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Alphabet

L'alphabet est l'ensemble des signes par lesquels on rend chacun des sons d'une langue, voyelle ou consonne. Le nom d'alphabet dérive du nom des deux premières lettres de l'alphabet grec : alpha, a, bêta, b. Il est formé exactement comme le mot abécédaire.

Il semble que notre alphabet dérive des hiéroglyphes d'Egypte. Les écritures égyptiennes étaient un mélange de signes d'idées et de signes de sons, de caractères figuratifs, symboliques, syllabiques et alphabétiques. Vassaux de l'Egypte et continuellement en rapport de commerce avec la vallée du Nil, les Phéniciens empruntèrent à leurs voisins non seulement l'idée de l'alphabétisme, mais encore la forme des lettres de leur alphabet. L'alphabet phénicien paraît avoir rayonné presque simultanément dans toutes les directions. C'est de lui que procèdent tous les alphabets connus jusqu'à présent, ceux des langues sémitiques (hébreu, arabe, syriaque, hymiarite, éthiopien), ceux des langues aryennes ou non aryennes de 1 Inde, de la péninsule transgangétique et de l'Océanie (dévanagari, pali, tibétain, malais, etc.), ceux des langues européennes (grec, latin, italiote, celtibérien, runique, etc.). Les légendes de la Grèce primitive ont conservé le souvenir lointain de la migration des lettres. Elles racontent que le Phénicien Kadmos (l'Oriental) apporta de son pays le premier alphabet de seize ou dix-huit lettres sidoniennes ou cadméennes, que plusieurs héros fabuleux, Musée, Orphée, Linos, Palamède, auraient perfectionné ou complété au cours des temps. L'alphabet des colonies grecques de Campanie, légèrement altéré, devint l'alphabet latin, et l'alphabet latin est celui dont se servent aujourd'hui la plupart des peuples européens.

Cet alphabet, crée par des nations dont les langues différaient beaucoup, par la phonétique, des langues modernes de l'Europe, ne rend plus aujourd'hui qu'imparfaitement les articulations qu'il est chargé de figurer aux yeux. De là résulte, pour le français et l'anglais surtout, l'extrême difficulté de la lecture d'abord, de l'orthographe ensuite. En français, par exemple, la valeur phonétique de chaque lettre n'est pas constante (ex. : c, g, t, y), un même signe représente plusieurs sons (par ex. : Il dans ville et fille). Mais en revanche un même son est souvent représenté par plusieurs signes (ex. : o, au, eau, aut, eaux, etc.). Souvent la lettre est muette, et, supprimée par la prononciation, elle ne subsiste plus dans l'écriture que comme un débris inutile d'un autre âge ou d'une autre langue (ex. : o dans paon, nt dans aiment) ; enfin il y a des sons simples particuliers à notre langue qui ne se figurent qu'à l'aide de deux ou trois lettres (ex. : an, ein).

On peut se représenter combien ce manque de signes suffisamment nombreux et variés complique l'étude de la prononciation et partant de l'orthographe, si l'on compare par exemple notre alphabet avec celui du sanscrit, qui possédait 5 voyelles brèves, 5 voyelles longues, 4 diphtongues, 34 consonnes, en tout 48 signes distincts.

Aussi s'est-on beaucoup préoccupé, depuis le dix-huitième siècle, de la réforme de l'alphabet, intimement liée à la réforme orthographique. Volney a été le premier et le plus célèbre des auteurs qui ont proposé de créer un alphabet universel, commun à toutes les langues, au moins pour la très grande majorité des signes qui le composeraient ; il avait même fondé un prix pour encourager cet ordre de recherches. Mais on est encore loin d'entrevoir le succès de cette entreprise ; la première et la moindre des difficultés qui s'y opposent n'est point encore résolue : les plus grands linguistes ne tombent pas d'accord sur le nombre de sons ou d'articulations simples, élémentaires, que comporte notre propre langue ; les uns y distinguent 38 ou 40 sons, d'autres 35, d'autres 30. On comprend combien les divergences sont plus grandes encore quand il s'agit de faire le compte exact des sons non d'un seul idiome, mais de toutes les langues.