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Adultes

Historique. — En France, le premier essai connu de cours ou d'écoles pour les adultes est celui que firent de concert, en 1709, J.-B. de la Salle et M. de la Chétardie, curé de Saint-Sulpice.

En 1783, Philipon de la Madelaine, dans ses Vues patriotiques sur l'instruction du peuple, proposait l'institution de cours publics, qui, malgré la forme quelque peu chimérique qu'il leur donnait, étaient bien en germe nos modernes cours d'adultes. Il aurait même voulu voir les curés, une fois par mois, remplacer un prône et un catéchisme par des instructions relatives soit à l'agriculture, soit aux objets d'industrie et de commerce qui occupent leurs paroissiens. « Aviliraient-ils leur ministère en apprenant à leur peuple les moyens de gagner leur pain quotidien, qu'ils leur enseignent à demander au Père céleste? »

Vers 1813 le frère Philippe, alors directeur de l'école d'Auray (Morbihan), ajouta spontanément aux leçons de l'école primaire un cours supplémentaire et professionnel pour les jeunes gens qui voulaient entrer dans les chantiers de construction et se préparer au cabotage. Mais l'essai fut abandonné à la Restauration.

Peu de temps après, une des sociétés qui, sous le nom d'Adult Institutions, s'étaient formées en Angleterre de 1811 à 1815 pour l'instruction des adultes, écrivit à la Société pour l'instruction élémentaire pour lui proposer d'imiter à Paris ce qui se faisait à Bristol, à Plymouth et aux environs de Londres (Lettre du 23 mars 1816). Le vicomte Mathieu de Montmorency, chargé du rapport sur cette proposition, l'appuya chaleureusement et indiqua les moyens pratiques d'exécution pour le matériel et pour l'enseignement.

Le comte Chabrol de Volvic, préfet de la Seine et président honoraire de la Société, ouvrit, en 1820 et 1821, les deux premiers cours d'adultes de Paris, dirigés, l'un, par M. Delahaye, à qui la Société décerna une mention honorable comme au « premier fondateur d'une école gratuite pour les adultes à Paris », l'autre par M. Sarasin, directeur de l'école normale d'enseignement mutuel de la Ville. Dès 1822, outre trois nouveaux cours d'adultes-hommes, la Ville ouvrait le premier cours du soir pour les adultes-femmes, dirigé par Mme Renaut de la Vigne, rue Saint-Lazare. En 1825, un savant minéralogiste, M. Brard, inaugurait l'enseignement pour les ouvriers et les apprentis des manufactures dans la verrerie du Lardin (Dordogne). MM. Brignes suivirent cet exemple dans les usines de Fourchambault, d'autres à Baccarat, etc. En 1828, la Société pour l'instruction élémentaire créa elle-même des cours du soir et du dimanche pour les adultes (d'après le mode mutuel) sous la direction de M. A. Lefèvre. A la même époque, Cochin fondait la première maison complète d'éducation où l'enfant, admis à la salle d'asile, pouvait continuer ses études jusqu'à la classe d'adultes. La deuxième fut établie par Philibert Pompée, et se fit de bonne heure une spécialité de l'enseignement du dessin approprié aux besoins des ouvriers. En 1829, 1a Société d'instruction élémentaire du Rhône ouvrait à Lyon le premier cours d'adultes d'après la méthode Jacotot.

Aussitôt après la Révolution de 1830, le mouvement se prononça plus nettement. Il n'y avait eu à Paris, jusque-là, que des cour6 d'adultes" dirigés par des laïques ; les congréganistes, à leur tour, s'associèrent à cette oeuvre populaire. Le frère Philippe écrivait à ce sujet (18 juin 1831) : « Dites au Comité que les Frères, amis du peuple et dévoués au service de l'enfance, seront toujours prêts à se rendre à tout ce qui pourra lui être utile, surtout lorsqu'il s'agira d'étendre les lumières et de propager la science ». Le frère Baudime, chargé d'organiser ces cours d'adultes congréganistes, y introduisit deux grandes réformes : l'une fut la séparation des apprentis et des adultes, l'autre la distinction d'un cours inférieur ou simplement primaire et d'un autre cours qu'on pourrait appeler professionnel, comprenant les mêmes notions que J.-B. de la Salle lui-même avait fait entrer dans le programme des cours de Saint-Sulpice (histoire, géographie arithmétique, dessin, notions de sciences). En 1838, les Frères avaient 6 cours d'adultes et plus de 1800 élèves ; à la même date, les laïques avaient 14 cours pour hommes (4000 places) et 10 pour femmes (900 places).

Bien que la loi n'eût encore rien fait pour les rendre obligatoires, Guizot les mentionnait dans sa circulaire de juillet 1833 ; Pelet (de la Lozère), vu leur nombre croissant, par son règlement détaillé et peut-être trop complet du 22 mars 1836, prescrivait les mesures nécessaires pour la surveillance de ces réunions, pour la séparation des deux sexes, pour la distinction des élèves plus jeunes et des adultes proprement dits, pour le plan d'études.

La première statistique officielle qui fasse mention des cours d'adultes est celle de M. de Salvandy en 1837 (1800 cours, 37 000 élèves) ; la seconde, celle de Villemain en 1841 : à cette date, 3090 communes entretenaient 3403 cours d'adultes, comptant ensemble 68500 élèves. En 1848, il y avait 6913 cours et 117 000 élèves : les cours et leur personnel avaient donc vu leur nombre plus que triplé en dix ans.

Le traitement alloué aux instituteurs pour toute cette période fut très faible : il dépassait à peine 2 francs par élève en moyenne.

Les troubles de 1848 et plus encore la réaction politique de 1849 et 1850 arrêtèrent le développement de ces écoles. Malgré les instances de Boulay (de la Meurthe), la nouvelle loi (15 mars 1850) ne les organisa ni ne les rendit obligatoires. Le rapporteur de la Commission, Beugnot, se bornait à « appeler sur elles les encouragements de l'Etat et des villes ».

Les cours d'adultes diminuent aussitôt de plus d'un tiers quant au nombre des établissements et des élèves (on ne compte plus à la fin de 1850 que 4037 cours et 80803 élèves). Les subventions de l'Etat, qui avaient été en moyenne de près de 5000 francs par an, n'atteignent plus 3000 francs en moyenne jusqu'à 1863, à prendre sur un crédit de 60000 francs porté au budget depuis 1850 « pour les secours aux établissements charitables d'instruction et pour l'entretien des cours d'adultes ». Les Conseils généraux, de leur côté, restreignirent leurs libéralités : elles avaient produit une moyenne de 33 000 francs par an avant 1850, elles ne dépassèrent plus 21000 francs de 1850 à 1863.

C'est avec Rouland que l'enseignement des adultes sortit de l'oubli ou plutôt du discrédit où on l'avait laissé tomber.

Les instituteurs furent consultés sur les besoins de l'instruction primaire (enquête de 1863), et plus du quart de ceux qui répondirent à cet appel émirent spontanément le voeu que les classes d'adultes fussent réorganisées.

Ce fut une des premières promesses de V. Duruy quand il succéda à Rouland, et l'exposé de la situation de l'Empire en 1863 mentionne déjà la nécessité reconnue des cours d'adultes, sans lesquels l'école primaire « place dans les mains de l'enfant un instrument qui se rouille promptement et devient inutile ». Dès le 13 août 1864, le ministre instituait un prix cantonal pour l'élève le plus assidu aux cours d'adultes.

L'hiver de 1864-1865 fut le point de départ de la renaissance des cours d'adultes ; des récompenses furent instituées pour les instituteurs qui s'étaient distingués dans cette tâche nouvelle et difficile. Le secrétaire général, M. Charles Robert, alla rendre compte officiellement des progrès accomplis à l'occasion de la distribution des prix aux instituteurs qui avaient fait les plus grands sacrifices pour les cours d'adultes et obtenu les plus beaux succès : c'étaient ceux du département de l'Hérault. On ne saurait trop reconnaître que cette prompte reconstitution, cet immense et presque soudain développement des cours d'adultes ut dû en grande partie à l'élan, au courage, à l'admirable esprit de désintéressement que déployèrent les instituteurs, encouragés par une administration pleine d'ardeur pour cette bonne cause.

Il suffit de lire les discours de V. Duruy et de M. Ch. Robert, les circulaires et les documents officiels de 1863 à 1866, les belles conférences pédagogiques de M. Maggiolo à la Sorbonne sur les cours d'adultes (1868), l'intéressant coup d'oeil rétrospectif sur l'histoire des cours d'adultes en France par M. Fayet (distribution des récompenses aux instituteurs de l'Indre en 1866), les comptes-rendus de toute la presse à cette époque, pour reconnaître qu'à la conviction chaleureuse des chefs répondait l'empressement dévoué des plus humbles fonctionnaires. C'est incontestablement au ministère de V. Duruy que revient l'honneur d'avoir donné aux cours d'adultes la place importante qui leur appartenait dans la hiérarchie de nos institutions scolaires.

La loi du 10 avril 1867 leur assurait une subvention de l'Etat, et cette promesse n'était pour ainsi dire que la consécration officielle d'un fait accompli. Il est juste d'ajouter que l'exemple si résolûment donné par Duruy exerça une réelle influence même hors de France : il suffit, pour s'en convaincre, de remarquer la date des lois qui ont constitué l'enseignement des adultes dans plusieurs pays voisins, notamment en Belgique, en Italie, en Espagne, en Portugal.

Mais soit parce qu'il est dans la nature des choses que les cours d'adultes diminuent à mesure que les écoles s'accroissent, soit que l'impulsion un moment donnée et reçue avec ardeur n'ait pu se soutenir indéfiniment, soit aussi que l'expérience ait fait reconnaître dans cette forme d'enseignement des défauts et des difficultés dont le premier enthousiasme avait fait trop bon marché et qui réduisaient bien la valeur des résultats officiellement constatés, depuis la retraite de V. Duruy les cours d'adultes entrèrent dans une période de ralentissement, puis de déclin marqué.

Leur nombre, qui s'était élevé à 28 586 en 1867, retomba à 23 533 en 1872. Il n'était plus que de 7322 en 1889. Les subventions de l'Etat subirent une diminution correspondante. Après avoir atteint le chiffre de 1 300 000 francs, elles finirent par être réduites à 20000 francs.

C'est de 1894 que date la rénovation des cours d'adultes. Le 10 août de cette année, une circulaire ministérielle signale aux recteurs la nécessité de reconstituer les cours d'adultes et d'apprentis sous des formes plus ou moins différentes du type primitif. Une enquête est ouverte : 1° sur l'état actuel de l'enseignement des adultes ; 2° sur les réformes dont cette institution paraîtrait susceptible, et spécialement sur les chances de succès qu'auraient, dans chaque département, les conférences populaires, les séances de lecture faites par l'instituteur ou par un conférencier bénévole, les leçons publiques accompagnées de projections lumineuses, les cours techniques et professionnels sur les matières concernant l'agriculture ou l'industrie locale, etc.

A la même époque, un grand nombre de membres du Conseil supérieur de l'instruction publique déposent un voeu tendant à ce que « les cours d'adultes soient réorganisés sur toute l'étendue du territoire et reçoivent une orientation nouvelle en rapport avec les besoins actuels ; que, par des appels et des encouragements, l'Etat suscite l'initiative privée, et qu'il vienne en aide par des subventions à toutes les institutions d'instruction et d'éducation ». La Ligue de l'enseignement, entrant dans la même voie, s'adresse à l'initiative privée, formule de nouveaux programmes à l'usage des cours d'adultes, et porte la question devant le 14° Congrès national tenu à Nantes sous ses auspices, du 2 au 5 août 1894. Le décret du 11 janvier 1895 vient modifier divers articles du décret organique du 18 janvier 1887 afin de faciliter l'ouverture des cours d'adultes, de rendre leur organisation plus simple et mieux adaptée aux besoins de leur clientèle. L'arrêté du 31 mars 1895 institue une Commission chargée d'examiner les moyens de mettre à la disposition des Sociétés d'instruction populaire les appareils à projections lumineuses et les vues photographiques pouvant servir à l'enseignement dans les cours d'adultes et dans les conférences populaires. Le 10 juillet 1895, le ministre de l'instruction publique, M. Poincaré, rompant avec les traditions, s'adresse directement aux membres des délégations cantonales, des caisses des écoles et des Commissions scolaires, et, dans une circulaire mémorable, expose l'impérieuse nécessité de donner un lendemain à l'école, afin que « de douze à dix-huit ans l'apprenti et le jeune ouvrier ne soient pas absolument destitués de tout secours intellectuel et moral, mais reçoivent quelque part, sous des formes appropriées, encore un peu d'enseignement, encore un peu d'éducation ». Après avoir rappelé ce que peut, en pareille matière, l'initiative privée soutenue par l'autorité locale, le ministre ajoute : « Ce qui importe, c'est que partout où il y a une école, on sache que cette école n'est pas faite seulement pour les petits écoliers, qu'elle reste ouverte à leurs frères aînés. On peut espérer que d'ici à quelques années, à mesure que les moeurs républicaines auront pénétré plus avant dans les populations, l'école dans chaque village sera connue de tous comme la maison de la jeunesse, toujours hospitalière à, ses anciens élèves, comme le foyer intellectuel du pays, le rendez-vous où l'on se retrouve à tout âge pour étudier, pour lire, pour s'instruire, pour échanger des idées, élèves et maîtres, apprentis et écoliers, instituteurs et pères de famille.

« En attendant que cet idéal soit réalisé et pour qu'il puisse l'être bientôt, je vous demande à tous et je demande à chacun de vous, messieurs, d'unir vos efforts à ceux du gouvernement, de l'administration et de l'Université.

« Je vous convie à prendre votre part d'une pensée qui est celle du Parlement tout entier. Il s'agit d'ouvrir, en quelque sorte, une seconde phase du développement de notre enseignement populaire. La première a été surtout législative et administrative, elle a constitué les cadres, édicté des règles, fondé un régime légal et nouveau. La seconde devra être marquée surtout par une extension de l'école, que le législateur ne peut imposer impérativement, par son rayonnement naturel sur le pays, par une foule d'oeuvres volontaires dues à l'initiative des bons citoyens et propres à décupler les effets utiles de l'instruction populaire. »

Quelques jours après, s'ouvre au Havre le Congrès libre des Sociétés d'instruction populaire (30 et 31 août et 1er septembre 1895), sous la présidence du vice-recteur de l'académie de Paris, Gréard. Là sont discutées, avec une ampleur et une ardeur qui ne s'étaient encore jamais rencontrées, toutes les questions qui touchent à l'instruction et à l'éducation post-scolaires.

Dès lors l'impulsion est donnée. Les ministres de l'instruction publique qui se succèdent s'efforcent de l'entretenir, et dans une série de circulaires et de discours convient le personnel de l'enseignement public à tous les degrés à participer à l'oeuvre des cours d'adultes.

Afin d'en mieux suivre les progrès, de guider et d'encourager les bonnes volontés, une mission d'enquête est confiée depuis 1895 à un inspecteur général, M. Edouard Petit, qui, parcourant toute la France, se consacre à sa tâche avec une ardeur d'apôtre. Chaque année, M. Edouard Petit rend compte au ministre de l'instruction publique de l'état des oeuvres post-scolaires. Nous extrayons de son rapport pour 1907-1908 les observations suivantes :

« Les cours pour adolescents et adultes ont encore gagné en nombre. On en a compté 48 565, dont 30 271 de garçons, 18.294 de jeunes filles. C'est le total le plus élevé qui ait jamais été atteint. Le nombre des auditeurs assidus a été de 404419 sur 533 676 inscrits ; celui des auditrices assidues, de 203 366 sur 245 713.

« La lecture publique est en progrès constant. L'on peut prévoir que l'heure est proche où, répandue dans des milliers de communes, elle deviendra le vrai Théâtre du peuple.

« La conférence populaire est distancée par la lecture publique ; 82 481 conférences ont été données en 1907-1908.

« Les mutualités scolaires sont, en avril 1908, au nombre de 3133. Le nombre des adhérents à la mutualité scolaire est en avril 1908 de 753 022, contre 719 596 en 1906-1907. Les 753 022 sociétaires comprennent 407 315 écoliers et 345 707 écolières. Les cotisations s'élèvent à plus de quatre millions de francs par an, et un million environ est attribué aux ayants-droit au titre de journées de maladie.

« Les Petites Amicales (associations d'anciennes et d'anciens élèves) continuent à donner des fêles qui rompent la monotonie de la vie laborieuse qu'on mène aux villages ou aux cités industrielles ;… elles font, guidées par la critique, l'éducation esthétique de leurs adhérents. Elles pratiquent aussi l'entr'aide : les camarades peu fortunés sont secourus ; des bureaux de placement gratuits fonctionnent. L'effectif numérique des Petites A. est en hausse accusée pour l'exercice 1907-1908. On en avait compté 6200 en 1906-1907 ; le total passe à 6395, soit 2007 de jeunes filles, 4388 de garçons.

« C'est sur les patronages scolaires que continue à se concentrer, en grande partie, l'effort des adversaires de l'école laïque. Ni l'argent, ni les locaux, ni les dévouements ne font défaut à ceux-ci. La tactique est adroite, menée avec énergie et suite, et elle réussit. L'effet de l'enseignement quotidien, l'action de l'école sont abolis par conférences, prêches, représentations tendancieuses, exercices de piété mêlés et savamment dosés, avec adjonction de jeux, sauteries, goûters, tombolas, visites de dames riches et de messieurs titrés. L'organisation de ces patronages mi-laïques, mi-ecclésiastiques, se complète de mois en mois. Plus de 2800 patronages urbains et ruraux couvrent le pays d'un réseau dont les mailles vont se resserrant. Ils font regagner, dans le champ de l'éducation populaire, à l'enseignement fidéiste le terrain perdu par le fait de la laïcisation. — Non que les amis de l'école laïque demeurent inactifs. Depuis cinq ans environ, ils se sont rendu compte du mouvement tournant qui s'effectuait autour de l'école et ils ont opposé à l'attaque une vigoureuse résistance. Des patronages laïques surgissent dans la plupart des villes, fondés par l'initiative privée. On en comptait 34 en 1894-1895, 468 en 1895-1896, 1276 en 1900-1901 ; 2129 ont fonctionné en 1907-1908, dont 829 de filles, 1300 de garçons. »

Bien que le principe qui domine la règlementation des cours d'adultes réduise au minimum l'intervention de l'Etat dans une oeuvre qui doit puiser sa force et sa vitalité dans l'initiative privée, le Parlement n'a cessé d'encourager le développement de l'institution en inscrivant au budget du ministère de l'instruction publique un crédit qui s'accroît d'année en année.

Cette subvention était en 1864-1865 de 20 000 francs, en 1875-1876 de 100000, en 1899-1900 de 200000, en 1904-1905 de 350 000, en 1905-1906 de 600 000 fr., en 1906-1907 de 640 000 francs. Elle a été portée à 700 000 fr. au budget de l'exercice 1908.

Législation. — Création. — La loi du 30 octobre 1886 (art. 8) prévoit qu'il peut être créé des classes pour adultes ou pour apprentis ayant satisfait aux obligations des lois des 19 mai 1874 et 28 mars 1882.

Ces cours sont créés par le préfet, à la demande du Conseil municipal et sur l'avis de l'inspecteur d'académie (Décret du 18 janvier 1887, art. 98, modifié par le décret du 11 janvier 1895).

L'ouverture d'un cours privé pour les adultes est soumise aux conditions exigées pour l'ouverture d'une école privée, sauf dispense de tout ou partie de ces conditions par le Conseil départemental (Loi du 30 octobre 1886, art 8, paragr. 4). Une circulaire en date du 11 novembre 1896 rappelle aux préfets qu'ils peuvent profiter de cette dernière disposition pour favoriser la création de cours d'adultes dans le cas où des entraves ou des retards seraient à prévoir.

Organisation pédagogique. — Dans les classes d'adultes ou d'apprentis, l'enseignement peut porter sur les matières de l'instruction primaire élémentaire et supérieure, telles qu'elles sont fixées par les lois et règlements, ou comprendre des cours théoriques et pratiques spécialement appropriés aux besoins de la région (Décret du 18 janvier 1887, art. 99, modifié par le décret du 11 janvier 1895).

Les cours d'adultes peuvent comprendre des classes destinées aux illettrés, des cours spéciaux pour les jeunes gens qui désirent compléter leur instruction des conférences et des lectures communes à tous. Il peut aussi être établi deux ou plusieurs sections distinctes suivant l'âge et le degré d'instruction des élèves (Même décret, art. 102, modifié par le décret du 11 janvier 1895).

Les classes d'adultes ou d'apprentis sont d'ailleurs soumises aux mêmes inspections que les écoles primaires (Même décret, art. 101).

Admission des élèves. — Il ne peut être reçu dans ces classes d'élèves des deux sexes (Loi du 30 octobre 1886, art. 8, paragr. 2). Les enfants âgés d'au moins treize ans sont seuls admis à les suivre (Décret du 18 janvier 1887, art. 100, modifié par le décret du 11 janvier 1895).

Direction des cours. — Aucun instituteur public ne peut être contraint de diriger un cours d'adultes.

En cas d'abstention de l'instituteur, les cours et conférences peuvent être confiés à toute personne qui en fait la demande, sur la proposition du maire, approuvée par le préfet, après avis de l'inspecteur d'académie. Le programme de ces cours et conférences est soumis à l'inspecteur d'académie en même temps que la demande (Même décret, art. 103, modifié par le décret du 11 janvier 1895).

Lorsque la commune prend à sa charge les frais du cours, les conditions de rémunération sont fixées de gré à gré entre la commune et le directeur du cours d'adultes (Même décret, art. 105, modifié par le décret du 11 janvier 1895).

Subventions. — La subvention de l'Etat ne peut être accordée aux cours d'adultes ou d'apprentis que si la commune se charge des dépenses de chauffage et d'éclairage. Cette subvention, allouée sur la proposition du préfet, ne doit pas dépasser la moitié des frais qu'entraînent ces cours.

Des subventions de I Etat, ainsi que des concessions de livres et de matériel d'enseignement, peuvent être allouées aux associations d'enseignement créées en vue d'organiser des cours d'adultes ou d'apprentis (Même décret, art. 104, modifié par le décret du 11 janvier 1895).

Ajoutons qu'à la date du 29 novembre 1898, le Conseil d'Etat a émis l'avis qu'une commune ne peut pas plus subventionner un cours privé pour les adultes qu'une école privée. Cette décision est fondée sur les motifs suivants : 1° les formalités exigées pour l'ouverture des classes d'adultes sont les mêmes que pour les écoles privées ; 2° ces classes, où l'enseignement se rapproche très sensiblement de l'enseignement primaire, ne sont en réalité que le prolongement de ces écoles, dont elles ne se différencient que par l'âge des élèves ; 3° en conséquence, les classes d'adultes doivent être considérées comme de véritables établissements d'enseignement primaire.

Récompenses. — En sus du contingent déterminé par les règlements, il est accordé annuellement, le 14 juillet, aux instituteurs et institutrices publics qui participent avec le plus de zèle et de succès aux cours d'adultes et aux oeuvres complémentaires de l'école, 80 palmes d'officiers d'académie et 30 palmes d'officiers de l'instruction publique. Ces distinctions sont conférées par le ministre, sur la proposition du recteur et du préfet, et après un rapport spécial de l'inspecteur d'académie.

Toutefois, pour les obtenir, les instituteurs et institutrices doivent justifier au moins de la possession de la médaille de bronze décernée pour collaboration aux oeuvres complémentaires de l'école. (Décret du 27 février 1900.)

D'autre part, un crédit inscrit chaque année au budget du ministère de l'instruction publique permet au ministre d'accorder aux instituteurs publics soit des allocations, principalement lorsqu'en absence de tout subside de la municipalité ils ont supporté personnellement les frais d'un cours d'adultes, soit des prix spéciaux consistant en médailles accompagnées d'une somme variable de 100 à 50 francs et en dons de livres.

Ces récompenses, dont le nombre et la nature sont déterminés par arrêté ministériel, sont accordées, sur la proposition des préfets et des recteurs, d'après une liste dressée par une commission instituée à cet effet.

Il est accordé en outre, sur la proposition des mêmes autorités, des diplômes d'honneur et des lettres de félicitations.

Pour ces dernières récompenses, la liste des lauréats est dressée par une commission départementale composée des inspecteurs de l'enseignement primaire, réunis sous la présidence de l'inspecteur d'académie.

Nul ne peut obtenir un diplôme d'honneur, un don de livres ou une médaille, s il n'a obtenu antérieurement la récompense qui précède immédiatement celle pour laquelle il est proposé. Exception est faite à cette règle pour les instituteurs et institutrices pourvus du diplôme d'honneur qui sont officiers de l'instruction publique ou officiers d'académie ou titulaires de la médaille d'argent des instituteurs.

Les personnes étrangères aux écoles primaires publiques peuvent obtenir également, en raison de leur collaboration aux tours d'adultes et dans les mêmes conditions que les instituteurs et institutrices, des récompenses consistant en médailles, diplômes d'honneur et lettres de félicitations.

Un contingent spécial est réservé aux officiers, sous-officiers et soldats qui collaborent avec le plus de zèle et de succès aux cours d'adultes institués dans les casernes et hôpitaux militaires.

Vacances. — Indépendamment des distinctions honorifiques et des récompenses dont nous venons de parler, le ministre de l'instruction publique a décidé, depuis quelques années, qu'un congé supplémentaire, d'une semaine ou de deux semaines au maximum, pourrait être accordé aux instituteurs et institutrices qui ont fait un cours d'adultes ou contribué activement au fonctionnement des oeuvres complémentaires de l'école.

Ce congé supplémentaire précède immédiatement les grandes vacances, ou s'ajoute, par fractions, aux divers congés attribués pendant le cours de l'année scolaire.

Il est accordé par le préfet, en Conseil départemental, sur la proposition de l'inspecteur d'académie.