pour la première fois sur une base systématique. Le Scotch Education Act de 1872, qui rendit l'éducation élémentaire obligatoire en Ecosse, accrut de même le pouvoir du Département d'éducation relativement à l'instruction dans ce pays. En 1872, le gouvernement, par des grants spéciaux accordés à des écoles de science, encouragea pour la première fois l'établissement d'écoles secondaires d'un type nouveau : ces écoles durent donner un cours d'études scientifiques, continu et systématique, d'une durée de trois années. En 1876, le Parlement vota un Education Act qui pour la première fois imposa à tout chef de famille, en Angleterre et dans le Pays de Galles, l'obligation de faire donner à ses enfants une instruction élémentaire comprenant la lecture, l'écriture et l'arithmétique. En 1880, un Act du Parlement exigea la fréquentation régulière d'une école par tous les enfants jusqu'à l'âge de dix ans, en Angleterre et dans le Pays de Galles. En 1887, un Act fut adopté pour l'établissement d'écoles techniques en Ecosse. En 1889 fut adopté un Technical Instruction Act s'appliquant à l'Angleterre, à la Galles et à l'Irlande. La même année un Act créa, pour le Pays de Galles, un nouveau système d'éducation intermédiaire ou secondaire, subventionnée par le gouvernement. En 1891, un autre Act rendit gratuite, en Angleterre et en Galles, la plus grande partie de l'instruction élémentaire. En 1893, l'établissement d'écoles spéciales pour les aveugles et les sourds-muets fut décidé, et en 1898 une mesure identique fut votée en faveur des enfants retardés et épilepliques. En 1899 fut établi le Board of Education, qui remplaça l'Education Department, y compris le Département de science et art. Cette mesure réalisa l'unification de l'autorité centrale pour l'enseignement élémentaire, l'enseignement secondaire, et l'enseignement technique en Angleterre. Par l'Education Act de 1902, — qui abolit les School Boards, et plaça toutes les écoles élémentaires de l'Angleterre et du Pays de Galles, pour ce qui concerne l'instruction séculière, sous la surveillance de nouvelles autorités locales, County Councils (Conseils de comté), County Borough Councils (Conseils de County Boroughs. c'est à-dire des bourgs de plus de 50 000 habitants, lesquels, aux termes du Local Government Act de 1888, sont assimilés à des comtés et portent le nom de bourgs-comtés), etc., — les pouvoirs et la responsabilité du Board of Education furent considérablement accrus. Par l'Education (Administrative Provisions) Act de 1907, le Board of Education a été chargé de prescrire aux autorités scolaires locales la façon en laquelle elles doivent pourvoir à l'inspection médicale des enfants qui fréquentent les écoles élémentaires.

Ce sont les changements économiques et sociaux produits par la Révolution industrielle qui obligèrent le gouvernement à établir une autorité nationale centrale pour l'éducation en Angleterre. Mais cette mesure ne fut prise qu'avec une grande répugnance, parce que chacun des deux grands partis dans l'Etat regardait d'un oeil défiant, bien que pour des raisons opposées, tout accroissement de pouvoir du gouvernement central en une matière qui touche de si près à la croyance religieuse et à l'idéal social. Lorsque enfin le gouvernement fut contraint d'agir, il ne le fit qu'avec beaucoup de précautions et par des essais successifs. Sur aucun point on n'exécuta une refonte complète du système anglais d'éducation, sur une base nationale et sous l'autorité de l'Etat. Mais la surveillance de l'Etat (exercée par différents départements du gouvernement central) a été graduellement étendue, et aujourd'hui elle embrasse, directement ou indirectement : 1° toutes les écoles élémentaires publiques ; 2° toutes celles des écoles secondaires qui (reçoivent des grants du gouvernement ou qui sont régies par des acts du Parlement règlementant les fondations d'éducation ; 3° toutes les écoles techniques et classes du soir qui reçoivent des grants du gouvernement ; 4° toutes les universités, excepté celles d'Oxford et en Cambridge, parce que ces deux universités, avec les collèges qui en font partie, sont régies par des acts et des statutes qui représentent l'autorité de l'Etat, mais qui n'impliquent pas l'inspection par l'Etat.

Un accroissement des responsabilités du gouvernement central en matière d'éducation a suivi, en Angleterre, chaque extension du droit électoral (1832, 1867 et 1884). Le mouvement révolutionnaire français de 1848 donna une forte impulsion à l'action de l'Etat sur l'éducation anglaise. L'exemple des Etats-Unis particulièrement depuis la guerre civile de 1861-1864, celui du Canada, de la Nouvelle-Zélande et des colonies australiennes, a aussi fortifié la tendance à placer l'éducation en Angleterre sous le contrôle de l'Etat. L'organisation de l'instruction publique dans différents Etats de l'Empire allemand a exercé une influence marquée sur les idées administratives anglaises, surtout depuis 1880. La pression de la concurrence étrangère, dans l'industrie et le commerce, a aidé à convaincre les classes manufacturières et commerciales qu'une instruction solide du peuple est, pour des raisons économiques, devenue indispensable. L'idéal collectiviste et la propagande socialiste, surtout à partir de 1890, ont disposé une importante fraction de la nation en faveur de l'établissement d'un contrôle public unifié étendu à toutes les branches de l'éducation, et, conjointement avec le mouvement de la pensée scientifique, ont popularisé une conception de l'éducation plus large, embrassant le développement physique et l'entretien matériel, ainsi qu'une préparation sociale aux devoirs du citoyen. Mais le même mouvement d'idées, en se mélangeant à des influences et traditions religieuses, a également mieux mis en relief l'importance de l'éducation morale et la valeur de la vie en commun en éducation. En conséquence, les types anciens des instituts d'éducation (tels que les grands internats des public schools, dont plusieurs remontent au moyen âge) ont vu leur influence s'accroître, à cause de leur efficacité dans la formation du caractère. En outre, l'accroissement en nombre et en influence des catholiques romains et des israélites, et l'activité des membres de la haute Eglise dans les questions de réforme sociale, ont, dans ces dernières années, augmenté matériellement les forces opposées à toute forme de législation qui pourrait supplanter ou diminuer les influences dénominationnelles dans la direction d'une portion de l'éducation nationale. Le principe qui veut garantir le libre choix de l'école par la famille, et assurer l'enseignement de la religion et le maintien des influences religieuses dans l'école, a visiblement gagné du terrain, en opposition à l'autre principe, qui voudrait attribuer à la majorité des contribuables, dans chaque localité, le droit de déterminer le caractère de toutes les écoles qui reçoivent des subventions de fonds publics. En ce qui concerne l'autorité de l'Etat en matière d'éducation nationale, la conception qui prévaut en Angleterre est donc celle d'une synthèse administrative embrassant des types très divers d'écoles, auxquels faculté est accordée de différer par les méthodes d'éducation, par les traditions religieuses, par les conventions sociales et par l'administration. La réalité n'est pas exactement conforme à cette idée ; mais aujourd'hui, comme dans toutes les périodes de crise qui se sont succédé depuis près de cinq siècles, les éléments hétérogènes de la vie anglaise et la complexité des forces qui se font contre-poids dans la politique paraissent devoir empêcher la constitution de toute organisation qui réserverait à l'Etat le monopole d'un contrôle exclusif étendu à tous les degrés de l'éducation.

3. La croissance de l'autorité locale dans l'éducation anglaise, jusqu'en 1908. — Au moyen âge tes autorités de beaucoup de villes d'Angleterre entretenaient des écoles ou venaient en aide à l'éducation. Durant les dix-septième et dix-huitième siècles, bien des paroisses, en vertu des pouvoirs à elles conférés par la Poor Law d'Elizabeth, de 1601, accordaient des grants soit pour aider des écoles, soit pour permettre à des écoliers de faire des études supérieures. Le Municipal Corporations Act de 1834, toutefois, ôta à beaucoup de corporations le droit de venir en aide à l'éducation. La première autorité locale qui ait été chargée, par un Act parlementaire, d'obligations relatives à l'éducation dans les nouvelles conditions sociales produites par la Révolution industrielle fut là Poor Law Union (1844), une association de paroisses qui pouvait être formée par les commissaires de la loi des pauvres afin de créer des écoles pour les enfants indigents. Un « district scolaire » de cette espèce était régi par un comité de contribuables (ratepayers) nommé par les guardians of the poor. Les fonds pour l'entretien de ces « écoles de district » destinées aux enfants pauvres étaient fournis par la poor rate (taxe des pauvres) levée dans les paroisses associées. Ces écoles étaient peu nombreuses, et ne formaient en aucune façon une institution nationale pour l'enseignement élémentaire.

L'Elementary Education Act de 1870 disposa que le Département d'éducation ordonnerait la formation d'une nouvelle autorité locale, dénommée School Board, dans la métropole ainsi que dans tout bourg et toute paroisse : 1° où il n'aura pas été créé par l'initiative volontaire, dans un délai à prescrire, un nombre suffisant d'écoles élémentaires publiques, ou 2° dont les électeurs auront émis le voeu d'avoir un School Board. Les School Boards furent immédiatement acceptés volontairement (à une seule exception près) dans tous les bourgs dont la population dépassait 50 000 habitants. Pour l'élection des School Boards, les femmes (si elles étaient contribuables) eurent le droit de vote comme les hommes. Toute personne majeure, homme ou femme, domiciliée ou non dans le district, fut éligible. Des ecclésiastiques de divers cultes, ainsi que des femmes, furent fréquemment élus comme membres des School Boards. Les élections furent triennales ; chaque électeur avait à émettre un nombre de suffrages égal au nombre des membres à élire, et pouvait donner tous ses suffrages à un seul candidat, ou les répartir à sa guise entre plusieurs candidats (vote cumulatif, cumulative vote). Chaque School Board fut tenu de pourvoir à la création du nombre d'écoles jugé nécessaire pour le district, pour la première fois par le Département d'éducation, et ultérieurement par les membres du Board intéressé : mais les Board schools devaient seulement s'ajouter aux écoles « volontaires » déjà existantes, dont le plus grand nombre étaient administrées par l'une ou l'autre des confessions religieuses. Le School Board eut l'obligation d'entretenir toutes les écoles créées par lui et d'en assurer le bon fonctionnement. Il put se procurer du terrain par voie d'expropriation. Il put faire des règlements rendant la fréquentation d'une école obligatoire pour tous les enfants de son district entre l'âge de cinq ans et celui de treize, sous la réserve d'une disposition, dite conscience clause, permettant aux parents de réclamer que l'enfant fût dispensé de tout enseignement religieux ainsi que de toute pratique religieuse. Tout School Board eut le droit de ne faire donner dans ses écoles qu'un enseignement exclusivement séculier (mais petit fut le nombre de ceux qui se prévalurent de cette faculté). Aucun catéchisme ou formulaire religieux, ayant un caractère spécialement confessionnel (denominational), ne put être enseigné dans les écoles des School Boards : cette disposition fut appelée Cowper Temple clause, du nom du membre du Parlement qui l'avait proposée. A la requête du School Board, l'autorité locale revêtue du droit d'imposer des taxes — le Conseil de ville (Town Council) dans le» bourgs, les administrateurs des pauvres (overseers of the poor) dans les paroisses — fut tenue de verser au School Board la sommé jugée nécessaire par celui-ci pour son travail administratif ainsi que pouf la création et l'entretien des Boards schools : mais les fonds provenant des taxes locales ne purent être employés que pour les écoles du Board.

Ainsi, l'Elementary Education Act, dans la forme en laquelle il fut adopté, reconnut définitivement un double système d'écoles élémentaires publiques : écoles volontaires et écoles du Board (Board schools). Les écoles de l'une et de l'autre catégorie, si leur fonctionnement était reconnu satisfaisant (efficient) par les inspecteurs du gouvernement lors de leur inspection annuelle, étaient également qualifiés pour participer aux grants du Parlement, aux mêmes conditions. Toutefois, aux Board schools seules était réservé le produit de la taxe locale : les dépenses des écoles volontaires, si elles excédaient le montant du grant parlementaire qui leur était alloué, devaient être couvertes par des souscriptions, les revenus d'une donation, ou le produit d'une rétribution scolaire. Le taux de la rétribution scolaire était limité au maximum de neuf pence par semaine et par élève. Les écoles volontaires comprenaient des écoles appartenant à l'Eglise d'Angleterre (elles formaient la grande majorité), des écoles catholiques romaines, des écoles wesleyennes (méthodistes), des écoles israélites, et des écoles non-dénominationnelles établies par la British and Foreign School Society ou par une initiative locale. Dans aucune école, confessionnelle ou non, un enfant ne pouvait être contraint d'assister à l'enseignement religieux. Dans les Board schools, le personnel enseignant était nommé par le School Board, et dans les écoles volontaires par les administrateurs de ces écoles. L'Education Act de 1870 fut donc un compromis entre le système confessionnel (denominational) et le système de l'administration publique des écoles sur une base non-confessionnelle (undenominational), ou même, si le School Board le préférait, entièrement laïque (secular).

L'adoption de cet Act stimula les amis de l'éducation confessionnelle et leur fit accomplir de grands efforts. Entre 1869 et 1876, 1600 000 nouvelles places d'élèves furent créées, et sur ce nombre les School Boards en fournirent seulement un tiers.

L'Elementary Education Act de 1870 s'appliquait seulement à l'Angleterre et au Pays de Galles. L'Act correspondant pour l'Ecosse fut voté en 1872 : il établit des School Boards partout ; mais aucune limitation ne fut imposée aux School Boards écossais relativement au genre d'enseignement religieux qu'il leur plairait de faire donner ; si un School Board écossais le désire, il peut entretenir une école catholique romaine, avec un personnel enseignant catholique et des pratiques religieuses catholiques, le tout payé aux frais des contribuables locaux. Le Département d'éducation écossais a de son côté le pouvoir de reconnaître des écoles élémentaires, confessionnelles ou autres, comme écoles subventionnées par l'Etat : mais ces écoles-là n'ont alors pas le droit de participer aux sommes provenant des taxes locales.

L'Education Act de 1876, pour l'Angleterre et le Pays de Galles, établit, pour assurer la fréquentation de l'école, un nouveau type d'autorité scolaire locale pour ceux des districts où il n'y avait pas de School Board, sous le nom de School Attendance Committee. Ces « Comités de fréquentation » durent être nommés: 1° dans les paroisses, par les guardians de la Poor Law Union, et 2° dans les bourgs, par le Conseil de ville ; leurs dépenses furent mises à la charge soit de la taxe des pauvres, soit de la taxe municipale. Les School Attendance Committees n'eurent pas le droit d'établir ou d'entretenir des écoles.

Par l'Education Act de 1902, les autorités scolaires locales, en Angleterre et dans le Pays de Galles, ont été complètement changées. Le Local Government Act de 1888 avait pour la première fois créé partout, dans l'un et l'autre pays, des autorités chargées du gouvernement local, sous le nom de Conseils de comté (County Councils) et de Conseils de bourg-comté (County Borough Councils) ; et l'Act subséquent de 1894 y ajouta des Conseils de district (District Councils). L'Education Act de 1902 abolit les School Boards partout où ils existaient, et confia les fonctions publiques relatives à l'éducation aux Conseils de comté, aux Conseils de bourg-comté, aux Conseils des bourgs ordinaires (non-county boroughs) dont la population dépassait 10000 habitants au recensement de 1901, et aux Conseils des districts urbains (urban districts) dont la population dépassait 20 000 habitants en 1901. Les Conseils de comté et les Conseils de bourg-comté reçurent, dans leur ressort, des pouvoirs concernant à la fois l'éducation élémentaire et l'éducation secondaire (higher éducation) ; les Conseils des bourgs ordinaires autonomes et ceux des districts urbains autonomes ne reçurent de pouvoirs que pour l'éducation élémentaire. Tout Conseil ayant reçu des pouvoirs en vertu de cet Act fut tenu d'établir un ou plusieurs Comités d'éducation, en conformité d'un plan dressé par le Conseil avec l'approbation du Board of Education. Tout Comité d'éducation doit avoir un certain nombre de membres féminins. Il peut aussi — et il le fait généralement — s'adjoindre des membres par co-optation. Par le Women's qualification (County or County Borough Councils) Act, de 1907, les femmes électeurs sont devenues éligibles comme conseillers et aldermen: elles sont également éligibles comme membres d'un Conseil de district urbain autonome. Les femmes qui possèdent la qualité d' « occupant » (occupier), soit comme propriétaires, soit comme locataires, peuvent être inscrites comme électeurs pour l'élection des autorités locales ; mais un mari et une femme ne peuvent pas être enregistrés tous les deux comme « occupants » d'une même propriété.

Le pouvoir de lever une taxe appartient au Conseil, non à son Comité d'éducation. Dans son ressort, toute autorité scolaire locale a tous les pouvoirs et toutes les obligations qui, sous le régime des Acts antérieurs, étaient dévolus aux School Boards et aux School Attendance Committees. Cette autorité est tenue de pourvoir à l'entretien et au bon fonctionnement de toutes les écoles élémentaires publiques de son ressort, qu'il s'agisse d'écoles créées (provided) par cette autorité elle-même (l'équivalent des anciennes Board schools), ou d'écoles « non créées » (non-provided schools), terme qui désigne les écoles volontaires reconnues comme satisfaisantes par le Board of Education. Toute école élémentaire publique, ou tout groupe d'écoles, a un corps d'administrateurs. Dans le cas d'écoles de Conseil (Council schools ou provided schools), 1° dans les comtés, deux tiers des administrateurs sont nommés par le Comité d'éducation du Conseil de comté, et un tiers par le Conseil du bourg, du district urbain, ou de la paroisse où se trouve l'école ; 2° dans les bourgs-comtés, ainsi que dans ceux des bourgs ordinaires et ceux des districts urbains qui jouissent de l'autonomie en matière d'éducation, le Conseil nomme la totalité des administrateurs. Dans le cas d'écoles volontaires (ou non-provided), deux tiers des administrateurs sont nommes conformément aux dispositions de l'acte de fondation de l'école (de façon à assurer la nomination de personnes sympathisant avec les principes confessionnels ou autres pour le maintien desquels l'école a été fondée), et un tiers par l'autorité scolaire locale. Dans les écoles de Conseil, c'est l'autorité locale qui nomme le personnel enseignant ; dans les écoles volontaires, le personnel enseignant est nommé par les administrateurs, sous réserve de l'approbation de l'autorité scolaire locale : cette approbation, toutefois, ne peut pas être refusée, excepté pour des motifs d'ordre pédagogique. Le consentement de l'autorité scolaire locale doit être obtenu pour le renvoi de tout instituteur et de toute institutrice d'une école volontaire, à moins que ce renvoi n'ait lieu pour des motifs relatifs à l'enseignement religieux. L'enseignement religieux, dans une école volontaire, doit être donné en conformité des dispositions de l'acte de fondation. Toute école, qu'elle soit école de Conseil ou école volontaire, doit avoir une conscience clause. Dans les écoles de Conseil, l'enseignement religieux — s'il en est donné un — ne doit comprendre aucun catéchisme ou formulaire ayant un caractère spécialement confessionnel.

L'autorité scolaire locale fait exécuter les dispositions légales concernant la fréquentation, qu'il s'agisse des élèves d'une Council school ou de ceux d'une école volontaire. Les élèves des écoles volontaires ont accès, comme ceux des écoles de Conseil, aux cours de travail manuel et d'économie domestique organisés par les autorités locales, et peuvent prétendre aux bourses (scholarships) créées par ces autorités.

En ce qui concerne l'enseignement secondaire (higher éducation), qui inclut les écoles secondaires, les écoles techniques, et les classes du soir, toute autorité de comté et de bourg-comté a été requise, par l'Act de 1902, d'étudier les besoins de son ressort, et de prendre les mesures qui paraîtront désirables, en se concertant avec le Board of Education, pour fournir ou aider à fournir l'enseignement secondaire nécessaire. En ce faisant, elle doit avoir égard aux écoles et collèges existants.

Dans son application à l'éducation élémentaire, l'Education Act de 1902 a suscité de violentes protestations de la part de ceux qui n'admettent pas que le produit des taxes locales puisse être affecté à entretenir des écoles confessionnelles. Il est probable que l'Act sera amendé sous plus d'un rapport, et des bills à cet effet ont été présentés par le gouvernement dans les sessions de 1906, 1907 et 1908. En ce moment même (mars 1908) des bills d'amendement sont en discussion au Parlement.

Par l'unification de l'éducation dans chaque ressort local, l'Education Act de 1902 a fait beaucoup de bien. Les administrateurs locaux, dans les Conseils des comtés et des villes, ont vigoureusement pris en mains l'oeuvre de l'éducation. Les salaires des instituteurs ont été augmentés. Des systèmes de bourses on été créés. Mais il y a quelque danger de voir l'administration des écoles devenir trop bureaucratique entre les mains des fonctionnaires locaux, Quelquefois l'étendue des comtés est trop considérable pour une bonne administration de l'éducation élémentaire. D'autre part, le ressort des bourgs-comtés est parfois trop restreint pour l'organisation d'un bon enseignement secondaire. Et beaucoup de membres des autorités locales, dont les fonctions sont toutes gratuites, ne peuvent pas, à côté de leurs autres devoirs publics et privés, trouver assez de temps pour suivre tous les détails de l'administration compliquée dont l'Act les a chargés. Il est probable que le système actuel de l'administration locale de l'éducation anglaise n'est qu'une étape dans l'histoire de son développement. Mais malgré ses imperfections, ce système a, jusqu'à présent, fait beaucoup plus de bien que de mal.

La fréquentation de l'école. — Les dispositions légales concernant le travail des enfants sont contenues dans les Factory Acts, les Mines Acts et l'Agricultural Children Act. Par l'Education Act de 1876, les parents de tout enfant ont été astreints à lui donner ou faire donner une instruction élémentaire satisfaisante en lecture, en écriture et en arithmétique. Est appelé « enfant » celui qui est entre l'âge de cinq ans et celui de quatorze : c'est donc là l'âge scolaire. En 1880, tous les School Boards et tous les School Attendance Committees ont été forcés d'adopter des règlements qui exigent la fréquentation régulière de l'école par tous les enfants au-dessous de dix ans. En 1893, la limite après laquelle peut être obtenue une dispense partielle ou totale de fréquentation a été élevée à onze ans ; en 1899, elle a été élevée à douze ans, avec exemption partielle à partir de cet âge si les enfants ont eu trois cents présences à l'école dans chacune des cinq années précédentes. L'autorité locale, dans chaque district, peut élever la limite d'âge pour l'exemption totale à treize ans pour les enfants occupés à l'agriculture ; dans ce cas, ils ne sont tenus qu'à deux cent cinquante présences à l'école chaque année après l'âge de onze ans. La classe du matin et la classe de l'après-midi peuvent compter chacune comme une unité pour le calcul des présences. Les écoles sont généralement ouvertes le matin et l'après-midi pendant cinq jours chaque semaine. En 1900, les autorités scolaires ont reçu le droit d'élever la limite de la fréquentation obligatoire dans leur district à quatorze ans d'âge.

4. Le nouveau mouvement des universités. — Il y a en Angleterre neuf universités : Oxford, Cambridge, Londres, Durham, Manchester, Liverpool, Leeds, Birmingham, Sheffield. Une dixième université sera probablement établie bientôt à Bristol.

L'éveil des universités anglaises à l'activité de la vie moderne, après une longue période de somnolence et d'inaction intellectuelle, se produisit à Cambridge au milieu du dix-huitième siècle, en grande partie comme conséquence des travaux mathématiques de Newton (1642-1727), de l'influence de Richard Bentley (1662-1742) et du mouvement pour l'abolition de la règle qui imposait aux membres du clergé et des universités l'obligation de souscrire aux articles de l'Eglise d'Angleterre, mouvement dans lequel John Jebb (1736-1786), fellow de Peterhouse, joua un rôle énergique. A Oxford, une nouvelle vie universitaire se manifesta vers la fin du dix-huitième siècle, peut-être ensuite d'un sentiment plus vif de la responsabilité du corps académique produit par les événements de la Révolution française, sous la direction de Cyril Jackson (1746-1819), doyen de Christ Church, et de John Eveleigh (1748-1814), prévôt d'Oriel Collège : les travaux de ces hommes firent réformer le système des examens à Oxford, et amenèrent un remarquable accroissement de zèle studieux à l'université. Une réforme intérieure se produisit de la sorte à temps pour préserver la continuité historique de la vie universitaire anglaise avec ses institutions collégiales datant pour la plupart du moyen âge. Dans les premières années du dix-neuvième siècle, l'influence des chefs de l'Evangélisme, spécialement de Charles Simeon (1759-1836), à Cambridge, et celle des « Noëtiques », spécialement de Richard Whately (1787-1863), et des « Tractariens », spécialement de John Keble (1792-1866), de John Henry Newman (1801-1890) et de Richard Hurrell Froude (1803-1836), à Oxford, firent beaucoup pour rendre la vie religieuse plus sérieuse et pour renforcer la vie corporative des deux anciennes universités. Mais l'une et l'autre restèrent presque exclusivement en relations avec l'Eglise d'Angleterre. Aucun non-conformiste ne pouvait se faire immatriculer à Oxford ou prendre des degrés à Cambridge.

En conséquence, les chefs intellectuels du parti libéral et non-conformiste entreprirent de créer à Londres une université nouvelle qui fût affranchie des entraves confessionnelles. Un de ceux qui participèrent le plus activement à ce mouvement fut un Ecossais, le poète Thomas. Campbell (1777-1844). Ceux qui s'associèrent à la nouvelle entreprise, comme Brougham, James Mill, Sydney Smith, étaient familiers avec la constitution plus démocratique des universités écossaises, auxquelles étaient envoyés beaucoup de rejetons des familles anglaises whigs plutôt qu'à Oxford ou Cambridge. Il est possible, quoique ce ne soit pas certain, que quelques-uns des promoteurs de l'université de Londres aient été influencés par ce qu'ils connaissaient de l'organisation de l'Université de France. En 1826, ils fondèrent University Collège, Gower Street, à Londres, avec le dessein d'en faire une université pour Londres. Mais en 1831 des membres de l'Eglise d'Angleterre établirent à Londres King's Collège, institution anglicane, et en 1832 l'université de Durham (autrefois projetée par Olivier Cromwell) fut fondée avec des ressources prises par le doyen et le chapitre de Durham sur leurs revenus. En 1836, l'université de Londres se constitua comme un simple corps d'examinateurs, et pendant quatorze ans la nouvelle université n'admit à prendre leurs degrés que des candidats venus de University Collège et de King's Collège. Il y eut donc alors quatre universités en Angleterre, dont trois étaient rattachées à l'Eglise anglicane, tandis que la quatrième était non-dénominationnelle, sauf en ce qui concerne King's Collège.

En 1846, un négociant de Manchester, John Owens (1790-1846) légua £ 96000 pour la fondation à Manchester d'un collège destiné à l'instruction d'étudiants dans toutes les branches enseignées aux universités anglaises. Le nouveau collège devait être libre de toute obligation ou restriction religieuse. En 1851, Owens Collège, aujourd'hui l'université de Manchester, commença sa carrière. Quoique ne descendant pas, à strictement parler, en droite ligne des anciennes académies non-conformistes, cette université était virtuellement destinée à continuer leur oeuvre.

Le milieu du dix-neuvième siècle fut une période critique dans l'histoire des vieilles universités anglaises. Trois mouvements convergents les obligèrent à se réformer et à élargir leur cadre. Ce fut, en premier lieu, le mouvement pour l'abolition des restrictions dénominationnelles ; en second lieu, la demande de nouvelles facilités d'accès à l'enseignement académique, demande produite par l'accroissement de la population, en particulier dans les grandes villes et dans les districts manufacturiers ; enfin, le mouvement en faveur de l'enseignement supérieur des femmes.

1° Le mouvement pour l'abolition des restrictions confessionnelles à Oxford et à Cambridge, et pour l'adaptation de leurs études et de leur constitution aux besoins modernes, conduisirent à la nomination, en 1850, de Commissions royales pour faire une enquête sur les deux universités. Les tests religieux furent abolis par des Acts du Parlement votés en 1852, 1854 et 1871. 2° La demande de nouvelles facilités d'accès à l'enseignement universitaire, et de diffusion d'une instruction technique et scientifique d'ordre supérieur, conduisit d'abord à la création d'Owens Collège, à Manchester, en 1851. Ce collège, en 1880, reçut une charte le constituant en université Victoria, dont pendant quatre ans il fut le collège unique. Il est devenu l'université Victoria de Manchester en 1903.

Ensuite s'ouvrit, comme une autre institution universitaire, le Durham Collège of Science (aujourd'hui l'Armstrong Collège), à Newcastle-upon-Tyne. Il fut fondé en 1871, et affilié la même année à l'université de Durham.

Puis suivirent, dans une rapide succession : 1° Yorkshire Collège, à Leeds, fondé en 1874, admis comme l'un des collèges de l'université Victoria en 1887, et constitué en université de Leeds par une charte de 1904 ; 2° University Collège, à Bristol, en 1876, qui deviendra prochainement l'université de Bristol ; 3°Firth Collège, à Sheffield, rebaptisé University College of Sheffield en 1897, et reconstitué en université de Sheffield par une charte de 1904 ; 4° Mason College, à Birmingham, en 1880, constitué en université de Birmingham par une charte de 1900 ; 5° University College, à Nottingham, en 1881 ; 6° University College, à Liverpool, en 1882, admis comme l'un des collèges de l'université Victoria en 884, et constitué en université de Liverpool par une charte de 1903 ; 7° University College, à Reading, 1892 ; 8° Royal Albert Mémorial College, à Exeter, en 1893 ; 9° Hartley University Collège, à Southampton, réorganisé en 1902.

Dans aucune période antérieure de l'histoire d'Angleterre on n'a vu un développement aussi rapide des institutions universitaires que ç'a été le cas depuis 1900. Toutes les nouvelles universités reçoivent des grants du Trésor, subventions ordonnancées sur l'avis d'un comité spécial. Les universités et les collèges qui reçoivent une subvention du Trésor sont inspectées par des inspecteurs nommés par le gouvernement. Les autorités scolaires locales accordent également des subventions considérables aux nouvelles universités. Mais celles-ci n'en sont pas moins des institutions autonomes, régies par un statute du Parlement, et en possession de dotations considérables et incessamment accrues. La munificence des bienfaiteurs particuliers des universités anciennes et nouvelles a été remarquable dans ces dernières années.

L'oeuvre des nouvelles universités est intellectuellement renforcée par les progrès qu'ont réalisés les écoles secondaires locales. Plusieurs universités ont des sections pédagogiques (departments of éducation) où sont donnés des cours théoriques et pratiques préparant à l'enseignement dans les écoles tant élémentaires que secondaires ; elles reçoivent à cet effet des grants du Board of Education. Ces sections pédagogiques universitaires sont inspectées annuellement par des fonctionnaires du Board of Education envoyés de Londres.

Les universités d'Oxford et de Cambridge ont rendu un important service à l'enseignement secondaire en instituant, en 1857-1858, les University local examinations (examens locaux d'université), et, en 1873, la Oxford and Cambridge Joint Board examination (examen du Comité réuni d'Oxford et de Cambridge). Les examens locaux ont fourni une épreuve, dont on avait grand besoin alors, propre à faire juger du résultat des études faites dans les petites écoles secondaires, publiques et privées, de garçons et de filles. L'examen du Joint Board sert d'examen de fin d'études pour les écoles secondaires, de l'un et l'autre sexe, d'un rang plus élevé. D'autres universités, en particulier Londres, ont établi depuis lors des examens du même genre, et des facilités pour l'inspection d'écoles.

Un important service a été rendu à l'éducation des adultes par la création, pour les personnes de l'un et de l'autre sexe qui ne peuvent devenir élèves d'une université, des leçons et des classes qu'on a appelées du nom d'Extension universitaire (University Extension). Elles ont été établies par l'université de Cambridge en 1873, et parcelle d'Oxford en 1878. L'oeuvre de (Extension universitaire dans la métropole est sous la direction de l'université de Londres. Les autres universités ont aussi institué des cours d'Extension dans les localités de leur voisinage immédiat. La première des « réunions d'été » (Summer meetings) des étudiants de l'Extension universitaire — réunions qui sont une imitation des Summer schools américaines — a été tenue à Oxford en 1888. Dans l'oeuvre de l'enseignement supérieur des ouvriers, les leçons de l'Extension ont joué un rôle important : ces leçons ont porté surtout sur des sujets historiques, économiques et littéraires.

En même temps que se produisait en Angleterre le nouveau mouvement des universités, un mouvement semblable, qui suscita beaucoup d'enthousiasme et de dévouement, avait lieu dans le Pays de Galles. Le collège de Saint-David, à Lampeter, rattaché à l'Eglise d'Angleterre, avait été établi en 1827. En 1872 fut créé à Aberystwyth le University College of Wales ; en 1883 fut créé à Cardiff le University Collège of South Wales, et en 1884, à Bangor, le University Collège of North Wales. L'université de Galles, à laquelle ces trois derniers collèges sont incorporés, a reçu sa charte en 1893. Le mouvement universitaire gallois a exercé une grande influence sur le mouvement correspondant en Angleterre. Par la migration de professeurs et de lecturers des anciennes universités aux nouvelles, et de Galles en Angleterre, s'est créé un grand courant de solidarité intellectuelle. Il n'est pas rare non plus qu'un étudiant suive successivement des cours dans plus d'une université : mais la pratique anglaise est qu'il achève dans la même université la période d'années requise pour obtenir son premier grade.

5. Le mouvement pour l'éducation des jeunes filles et des femmes. — Peut-être le plus frappant des progrès accomplis dans l'éducation anglaise durant les soixante dernières années est-il celui qui concerne l'instruction féminine. Le premier champion du mouvement, sur ce terrain, fut Mary Wollstonecraft (1759-1797), qui, dans sa Revendication des droits des femmes (l’indication of the rights of women), publiée en 1792, réclama pour les filles une meilleure instruction sur la base de la co-éducation. Parmi les écrivains qui plaidèrent en faveur de l'instruction pour les filles et les femmes, il faut citer Maria Edgeworth (1769-1849), Mary Somerville (1780-1872), William Lovett le chartiste (1800-1877), et John Stuart Mill (1806-1873). Le mouvement tira sa force, en partie du réveil religieux (Evangélisme et Tractarianisme), qui insista sur la responsabilité individuelle et sur l'importance de la tâche des femmes ; en partie de l'impulsion donnée, par la pensée révolutionnaire française, au désir d'un plus libre développement de l'individualité ; en partie aux influences saint-simoniennes ; et en partie, enfin, à l'exemple pratique donné par les Etats-Unis. Le commencement de ses succès en Angleterre date de 1847, année où Frederick Denison Maurice (1805-1872) aida à fonder Queen's Collège, à Londres, pour les jeunes filles et les femmes, et où Mme Reid commença, à Londres également, les classes qui formèrent le noyau de ce qui est aujourd'hui le collège de Bedford pour les femmes. Parmi les premières élèves de Queen's College furent Frances Mary Buss, plus tard directrice de la North London Collegiate School for Girls, et Dorothea Beale, plus tard directrice de Ladies' Collège, à Cheltenham. Les leaders du mouvement (parmi lesquels il faut citer encore Miss Clough, Miss Emily Davies, M. Bryce, Lady Stanley of Alderley, Mme Grey, Mme de Bodichon, et le professeur Henry Sidgwick) se proposaient quatre buts principaux : 1° l'amélioration du travail intellectuel fait dans les écoles de filles ; 2° l'application d'une partie des ressources des anciennes fondations à l'instruction des jeunes filles et des femmes ; 3° la préparation systématique des femmes à diverses carrières, en particulier à celles de l'enseignement et de la médecine ; 4° l'accès des études et des examens universitaires accordé aux femmes.

Le premier objet fut assuré : a) par une propagande que dirigea le « Comité de l'Angleterre septentrionale pour l'éducation supérieure des femmes », par des associations d'institutrices, et par d'autres sociétés ; b) par l'emploi des examens locaux d'université ; c) par des classes de jeunes filles à Londres et dans les grandes villes ; d) par l'établissement d'écoles supérieures (high schools) pour les jeunes filles, créées surtout par la Girls Public Day School Company, fondée en 1872.

Le second but fut atteint : a) par les investigations et le rapport de la Schools Inquiry Commission (1864-1867) ; 6) par l'opération de l'Endowed Schools Act voté en 1869 en conséquence de ce rapport ; c) par les mesures que prirent les Commissaires des écoles dotées (Endowed Schools Commissioners), commissaires qui plus tard furent absorbés, d'abord, par la Commission de charité (Charity Commission), et plus tard, après 1899, par le Board of Education.

Le troisième et le quatrième objet furent réalisés : a) par l'établissement de collèges féminins à Cambridge, savoir Girton (1869-1872) et Newnham (1871) ; à Oxford, savoir Lady Margaret Hall et Somerville Collège (1899), «'ajoutant aux collèges déjà mentionnés à Londres et à Cheltenham ; b) par un remarquable changement dans l'attitude des universités. Les femmes furent admises à prendre des grades à l'université de Londres en 1878 et a l'université Victoria en 1880. Elles furent admises, en 1881, à tous les examens purement honorifiques (honour examinations) pour le baccalauréat par l'université de Cambridge, mais non au grade même de bachelier ; elles furent également admises à la plupart des examens honorifiques, mais non aux grades que ces examens confèrent, par l'université d'Oxford en 1884. Le Royal Holloway Collège, à Egham (maintenant rattaché à l'université de Londres), fut fondé en 1887. Tous les grades et toutes les fonctions {offices) furent ouverts aux femmes en 1893 par l'université de Galles. En 1894, les femmes furent admises par l'université d'Oxford à ceux des examens qui ne leur avaient pas encore été ouverts, mais toujours pas aux grades eux-mêmes. Et, en 1895, elles furent admises à recevoir divers grades par l'université de Durham.

Depuis 1902, il y a eu un rapide accroissement dans le nombre des écoles secondaires de jeunes filles, et des écoles secondaires fondées sur le principe de la co-éducation, établies par les autorités scolaires locales. Il a aussi été établi, dans les dix dernières années, un grand nombre d'excellents pensionnats publics ou privés pour les jeunes filles. Le mouvement pour l'amélioration de l'instruction des jeunes filles et des femmes a été un grand bienfait pour la vie nationale. Il a rapproché l'éducation des filles de celle des garçons à l'avantage de l'une et de l'autre. Sous quelques rapports, néanmoins, il a conduit à une similitude trop grande des programmes, surtout dans la préparation des jeunes filles aux examens publics. Il existe toutefois des symptômes d'une opinion qui gagne du terrain : à savoir que, sans aucun préjudice pour la culture intellectuelle et la préparation professionnelle des jeunes filles et des femmes, un effort devrait être fait pour introduire, dans la dernière période de leur éducation, un enseignement scientifique relatif aux responsabilités domestiques et administratives qu'elles sont vraisemblablement appelées à prendre. La principale difficulté se trouve dans ce fait que la vocation future de beaucoup de jeunes filles est incertaine, et que par conséquent leur éducation devrait les préparer à la fois, dans la mesure du possible, à la vie domestique et à une carrière professionnelle.

6. Administration. — À. Les autorités centrales. — Le Board of Education est l'autorité supérieure centrale chargée de la surveillance de tout ce qui concerne l'éducation en Angleterre et dans le Pays de Galles. Il a été établi en 1899, et a pris la place du Département d'éducation (y compris le Département de science et art). Le Board of Education est composé d'un président, qui est le chef parlementaire de ce département administratif, et qui est membre du gouvernement ; du Lord président du Conseil privé, des principaux secrétaires d'Etat, du premier commissaire de la Trésorerie, et du chancelier de l'Echiquier. Il ne faut pas croire, cependant, que le Board se réunisse pour la surveillance des affaires ordinaires de ce ministère de l'éducation {Education Office). Les questions politiques les plus importantes qui se rattachent à l'administration de l'instruction publique, y compris la préparation des bills, sont portées naturellement devant le Cabinet, auquel appartiennent tous les membres du Board. Mais le travail ordinaire du Board est exécuté par un personnel de fonctionnaires que dirigent un secrétaire permanent et un secrétaire parlementaire, tous deux directement responsables devant le président du Board. L'Office du Board of Education est divisé en trois sections. La section élémentaire s'occupe de la surveillance, de l'administration et de l'inspection de l'éducation élémentaire, ainsi que de la préparation et de l'examen des instituteurs et institutrices et des pupil teachers (élèves-maîtres et élèves-maîtresses). La section secondaire s'occupe de ce qui appartient à l'administration et à l'inspection des écoles secondaires et des fondations affectées à l'éducation. La section technologique s'occupe de l'administration et de l'inspection des institutions techniques et des classes du soir qui reçoivent des grants du gouvernement, ainsi que de ce qui concerne le Musée Victoria and Albert, les collèges royaux de science et d'art, et l'entreprise de la carte géologique. A l'exception des collèges royaux de science et d'art, le Board of Education n'entretient et n'administre lui-même aucun établissement d'éducation. Chacune des trois sections du Board a à sa tête un secrétaire assistant principal (Principal assistant secretary), qui est subordonné à son tour au secrétaire permanent. II y a en outre une division pour les affaires contentieuses, une section médicale, et un bureau de direction des enquêtes spéciales et des rapports spéciaux (Office of director of spécial inquiries and spécial reports). Les pouvoirs du Board of Education résultent : 1° Des Education Acts, de 1870 à 1907 ; 2° des Endowed Schools Acts et des Charitable Trusts Acts (certains pouvoirs résultant de ces Acts, et accordés originairement à la Commission de Charité, lui ayant été transférés par un ordre rendu en Conseil) ; 3° du fait qu'il administre les grants votés par le Parlement en faveur de l'éducation. La tendance de la législation, depuis 1870, a été d'accroître très rapidement les droits et les pouvoirs du Board of Education.

Un Comité consultatif de dix-neuf membres (dont quatre sont actuellement des femmes) est nommé, en vertu d'un statute, par le président, pour donner son avis au Board sur toutes les matières sur lesquelles celui-ci peut le consulter.

Le Board of Education n'a pas d'autorité sur les universités, excepté en ce qui concerne les sections pédagogiques (ou Training Collèges) subventionnées par le gouvernement qui peuvent exister dans leur sein. D'une manière générale, le Board ne possède aucun droit de surveillance directe sur l'éducation secondaire supérieure (higher secondary éducation), ni sur les universités. Mais toutes les parties de l'éducation anglaise ressentent indirectement ; sinon directement, l'influence du Board.

L'autorité centrale pour les écoles de réforme et établissements correctionnels (Reformatories et Industrial Schools) est le ministère de l'intérieur (Home Office) ; pour les écoles d'indigents instituées en vertu de la loi des pauvres (Poor Law schools), le Local Government Board. Le ministère de la guerre (War Office) est l'autorité centrale pour les écoles de l'armée ; l'Amirauté, pour les divers établissements d'éducation, y compris les Royal Dockyard schools, qui se rapportent à la flotte.

C'est la Trésorerie qui administre le grant annuel accordé par le Parlement en faveur des collèges universitaires en Grande-Bretagne, et en faveur des trois collèges universitaires du Pays de Galles. La répartition de ce grant est faite sur le préavis d'un comité spécial désigné par la Trésorerie ; et des inspecteurs nommés par la Trésorerie visitent de temps à autre les collèges qui participent aux grants, et font rapport sur leur activité. Mais les rapports annuels des universités et des collèges universitaires en question sont publiés sous l'autorité du Board of Education. Un Comité du Conseil privé étudie toutes les propositions tendant à amender les chartes et les statutes des universités, ainsi que les statutes des collèges d'Oxford et de Cambridge.

Pour l'administration du grant en faveur de l'instruction supérieure agricole, l'autorité centrale est le Board of Agriculture and the Fisheries (Bureau de l'agriculture et des pêcheries).

B. Administration locale. — Depuis l'Education Act de 1902, les 327 autorités scolaires locales de l'Angleterre et du Pays de Galles sont distribuées comme suit (août 1907) : 62 Conseils de comté administratif, 73 Conseils de bourg-comté, 137 Conseils de bourg municipal autonome, et 55 Conseils de district urbain autonome. Les limites des « comtés administratifs » ne coïncident pas avec celles des anciens comtés géographiques ; par exemple, le comté administratif de Lancashire correspond au comté géographique de Lancashire moins les bourgs-comtés de Barrow-in-Furness, Blackburn, Blackpool, Bolton, Bootle, Burnley, Bury, Liverpool, Manchester, Oldham, Preston, Rochdale, Saint Helen's, Salford, Southport, Warrington et Wigan.

Le nombre des écoles élémentaires publiques dans le ressort des comtés administratifs de l'Angleterre et du Pays de Galles était, en 1905-1906, de 14 765: dans les bourgs-comtés, il était de 2695 ; dans les bourgs autonomes, de 1439 ; dans les districts urbains autonomes, de 639 ; et à Londres, de 929.

Les Conseils des comtés administratifs sont l'autorité scolaire locale pour l'éducation élémentaire et l'éducation secondaire (higher education). Il en est de même pour les Conseils des bourgs-comtés. Les Conseils des bourgs ordinaires (non-county boroughs) autonomes, c'est-à-dire dont la population était supérieure au chiffre de 10 000 habitants en 1901, et ceux des districts urbains autonomes, c'est-à-dire dont la population était supérieure au chiffre de 20 000 habitants en 1901, sont, comme il a déjà été dit, les autorités pour l'éducation élémentaire : mais dans ces bourgs et dans ces districts urbains, c'est le Conseil de comté qui est l'autorité pour l'éducation secondaire (higher education), laquelle comprend les écoles secondaires, les écoles techniques, les écoles du soir, et les classes pour la préparation des instituteurs et des institutrices. Londres est régi par une loi spéciale, l'Education (London) Act de 1903, qui a appliqué à la métropole, avec un petit nombre de changements nécessaires, les dispositions de l'Education Act de 1902. Des pouvoirs plus étendus ont été donnés aux autorités scolaires locales par l'Education (administrative provisions) Act de 1907 : cet Act charge toute autorité scolaire locale de surveiller l'éducation élémentaire dans son ressort, et de pourvoir à l'examen médical des enfants au moment de leur admission à l'école, ainsi que dans les autres circonstances que pourra indiquer le Board of Education ; c'est là le commencement de ce qui pourra devenir un important service en vue des soins physiques à donner aux élèves des écoles.

7. Inspection — Chacune des différentes autorités centrales a ses inspecteurs propres, mais le personnel de beaucoup le plus nombreux est celui des inspecteurs du Board of Education, qui accomplit aussi une partie de la tâche incombant aux autres autorités centrales. Les inspecteurs du Board of Education comprennent : 1° les inspecteurs des écoles élémentaires (un inspecteur en chef, 9 inspecteurs divisionnaires, 79 inspecteurs, 55 sous-inspecteurs, y compris les inspecteurs de l'enseignement manuel et du dessin) ; 2° un inspecteur de l'éducation physique ; 3° un inspecteur en chef des Training Colleges, avec des adjoints tirés d'autres sections du personnel de l'inspectorat ; 4° les inspecteurs des écoles secondaires (un inspecteur en chef, 3 inspecteurs supérieurs, et 24 inspecteurs, dont 2 sont des femmes) ; 5° les inspecteurs des instituts techniques et des écoles du soir (un inspecteur en chef, 4 inspecteurs divisionnaires, et 17 inspecteurs) ; 6° les inspecteurs des écoles d'art (un inspecteur en chef, 4 inspecteurs) ; 7° le personnel des inspectrices (une inspectrice en chef, 17 inspectrices, une directrice des travaux à l'aiguille, 19 inspectrices de seconde classe). Parmi les écoles secondaires, celles qui reçoivent les grants du gouvernement, ou qui sollicitent elles-mêmes d'être soumises à l'inspection, sont inspectées par le Board of Education. Les différentes universités, et le College of Preceptors (« Corporation des professeurs de l'enseignement secondaire »), font égale ment des inspections dans un certain nombre d'écoles secondaires.

8. Organisation générale et statistique des écoles élémentaires. — Le tableau suivant indique le nombre des écoles élémentaires publiques (écoles de Conseil et écoles volontaires), celui de leurs élèves, et celui des membres du personnel enseignant, en Angleterre (sans le Pays de Galles et le Monmouthshire), en 1905-1906 :

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Le chiffre total pour le personnel enseignant élémentaire, en Angleterre, est donc de 136 852 + 23 564, soit 160 416. Pour le Pays de Galles avec le Monmouthshire, les chiffres correspondants sont 11003 + 2354, soit 13 357. Ce qui donne un total, pour l'Angleterre et le Pays de Galles, de 173 773 membres du personnel enseignant élémentaire.

Pour Londres seul, les chiffres sont : Nombre des écoles élémentaires publiques (écoles de Conseil et écoles volontaires réunies), 929 ; nombre des élèves (fréquentation moyenne), 658 122 ; nombre des membres du personnel enseignant (non compris les pupil teachers et les probationers), 16385 ; nombre des pupil teachers et probationers, 1869.

Les statistiques de l'instruction publique, pour l'Angleterre, ne sont pas encore complètement séparées de celles du Pays de Galles. Il y avait en Angleterre et dans le Pays de Galles réunis, en août 1906, 20 467 écoles élémentaires publiques (dont 18 693, avec 4 931 337 enfants, on vient de le voir, pour l'Angleterre) : ce total comprenait 6980 écoles de Conseil, pouvant recevoir 3 520 093 enfants (dont 5952 écoles et 2 542 471 enfants pour l'Angleterre), et 13487 écoles volontaires, pouvant recevoir 3492438 enfants (dont 12 741 écoles et 2 388 866 enfants pour l'Angleterre). Pour le détail des 13 487 écoles volontaires, la statistique ne donne que des nombres comprenant les deux pays réunis. Ces 13487 écoles volontaires comprenaient 11 377 écoles de l'Eglise d'Angleterre (pouvant recevoir 2 743 876 enfants), 1064 écoles catholiques romaines (pouvant recevoir 411 360 enfants), 345 écoles wesleyennes (pouvant recevoir 129 358 enfants), 12 écoles israélites (pouvant recevoir 11 358 enfants), et 689 écoles non-dénominalionnelles ou autres (pouvant recevoir 196480 enfants). Il y avait en outre 62 autres écoles élémentaires publiques attachées à des internats, pouvant recevoir 17382 enfants. Le nombre des écoles élémentaires supérieures (higher elementary schools) était le suivant, dans les deux pays réunis : 31 écoles de Conseil (pouvant recevoir 10 440 enfants) et 3 écoles élémentaires supérieures volontaires (pouvant recevoir 762 enfants). En outre, dans les deux pays réunis, il y avait 37 écoles pour les enfants aveugles (19 écoles de Conseil, 18 écoles volontaires), pouvant recevoir 2021 enfants ; 50 écoles pour les enfants sourds-muets (35 écoles de Conseil, 15 écoles volontaires), pouvant recevoir 3964 enfants ; 169 écoles de jour ou classes pour les enfants arriérés (toutes écoles de Conseil), pouvant recevoir 10 470 enfants ; 6 internats (boarding schools) pour les enfants arriérés (1 de Conseil, 5 volontaires), pouvant recevoir 430 enfants, et 4 internats pour les enfants épileptiques (1 de Conseil, 3 volontaires), pouvant recevoir 222 enfants ; de plus, 78 écoles élémentaires « certifiées efficientes » (certified efficient schools), pouvant recevoir 10 425 enfants : une certified efficient school est une école dont la valeur pédagogique est garantie par une inspection du Board of Education, mais qui ne participe pas au grant parlementaire.

Le nombre des élèves inscrits dans les différentes catégories d'écoles ci-dessus mentionnées était, en 1905-1906, pour l'Angleterre et le Pays de Galles réunis, de 6 022851 ; sur ce nombre, 497 643 étaient âgés de trois à cinq ans, 1273 693 de cinq à sept ans, 3168 260 de sept à douze ans, 1076 047 entre douze et quinze ans, 6907 entre quinze et seize ans, et 301 étaient âgés de seize ans et au-dessus. Les grants parlementaires sont payables en tenant compte de tous les élèves à partir de l'âge de trois ans. Les pouvoirs des autorités locales pour faire donner l'instruction en vertu des Elementary Education Acts sont limités (excepté là où il a été disposé autrement) à faire donner dans une école élémentaire publique, et en conformité des règlements édictés par le Board of Education, l'instruction à des enfants qui, à l'expiration de l'année scolaire, n'auront pas dépassé l'âge de seize ans ; mais, avec l'autorisation du Board of Education, une autorité locale peut étendre ces limites, s'il ne se trouve, à une distance raisonnable, aucun établissement pouvant donner un enseignement supérieur à l'enseignement élémentaire.

Dans les renseignements qui suivent, relatifs au personnel enseignant, les données se rapportent à l'Angleterre et au Pays de Galles réunis.

Les instituteurs (et institutrices) des écoles élémentaires sont classés comme suit : instituteurs (et institutrices) brevetés (certificated teachers), instituteurs (et institutrices) provisoirement brevetés (provisionally certificated teachers), instituteurs (et institutrices) non brevetés (uncertificated teachers) ; instituteurs (et institutrices) suppléants (supplementary teachers) ; instituteurs (et institutrices) étudiants (student teachers) ; instituteurs (et institutrices) adjoints provisoires (provisional assistant teachers), et élèves-maîtres ou élèves-maîtresses (pupil teachers). Le nombre des instituteurs et institutrices formant le personnel en activité dans les écoles élémentaires publiques en 1905-1906 était le suivant : instituteurs brevetés, hommes 29 414, femmes 54 860 ; instituteurs non brevetés, y compris les instituteurs provisoirement brevetés, hommes 4928, femmes 35 821 ; instituteurs suppléants et adjoints provisoires, hommes 560, femmes 22 554 ; élèves-maîtres, garçons 4933, filles 20930 ; probationers, 79 : total 174 079. La différence entre ce nombre et le nombre de 173 773 donné plus haut s'explique par le fait que 306 instituteurs ou institutrices étaient dans des écoles attachées à des pensionnats qui ne sont à la charge des autorités locales, et pour cette raisin n'ont pas été compris dans la statistique. Des grants spéciaux sont payés par le Board of Education pour encourager l'enseignement de la cuisine, du blanchissage, de l'économie domestique, de la laiterie, du travail manuel et du jardinage en connexion avec les écoles élémentaires ; le nombre des élèves qui ont gagné des grants pour avoir subi un examen satisfaisant sur ces diverses matières a été le suivant: cuisine, 249 384, blanchissage 69 391, économie domestique 10 430, travail manuel, 108537, jardinage 11 216.

En 1905-1906, les salaires moyens des instituteurs ou institutrices en chef (head teachers) ont été les suivants : instituteurs brevetés, £ 163. 12 s, 2 d. ; instituteurs non brevetés, £ 79. 0 s. 7 d. ; institutrices brevetées, £ 112. 17 s. 7 d. ; institutrices non brevetées, £63. 15 s. 7 d. ; les salaires moyens des adjoints et adjointes ont été : adjoints brevetés, £ 116. 4 s. 1 d. ; adjoints non brevetés £ 66. 14 s. 11 d. ; adjointes brevetées, £ 84. 17 s. ; adjointes non brevetées £ 53. 7 s. 2 d.

9. Préparation des instituteurs et des institutrices des écoles élémentaires. — En 1905-1906, dans l'Angleterre et le Pays de Galles réunis, il y avait 534 centres d'instruction, reconnus par le Board of Education, pour la préparation des pupil teachers (élèves-maîtres). Dans ces centres étaient instruits 9899 élèves-maîtres (2146 garçons, 7753 filles).

Il existait, la même année, 72 écoles normales (training colleges) pour les instituteurs et les institutrices d'écoles élémentaires ; 51 de ces écoles étaient des internats (residential colleges), 21 des externats (day training colleges). Le nombre des étudiants, au commencement de l'année scolaire 1905-1906, était de 2829 hommes et 5343 femmes. Sur les 51 internats, 14 pour hommes et 28 pour femmes avaient un caractère dénominationnel (Eglise d'Angleterre 33, wesleyens 2, catholiques romains 7), 2 pour hommes et 7 pour femmes avaient un caractère non-dénominationnel. Sur le nombre total de 72, 4 écoles normales étaient entretenues par des autorités scolaires locales, et 16 par des universités ou des collèges universitaires. Il y avait 16 pensionnats (hostels) attachés à des écoles normales, 3 pour hommes et 13 pour femmes ; 5 avaient un caractère dénominationnel, et 11 un caractère non-dénominationnel.

10. Ecoles secondaires. — Il n'existe pas de liste complète des écoles secondaires anglaises. En 1904-1905, une enquête a été faite avec soin pour relever le nombre des élèves de toutes les écoles secondaires, publiques et privées, dans quelques parties de l'Angleterre ; elle a donné les résultats suivants :

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Le nombre des écoles secondaires recevant des grants du Board of Education, en Angleterre et dans le Pays de Galles était de 668 en 1905-1906. Elles étaient fréquentées par 115 688 élèves, 65994 garçons et 49 694 filles.

Les écoles secondaires d'Angleterre peuvent être divisées en quatre catégories : 1° Les grandes Public schools, qui sont Eton, Winchester, Westminster, Charterhouse, Harrow, Rugby, Shrewsbury, Marlborough, Wellington, Malvern, etc. Elles forment une classe qui n'a été nettement délimitée par aucun texte de loi. Ce sont pour la plupart, mais non exclusivement, des internats. Quelques-unes sont de fondation très ancienne. Dans aucune d'entre elles n'existe la co-éducation des sexes. Elles sont rattachées plus étroitement à Oxford et à Cambridge qu'aux autres universités. Les plus importantes des Public schools ne reçoivent pas de subsides de l'Etat et ne sont pas soumises à l'inspection gouvernementale ; 2° Des écoles secondaires dotées (Endowed Secondary schools), administrées conformément à l'Endowed Schools Act de 1869. Ces établissements varient beaucoup sous le rapport de l'importance et de l'ancienneté. Ce sont pour la plupart des externats (day schools). Quelques-uns sont des écoles de garçons, d'autres des écoles de filles, d'autres encore des établissements de co-éducation. Le plus grand nombre reçoivent des subsides de l'Etat et sont inspectés par le gouvernement ; 3° Les écoles fondées et dirigées par les autorités scolaires locales, établissements dont le nombre est en constante progression ; ce sont des écoles de garçons, des écoles de filles, et des écoles de co-éducation. Toutes sont des externats, et toutes reçoivent des grants du Board of Education et sont inspectées par lui ; 4° Les écoles privées, dont quelques-unes appartiennent à la catégorie des meilleures écoles de garçons ou de filles de l'Angleterre, tandis qu'un grand nombre d'autres forment la catégorie des plus mauvaises, Quelques-unes de ces écoles sont soumises à l'inspection du Board of Education, mais la majorité n'est pas inspectée du tout. Certaines appartiennent à des sociétés qui n'ont pas été formées en vue d'un bénéfice à retirer ; d'autres sont administrées aux périls et risques de leur directeur. Les écoles privées ont rendu de grands services à l'éducation anglaise comme champs d'expériences. Il faut ajouter, toutefois, que beaucoup d'entre elles sont une entrave au progrès efficient de l'enseignement secondaire. La loi permet aux autorités locales de donner des subsides aux écoles privées, mais elles ne peuvent pas en recevoir du gouvernement.

11. Ecoles du soir. — Le nombre des écoles du soir reconnues par le Board of Education en Angleterre et dans le Pays de Galles était en 1905-1906 de 5728. Le nombre des instituteurs qui y étaient employés était de 30894 (21658 hommes, 9236 femmes). Le nombre des élèves qui ont fréquenté ces classes du. soir pendant une période quelconque de l'année a été de 749 473 (garçons et adultes hommes 456 021, filles et adultes femmes 293452). L'âge des élèves a été le suivant : entre douze et quinze ans, 105 526 ; entre quinze et vingt et un ans, 261 647 ; au-dessus de vingt et un ans, 158 313. Les matières d'enseignement sont très nombreuses et comprennent des sujets généraux, littéraires, commerciaux, techniques, scientifiques et artistiques. Il existe aussi beaucoup de classes du soir où l'on s'occupe de travail manuel, d'économie domestique, d'industrie domestique, et d'exercices physiques.

12. Institutions techniques.— Une « institution technique» (Technical institution), au sens des règlements édictés par le Board of Education, est une institution donnant un cours méthodique d'instruction dans des classes du jour, cours comprenant un enseignement

relativement élevé, soit de science, soit de science et d'art, et pourvu d'un personnel enseignant et d'une installation matérielle en rapport avec ce but. Ces institutions donnent un enseignement spécialement apte à préparer ceux qui le reçoivent à exercer ensuite leur activité dans quelque branche de l'industrie ou du commerce, Elles donnent également des cours supérieurs d'enseignement scientifique appliqué spécialement à des industries particulières. Le nombre des Technical institutions, définies comme il vient d'être dit, et reconnues comme telles par le Board of Education, était en 1905-1906 de 29 seulement. Elles avaient 498 maîtres, et étaient fréquentées par 2507 étudiants. Le total des grants payés par le gouvernement pour leur venir en aide s'est élevé à £ 12 104. Il ne faut pas perdre de vue que presque toute l'instruction technique élémentaire est donnée en Angleterre dans des classes ou des institutions qui ne sont pas assez avancées pour être comprises dans la définition ci-dessus.

En 1905-1906, la science appliquée aux métiers du bâtiment et du bois était enseignée dans 887 écoles du soir ; la science appliquée aux métiers du génie civil et de la métallurgie, dans 999 écoles du soir ; la science appliquée aux métiers des mines et de la métallurgie, dans 341 écoles du soir ; la science appliquée aux métiers chimiques, dans 65 écoles du soir ; la science appliquée aux métiers de l'électricité, dans 135 écoles du soir ; la science appliquée aux métiers textiles, dans 68 écoles du soir ; la science appliquée aux métiers du cuivre, dans 21 écoles du soir.

En outre, un enseignement technique d'un ordre beaucoup plus élevé est donné dans les universités et les collèges universitaires, en particulier à Cambridge, Manchester, Birmingham, Leeds, Sheffield, et New-castle-upon-Tyne. Ces institutions ne sont pas comprises au nombre des institutions techniques mentionnées plus haut, non plus que l'Imperial College of Technology à Londres et les Agricultural schools ; si l'on y comprenait ces divers établissements, aussi bien que les institutions qui ne reçoivent leurs élèves que le soir, le nombre des écoles techniques en Angleterre dépasserait 3000.

13. Ecoles d'art. — Une « école d'art » (School of Art), d'après la définition qu'en donnent les règlements du Board of Education, est une institution qui comporte un cours régulier d'enseignement de l'art ornemental et décoratif, y compris l'enseigne ment supérieur. L'enseignement, dans ces écoles, doit être donné méthodiquement, par des maîtres officiellement reconnus, dans des classes du jour et du soir, pendant au moins trente-six semaines par an. En 1905-1906, il y avait, en Angleterre et dans le Pays de Galles, 224 écoles d'art reconnues. Le nombre des maîtres était de 1133 (882 hommes, 251 femmes). Le nombre des étudiants qui ont suivi les cours était de 42 412 (garçons et hommes, 19 466 ; jeunes filles et femmes, 22 946). De ces étudiants, 5947 étaient entre douze et quinze ans, 19 489 entre quinze et vingt et un ans, et 16 976 avaient plus de vingt et un ans. En ce qui concerne le moment de la fréquentation, 9521 étudiants n'avaient fréquenté l'école d'art qu'aux heures du jour, 28 296 ne l'avaient fréquentée qu'aux heures du soir, 4595 l'avaient fréquentée le jour et le soir. Les grants payés par le gouvernement pour l'entretien de ces écoles se sont élevés en 1905-1906 à £ 56 889. Les chiffres ci-dessus ne comprennent pas les nombreuses classes d'art, de sculpture sur bois, etc., qui se trouvent dans les écoles du soir.

14 Universités. — Voir ci-dessus le paragraphe 4 (p. 72).

15. Cours d'instruction reconnus dans les écoles élémentaires et secondaires. — A. Ecoles enfantines (Infant Schools). — Voici le programme des écoles enfantines : 1° Exercices physiques sous la forme de jeux comprenant des mouvements libres, des exercices de chant et de respiration ; 2° Emploi des yeux, des mains et des doigts à des occupations convenables ; histoires racontées par les institutrices ; 3° Pour les élèves les plus âgés, dans les sections enfantines, courtes leçons où l'on apprend aux enfants à écouter attentivement, à parler clairement, à réciter des morceaux faciles, à reproduire des récits simples, à cultiver leur faculté d'observation, à exécuter avec leurs doigts des travaux simples, à commencer à dessiner, à commencer à lire et à écrire, à acquérir une connaissance élémentaire des nombres, à exécuter des chants appropriés, et à chanter des intervalles musicaux simples.

B. Elèves de six ou sept ans jusqu'à quatorze ans et au-dessus dans les écoles élémentaires. — Le programme comprend, pour les élèves âgés de six ou sept ans jusqu'à quatorze ans et au-dessus dans les écoles élémentaires ' langue maternelle, écriture, arithmétique, dessin, leçons d'observation et étude de la nature, géographie histoire, musique, hygiène et éducation physique, et, pour les filles, sujets domestiques. Une grande liberté est laissée aux maîtres dans l'arrangement du programme. Il n'est naturellement pas nécessaire que tous les sujets soient enseignés dans chaque école. Le programme de l'école peut être modifié si le Board reconnaît que les besoins des élèves ou les circonstances de l'école le demandent. Un enseignement moral, soit occasionnel, soit méthodique, doit former une partie importante du pro gramme de toute école élémentaire. L'enseignement religieux est donné si les administrateurs de l'école le désirent (pour les règles relatives à cet enseignement, voir plus haut paragraphe 3).

C. Ecoles secondaires subventionnées. — Dans les écoles secondaires reconnues ou subventionnées par le Board (voir paragraphe 10, dernier alinéa, 3° et 4°), il y a une grande liberté de programme. Mais le cours d'études doit comprendre : langue et littérature an glaise ; au moins une langue autre que l'anglais, géo graphie, histoire, mathématiques, sciences, et dessin. Les leçons de sciences doivent comprendre des exercices pratiques par les élèves. Là où l'on enseigne deux langues autres que l'anglais, mais où le latin n'est pas enseigné, le Board exige qu'on lui fournisse la preuve que l'omission du latin est avantageuse pour l'école. Des jeux organisés et des exercices physiques convenables sont obligatoires. Il faut égale ment que l'enseignement des travaux manuels, du chant, et de l'économie domestique (pour les filles) fasse partie du programme.

16. Budget de l'instruction publique. — Les dépenses de l'Etat pour l'éducation publique, par l'intermédiaire du Board of Education, en Angleterre et dans le Pays de Galles, sont comprises dans le chapitre IV du budget des services civils. Le détail de ces dépenses (ce qui est relatif au Pays de Galles et ce qui concerne l'Angleterre se trouve confondu dans un chiffre unique) est le suivant :

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Ce tableau, il faut le remarquer, ne présente qu'une partie des dépenses publiques annuelles faites pour l'éducation en Angleterre et dans le Pays de Galles. En addition, 10 millions de livres sterling au moins sont levés par les autorités scolaires locales au moyen des taxes locales. Des sommes considérables sont fournies aussi par les revenus de fondations, par la rétribution scolaire et par des subsides d'Etat qui figurent à d'autres chapitres du budget, tels que les grants aux universités et aux collèges universitaires, aux Industrial and Reformatory Schools, à l'enseignement agricole supérieur, aux Poor Law schools, et aux écoles dépendant de l'armée et de la flotte.

Les dépenses totales faites pour les divers degrés de l'éducation publique, et supportées par les fonds publics, ne sont pas inférieures à 25 millions de livres sterling pour l'Angleterre et le Pays de Galles.

Bibliographie. — 1° Pour l'histoire de l'éducation anglaise dans les temps anciens et au moyen âge : C. J. B. GASKOIN, Alcuin, his life and work (Londres, Clay). — Maurice ROGER, L'enseignement des lettres classiques d'Ausone à Alcuin (Paris, A. Picard). — F. J. FURNIVALL, Early English Meals and Manners (Londres, Trübner, Early English Text Society). — A. F. LEACH, Victoria County Histories of Yorkshire, Warwickshire, and Hampshire, articles Schools (Londres, Constable). — A. F. LEACH, History of Winchester College (Londres, Duckworth). — H. C. MAXWELL LYTB, History of Eton College, 1440-1898 (Londres, Macmillan). — A. F. LEACH, English Schools at the Reformation, 1546-1548 (Londres, Constable). — H. C. MAXWELL LYTE, History of the University of Oxford to 1530 (Londres, Macmillan). — H. RASHDALL, The Universities of Europe in the Middle Ages (Oxford University Press). — MULLINGER, University of Cambridge from the earliest times to the Royal Injunctions of 1535 (Cam bridge University Press). — F. SEEBOHM, The Oxford Reformers (Londres, Longmans). — J. E. G. DE MONTMORENCY, State Intervention in English Education (Cambridge University Press).

2° Pour l'histoire de l'éducation anglaise dans les temps modernes : J. E. G. DE MONTMORENCY (voir ci-dessus). — B. KIRK-MAN GRAY, A History of English Philanthropy (Londres, P. S. King). — J. SERGEAUNT, Annals of Westminster School (Londres, Methuen). — W. O. B. ALLEN and E. MAC CLURE, Two hundred years : the History of the Society for Promoting Christian Knowledge (Londres, S. P. C. K.). — J. W. ADAM-SON, Pioneers of Modern Education, 1600-1700 (Cambridge University Press). — M. E. SADLER (editor), Continuation Schools in England and elsewehere, chapitre Ier, Historical Review (Manchester University Press). — A. P. STANLEY, Life of Thomas Arnold (Londres, diverses éditions). — SANDFORD and others, Life of Archbishop Temple (Londres, Macmillan). — G. R. PARKIN, Life and letters of Edward Thring (Londres, Macmillan). — Alice ZIMMERN, Renaissance of Girls' Education (Londres). — M. E. SADLER and J.W. EDWARDS, articles on Public Elementary Education in England and Wales in Special Reports on Educational Subjects, volumes I et II (Londres, Wymans). — Histories of the Public Schools (deux séries publiées, l'une, chez Bell, l'autre chez Duckworth, Londres).

3° Généralités. GRAHAM BALFOUR, The Educational Systems of Great Bntain and Ireland, 2e édition (Oxford University Press).

— H. OWEN, The Education Acts Manual, 20e éd. (Londres, Knight and Co.). — J. REDLICH and F. W. HIRST, Local Government in England (Londres, Macmillan). — Special Reports on Educational Subjects (issued by the Board of Education), en particulier les volumes 1, 3, 4, 5, et 6 (Londres, Wymans). — S. A. BURSTALL, English High Schools for girls (Londres, Longmans). — M. E. SADLER (editor), Continuation Schools in England and elsewhere (voir ci-dessus). — Minutes and Reports of the Committee of Council on Education, 1839-1840 et années suivantes : continué sous le titre de Annual Report of the Board of Education (actuellement publié chez Wymans, Londres). — Code of Regulations for Public Elementary Schools in England, annuel (Londres, Wymans). — Regulations for Secondary Schools, annuel (Londres, Wymans). — Regulations for Technical Schools, Schools of Art and other classes (day and evening) for further education, annuel (Londres, Wymans). — Statistics of Public Education in England and Wales, annuel (Londres, Wymans). — Report of Royal Commission on Secondary Education in England, 1895 (Londres, Wymans). — Reports on Universities and University Colleges which participate in the Parliamentary Grant, annuel (Londres, Wymans). — The Schoolmasters' Yearbook and Direclory, annuel (Swan Sonnenschein, Londres). — The Public Schools Year book and Preparatory Schools Year Book, annuel (Swan Sonnenschein, Londres). — The Girls' Schools Year Book, annuel (Swan Sonnenschein, Londres). — Les Calendars publiés annuellement par chaque université.

[MICHAEL E. SADLER, professeur à l'Université de Manchester.]

Un Bill pour l'organisation de l'éducation élémentaire en Angleterre et dans le Pays de Galles, présenté par M. Runciman, président du Board of Education, est en ce moment (décembre 1908) en discussion devant la Chambre des communes. Nous en parlerons — ne pouvant le faire ici — à l'article Grande-Bretagne et Irlande.