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Académies

 Peu de mots dans la langue littéraire datent d'aussi loin que ce nom d'académie. Il faut remonter, pour en trouver l'origine, jusqu'à un Athénien nommé Académos, qui avait légué à la cité un domaine planté de platanes et d'oliviers, sur les bords du Céphise, aux portes d'Athènes. On en fit une belle promenade, avec jardins, gymnase et galeries couvertes. Plus tard, ce fut là que Platon rassembla chaque jour ses disciples ; et bientôt l'école de ce philosophe fut appelée par abréviation l'Académie.

A la Renaissance des lettres au seizième siècle, le nom d'Académie était un des premiers qui devaient reparaître. On appela alors et depuis lors Académies des sociétés de savants, de lettrés, d'érudits, d'artistes, qui se réunissaient pour étudier ensemble, pour échanger leurs idées, pour se communiquer leurs travaux. L'Italie et la France eurent les premières Académies, les unes fondées par des particuliers, d'autres un peu plus tard soutenues, protégées, créées même par l'Etat ; tous les autres pays civilisés en fondèrent successivement pour l'étude des sciences, des lettres, des arts.

En même temps que s'établissait ce sens principal du mot académie, un sens secondaire se formait par une extension assez naturelle. Au lieu de désigner seulement une société savante, le litre d'académie fut appliqué aussi à des sociétés enseignantes et plus généralement à des établissements d'instruction. Un usage assez étrange fit même prévaloir au dix-septième siècle une acception spéciale: on appelait surtout académie les écoles n'ayant pour objet que des arts d'agrément ou des exercices du corps, tels que l'équitation, l'escrime, la danse et certains jeux. Ce sens, qui s'est assez vite perdu en France (cependant l'Opéra, à Paris, s'appelle encore officiellement « Académie nationale de musique et de danse »), est resté usité dans la plupart des autres pays.

Enfin, au commencement du dix-neuvième siècle, l'Empire donna au mot une acception nouvelle et tout administrative : « L'Université sera composée d'autant d'académies qu'il v a de cours d'appel ». (Décret du 17 mars 1808.)

A ces trois sens du mot académies — 1° sociétés savantes ; 2° établissements d'enseignement ; 3° circonscriptions universitaires — correspondent ci-dessous trois articles distincts.

1. Académies (sociétés savantes). — Nous sortirions absolument du cadre de cet ouvrage, si nous entreprenions l'histoire, même la plus sommaire, des diverses Académies du monde civilisé. Si cette histoire tient par quelque point à celle de l'enseignement, c'est seulement par les côtés les plus élevés de l'enseignement supérieur dans les lettres, dans les sciences ou dans les arts. On trouvera à l'article Institut national quelques renseignements sur les cinq Académies dont la réunion constitue ce corps destiné au perfectionnement des sciences et des arts.

2. Académies (établissements d'instruction). — En Allemagne, on nomme établissements académiques tous ceux qui donnent l'enseignement supérieur, depuis les universités jusqu'aux hautes écoles techniques : le nom d'académie s'applique spécialement à cette dernière classe d'établissements.

En Suisse, le nom d'académies a été attribué à des établissements qui sont des universités incomplètes, ne possédant qu'une partie des facultés. Telles sont, ou plutôt étaient, les académies de Neuchâtel, de Lausanne, de Genève (ces deux dernières sont devenues depuis quelques années des universités).

En Angleterre et aux Etats-Unis, le nom d'académie s'applique :

1° Dans la terminologie des établissements publics, exclusivement aux écoles supérieures spéciales à l'armée et à la marine ;

2° Dans l'enseignement secondaire libre, à une catégorie mal définie d'établissements pour l'un ou pour l'autre sexe, quelques-uns pour les deux sexes. Ce sont tantôt des cours, tantôt des pensionnats, tantôt des écoles préparatoires aux universités. Il s'attache généralement à ce titre une prétention au bon ton, une certaine affectation à se distinguer des écoles publiques et gratuites ; quelques-unes de ces académies sont en effet des établissements d'élite, mais beaucoup ne sont que des écoles libres, décorées d'un titre un peu plus sonore.

3. Académies (circonscriptions universitaires). — La France est divisée, depuis 1808, au point de vue universitaire, en académies ou circonscriptions académiques. On en compte dix-sept, y compris l'Algérie (Loi du 14 juin 1854 ; décret du 15 août 1875, art. 3).

Le décret du 16 juin 1860 a créé l'académie de Chambéry ; les traités de 1871 nous ont enlevé celle de Strasbourg.

Les circonscriptions académiques ont été fixées par le décret du 24 août 1854. Celle de l'académie d'Aix a été modifiée par décret du 13 juin 1860.

Voici le tableau des circonscriptions académiques actuelles (1908) :

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Chaque académie est administrée par un recteur assisté d'autant d'inspecteurs d'académie qu'il y a de départements dans la circonscription (Loi du 14 juin 1854, art. 2), sauf pour l'académie de Paris, au chef-lieu de laquelle sont attachés huit inspecteurs (Décr. du 22 août 1854), en plus des inspecteurs d'académie des huit départements autres que la Seine. Le ministre de l'instruction publique exerce les fonctions de recteur de l'académie de Paris ; il est assisté d'un vice-recteur (Même décret). Un inspecteur d'académie est délégué en Corse avec le titre de vice-recteur ; il est placé sous les ordres du recteur de l'académie d'Aix (Décret du 29 août 1860). — Voir Recteurs.