La 6ème Biennale

Contribution recherchée

Atelier : Comment analyser et comprendre, les situations pédagogiques et didactiques ?


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Titre : Créer pour comprendre : l'exemple de l'écriture musicale est-il transposable ?
Auteurs : BOUGERET Gérard

Texte :
Une des pratiques de l'enseignement musical spécialisé nous offre un éclairage fort quant à l'importance des capacités de représentation des apprenants : il s'agit de l'écriture musicale, terme qui recouvre avant tout l'harmonie (étude des accords) et le contrepoint (combinaison des lignes mélodiques).
Ces deux disciplines ont longtemps été enseignées selon des principes des plus arbitraires. La manifestation de cet arbitraire réside essentiellement dans le fait croisé que non seulement beaucoup de règles traditionnelles sont impropres à engendrer aucun langage pratiqué par aucun compositeur, mais que, de plus, les grammaires respectives de tous les compositeurs en invalident en permanence une part non négligeable. En résumé, on peut se demander si l'écriture sous sa forme traditionnelle possède un réel sens, ou si, chez les musiciens qui l'ont pratiquée et qui y ont été formés, elle ne se contente pas de manifester une compétence acquise par ailleurs, ou encore si la compétence qu'elle développe n'est pas différente de celle qui est affichée.
Nous avons quant à nous choisi de nous positionner systématiquement par rapport à la musique réellement composée, et de n'accepter aucune règle qui ne soit validée par la pratique réelle de la composition. Cette approche déplace la position des contraintes combinatoires inhérentes à la posture précédente au profit d'une imprégnation au sens d'une immersion linguistique : d'abord entendre la langue musicale avant que de l'analyser.
Au-delà de l'apparente fonction de mise en place des prémisses de la composition, l'écriture se révèle alors être un moyen très efficace d'analyse qui s'appuie sur des capacités de représentation tout en les développant : sous cet angle, sa position fonctionnelle est modifiée car les polarités dans les binômes du type "analyse - action", "analyse - création" se trouvent inversées.
En résumé, la re-création (la ré-écriture) apparaît finalement comme un outil de développement des capacités de représentation et d'analyse du langage musical. Il serait bien étonnant que cette situation ne trouve pas de parallèles dans d'autres champs disciplinaires et que, par conséquent, notre réflexion ne puisse croiser utilement celle de spécialistes d'autres disciplines. Les linguistes seront-ils intrigués par nos remarques ? Peut-on voir dans certaines pratiques expérimentales des sciences exactes un cheminement comparable au nôtre ?

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