Cette recherche étudie comment les enseignants en sciences sociales à l’université de Buenos Aires utilisent l’audiovisuel dans leurs classes, en analysant la construction discursive réalisée pendant les classes avec vidéo. Notre cadre théorique a pris des outils conceptuels de l’analyse du discours, de l’analyse conversationnelle et de la psychologie socioculturelle. Utilisant la méthode d’analyse « comparative constante », on a observé des classes et réalisé des entretiens d’enseignants qui utilisent des productions de cinéma et de télévision (analyse de 22 classes de 15 universitaires qui ont utilisé du matériel audiovisuel de différents genres et de différentes durées : fragments ou textes complets de films de fiction, de documentaires, d’émissions journalistiques, de feuilletons).
L’une des conclusions : les enseignants, quand ils cherchent à promouvoir chez leurs élèves le passage d’une interprétation anecdotique à une interprétation conceptuelle disciplinaire, mettent en jeu différentes façons d’articuler le texte audiovisuel dans la construction discursive de leur classe. Ont été analysées : la position de l’enseignant face à la vidéo (désimplication, identification ou appropriation) ; la distance entre le discours de l’enseignant et le discours du texte audiovisuel (observés par rapport aux champs référentiels et points de vue de tous les deux) ; l’interprétation des élèves (observable au moyen de l’analyse de l’interprétation en classe), les caractéristiques spécifiques du matériel (genre, impression de réalité, énonciation impersonnelle). Ont été identifiées différentes façons d’articuler l’audiovisuel en classe, et notamment l'articulation par « identification », « resignification du point de vue » et l'articulation par « transfiguration ». Chaque articulation exprime des traits généraux d’usage de l’audiovisuel dans l’enseignement et montre la diversité de stratégies enseignantes pour la construction des connaissances..